Il y avait un certain temps que je n'avais pas lu les aventures du commissaire Erlendur ; j'avais délaissé ses enquêtes me disant que j'avais fait le tour, préférant jeter mon dévolu sur d'autres inspecteurs. Ce titre m'a interpellé car, en page couverture, on mentionne que c'est la toute première enquête d'Erlendur Sveinsson alors que le celui-ci est dans la jeune vingtaine et qu'il n'est pas encore le commissaire que nous connaissons. Découvrir la genèse de cet inspecteur me séduisait.
Découvrir qui était Erlendur avant qu'il ne devienne commissaire. On le voit vulnérable, empreint de nostalgie d'un passé qui nous est tout à coup accessible ; on comprend d'où vient son intérêt pour les gens, pour les disparitions inexpliquées ; on assiste à la genèse de sa relation trouble avec Helldora, sa future femme. Mais surtout, on découvre un Erlendur empathique, empreint d'une grande compassion ; nous avons accès à son intimité, à ses douleurs, ses peurs et son incompréhension face aux vicissitudes de son existence.
Le portrait que brosse l'auteur de son pays, des difficultés de vivre dans un pays où le climat n'est pas des plus clément. Il nous dresse aussi un tableau très critique de ce que l'Islande est devenue et de ce qu'elle sera portée à devenir ; ses mutations, son ouverture sur le monde et, surtout, sur l'américanisation de sa société. À travers ce constat, on y sent la peur de perdre des traditions qui ont été forgées depuis plus de 1100 ans.
Indridason nous a habitués à plus de complexité, à des histoires plus entières et mieux ficelées. du fait, on s'intéresse très peu à l'intrigue, elle devient ici secondaire, connaître l'auteur du crime nous apparaît d'un moindre intérêt, nous ne sommes pas happés dans un tourbillon de fausses pistes. Pour ma part, le désir de poursuivre la lecture réside beaucoup dans la psychologie des personnages et dans le portrait que brosse l'auteur de son Islande en pleine mutation.