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3,54

sur 311 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pierre vit dans sa voiture depuis 6 mois...
Depuis que sa fille de 8 ans, Lucie, a été enlevée sur l'autoroute.
Il cherche une piste, attend que le tueur récidive, recoupe des informations, participe au microcosme de ceux qui travaillent là, dans un monde inconnu du vacancier lambda qui ne s'y arrête que quelques minutes.
Pendant ce temps, sa femme Ingrid, se masturbe, boit, fume, et attend.
Ca fait 6 mois pour elle aussi... Elle attend des nouvelles de son mari, tous les soirs, à 20 heures, le rapport de son homme qui chasse.
"Je suis tout près Ingrid.
Je touche ce qu'il a touché.
Le robinet d'eau froide.
Le bouton du sèche-mains.
Le console sous la caisse enregistreuse.
Le livre sur la tête de gondole.
Dans ma poche, j'ai la monnaie avec laquelle il a payé son café.
Je suis tout près.
Je suis tout près, mais je ne sais pas où.
Il faut attendre.
Attendre encore, Ingrid.
Attendre.
Clic."
Nous sommes le week-end du 15 août, ça bouge sur l'autoroute.
Dans le sas autour, aussi : les parkings, les cafétérias, les toilettes.
C'est dans ce sas que vit Pascal. C'est lui qui sert de la mal bouffe à tous ces gens de passage. C'est lui aussi qui enlève leurs gosses.
Pierre a raison d'attendre, le kidnappeur va recommencer, en enlevant Marie, la fille de Marc et Sylvie, une famille presque ordinaire qui a décidé de partir en vacances pour recoller les morceaux d'un couple qui n'existe plus depuis longtemps.
Eux aussi vont se mettre en attente... En attente qu'on retrouve leur fille.
Sylvie prostrée, à genoux, bible ouverte dans une chambre d'hôtel merdique à psalmodier des prières.
Marc, dans la salle de bain, porte fermée, esprit fermé, raison fermée.
"Ebullition.
Mouvement, friction des hommes ajoutés à la canicule.
Les chemises des gendarmes sont mouillées de sueur.
Cuisses poisseuses sous les pantalons.
Pieds humides dans les chaussettes.
La tuile. le scénario catastrophe.
Le bordel.
Installer la logique dans le bordel.
Ratissage, récoltes d'informations."

Si vous respirez encore, je continue.

Contrairement aux apparences, le personnage principal de ce roman est bien l'autoroute, le sas qui l'entoure et les coulisses de ce monde souterrain.
Car il s'en passe des choses sur les parkings,
Dans les cafétérias,
Dans les camions garés sur les aires de repos.
Employés, prostituées, voleurs en tout genre, chauffeurs, et même diseuse de bonne aventure.
Imaginez une ruche qui bourdonne tout autour de ce monde au final très statique et vous aurez une bonne idée de l'effervescence quotidienne... et du contraste saisissant que l'auteur décrit entre ceux qui y travaillent tous les jours et ceux qui ne font que passer.
Le lecteur suit plusieurs autres personnages totalement névrotiques qui gravitent dans les méandres du flux quotidien des touristes.
Tous en souffrance.
Tous en demande permanente de sexe.
Les scènes de sexe, sourdes, lourdes, malsaines, laissent l'impression persistante de personnages constamment en rut.

Vous respirez toujours ? J'ai presque fini !

La souffrance exacerbée et permanente de chaque être croisé au fil des pages amplifie le sentiment de malaise et de tension constants.
L'écriture, très particulière, de Joseph Incardona est l'instrument utilisé pour accentuer cette oppression.
Les phrases sont hachées, envoyées comme des coups de boutoir, identiques au scènes de sexe crues. Il utilise souvent des juxtapositions de mots, même pas des phrases complètes, pour compléter le tableau.
Cela apporte une sécheresse violente au texte déjà extrêmement lourd.
Une volonté incontestable de l'auteur de confirmer l'inhumanité de l'Humanité.

Je reconnais là un sens littéraire extrêmement aiguisé (et même talentueux) utilisé à bon escient pour étayer un scénario volontairement très noir. Sur la forme, c'est brillant.
Sur le fond, cela va dépendre du lectorat. Je n'ai pas eu les nerfs assez accrochés pour le supporter. J'ai craqué à 50 pages de la fin dont je ne peux dire si elle est dans la même vaine ou totalement différente.
Je pensais le finir quand même mais en refeuilletant quelques pages pour écrire cette chronique, je sais que je ne pourrai pas.
Cela a été trop noir pour moi, trop plombant pour mon moral mais j'en recommande la lecture et le partage des impressions à ceux qui auront le courage de s'y atteler.

On en reparle ?

Lien : https://audebouquine.blogspo..
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Aucun Incardona ne se ressemble, c'est selon moi une grande qualité chez un auteur. Celui ci est definitivement poisseux, brutal et mortifére ...

L'écriture nerveuse parfois hallucinée est au service de l'atmosphere, du recit et des personnages, qui sombrent tous à leur façon dans la bande d'arret d'urgence....

Un authentique roman noir ....

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Dans ce roman, tout se passe comme dans un huis clos : l'autoroute, les aires de repos et leurs restaurants. le béton, la saleté, la pollution, la prostitution, la malbouffe, les magouilles financières, la criminalité ordinaire ou extra-ordinaire, les désirs sexuels assouvis ou non, l'extrème chaleur ou la pluie, la misère sociale et la déchéance humaine face à l'indicible font le décor de ce roman. Joseph Incardona, de son écriture vive et ciselée, nous décrit ce monde où il y a tellement de laideur ; le mauvais côté de notre civilisation. Il y a ceux qui sont nés du mauvais côté de la barrière et qui tentent de réaliser leurs rêves, ceux qui sombrent dans l'alcool, la folie. Un livre très désenchanté et tellement d'actualité. Je recommande.
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e n'est pas un grand mystère, on l'apprend très rapidement, Pierre cherche un salopard qui a enlevé sa fille de huit ans quelques mois plus tôt le détruisant lui et Ingrid sa femme. Il est démoli mais armé par la rage de la vengeance tandis que son épouse a fui dans l'alcool et le sexe dégueulasse. Une nouvelle disparition en ce weekend du 15 août va éveiller Pierre…
Tout est montré, crûment, outrageusement réaliste: les parents détruits, les flics démunis, les jouisseurs des malheurs d'autrui, les employés des relais routiers, les épaves perdues de ces faux îlots, les paparazzi, les psychologues impuissants, les gros cons, les pauvres beaufs et leur fausse compassion, tout ce monde interlope qui se retrouve tous les ans aux moment de ces tristes migrations et qui entre en surchauffe avec cette tragédie à gerber.

Joseph Incardona raconte avec cruauté tout ce que vous avez seulement entraperçu : cette sale impression de piège incontournable où nous sommes contraints de nous arrêter, une halte forcée pour soi-disant nous délasser, pipi, carburant, bouffe immangeable, et contemporains pressés accompagnés de gosses énervés.

Certes, c'est du beau roman noir. Certes, il a reçu le Grand Prix de littérature policière 2015. Encore faut-il aimer le style direct, incisif de l'auteur. Un mot, deux mots, trois mots, et une succession de phrases courtes pour porter un regard pointu et acerbe sur notre société et ses contemporains. Joseph Incardona ne supporte pas la tiédeur en écriture qu'il faut supporter dans ce roman fort mais néanmoins éprouvant. Et au sein de cette dissertation, de ses points de vue et ses états d'âme, l'auteur retombe sur ses pas et nous livre de nouveaux éléments sur la quête du père, justicier de l'autoroute, et l'enquête policière.

Un roman dur et éprouvant, même si j'ai moins apprécié le style de l'auteur.
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« Derrière les panneaux, il y a des hommes » est un livre âpre, pessimiste, très dur. Un père dont la fille a été assassinée parcourt inlassablement depuis des mois un tronçon d'autoroute pour apprendre la vérité, savoir ce qu'il est advenu, comprendre pourquoi elle est morte. Il croise des gens par centaines, usagers indifférents, ouvriers, serveurs, vendeurs, vigiles et même quelques flics qui ont décidé de ne pas clore l'enquête.
Thriller, policier, roman noir ? Je ne sais pas ! Joseph Incardonna mélange genres et styles avec une grande habileté. le ton rapide et syncopé, parfois désarticulé à la limite de l'incohérence sert admirablement son propos.
L'autoroute est ici une brillante métaphore. Elle est un véritable monde parallèle entouré de hautes clôtures ; elle met à notre disposition la nature domestiquée des aires de repos minutieusement arborées, de pseudo-villages où nous trouvons pompes à essence, garages, boutiques, hôtels, tout ce dont nous avons besoin dans l'instant. Elle est l'image parfaite de l'artificialisation de notre de vie citadine. Les relations humaines s'appauvrissent ; nous dépendons de plus en plus de techniques sophistiquées ; nous ne nous parlons plus, nous nous téléphonons en gesticulant plus ou moins dans la rue, ridicules et peut-être vaguement infects dans notre isolement.
Comme l'usager de l'autoroute, nous fonçons tête baissée sans voir qu'autour de nous il y a des gens qui bossent, voire le souvenir d'une petite fille morte et la souffrance d'un père en quête d'un fantôme et de vengeance.
Oui, autour de nous il y a des gens !
Joseph Cardonna a peut-être durci le trait, mais il a écrit une sorte de dystopie réellement prophétique, la déshumanisation progressive de notre société où la technologie est omniprésente quand de fumeuses et contradictoires théories économiques s'affrontent dans le bavardage incessant de nombre de politiciens.
Le pire est pour demain si nous n'y prenons garde. le Pierre Castan du livre au moins n'oublie pas sa fille, même si nous ne pouvons pas le suivre jusqu'au bout dans les excès de son désespoir.

Lien : https://livre.fnac.com/a8080..
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Roman noir, très noir avec un style très particulier, rythme très rapide, un très bon roman.
Sur cette autoroute Pierre vit dans sa voiture sur l'autoroute depuis que sa fille a disparu sur celle-ci il y a 6 mois, il observe, il surveille, mène son enquête.
On suit les enquêteurs qui sont sur le pied de guerre car c'est la troisième gamine a disparu.....
On suit Pascal, qui travaille dans un resto sur l'autoroute, sourd, qui vit dans son camping car.
Et tous les personnages autour, la femme de Pierre, le patron du resto, les putes d'autoroute, les routiers, nettoyeurs, qui sont tous mêlés de près ou de loin à cette sombre affaire......
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T'es déjà allé sur une autoroute toi aussi ? Ouais, forcément. T'as fait comme moi, t'as roulé et tu t'es arrêté de temps en temps sur une aire d'accueil ? T'en as chié toi aussi ? Je veux dire tous ces gens qui te marchent presque dessus, qui te regardent de travers quand tu prends un café et que tu mets trop longtemps à récupérer ton gobelet à base de pétrole ? Ben ouais, c'est du plastique le gobelet.
Tu t'es baladé dans les espaces aménagés avec les bancs, les tables en bois d'arbres, tout ça ? Ah. Toi non plus… Ouais, c'est assez triste, on est d'accord.
Quand t'auras lu ce roman, tu vas plus t'arrêter pareil. Je veux dire que tu regarderas plus les gens pareil. Tu vas chercher, toi aussi, qui se cache derrière les panneaux.
Je t'explique.
Joseph Incardonna, il t'emmène juste derrière les sourires fabriqués, juste derrière les pubs pour les sandwiches sous cellophane, juste derrière les panneaux, et c'est sacrément bon.
On trouve rarement une telle qualité d'écriture, et notamment dans le roman noir. Une écriture d'une âpreté telle que tu vas sans doute parfois avoir envie de sauter un passage, que certaines scènes vont te sembler surréalistes quant à leur contenu, tellement les mots s'enchaînent sans laisser la place à rien d'autre que le ressenti, à la chaleur et à la sueur qui va te dégouliner dans le dos et tremper ton tee-shirt, parce que le 15 août, dans les bagnoles, il fait chaud. Très chaud.
J'étais persuadé qu'à part chez Villon, on pouvait difficilement faire de la poésie avec des cadavres pendus. Me suis gouré. Incardonna il peut le faire.
La suite sur le blog :
Lien : http://leslivresdelie.org/de..
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Sombre et pessimiste, c'est un roman noir.
Sous prétexte d'une enquête sur la disparition de fillettes, Incardona évoque la fragilité de l'être humain.
Le livre débute sur Pierre, ancien médecin légiste qui décrit la mouche "Lucilia Caesar ou mouche à merde", la première à visiter un corps en décomposition. Le ton est donné, l'homme a tout perdu, ne vit plus que dans le but de retrouver celui qui lui a pris sa fille et le tuer.
Des couples, parents qui ont un métier, une vie confortable, partent en vacances, et pourtant sont insatisfaits. Brusquement détruits par la perte de leur enfant. Ils passent alors dans une autre dimension, celle du désespoir et de la mort.
A travers la psychologie de personnages différents, provenant de milieux sociaux et d'autres pays l'auteur illustre l'être humain. La destination finale est la même pour tous, celle de la mort, de la décomposition du corps, de sa disparition.
Dans le même temps que vivent au bord de l'autoroute des exclus de la société : cantonnier, prostituée mexicaine, manouches... Quelle différence il y a t-il finalement entre ces individus et Pierre, le père qui vit sur l'autoroute maintenant à la recherche du kidnappeur ?
Je retiens de cette lecture d'être modérée quant aux jugements hâtifs portés parfois sur son prochain. Qui connaît le tréfonds de sa vie.
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Nul pour les uns, brillant pour les autres – il faut le faire pour un roman noir de chez noir, comme dirait Alexandra Schwartzbrod, la bien nommée ‘pain noir' de Libération.

Une écriture à nulle autre pareille :
" Pierre espère une seule chose :
Que Bouddha se soit trompé.
Que bouddha soit un bonhomme jovial, obèse et heureux, mais qu'il se soit trompé.
Que la réincarnation n'existe pas.
Surtout pas.
Surtout ne pas vivre encore et encore.
L'enfer, c'est l'éternité."

Un huis-clos en milieu ouvert, comme dirait le babélionaute jfponge.

Enfin un livre qui mérite son prix : Grand Prix de littérature policière 2015.

Promis je lirai un autre livre de Incardona – mais pas tout de suite, j'ai pas encore fini de digérer celui-ci…

A découvrir donc.
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L'autoroute...

... univers d'immédiateté et de mouvement, propice à la fluidité comme à la violence, cette dernière comme une possibilité de chaque instant, épée de Damoclès suspendue en permanence au-dessus de la tête de ses millions d'usagers...
... ses aires de repos, parenthèses spatio-temporelles où se côtoient hordes excitées de vacanciers, professionnels de la route aguerris et fatigués, et employés de restoroutes exploités...
... sa vie nocturne, clandestine, peuplée d'ombres d'hommes et de femmes oubliés, qui ont trouvé le moyen de s'adapter, se fondre, même, à ses espaces impersonnels...
... symbole des dérives de la civilisation : annihilation de l'environnement naturel, frénésie de consommation et règne du jetable...

C'est au coeur de ce microcosme où se mêlent froideur et grouillement, que Joseph Incardona implante sa sordide histoire.

Pierre et Ingrid sont dévastés par la disparition, six mois auparavant, de leur fille, enlevée lors d'une halte sur une aire de repos. Depuis, Pierre erre au volant de son véhicule, devenu son chez-soi, sur les kilomètres s'étendant à partir des lieux du drame. Il chasse, obsédé par ce qui est devenu l'unique but de sa vie et de celle de son épouse, qui passe ses journées à attendre ses coups de fils, en s'imbibant d'alcool : retrouver le meurtrier de leur enfant.
Aussi, lorsque le kidnappeur récidive, Pierre en est presque heureux : c'est enfin la possibilité d'obtenir une piste...

Le lecteur, qui investit l'intimité du coupable, sait que la traque sera difficile. Isolé du monde par une surdité qui lui a permis de développer une acuité quasi surnaturelle de ses autres sens, l'homme est doté d'une maîtrise de soi et d'un sens de l'organisation proportionnels à la démence de son esprit malade.

"Derrière les panneaux il y a des hommes" est un roman halluciné, une béance sur l'horreur, le récit du choc provoqué par l'animalité s'invitant dans l'apparente sécurité de nos vies modernes et bien réglées. En osmose avec cet environnement dominé par l'urgence et l'instantané, l'écriture de Joseph Incardona, en une succession de phrases courtes et percutantes, impulse au texte un rythme hypnotique et pénétrant.

Il croque ses personnages en quelques coups de plume mais avec justesse, leur conférant des caractéristiques qui les rend immédiatement mémorables.

Il brosse ainsi un tableau à la fois dynamique et oppressant, où victimes, chasseurs et bourreaux se croisent, se cherchent, se télescopent, liés par des connexions parfois étranges.

A lire, oui...
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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