Il est « de la graine qui pousse
au printemps des monstres ».
Qui s'épanouit dans la fange, éclot dans le bourbier, embellit dans le cloaque.
Se développe dans l'immondice qu'il va lui-même nourrir en noyant son monde dans un torrent d'horreur, l'inondant d'un délire ignoble. Vomissant sa cruauté par des courriers anonymes abjects revendiquant le meurtre de Luc Taron, un enfant de onze ans. Qu'il a adressés aux médias, aux parents de l'enfant, au monde.
En se nommant « L'Etrangleur ».
Avant de se rétracter.
Ils sont les monstres. Qui pullulent dans les marécages, prolifèrent dans la boue, grouillent dans cette société re-naissante qui prend ses racines dans le fumier des heures terribles de la guerre. Foisonnent dans cette sombre affaire.
Tous, ils sont tous troubles, opaques, visqueux. Dégoulinant de mensonges, de secrets, de fausseté. Ils sont parents, amis, ennemis, accusés, accusateurs, juges et parties.
Tous, ils vont tous nourrir le monstre autant qu'ils vont s'en repaître en l'aspirant jusqu'à le laisser exsangue.
Tous, il vont tous, par leurs mensonges, leur duplicité, leurs vices et leurs dissimulations recouvrir la vérité d'une épaisse couche de la boue de toutes les immondices qu'ils ont commises.
Condamnant Lucien Léger, cet « Etrangleur » qui n'en était pas un, à la mort symbolique de l'enfermement.
Enterrant la graine dans les marécages pour l'éternité.
Que
Philippe Jaenada va arroser d'une prose factuelle et documentée, abreuver d'extraits, nourrir de coupures de presse et de rapports de police.
Pour l'extraire du marais des hypothèses, de la fange des scénarios. de la lie d'une fiction que Léger a lui-même écrite.
Tissant les contours d'un roman dont l'auteur n'est peut-être pas celui que l'on croit ; quand le personnage principal a écrit sa propre légende, l'auteur relatera la vérité dans un torrent de faits et de citations.
Entrainant avec lui un lecteur immergé dans le marécage de cette affaire tentaculaire, plongé en apnée dans les archives d'un fait divers étourdissant, étouffé par ses innombrables rebondissements.
Qui pourra respirer lors des truculentes digressions autour de la vie personnelle de l'auteur, au ton mordant et bourré d'auto-dérision. Des bouffées d'oxygène inspirées, quand le subjectif romanesque éclot de l'objectif journalistique.
Avant de replonger dans le bourbier d'une affaire qui ne révèlera jamais ses secrets.