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3,48

sur 253 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avais beaucoup aimé "tout ce que j'aimais" je me suis donc lancée dans ce roman. J'avoue avec eu un peu de mal a "rentrer dans l'histoire" mais une fois dedans impossible de décrocher.
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Siri Hustvedt est une auteure que j'apprécie et à laquelle je reviens sans cesse. Mais j'avoue avoir été un peu déçue par cet opus qui reprend les techniques et les thèmes qui ont fait la réussite de "Tout ce que j'aimais": Une histoire de famille et de liens, des descriptions minutieuses d'oeuvres d'art, une polyphonie qui tente de dire ce qui nous constitue, notre héritage qu'il soit subi ou choisi, ce que nous transmettons, volontairement ou à notre insu et ls souffle de l'histoire avec sa grande hache. La réflexion qui nourrit la démarche est toujours riche mais peine à nous émouvoir. Un roman un tantinet branché malgré le vent austère et froid qui, depuis le Minnesota, irrigue la narration. Siri Husvedt ne se serait-elle pas perdue dans le labyrinthe de son univers new-yorkais bourgeois et bohème malgré le fil d'Ariane de l'histoire authentique de son père ?
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Lars Davidsen, dont la famille est d'origine norvégienne vient de mourir. Son fils Erik et sa fille Inga ont découvert dans ses papiers une lettre d'une certaine Lisa, datée de 1937, dont le contenu est pour eux une intrigue :
"Cher Lars, je sais que tu ne diras jamais rien de ce qui s'est passé. Nous l'avons juré sur la BIBLE. Ça ne peut plus avoir d'importance maintenant qu'elle est au ciel, ni pour ceux qui sont ici sur terre. J'ai confiance en ta promesse. Lisa."
Qui est cette femme et de quelle morte est-il question ? Quel est ce secret dont personne ne sait rien ? Erik va tenter de le découvrir en lisant les journaux intimes laissés par son père, qu'il a tenus minutieusement tout au long de sa vie. Comme Erik est psychanalyste à New York, cette plongée dans la vie de son père prend un tour à la fois personnel et professionnel. Parallèlement à cette lecture, le cours tranquille de sa vie de divorcé est un peu chahuté par l'installation de deux nouvelles locataires dans sa maison : Miranda, une jeune femme d'une trentaine d'années, est graphiste et vit seule avec sa fille de six ans, Églantine, avec laquelle Erik établit rapidement une relation de confiance. Attiré par Miranda, il découvre qu'elle est harcelée par un mystérieux photographe qui dépose des photos inquiétantes sur le perron de la maison.
Erik tente également d'aider sa soeur Inga et la fille de celle-ci, Sonia, une adolescente traumatisée par les évènements du 11 septembre 2001. Inga a perdu son mari, Max, décédé d'un cancer et éprouve beaucoup de difficultés à surmonter son veuvage, d'autant que la prochaine parution d'une biographie consacrée à Max la soumet à l'attitude inquisitrice d'une journaliste, qu'elle cherche à éviter.

Ce n'est pas un livre facile, avec ses multiples personnages, dont nous suivons des fragments de vie au fil des pages : les parents et grand-parents d'Erik et Inga, à travers les journaux du père et les souvenirs qui remontent à la mémoire d'Erik au fur et à mesure, la famille éloignée qu'ils vont solliciter afin de comprendre le mystère de la lettre, les patients d'Erik qui enrichissent cette histoire avec leurs problèmes et leurs difficultés, Miranda et Églantine, les deux voisines aux prises avec le photographe, ainsi que les amis d'Inga qui gravitent autour d'elle, sans qu'elle sache qui d'elle ou de son défunt mari les intéresse réellement.

J'ai aimé ce livre de Siri Hustvedt, comme j'avais aimé ses autres romans lus auparavant. L'auteur sait à merveille créer un univers, une ambiance et j'ai vraiment été intéressée par la vision qu'elle propose de l'exercice de la psychanalyse, la façon dont les consultations d'Erik interfèrent avec sa propre vie et ses questionnements, les doutes qui surgissent et la fragilité de l'homme qui apparaît derrière l'enveloppe du professionnel. Elle rend perceptible la façon dont l'agressivité de certains patients s'exerce contre le médecin et combien il est difficile de s'en protéger. La redécouverte du père, au fil de ses écrits et lorsque le mystère de la lettre se lève, est très émouvante et constitue une source d'apaisement pour Erik et Inga, les rendant plus forts et plus aptes à profiter de la vie.
Encore une fois, un très beau moment de lecture...
Lien : https://ruedesiam.blogspot.c..
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Eric et Inga Davidsen viennent de perdre leur père, et en rangeant ses papiers ils découvrent une lettre dérangeante signée d'une femme dont ils n'ont jamais entendu parler et parlant d'une mort qu'il fallait garder secrète. Eric et Inga vont donc essayer de résoudre ce mystère.

Voilà la (très mince) trame de départ de ce roman de la mémoire et du deuil de Siri Hustvedt, The Sorrows of an American – les soucis et ou les peines d'un Américain – étrangement traduit par Élégie pour un Américain en français. Autant le titre originel nous orientait sur la complexité de ce que signifie être américain, avec l'importance de l'immigration, la façon de se fondre dans le creuset, de conserver ses racines tout en se sentant parfaitement américain (et cela évoque des résonances profondes en ce moment), autant le titre français affadit le propos. Élégie vient du grec élégos qui veut dire plainte et suggère une sorte de poésie douce et triste, enfermant ce livre fort dans une forme qui n'est pas la sienne et affadit son propos.

Le narrateur est Eric, psychiatre divorcé qui, au début du roman, vient de louer une partie de sa maison à une jeune femme d'origine jamaïcaine Miranda et à sa fille de cinq ans, Eglantine. Eric se sent immédiatement attiré par Miranda qui est harcelée par le père d'Eglantine : celui-ci prend sans cesse des photos, très intrusives, ce qui permet quelques développements angoissants fort bien construits ainsi que d'autres plus philosophiques sur la puissance de l'image dans la construction de notre vécu. Car au fond, c'est le vrai propos : comment se construire vraiment ? Comment se tenir debout quand on est confronté au deuil et à la mémoire, au secret de famille, aussi.

Ce roman est construit en strates qui s'imbriquent les unes dans les autres, qui se répondent et se complètent comme une gigantesque métaphore du travail qu'un individu doit accomplir pour se construire une image cohérente de lui-même : légendes familiales, non-dits destructeurs, traumatismes personnels ou nationaux comme celui du 11 septembre, deuils, présence des morts dans la vie des vivants, ambiguïtés sexuelles, comment s'y retrouver ?

La complexité de la vie se retrouve dans la façon très naturelle dont Siri Hustvedt mêle les histoires des différents personnages en incluant également dans son travail le journal de son propre père disparu.

Les passages du livre extraits des Mémoires de Lars Davidsen proviennent directement de ceux de mon père, avec quelques rares modifications éditoriales, notamment des noms propres.

Où se situe la fiction ? Où se trouve la réalité ? Dans ce livre les personnages s'expriment parfois dans des discussions si pointues que cela tient de l'exposé sur les neurosciences et la philosophie mais cela passe, tellement le moment est intégré à l'ensemble du texte. Les difficultés des patients d'Eric à concevoir la réalité de leur personnalité font écho à la fragilité de celui à qui ils confient leur mal-être. Au fond, qu'est-ce que la mémoire, et permet-elle de construire les fondements d'une existence ?

La mémoire ne prodigue ses cadeaux que si quelque chose, dans le présent, la stimule. Ce n'est pas un entrepôt d'images et de mots fixes, mais un réseau associatif dynamique dans le cerveau, jamais inactif et sujet à révision chaque fois que nous récupérons une image ou un mot du passé. Je savais que, du simple fait de son arrivée dans ma vie, Eglantine avait commencé à me ramener vers ces chambres de mon enfance qu'en dépit de mon analyse j'avais gardées fermées – ou plutôt entrouvertes juste assez pour apercevoir un trait de lumière ou respirer de temps à autre une odeur de moisi.

Tous les personnages du livre de Siri Hustvedt – j'ai de la peine à parler de roman – se débattent dans le même vivier, quel que soit leur âge. Ils sont tous hantés par la perte : Eric par la perte de son père mais aussi par celle de sa femme depuis leur divorce ; sa soeur Inga par celle de son père et plus encore par celle de son mari, écrivain célèbre autour duquel tourne des lettres écrites à une maîtresse dont le contenu intéresse beaucoup de monde ; sa nièce Sonia en deuil de son père et de tout ce qu'elle a vu le 11 septembre ; Miranda qui s'est construite autour de l'assassinat de son oncle homosexuel ; Lane le père d'Eglantine dont les parents sont morts dans un accident de voiture : ils sont à la recherche de la pièce manquante du puzzle de leur existence, celle qui en éclaircira le sens.

On cherche à donner un sens à sa vie mais tout est biaisé et l'auteur multiplie les notations fines sur la façon dont on se trompe sur les réactions des autres, déclenchant ainsi des réactions en chaîne terribles :

Derrière le regard de Lorelei, dans lequel j'avais lu de l'insécurité et Inga du mépris, se cachait un fouillis de rapports de classes, d'égalitarisme pionnier et de nature humaine pure et simple. En observant ma soeur, assise à table en face de moi, je remarquai qu'elle portait un chemisier blanc sans manches et un étroit pantalon bleu foncé, qui, malgré leur inoffensive simplicité, avaient cet éclat de qualité des vêtements coûteux qui m'avait toujours intrigué mais qui est néanmoins immédiatement perceptible. (…)

La moindre différence perçue, si minime soit-elle, peut devenir un argument de division – fortune, éducation, couleur de peau, religion, parti politique, style de coiffure, n'importe quoi. Les ennemis sont vivifiants. Malfaiteurs, fanatiques religieux, barbares. La haine est excitante et contagieuse, et elle élimine commodément l'ambiguïté. On n'a plus qu'à se défausser de ses saletés sur les autres.

Confondant, vous ne trouvez pas ?

Dans un final polyphonique absolument somptueux, Eric recolle les bribes de souvenirs en un patchwork d'une infinie délicatesse. Et si les soucis de cet Américain, cette élégie parfois douce, souvent angoissante construite avec entêtement et tendresse pour ses personnages nous mettait face à notre propre fragilité, à la reconstruction permanente de notre mémoire ?
Lien : http://nicole-giroud.fr
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Erik est psychiatre, sa soeur, Inga, est mariée à un écrivain célèbre. Il divorce, leur père vient de mourir, le mari d'Inga aussi. L'histoire est ancrée dans le New York post 11 septembre, mais pas seulement.
A partir des écrits laissés par son père, l'auteure nous parle des différents traumatismes privés ou nationaux qui interrogent chacun...
Le récit a une chronologie très décousue, allant des souvenirs des uns aux pensées des autres, d'un pays à l'autre, ce qui nécessite une lecture très attentive pour ne pas se perdre.
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Comme toujours avec Siri Hustvedt de longs passages plus ou moins philosophico-analytiques, très documentés, en l'occurrence ici sur la mémoire, qui personnellement me lassent un peu. Mais toujours cette plongée dans la psyché des humains, cette tentative de les décrypter dans leur complexité, leurs atermoiements, leurs doutes et leurs facettes diverses. Avec le 11 Septembre en arrière plan.
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Une lecture qui résiste un peu, faut bien le dire : beaucoup de personnages, sur beaucoup de générations, avec beaucoup d'allers-retours temporels, faut s'accrocher. Mais tout est bien construit, on peut faire confiance à dame Hustvedt. C'est en me laissant flotter sans essayer de faire les liens que j'ai apprécié le livre, comme si l'essentiel était derrière les personnages, comme si les liens que fait l'auteure construisaient un tableau visuel (il y a un photographe dans la bande), une histoire en dessins, mais très ancienne, comme sur une grotte paléothique. Si si, j'ai vraiment pensé ça en lisant.
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Pour ce premier contact avec le travail de S. Husdvedt, je fus servi et ressors respectueux de la puissance documentaire de ce roman, mâtiné de citations du journal de son père (....une mixture bourré de talent). Les ressorts et surtout les ressentis du héros sont analysés dans le moindre détail, Remarquable exercice d'autant qu'il s'agit de l'intimité d'un homme. Bref, c'est l'ambiance psychanalyse névrosée new-yorkaise à la Woody Allen, mais en beaucoup plus sérieux et infiniment plus fouillé. D'apparence anodine au début, le récit s'envole peu à peu et il faut s'accrocher pour apercevoir la hauteur des réflexions de l'auteur. On se sent petit mais jamais écrasé.
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Très psy mais aussi très prenant . La romancière nous promène dans les chambres closes de l'esprit où se terrent les secrets de famille et les autres « moi » qui nous hantent , on s'attache à ces personnages et à leur suite on pénètre dans nos propres chambres fortes…
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C'est très bien :) Lisez-le !Ok c'est un peu trop intellectuel pour certains mais j'aime beaucoup.
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