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sur 605 notes
Un homme, une femme : plusieurs possibilités. La Suisse : ses lacs, ses villas luxueuses, ses banques, ses travailleurs frontaliers. Il n'y a pas que dans les déserts que les mirages troublent les sens des voyageurs égarés. A trop côtoyer la richesse, il arrive que l'on veuille plus que des miettes. Mais ce n'est pas sans danger !
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Est-ce Chicago 1930 ou Dallas des années 1960 ? Non : Genève aux alentours de la chute du mur de Berlin : corruptions mafieuses amplifiées par l'ouverture des marchés de l'Est, et le libéralisme économique sauvage (nous sommes dans les années Tatcher et Reagan) blanchîments d'argent, exploitations éhontées, coups bas, montages de sociétés écran, expéditions punitives, porteurs de valises qui souhaitent devenir commanditaires, secrétaires de direction qui cherchent à devenir vizir à la place du vizir. Ajoutez au cocktail le lien organique entre le sexe qui sert à gagner de l'argent, et l'argent qui achète le sexe. Une pieuvre qui couvre l'Occident, l'Europe de l'Est, les Amériques, un cancer moral qui ronge les corps, les coeurs et les esprits.
Sur ce fumier fleurit une violette : un amour sincère et vrai entre Aldo, ex-futur champion de tennis qui tire l'essentiel de ses ressources de ses talents de gigolo, et Svetlana l'ambitieuse aux moeurs libres qui craque pour celui qui lui ressemble. Car d'origine modeste tous les deux, ils ont besoin d'authenticité dans un milieu frelaté où tout est faux-semblant, sans lâcher cependant leur désir de réussite. Réussiront-ils l'harmonie des contraires ?
Ce qui rend le livre particulier et particulièrement prenant, ce sont les rôles que se donnent l'auteur : à la fois choeur antique qui assiste à l'événement, le commente, pressent l'avenir, interpelle, met en garde contre la démesure, et deus ex machina orientant les destins; ses décisions retirent à chaque fois aux protagonistes une possibilité d'orientation. A quoi s'ajoute l'inéluctable marche vers les altérations de l'âge et la mort qui anéantise tous les possibles. La vie n'est qu'une soustraction de possibles. D'où le titre. C'est en cassant fréquemment la narration que l'auteur intervient dans la vie de ses personnages, et dans la nôtre, obligés que nous sommes de suivre les ruptures de points de vue. Très souvent les romanciers disent ne pas connaître d'avance “l'histoire” qu'ils vont raconter, elle s'élabore comme en dehors d'eux au fur et à mesure de l'inspiration et de la transpiration. Ici, Joseph Incardona suit une option différente, il est en permanence tiers intervenant. Une relation intrusive de l'auteur à l'oeuvre qui s'affiche ouvertement et donne une connotation moralisatrice largement noyée dans un style d'un vitriol allègre. La dénonciation par l‘ironie mordante d'une société pourrie dont le clinquant et le faste font rêver les masses, alimentent les magazines people et corrodent le sens moral. Et pourtant, Joseph Cardona “aime” ses personnages chez qui il décèle les failles, la solitude, le besoin de tendresse, l'angoisse du vieillissement, la difficile identité sexuelle, la tristesse d'un amour non payé de retour. Même la Jet set a ses côtés profondément humains et la profusion d'argent n'évite pas la souffrance. Une autre manière de considérer ces pauvres petites filles riches et ces banquiers à l'indigence affective.
Un livre excellent pour apprendre ce qui nous gouverne à l'extérieur et à l'intérieur de nous-mêmes tout en nous distrayant par une écriture particulière.
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J'aurais bien aimé que le dernier acte soit plus détaillé. L'épilogue est cruellement horrible. Je n'en revellerai pas davantage. J'ai beaucoup aimé ce livre dont l'histoire se lit sans à coups. Les scènes sont bien décrites et le rythme est dynamique.
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Un livre noir et OR, comme sa couverture. Violence, fric, Corse, Suisse, Amour, livres (OUI, des passages sur divers livres, comme des respirations dans l'intrigue).
Et noir... vraiment. Presque sans espoir.
Mais qu'on a du mal à lâcher. Bravo.
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Bon livre, le début est déroutant, la narration commence comme un essai puis le roman et l'essai s'entremêlent. Livre riche, on peut y puiser ce qu'on veut y trouver. Il faut rester vigilant : ne pas être dirigé par ce que l'auteur veut que l'on pense. C'est manichéen mais cela peut-il être autrement dans le domaine de la finance. L'histoire est triste, peu de bonheur ou alors cela passe par l'argent. Les plus vivants ce sont les corses et la mafia : c'est eux la vie, la famille, l'enfant handicape, les gagnants
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L'auteur nous prépare au début. Dans le Prologue, il nous met en garde. Ce n'est pas une histoire d'argent, il nous dit, ni de truands, désir et trahison. Il s'agit d'une historie d'amour. Et pourtant, je peux dire que c'est sans doute, une histoire complexe à la manière suisse. Tout ou presque tout se passe à Genève à la fin de 1989 et au début de 1990. Une intrigue intéressante qui se développe lentement et nous maintient collés au livre sans pouvoir le laisser de côté.


Et puisque nous sommes en Suisse, il y a de l'argent, beaucoup d'argent, des banques, et de puissants hommes d'affaires. Il y a aussi de belles femmes, des mariages d'intérêts, des amants clandestins, des mensonges et des simulations. Tout commence avec Aldo Bianchi sur un court de tennis. Et il y a Odile, amoureuse d'un rêve, qui s'ennuie dans sa maison au bord du lac, Svetlana, belle et élégante, dédiée à son travail chez UBS et Mireille Leon, regardant la mer dans son paradis corse.


L'histoire s'étend sur une centaine de chapitres et prend des virages inattendus, laissant l'imaginable de côté, jusqu'à ce qu'il atteigne une fin totalement inattendue. Tout au long du livre, Joseph Incardona montre une bonne capacité narrative, couplé avec un esprit créatif de bon romancier. L'auteur ne cache pas son admiration pour Charles Ferdinand Ramuz qu'il cite à plusieurs reprises. Ces citations sont une sorte de coup de pinceau sur le tableau et s'ajoutent aux ressources littéraires qui abondent tout au long du livre.


Parfois, l'écriture prend une tournure fantaisiste et propose des scènes franchement incroyables qui nous font douter de ce que nous lisons. Mais, la plupart du temps, une certaine cohérence prévaut qui fait de ce livre un roman charmant.


Mais attention, les lecteurs engagés, alors que La soustraction des possibles est l'héritier d'une histoire narrative helvétique, il ne rivalise pas avec le chef-d'oeuvre absolu d'Albert Cohen, Belle du Seigneur .

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Coup de coeur! La Suisse dans les années 1989 et 1990. le bloc de l'Est s'apprête à s'effondrer. Ne vous inquiétez pas : l'argent coule encore à flot à Genève.
C'est vénal, viral, vital : il faut toujours plus d'argent. Ce que veut nous faire croire l'auteur, c'est que la vraie richesse, c'est l'amour. Il nous a prévenu dès le début du récit : ceci est une histoire d'amour.
Svetlana, immigrée tchèque travaillant à l'UBS et Aldo, professeur de tennis pour riches, ne l'ont pas compris à temps. Des petits qui, pour échapper à une vie médiocre, se frottent aux cadors de la finance, et pensent avoir tout compris des règles du jeu des hautes sphères de la banque pour tenter d'amasser encore plus. Mais qui s'y frotte s'y pique, au risque de perdre sa vie.
Raccourci bien simpliste de ce roman noir où se croisent des gens de la mafia, des prostituées, des banquiers, qui tissent des liens artificiels. Tout ce petit monde va se retrouver embarqué dans cette machine où la vie a peu de prix dans ce monde d'apparence où se mêlent les rapports de pouvoir, le sexe, la jalousie, la violence, le crime.
« Le problème avec la vie qui avance, c'est qu'elle soustrait des possibles ».
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Une écriture vive, vraiment originale.
Un milieu de la banque suisse disséqué avec précision.
Je regrette qu'aucun personnage ne soit sympathique ou attachant mais qu'importe.
Au final une réussite brillante !!!
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Un roman noir ancré dans le présent
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Mitigé !

J'ai parfois eu beaucoup de mal à m'accrocher à l'histoire. Et pourtant certains tournant restent intéressants dans le déroulé de l'histoire

Certains passages sont très beau cependant, afin des pensées très profondes.

Dubitatif mais je testerai peut-être d'autres livres de J. INCARDONA pour voir si c'est le livre qui m'a dérangé ou la plume de l'auteur.
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