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3,67

sur 594 notes
Roman captivant et ciselé.
Une histoire de petits au pays des grands, qui ne rêvent qu'à le devenir.
En toile de fond, Genève, son milieu bancaire.
Des golden boys et de vieux briscards jamais repus de pouvoir et d'argent.
Peut on sortir de son milieu ? peut être à grands coups de dents…
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Les années 80. Genève et ses lieux qui attirent la richesse, ses club-houses et ses grands restaurants, ses salles de jeux et ses banques peu regardantes sur la provenance des fonds qui lui sont confiés. Il faut dire que d'un point de vue juridique l'évasion fiscale n'est pas considérée comme un délit par les autorités helvétiques, et la loi contre le blanchiment n'entrera en vigueur qu'en 1997. Et puis le capitalisme connaît alors, avec la chute du bloc soviétique, une de ses apogées. Place au règne décomplexé de la finance, qui ne connait ni frontière ni garde-fou.
C'est donc une histoire d'argent ?

C'est en tout cas ce que l'on suppose d'emblée, en faisant la connaissance d'Aldo.

Aldo Bianchi, 38 ans, est célibataire et professeur de tennis. Mais il peut faire mieux, et surtout ne veut pas se contenter de demi-mesures. Il veut grimper tout en-haut, devenir numéro un. Non pas en maniant la raquette, son temps est passé depuis longtemps, mais en faisant de son court un territoire de chasse, celui où il séduit les épouses d'hommes riches à l'orée de leur déclin, quand la perspective de la vieillesse et de sa laideur les jette dans le renouveau d'une aventure qui les rassure, et qui vient pour un temps briser l'ennui qui les accable. Mais Aldo le sait, il faut qu'il se dépêche : il ne lui reste plus qu'une quinzaine d'années avant de devoir tirer un trait sur son pouvoir de séduction. Alors il vise un gros poisson, et ferre Odile, femme de René Langlois, à la tête d'une grande entreprise céréalière, sur le point d'investir dans ces nouveaux OGM très prometteurs (le futur est à l'hybridation, à la sélection, au bouleversement de la biodiversité). Sa maîtresse lui permet rapidement d'arrondir ses fins de mois en assurant le transport de mystérieuses mallettes.

Son aventure débridée avec Aldo fait temporairement oublier à Odile les regrets qui inconsciemment lui pèsent, ceux de s'être soumise à l'attrait de l'homme riche et à son pouvoir, de s'être laissée acheter et corrompre au nom d'un confort et d'une sécurité devenus une prison, d'avoir condamné sa fille à suivre le même modèle. Mais pour l'instant, elle se consacre à la jouissance (dans les deux sens du terme) que lui procure cette liaison, redécouvre la générosité du plaisir, l'excitation des rendez-vous clandestins. Elle en finit par se croire amoureuse…

Aldo aussi tombe amoureux. Mais pas d'Odile. A l'occasion d'une de ses missions extra professionnelles, il rencontre Svetlana, jeune mère célibataire et ambitieuse, employée de banque en pleine et fulgurante ascension.

Le coup de foudre est réciproque.

C'est donc une histoire d'amour, comme le proclame l'auteur dès l'entame du roman ?

Oui, mais c'est aussi, quand même, une histoire d'argent. Aldo et Svetlana ont un objectif commun, et banal, puisqu'il est celui qui mobilise l'ensemble des protagonistes : en avoir toujours plus (vous aurez compris de quoi). Alors Aldo et Svetlana ont un plan. Et pour le coup plus qu'ambitieux : énorme. Et donc proportionnellement risqué…

C'est donc un polar, aussi, où s'enchevêtrent intérêts des uns et magouilles des autres, où les mondes de la finance et de l'économie s'acoquinent avec le grand banditisme.

Joseph Incardona, au-delà de dépeindre le cynisme et la vacuité de ce royaume du pognon qui divise le monde en deux camps : ceux qui en sont et ceux qui voudraient en être -et face à cela, nulle idéologie, nul altruisme qui tiennent-, s'interroge en passant sur les mécanismes existentiels qu'il sous-tend. Dans quelle mesure cette course à l'argent est-elle un palliatif aux désarrois, au mal-être des hommes ? "Plus personne ne sait ce qu'il est vraiment devenu, un moyen, un but, un prétexte, une dématérialisation de nos existences ?"

J'ai beaucoup aimé retrouver la plume de Joseph Incardona, son énergie et sa variété. Tantôt elle claque avec une sécheresse qui va droit au but, tout en se teintant d'un humour et d'une ironie féroces, tantôt elle s'assagit en retrouvant un rythme neutre, comme pour ménager des temps de respiration. L'auteur se pose régulièrement en observateur extérieur, digressant sur la manière dont il a conçu son texte, déclarant par de surprenantes apartés son amour pour certains de ses personnages, faisant des remontrances à d'autres. Et tout cela en maintenant une parfaite homogénéité.

Bon, il me semble que le roman aurait gagné à être dégraissé d'une bonne centaine de pages, mais ce que j'en retiendrai surtout, c'est de l'avoir trouvé aussi divertissant (on sourit souvent) qu'intelligent.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Dès le départ, on sait que ça va finir tragiquement. Et on voit la toile se tisser, sur fond de cynisme, parfois à en hurler de la violence froide. Et pourtant, impossible de décrocher. de l'art du roman noir. Quelques longueurs toutefois, mais au final, nécessaires pour reprendre son souffle...
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Fin des années 1980 , chute du bloc soviétique et triomphe du capitalisme libéral, début de la mondialisation et de la dérégulation et une finance internationale qui s'emballe … À Genève, paradis des banquiers, du blanchiment d'argent et de la fraude fiscale, un petit prof de tennis, gigolo à ses heures, et une jeune financière aux dents longues rêvent de se faire eux aussi une place au soleil .

Bienvenue dans le monde impitoyable de la finance, des avocats d'affaires, des criminels en col blanc, de l'argent sale et des trafics en tous genres, du grand banditisme et des mafias corses !
A priori, pas trop mon genre de lecture : un roman noir, très noir, cynique à souhait … et pourtant non seulement je suis allée au bout mais j'y ai pris un certain plaisir !

Ce qui m'a scotchée c'est le style de l'auteur qui nous propose une espèce de tragédie grecque , hyper bien composée et écrite, dans laquelle il joue lui même le rôle du choryphée, commentant l'intrigue et les réactions de ses personnages, apportant quelques anecdotes personnelles ( comme les allusions à Charles Ferdinand Ramuz). Après un début assez classique autour d'Aldo le gigolo et son obsession de l'argent et du pouvoir qu'il procure , l'intrigue va crescendo et le rythme s'accélère en plongeant de plus en plus profond dans le premier cercle des winners et de leurs compromissions en tous genres. L'écriture se fait plus acérée, plus caustique, le thriller plus haletant. C'est très noir et très brillant à la fois ! Un auteur, au style très personnel, que je découvre avec intérêt .
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Au début on est un peu subjugué par le style de l'auteur : acérés, cinématographiques, les mots coulent comme un torrent, nous bousculent, nous conduisent au seuil de l'apnée. Mais le style ne fait pas tout. L'intrigue déçoit. L'auteur semble parfois s'écouter écrire, en fait trop, ou pas assez au service de son intrigue. Une impression en demi-teinte donc.
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Joseph Incardona est un petit suisse de papa sicilien !
Autant dire que les histoires d'argent plus ou moins sale, blanchi dans d'obscures lessiveuses confédérées, on a dû lui en raconter quand il était petit !
En dépit de son titre ronflant à la mode (opération marketing), La soustraction des possibles est une sorte de thriller avec, comme le dit l'auteur lui-même : du sexe (pas mal), du fric (très beaucoup) et même de l'amour (un peu quand même).
La prose d'Incardona est également surprenante : l'auteur est bavard et n'hésite pas à s'adresser directement à ses personnages et même à son lecteur, et il ira jusqu'à se mettre en scène lui-même !
Mais on s'y habitue et cette écriture nerveuse finit par donner un bon rythme au récit.
Un bouquin récent (2020) qui nous invite à un petit retour en arrière vers 1990 : internet n'existe pas encore, les banques ne sont pas encore sous surveillance, le rideau de fer se fissure de toutes parts et ouvre le champ Est des possibles. La belle époque, quoi.
La Suisse est connue pour son chocolat (chocolat amer ici) mais surtout pour son niveau de vie : on a donc droit à une gravure au vinaigre des moeurs bourgeoises et corrompues de ses compatriotes calvinistes, peinture qui frise parfois le règlement de comptes un peu facile.
Mais certains rappels sont franchement salutaires : comme l'insalubrité de la prison Saint-Paul à Lyon, le parcours d'UBS ou encore le percement du Saint-Gothard (près de 200 morts et une grève réprimée dans le sang).
Visiblement Incardona a pris le parti de la Suisse d'en-bas, ce que l'on comprend mieux au détour d'une interview [Libé] quand il évoque son enfance :
Il faudra attendre les dernières pages pour que la mécanique infernale d'Incardona s'enclenche, mettant en mouvement les grands méchants, les petits gentils, les banquiers, les truands (ne pas confondre) et les valises d'argent sale.
Une fin qui nous laisse quand même un peu sur notre faim, même si l'on a été curieux de découvrir cette plume suisse.
Pour celles et ceux qui aiment l'évasion (fiscale).
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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Les histoires de cul, de banquiers suisses pourris, de criminels, d'affairistes, de costume Armani, de Mercédès, de fric puant… On dirait du James Bond, sans l'humour ni le second degré. La caricature involontaire lasse vite, les trous d'imagination ne valent pas ceux du gruyère.
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Cela se passe dans les années 1980. Je ne vous raconte pas l'histoire, je dirai juste cette phrase de la 4e de couverture : "Mais en amour comme en matière d'argent, il y a toujours plus avide et plus féroce que soi"
D'après l'auteur, ce n'est pas une histoire d'argent, ni de truands, ni de trahison, ni d'ambition, c'est... je ne vous le dirai pas, na !
Le titre est mérité ! Une histoire à tiroir parfois dure à lire mais une fois qu'on est entré dans l'histoire, difficile / impossible de s'arrêter.
Dans une critique du Monde, il est dit "On n'est pas loin de la noirceur satirique d'un Houellebecq, le clinquant en plus". Alors là je ne suis pas du tout d'accord ! Incardona n'a rien mais alors rien à voir avec le clinquant, à l'inverse d'Houellebecq
Le titre me rebutait, le sujet aussi et pourtant je suis contente de l'avoir lu, c'est dire !
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C'est le 1er roman de cet auteur que je lis. Ayant travaillé dans ce milieu et à Genève j'ai voulu finir ce livre, car j'ai bien aimé son style d'écriture et sa description de la vie dans le milieu de la finance; mais pour mon goût un peu trop de descriptions de scènes de sexe qui m'ont rendu la lecture pénible
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Genre : "Match point" sans le talent De W.Allen....
Aldo est jeune et beau. Il joue les gigolos auprès d'épouses désoeuvrées d'hommes d'affaires pleins aux as, évoluant dans la délinquance financière internationale. Souhaitant compléter son activité, il accepte le job de "mule": transporter les biffetons des donneurs d'ordre (les maris pleins aux as) à destination de receveurs (d'autres maris pleins aux as), au fin de blanchiment. Mais voilà qu'il tombe amoureux de la belle Svetlana, son alter ego féminin (mais elle, elle ne couche pas).

Aucun cliché n'épargne au lecteur, du gigolo aux portraits des épouses délaissées, des maris bedonnants et friqués aux maîtresses, des descriptions des voitures de prestige au nom des maisons de champagne, des avions privés aux palaces, des coucheries aux angoisses existentielles de tout ce beau monde. ....

Bref, une étude de moeurs superficielle sans véritable intrigue; une narration qui se veut cynique et sombre, sans être littéraire. Arrivée à la page 179... je suis pas certaine de tenir ma lecture jusqu'à la fin tant je m'ennuie dans ce roman.
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