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Emanoil Marcu (Traducteur)Tudor Ionescu (Traducteur)
EAN : 9789737907097
72 pages
LIMES (01/01/2003)
4/5   1 notes
Résumé :
Vides dans les orbites
les yeux morts brillent tels des tisons
dans l'âtre désert.
Le vent de feu arrive et sèche
les restes de cordes humides
qui les liaient à la vie.
Une heure confuse arrive, précaire, minuscule
et les retourne comme une besace
en pourpre ancienne et les jette
aux confins du monde.
Un monde des confins de feu, terre
de perdition où règne le grand « Personne » >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En l'absence de toute mention particulière, mais au vu d'éléments extérieurs, je dirais qu'il s'agit ici d'une sélection de poèmes et non d'un recueil à part entière. Je commence par relever la qualité exceptionnelle de la traduction, en tout cas à mes yeux, il s'agit d'un travail remarquable. le sommaire indique, après chaque poème, entre parenthèses, les initiales du traducteur.

J'ai beaucoup apprécié l'emploi de mots rares érudits (comme l'indique le titre), et de certaines références littéraires, comme dans le poème très sombre « De nobis ipsis silemus » (p. 25), d'un rare pessimisme sur la nature humaine :

« Le tout n'a été qu'une suite de faux
et d'illusions, de mésententes grossières
et de frustrations abominables.
Nous avons été une faute —
une théorie compromise par le doute. »

Heureusement qu'il y a la nature avec ses autres êtres vivants, bien plus innocents, qui se présente dans des tableaux paisibles, bien que soumis à l'implacable passage du temps.

Ainsi, l'instant semble « amnésique », bien que désireux d'élévation :

« Tout, tout cela monte l'échelle
en feutre des nuages jusqu'où
la pluie rencontre Dieu
et retombe indifférente sur
la fournaise de cet instant amnésique » (p. 23)

L'homme est, au mieux, un rêveur et bon jardinier, le « merle messager du matin », « l'arbre [a les] dans le ciel », « les flocons tombent comme des lampyres ».

Certains poèmes sont de très beaux tableaux à l'image de haïkus plus longs :

« Doucement tu apprendras la patience
et le goût du silence ;
le rayon de lune, faisant bouger
l'énigmatique fleur de nénuphar,
éclairera la route à des guêpes dorées.

Ta veillée dans le carré de verdure
gardien de l'ombre
roi morose de l'heure qui passe
quelle étoile va-t-elle allumer aux cieux
et pour qui ? » (p. 8)

Dans « le poème » la réalité est décrite comme « un miroir embué » (p. 26).

Au milieu de tout cela, le poète comme passeur de vérités et d'un peu d'authenticité, comme dans dans cet autre « instant » de la page 34, où « une fourmi monte sur le portrait/de jeunesse du poète ». Je le vois aussitôt allongé dans l'herbe verte de la colline toute proche, ou bien discutant esthétique comme dans « Pharmacie Lyrique » (p. 51).


Des tableaux plutôt réussis et attachants, qui sont suivis de plusieurs poèmes portant tous le titre « ORBITE », qui forment un cycle à part, empreint d'un lyrisme plus prononcé et aux questionnements plus philosophiques.

J'ai adoré ici, celui de la page 64 qui commence ainsi :

« La scission entre réalité et verbe travaille aux racines
de la vitalité, le scepticisme et la ruse jettent des ponts de verre
sur les années et les coiffent de couronne impériale. »

Très beaux aussi les quatre derniers vers le recueil :

« Plutôt prendra-t-il le nom d'une plante,
d'un oiseau — leur fragilité le délivrera
du poids de l'être — leur sang dépourvu
de réalité, l'intolérance opprime » (p. 67).

Croquis et fresques de solitudes et silences mis en scène avec naturel, tout compte fait.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Week-end

Et, pourtant, ce n'est qu'un imprévu mélange
de sensations immédiates, d'impulsions de l'instant,
d'échos et de souvenirs filtrés. Des hirondelles et des merles,
le sautillement gai de l'oiseau de la charrue ; le fumet
sur le dos de l'étalon en nage et la tension
du jockey rouge. Le tout – devant les yeux ;
le tout, dans le souvenir, serpentant comme la fumée
qui quitte l'étroite artère de la cheminée.
Enchantement ; en chantant s'échappe la croûte
mince de l'instant, le bref grognement de la feuille,
le filet d'écume argentée de l'escargot.
Tel une chimère passe le dieu des forêts,
celui à trois têtes, regardant de trois côtés à la fois.
Jamais en arrière, où je me tiens,
tout en faisant des yeux le tour complet,
dans les jardins déserts du ciel.

(p. 21)
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Croquis

Un cerf lèche le sel du crépuscule
il erre parmi les lignes emmêlées
des mains de l'hiver.
Le vent s'approche de ses bois
comme un grand voilier
comme une parole
glissée sur le feuillage
et la main qui touche
l'oreille de bardane
de l'enfance.

(p. 31)
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