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On est en janvier 1944 dans le camp d'Auschwitz-Birkenau. Quand règne l'Enfer, l'horreur et la folie alors la fiction invente des rêves. C'est ce que fait le roman d'Antonio G. Iturbe en guise de témoignage sur l'Holocauste. L'histoire se déroule dans le camp de la mort dont on a tous entendu parler, endroit où les livres sont des clandestins que l'on traque car ils sont des vecteurs du savoir et ça c'est dangereux pour les nazis, comme dans toutes les dictatures.
Dita ou Edita 14 ans, jeune fille juive, est recrutée par l'énigmatique éducateur nommé Fredy Hirsh, chef du bloc 31 dans le camp de la mort. Elle endosse alors le rôle de passeuse de livres, elle symbolise la transmission du savoir et de la culture. Elle véhicule le connaissance et l'espoir dans L'Enfer que représente le camp d'Auschwitz. Elle porte la lumière et se dresse contre l'obscurantisme. Elle ouvre l'appétit des enfants et sauve les professeurs de l'anéantissement de la pensée. Dita c'est une bibliothèque ambulante ; elle court, elle transporte, elle participe à l'ouverture des consciences, au rétablissement de la justice et de la logique humaine. Armée d'un courage hors norme, elle échappe à la vigilance des nazis et l'anéantissement de l'être humain. Edita fait de la Résistance, elle entraine du monde dans son sillage.
La petite bibliothécaire d'Auschwitz brave tous les salopards du camp nazi, tels que le « Docteur Mengele » qui fait toutes sortes d'expériences génétiques afin de multiplier la race aryenne et anéantir les juifs. Elle échappe à la vigilance des SS violents et au Curé ainsi qu'à tous les autres gardiens du nouvel ordre nazi, ceci pour transporter 8 livres blessés eux aussi, métaphores du savoir mais aussi de la condition du peuple juif, parmi ceux-ci on trouve des romans, une grammaire russe, un traité de géométrie, d'histoire, de psychanalyse, de géographie. Ces objets qui malgré leur état de délabrement constituent un véritable trésor. La bibliothécaire cache les livres dans les poches de son vêtement qu'elle fait coudre par la couturière d'Auschwitz en échange de quelques bouts de pain et de margarine. Elle est à la fois le sujet, la fille gardienne des livres mais aussi l'objet.
Au camp d'Auschwitz, la violence des officiers allemand et l'horreur règnent. En toile de fond on voit la grisaille, le dénuement, la faim, la mort, la maladie, le froid, la promiscuité, l'insalubrité. Les fours crématoires sont là, ces douches à gaz où les victimes sont assassinées et meurent dans d'atroces souffrances. Des visions de l'Enfer sont décrites ; cadavres entassés, sang poisseux, arrachage de dents mis à profit par les nazis tels des charognards.
Alors pour conjurer le mauvais sort, la bibliothécaire agit avec ses livres mais s'évade en rêve aussi, lorsqu'elle n'entrevoit plus l'avenir, elle revoit les moments du bonheur passé, le temps d'avant la guerre à Prague, l'école, les jeux, la nourriture, un cadeau d'anniversaire, un livre, ses parents, la vie ! tout simplement.
Ce roman est aussi beau qu'instructif. Il contient des scènes vraiment émouvantes qui développent le pathos et la compassion pour les victimes. La sympathie pour la bibliothécaire et la résilience de tous les résistants et de toutes les victimes. Il est oppressant aussi lors des scènes de mort et de violences. Il est à mettre entre de nombreuses mains en devoir de mémoire, pour que l'on n'oublie pas la noirceur dans lequel l'humain peut s'engouffrer et dans laquelle il peut plonger ses semblables, pour que L Histoire ne se répète pas et ne devienne pas une anecdote…
On peut approfondir la lecture par l'excellent documentaire de Lanzmann, ou le film -le fils de Saul- mais pour ce dernier, âmes sensibles attention.
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Les histoires de bibliothèques m'intriguent toujours. Je me dis qu'un livre qui parle de livres ne peut être que plaisant et à chaque fois, je me fais avoir.

En l'occurrence, le mot plaisant est inapproprié. La Bibliothécaire d'Auschwitz est avant tout un livre sur Auschwitz, et plus précisément sur l'un des camps de l'immense complexe d'Auschwitz-Birkenau, celui qu'on appelle le camp familial, parce qu'y sont détenues des familles ; des Tchèques, femmes, hommes, enfants, juifs pour la plupart. L'un de ces détenus, un jeune éducateur sportif nommé Fredy Hirsch, convainc le haut commandement allemand de consacrer un baraquement, le bloc 31, à des activités pour enfants, afin d'améliorer la productivité du travail des parents. Qu'on soit clair ! Officiellement, pas question pour les nazis d'instruire des enfants juifs sans futur. Pourtant, les animations ludiques se transforment secrètement en sessions scolaires. Une jeune fille, Dita, prend même la responsabilité risquée de gérer clandestinement une pauvre et disparate bibliothèque de huit livres.

Sur cette histoire vraie, le journaliste et écrivain espagnol Antonio Iturbe a élaboré un récit plus ou moins romancé, inspiré de personnages authentiques. Il rend hommage à deux d'entre eux, Dita et Fredy Hirsch. L'ouvrage détaille sur près de cinq cents pages l'actualité quotidienne de Dita, bibliothécaire à Auschwitz. le récit s'élargit à son enfance à Prague avant l'arrivée des nazis et à la construction de sa vie d'adulte après la guerre.

On comprendra qu'un tel livre comporte deux dimensions. L'une, littéraire, découlant de qualités romanesques et d'écriture. L'autre, historique, s'appuyant sur la rigueur documentaire et sa valeur de témoignage.

Pour être franc, il ne faut pas attendre de finesse littéraire dans la lecture de la Bibliothécaire d'Auschwitz. On peut même considérer que l'absence de fluidité, la rudesse du style, les redondances, les longueurs narratives sont en cohérence avec les règles, les brutalités, les privations, les angoisses supportées par les personnages et répétées jour après jour, indéfiniment.

Sous sa forme de roman, La Bibliothécaire d'Auschwitz est une enquête très documentée et détaillée sur les conditions concrètes de vie des Juifs déportés en camp de concentration et d'extermination. Au fil des chapitres, des milliers de détenus déferlent jour après jour sur Auschwitz ou en repartent pour d'autres camps. Des milliers de femmes, de vieillards et d'enfants sont orientés chaque jour vers les chambres à gaz. Des chiffres effrayants par leur ampleur, par leur monstruosité.

Mais les chiffres n'expriment que des faits secs, situés au-delà de l'émotion du lecteur. Celle-ci ne peut être atteinte que par la narration de cas particuliers. Quelques belles démonstrations d'humanité personnelle. de rares pertes d'humanité, mais qui ne sont que des preuves supplémentaires d'humanité ; qui pourrait se permettre de les juger ? Et surtout, chaque jour, pour chaque femme, pour chaque enfant, pour chaque homme, la crainte que ce ne soit le dernier, pour soi et pour ceux qu'on aime ; la lutte sur soi-même, pour que cela ne le soit pas, jusqu'à…

Les adolescents pourraient être les premiers touchés par les pauvres joies et les dérisoires déceptions quotidiennes de la jeune bibliothécaire. Avec en prime une leçon : pour espérer vivre ou survivre, il faut un projet, une tâche concrète qui oblige à se préparer pour le jour suivant.

La Bibliothèque d'Auschwitz n'est pas un livre qu'on aime ou qu'on n'aime pas. Je ne lui donne donc pas de note. C'est le genre de livre que l'on doit s'astreindre à lire de temps en temps, pour perpétuer la Mémoire, quand elle existe ; ou pour la régénérer chez celles et ceux qui ignorent, qui oublient, qui relativisent.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Traduit de l'espagnol par Myriam Chirouse

Après trois lectures décevantes, "Les chiens de Pasvik" d'Olivier Truc, "La femme aux fleurs de papier" de Donato Carrisi, "Les spectateurs" de Nathalie Azoulai que je n'ai même pas eu envie de commenter tellement j'avais l'impression d'être seulement une spectatrice, je tombe enfin sur une lecture intéressante.
Ce roman est tiré de la vie de Dita Kraus, la véritable bibliothécaire d'Auschwitz, que l'auteur a rencontrée et fréquentée, ce qu'il nous explique en fin d'ouvrage.
C'est à Auschwitz-Birkenau, où « la mort est devenue une industrie qui n'est rentable que si l'on travaille à grande échelle » que se cache, dans le bloc 31 un trésor : huit livres. Trésor qu'il faut évidemment cacher aux SS car « les livres sont très dangereux, ils font réfléchir ». le directeur de ce bloc, Fredy Hirsch, sportif et meneur d'hommes, a confié à Dita Adler , une jeune fille de quatorze ans, la difficile tâche de protéger ces livres.
Dans la crasse, la promiscuité, l'odeur de chair brûlée, la fumée des fours crématoires, "les flocons de cendre", "l'éclat rougeâtre" des cheminées, une poignée d'êtres humains tente de survivre et d'éduquer les enfants.
Pourquoi les nazis ont-ils autorisé ce camp familial alors qu'ils exterminent les enfants par milliers ? C'est "l'expérience du bloc 31". Je ne vous en dirai pas plus.
Ce fut une lecture éprouvante mais nécessaire.
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Ce roman construit autour de l'histoire vraie de Dita Kraus nous fait revivre un épisode douloureux de l'histoire mondiale à travers le destin de ces milliers de personnes déportées dans le camp d'extermination d'Auschwitz. Au milieu de toute l'horreur que ne manque pas de nous rappeler l'auteur espagnol Antonio G. Iturbe, il ne faudrait pouvoir en retenir que la petite lumière qu'incarna la jeune Dita.

Transférée avec les siens dans cette antichambre de la mort, elle va découvrir le bloc 31 où dans la journée sont réunis les enfants, sous la responsabilité de Fredy Hirsch, un juif allemand. Entre deux inspections des SS, une école clandestine y est même organisée. Alors que la détention de livres est punie de mort, la responsabilité des huit ouvrages qui en constituent la bibliothèque secrète est confiée à Dita, 14 ans. Seul moyen de s'évader au-delà des barbelés, ils constituent un véritable trésor dont elle va prendre soin, parfois au péril de sa vie.
le lecteur va suivre l'histoire de cette jeune fille courageuse jusqu'à la libération des camps par les alliés. Pour terminer, l'auteur nous parle du destin des autres personnages réels du livre et de sa rencontre avec celle qui fut nommée la bibliothécaire d'Auschwitz et à laquelle il rend hommage pour sa force de résilience.

On en apprendra jamais assez sur l'horreur que fut le quotidien des prisonniers dans ces camps. Incontestablement, l'auteur a participé au devoir de mémoire avec ce nouveau témoignage. Mais alors que cette histoire avait tout pour m'émouvoir, j'ai été totalement déstabilisée par sa construction pendant plus de la moitié du récit. Après une scène d'inspection par les SS dans l'école, d'une intensité dramatique, l'histoire piétine. L'auteur évoque brièvement les actions de la résistance à l'intérieur du camp, ainsi que celles de personnages secondaires. La lecture manque de liant : fréquents allers-retours dans le passé, passage brutal d'un personnage à l'autre, extraits de livres au milieu du récit. Elle gagne cependant en fluidité au 2/3 du livre.

A l'image des livres qu'elle protégeait, Dita fut un interlude lumineux au milieu de cette noirceur, un exemple de courage et de détermination. Un nouveau témoignage sur l'Holocauste auquel j'accorde un 12/20 car si j'en ai admiré le fond, véritable leçon d'histoire à ne pas oublier, sa forme plutôt laborieuse ne m'a pas totalement convaincue.
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Auschwitz, c'est l'horreur, une atrocité inhumaine, mais l'héroïne a la chance d'être placée dans le « camp familial », une partie d'Auschwitz où on laissait vivre des enfants, pour servir de vitrine du régime pour d'éventuels observateurs étrangers. Une grande chance, car les enfants étaient habituellement sélectionnés pour aller directement aux douches… à moins qu'ils ne servent aux expériences du docteur Mengele.

L'adolescente tchèque a aussi la chance que ce camp familial soit animé par Fredy Hirsch, un infatigable optimiste, qui lui donne la responsabilité de s'occuper des livres, de les distribuer, et surtout de les cacher, car ils sont interdits par les nazis. En fait de bibliothèque, c'est seulement huit livres, dont l'un est en russe, un autre en français. Elle ne peut pas les lire, mais la manipulation de ces livres lui rappelle que le monde civilisé existe.

L'histoire de la bibliothécaire est inspirée du réel et racontée à partir du point de vue de la jeune fille qui oscille entre la peur et la bravoure, la misère du camp, mais aussi le plaisir de jouer à la marelle avec ses amies, ce qui donne un peu de légèreté à ce sujet si grave par ailleurs.

Auschwitz, c'est pas jojo, mais ça permet peut-être de relativiser ce grand malheur d'être un moment confinés dans nos maisons confortables, en ayant à manger, et avec tous ces livres qui nous permettent de nous évader.
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Difficile de parler de cette lecture forte, bouleversante, percutante. Et pourtant, c'est un livre choc à mettre entre toutes les mains, une oeuvre indispensable.

Je suis allée sur les différents sites composant ce que l'on appelle Auschwitz-Birkenau. Impossible d'imaginer ce qui s'y est réellement déroulé malgré les nombreux témoignages. On ne pourra jamais s'imaginer... Comment se mettre dans la peau de ceux qui ont vécu l'impensable ?
Mais ce livre très bien documenté m'a pourtant permis de faire vibrer ces lieux visités. Ayant éprouvé une grande émotion à déambuler dans ces vestiges de l'Histoire, j'ai vu grâce à ce livre les rails qui apportent tous ces malheureux, les baraquements nus et glacés, les châlits sur lesquels on s'entasse et on s'éteint, le mur des fusillés, la chambre à gaz maintenant en ruine, les latrines sans intimité et pestilentielles... J'y ai placé les personnages de cette fiction qui s'appuie très largement sur des faits vrais. Les hommes et femmes qui peuplent ces pages ont existé et ont subi les horreurs de ce génocide gigantesque.

Dita en est le coeur. Cette jeune fille frêle est pourtant un roc, un volcan, une rebelle qui aime passionnément la vie. Elle devient la responsable de cette minuscule bibliothèque clandestine du camp. Quelques livres en piteux état que l'on cache mais aussi des « livres vivants » grâce à ces « professeurs » qui narrent leurs histoires. Fait méconnu de l'Histoire, il était important de mettre aussi un peu de lumière dans des événements si sombres. On ne cache rien des atrocités, de la froideur glaciale de Mengele, de l'inhumanité des SS, de la sélection implacable, des expériences innommables, de la faim qui tord les entrailles, des cris déchirants, des pleurs désespérés, de la mort...mais La Bibliothécaire d'Auschwitz donne également la part belle à l'espoir, à l'amour, au partage, à l'humanité, à la lumière.

Et les livres y sont des portails. Dita se surprend même à rêver, à s'évader, à rire malgré tout le malheur et toute l'obscurité qui l'entourent. La lecture est un refuge, un voyage pour se détourner du cauchemar. Les enfants du Bloc 31 ont eu un peu de réconfort grâce à leurs « professeurs » qui les emmenaient ailleurs.

Ce livre est dur mais il est aussi très beau. Il permet de découvrir un fait méconnu de l'histoire d'Auschwitz et d'y puiser de la force.
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« Ce récit est construit à partir de matériaux réels, qui ont été unis dans ces pages grâce au mortier de la fiction » nous précise Antonio G. Iturbe, l'auteur de la bibliothécaire d'Auschwitz, en note de fin dans un chapitre qu'il a intitulé « étape finale » et dans lequel il nous relate la genèse de son ouvrage.

Rappelons, s'il en est encore besoin, que cet ouvrage relate l'histoire vraie de la sauvegarde clandestine dans le camp d'Auschwitz Birkenau de quelques livres aussi disparates en thèmes qu'en langues, sous la responsabilité d'une jeune adolescente juive pragoise. Entreprise clandestine qui aurait été bien entendu punie de mort immédiate en cas de découverte par les autorités du camp.

Ce « mortier » qu'évoque l'auteur est donc la part imaginaire de son cru avec laquelle il a construit son ouvrage. Ce dernier n'est pas un témoignage, mais presque, puisqu'il a été largement approuvé par la protagoniste principale, prénommée Dita et retrouvée fortuitement en Israël par Antonio G. Iturbe, laquelle la complimenté pour la qualité de son travail de recherche et de restitution.

On ne connaît que trop les horreurs perpétrées par cette monstrueuse industrie de mort mise en oeuvre par les nazis. L'ouvrage ne peut pas faire l'économie de la description de certaines scènes insoutenables. Aussi faut-il bien admettre que faire un roman traitant de cette abomination est un exercice périlleux. Celui-ci s'appuie certes sur une structure de faits réels mais il y avait grand risque en les reliant avec ce fameux « mortier de la fiction » à sombrer dans l'exploitation de la commisération. Ecueil que l'auteur a évité avec succès. Son sujet était autre.

Au-delà du sort des victimes de la Shoah, de l'instinct de survie qui pouvait les tenir éveillées au-dessus du cloaque de l'abjection, il s'agissait d'évoquer celui de la survie des cultures entretenues tant par la mémoire des vivants que par les livres. Il y avait cette volonté des adultes de concourir vaille que vaille à la transmission de leur savoir aux enfants, fussent-ils promis à la mort. Elle était pour eux à la fois le fol espoir de voir certains d'entre eux échapper au funeste sort qui les menaçait et une manière aussi de divertir l'esprit de cette perspective à la fois de ceux qui avaient accepté de devenir des professeurs de circonstance et de leurs jeunes élèves à l'innocence piétinée. Les livres et les compétences de chacun entretenaient l'ouverture au monde, l'accès à la lumière de la connaissance, la perpétuation de la culture de chaque communauté. L'antithèse de l'entreprise macabre mise en oeuvre par ce régime assassin.

La bibliothécaire d'Auschwitz est un ouvrage d'une grande rigueur. A l'exactitude qu'il s'impose de la relation des faits et des sentiments s'ajoute la crédibilité de cette part d'imaginaire qui les agglomère. Sa loyauté à l'histoire en fait un ouvrage qui a sa part dans le devoir de mémoire dû aux victimes du nazisme. La meilleure juge de tout ceci étant bien entendu celle qui a vécu cette détestable épreuve. En accompagnant l'auteur dans sa visite des lieux du supplice elle a accordé son blanc-seing à ce roman historique lui conférant ainsi statut de témoignage.
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Antonio Gonzales ITURBE. La bibliothécaire d'Auschwitz.

Les larmes aux yeux, je referme ce roman biographique, narrant la vie dans un des camps de la mort, mis en place par le régime nazi quasiment dans toute l'Europe. Nous découvrons avec stupeur l'organisation, le fonctionnement, les victimes de cet univers carcéral bien rodé. Edita dite Dita Adlerova, une jeune adolescente tchèque, née en 1929, avec ses père et mère est déportée de la capitale et transplantée dans le ghetto de Terezin. Fin 1943, Elle est conduite au camp d'Auschwitz- Birkenau. Non séparée de sa mère, elle est affectée au block BIIb. Dans cette sous-unité, les enfants, environ 500, bénéficient d'un régime spécial. Les règles diffèrent un peu de celles de l'immense camp dont dépend cette structure. Freddy Hirsch, jeune juif allemand, érudit, est responsable de ce block : il a crée une école clandestine. Les enfants suivent des cours dispensés par des instituteurs, des professeurs, des lettrés, jouent dans la cour à la marelle, entonnent « Alouette, gentille alouette » et participent à des petits spectacles tel la mise en scène de « Blanche-Neige ». Tous les dirigeants du camp dont le docteur MENGELE. assistent à ces après midi récréatives.

Chaque prisonnier doit cependant accomplir des tâches : vider les latrines, empierrer les rues du camp, porter les maigres repas, distribuer la nourriture, etc.. Dita a gagné la confiance de Freddy et celui-ci lui confie la garde des huit précieux livres de la bibliothèque. Il faut les conserver précieusement, les faire circuler et surtout les soustraire aux regards inquisiteurs des kapos. C'est avec une volonté de fer, un savoir-faire exceptionnel que Dita va exécuter cette lourde et dangereuse tache. Chaque jour, munie de ses sésames, elle distribue : l,atlas, un ouvrage de géométrie élémentaire, un livre de grammaire russe écrit en caractères cyrilliques, « Une brève histoire du monde » de H.G. WELLS, « Introduction à la psychanalyse » de FREUD, un roman français «Le comte de Monte-Cristo » d'Alexandre DUMAS, un roman russe, dépourvu de sa couverture et «  le brave soldat Chveik » du romancier Jaroslav HASEK. Ces livres constituent une lueur d'espoir pour tous ces enfants enfermés dans cet univers concentrationnaire. Dita les scrute au quotidien les répare, recolle les dos des couvertures, défroisse scrupuleusement les pages cornées. Ce sont ses trésors : aujourd'hui, nous les comparerions à ses « doudous ». Il lui faut faire preuve d'un immense courage. Si elle est interceptée, portant ces livres, strictement interdits dans tout le camp, elle sera directement conduite et passera comme tant d'autres par l'immense cheminée qui brûle jour et nuit et répand des cendres humaines…

Antonio Gonzales ITURBE a rencontré Dita KRAUS, née Edita Polochova ; la véritable bibliothécaire d'Auschwitz. J'ai consulté internet : apparemment, elle est encore parmi nous. C'est une dame très âgée et qui a pu se reconstruire, a épousé Otto KRAUS, un compagnon de galère, lui aussi un survivant du génocide, a fondé une famille, s'est installée sur la terre d'Israël. Je suis subjuguée par la personnalité de cette jeune fille, par sa force de caractère, par sa volonté. Il n'y avait pas de résistance organisée au sein de ces camps, me direz-vous ? Si bien sûr… Mais que peuvent bien faire une poignée d'hommes, de femmes, complètement désarmés face à leurs bourreaux, pointant leurs fusils, leurs revolvers sur ces êtres misérables, complètement dénutris. Suite à l'évasion de deux prisonniers, qui en avril 1944 ont témoigné des sévices subis, nul n'a entendu ou voulu entendre ces accusations. Il nous a fallu attendre la libéralisation des divers camps, faite dès janvier 1945 par les armées alliées, russes, américaines, les anglaises, etc... , au fur et à mesure de leurs progressions. Combien de victimes de toutes ces exactions…. Et aujourd'hui, mon coeur pleure encore. Des femmes, des enfants, des hommes sont encore victimes de tels sévices. L'homme est un loup pour l‘homme. Quand sera-t-il en mesure de tirer des leçons du passé !

Je félicite Antonio pour ce puissant témoignage. Une page peu connue de l'histoire. Je me revois encore en activité, accompagnant une ancienne déportée lors de ses interventions auprès des scolaires, qui, comme Dita a vécu cet enfer : arrêtée à 18 ans, elle a vécu 17 mois dans le camp de Ravensbrück. Ces femmes, ces hommes et ces enfants se sont reconstruits tant bien que mal, ne dévoilant leur parcours que des années après leur miraculeux retour. Je vous conseille la lecture de ce récit, que ce soit sous la forme de BD ou l'original. Je vous souhaite une bonne lecture malgré le thème de ce livre. de l'amour, de la fraternité, de l'humilité et beaucoup d'espoir s'affrontent. Je me permets, l'actualité est présente de vous souhaiter de belles fêtes de fin d'année et une très bonne année 2024.
( 19/12/2023).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Un livre splendide ! Les descriptions sont excellentes, on a l'impression d'être avec Dira et sa famille, on y côtoie l'horreur, les trahisons mais aussi la solidarité et l'espoir souvent déçu. Les personnages sont tous très attachants. L'histoire est rythmée par les différentes problématiques exposées dans ce livre qui est très bien documenté. On ne ressort pas indemne de cette lecture. En bref ... Un roman plein d'émotion qu'on a beaucoup de mal à lâcher.
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Une histoire inspirée de faits réels, tellement incroyables, inattendus. Jamais je n'avais eu vent de cette aspect de la seconde guerre mondiale, un fait pourtant avéré.
La jeune héroïne principale s'avère tellement... héroïque dans ses attitudes, la maturité de ses réflexions, de ses choix, que l'on peine à croire qu'elle a vraiment existé, et pourtant...
Cet ilôt d'humanité persistant en plein camp allemand, cette oasis de culture, quel miracle, qui, bien qu'éphémère, célèbre l'espoir, la grâce de l'instant vécu.
Une écriture fluide, sans grande fioriture littéraire, mais elle atteint son but, bouleverse, remue, questionne celui qui s'empare de ces mots.
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