Dita Adlerova a 14 ans quand elle est transférée avec ses parents du ghetto de Terezin, à Pragues, vers Auschwitz-Birkenau, dans un camp réservé aux familles. Il est inédit de réserver un espace aux familles dans un camps où les enfants sont normalement gazés dès leur arrivée. Pourtant, voulant avoir une façade de pacotille à présenter aux instances étrangères qui s'interrogeraient sur la nature du lieu, les Allemands ont décidé de ne pas exterminer tout de suite tous les enfants et de ne pas séparer immédiatement toutes les familles.
C'est dans ce contexte que Fredy Hirsch, un éducateur juif a fait du Bloc 31 un havre de connaissances et d'une certaine légèreté pour des centaines d'enfants. Partant du principe que "chaque fois que quelqu'un s'arrêtera dans un coin pour raconter quelque chose et que des enfants s'assiéront pour écouter, une école aura été fondée", Hirsch est parvenu à sauver 8 livres de la destruction. Dita en sera la gardienne, au péril de sa vie, jusqu'à la fermeture du camp familial.
Dans la réalité, Dita Adlerova, c'est
Dita Kraus, 91 ans aujourd'hui. L'auteur a souhaité s'inspirer de son histoire sous une forme romancée bien avant que la rescapée décide de publier ses mémoires en 2020. Vu les rencontres régulières entre l'auteur et Dita, encore aujourd'hui, l'on peut avoir l'assurance que le roman reste proche de la réalité.
Antonio G. Iturbe expliquera quelques uns des éléments qu'il a "inventés" à la fin de l'ouvrage.
La Bibliothécaire d'Auschwitz, c'est un livre poignant mais jamais larmoyant. A l'image de son héroïne, qui a plié maintes fois, sans jamais se briser ou se plaindre. L'auteur, très bien documenté, a dressé un portrait sans concession de ce camp d'extermination et de ses prisonniers. Au-delà du personnage de Dita auquel on s'attache presque immédiatement, il a aussi pris le temps de s'attarder sur plusieurs personnages secondaires qui, à leur manière, ont aussi fait
L Histoire.
Le roman de
Antonio G. Iturbe est non seulement un vibrant hommage à Dita mais aussi à toutes ces personnes qui ont eu le courage d'agir, chacun dans la mesure de ses moyens, pour tenter de garder une étincelle dans le regard des enfants à qui tout avait été volé. C'est aussi un beau plaidoyer pour la littérature et son impact sur la liberté d'esprit des lecteurs, quelles que soient leur conditions de vie.
Parce que les Nazis avaient décidé d'interdire les livres, armes puissantes qui permettaient aux individus de réfléchir, c'était donc une résistance forte que d'en conserver et d'en passer le flambeau vers la génération suivante. L'Histoire nous apprendra que tous les dictateurs, à travers le temps et le monde, auront toujours pris soin de supprimer les livres. Et de tout temps et à travers le monde, une poignée d'individus prendra des risques pour sauvegarder ces outils qui permettent de s'évader même en prison.
Dans la version française qui ne date que de 2020, l'auteur a ajouté en fin d'ouvrage plusieurs récits de rencontres qu'il a eues avec
Dita Kraus depuis la parution du roman en 2012, que ce soit à Prague, Jérusalem ou Barcelone. Cet addendum ajoute encore, si nécessaire, à l'admiration que l'on ne peut que ressentir face à cette femme forte, qui a risqué sa vie à 14 ans, pour préserver la connaissance.