La péninsule aux 24 saisons, d'
Inaba Mayumi, est le genre de livre sans grandes histoires, qui se lit avec délectation et qu'on referme bien trop vite. Qu'il serait bon de rester encore un peu plus longtemps dans ce hameau de la péninsule de Mie!
Au début du livre, on apprend que l'auteure possède une petite maison, résidence secondaire où elle vient souffler un peu et se défaire du bruit et des lumières de Tokyo. Elle est tombée amoureuse des falaises qui plongent dans l'océan Pacifique, avant de tomber amoureuse de la forêt, de l'estuaire et du marais près de chez elle.
Alors que d'habitude elle n'y vient que tous les quelques mois, pour de courts séjours, là, elle a décidé/nécessité une coupure plus longue et plus complète, par rapport à la capitale.
Écrit comme une sorte de journal de sa "retraite", le livre oscille entre descriptifs impressionnistes d'une nature omniprésente, récit des petits faits du quotidien et d'introspection autour de souvenirs ou d'un futur qui s'annonce pour elle comme les prémices de la vieillesse. Alors, elle approche de la soixantaine et ressent le besoin de réfléchir sur la suite qu'elle souhaite donner à son existence. Ou, plutôt que réfléchir, laisser se décanter ce qui déjà l'agite.
Inaba Mayumi est renommée comme poétesse au Japon; sa verve poétique et son imagination attachante imprègnent les pages du livre. La péninsule n'est bien sûr pas exempte de côtés négatifs (tout particulièrement les moustiques pour elle) mais offre un havre où mettre entre parenthèses la trépidation et le vacarme. Les autres habitants du hameau, rarement originaire du coin, semblent trouver sur cette isthme le même ressenti. Comme le couple d'apiculteurs, qui ont lâché des professions qui ne leur convenaient plus pour s'occuper de ruches, de fleurs et récolter le miel. Comme ce scientifique qui s'est installé à demeuré pour s'immerger dans les techniques tinctoriales végétales. Alors que le livre a été publié en 2011, il prend une connotation encore plus forte dans notre période post Covid qui a vu tant de citadins choisir pour "l'après" une vie plus proche de la nature.
Je me suis sentie presque triste de devoir quitter tout ce petit monde bien sympathique (mais loin de tout angélisme niais). Un peu nostalgique d'un endroit que je n'ai pourtant jamais visité. Mais c'est le "natsukashii" japonais : une nostalgie douce et sereine. Quelle force ont certains auteurs, et notamment
Inaba Mayumi, pour faire éprouver ces émotions!