Lire un roman de Jaenada, c'est comme retrouver un copain, quand on en a déjà lu plusieurs. On attend les éclats de rire (et ils ne sont pas si nombreux les auteurs qui nous font rire), les exagérations, les partis-pris, mais aussi les apartés, bref toutes les circonvolutions qui vont avec l'oeuvre de Jaenada. Et je n'ai pas été déçue. Mais peut-être qu'il est un poil trop long ce roman, j'ai éprouvé une lassitude au moment du procès.
Je me suis aussi dit qu'il était tout de même dur avec Felix, que Pauline a bien mené par le bout du nez. J'ai par contre été touchée par la vie de Pauline après sa libération de prison.
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Novembre 1953. Pauline Dubuisson est accusée d'avoir tué de sang-froid son amant. Mais qui est donc cette jeune femme dont la France entière réclame la tête ? Une arriviste froide et calculatrice ? Un monstre de duplicité qui a couché dans le lit de l'Occupant, a été tondue, avant d'assassiner par jalousie un garçon de bonne famille ? Ou n'est-elle, au contraire, qu'une jeune fille libre qui revendique avant l'heure son émancipation et questionne la place des femmes au sein de la société ? Une tragédie romancée et passionnante.
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J'aime lire l'histoire des femmes, les contraintes auxquelles elles doivent faire face, leur courage, leurs actes et les raisons qui les motivent et toutes les raisons qui font que je reste persuadée que le combat n'est pas fini pour la femme.
Pauline DUBUISSON, la diabolique ... J'avais lu "je vous écris dans le noir" de JL SEIGLE et j'ai donc logiquement souhaité lire le texte de JAENADA et quel texte ! J'apprécie la façon d'écrire de l'auteur qui croise quotidien actuel, histoire personnelle et l'histoire tout court. Ici, on ressent à la fois une réelle empathie pour Pauline, mais aussi des recherches très sérieuses qui réhabilitent drôlement la jeune femme, une jeune femme trop en avance sur son époque, victime d'un père dominateur, d'une mère absente dans l'enfance et l'adolescence, une jeune femme comme beaucoup d'entre nous maintenant qui voulait devenir pédiatre et avait toutes les compétences, qui ne voulait pas se marier si cela impliquait d'abdiquer qui elle était ... C'est un portrait très attachant de Pauline DUBUISSON que nous donne à voir JAENADA. A lire pour comprendre et faire en sorte que Pauline revive et soit reconnue pour qui elle était.
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Un très bon livre qui retrace la vie de Pauline Dubuisson. Cette jeune fille que l'on surnomme la ravageuse, la hyène. Cette jeune fille en avance sur son temps qui ne voulait pas être seulement une épouse une mère. Ce livre raconte la vie et les tourments de cette tragique héroïne.
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Le 17 mars 1951 vers dix heures, trois détonations sourdes et rapprochées retentissent dans un immeuble situé au 25 rue de la Croix-Nivert à Paris. Pauline Dubuisson, 24 ans, vient d'abattre son ancien amant au pistolet avant d'ouvrir le gaz pour mettre fin à ses jours. Les secours la sauvent in extremis de l'asphyxie. La police a à peine investi l'appartement que déjà un groupe de curieux s'agglutine devant les grilles de la résidence. Ce fait divers va - sans que l'on sache très bien pourquoi - fasciner l'opinion publique dès les premiers jours. Les médias vont plonger tête en avant dans le sensationnalisme ; les policiers et les magistrats vont mener une instruction exclusivement à charge. L'affaire tourne à la cabale. Pour que la sauce monte, il faut une bonne victime et un bon coupable. le disparu était jeune, beau, fils d'une famille aisée, futur médecin ; la méchante a contre elle son éducation, son comportement pendant la guerre, ses moeurs qui vont être jetées sur la place publique et réécrites sous un angle largement défavorable. Tout est analysé à charge, sans nuance. On ne retient des dépositions que les éléments qui l'enfoncent, on n'hésite pas à reformuler des propos pour les détourner de leur sens premier. Lors du procès, les magistrats humilient jusqu'à l'écoeurement.
Philippe Jaenada va analyser les rouages de cette affaire, éclairer les erreurs, les interprétations et les insuffisances du dossier d'instruction. Dans les affaires criminelles, les passions mystifient l'esprit, le procès se transforme en curée où tous souhaitent la tête de la hyène. Jaenada démontre que ce qui accable Pauline Dubuisson aux yeux de l'opinion, c'est son émancipation dans une société patriarcale. Vous connaissez la règle : l'homme qui multiplie les conquêtes est un coq, la femme, elle, est une vulgaire salope. Par exemple, si l'on ne tiendra pas rigueur à son père d'avoir fait des affaires avec l'occupant, il ne lui sera jamais pardonné d'avoir eu des liaisons avec des soldats allemands.
Philippe Jaenada prend fait et cause pour l'accusée au risque de manquer parfois de lucidité. Derrière ses lignes, on devine son « Pauline Dubuisson, c'est moi ». Je me suis parfois ennuyé à la lecture de certaines démonstrations (Pauline a-t-elle découché la nuit du 7 mars ?) et j'ai donc bien accueilli les anecdotes personnelles et les digressions qui émaillent le texte. J'ai appris beaucoup de choses sur les années de guerre de la ville de Dunkerque, les conditions de détention des femmes et les grandes affaires criminelles de l'après-guerre. « La petite femelle » est un manifeste passionné qui cherche à rétablir l'honneur d'une femme au destin tragique.
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Une enquête romancée sur le parcours tragique de Pauline (Andrée) Dubuisson condamnée en 1953 à vingt ans de travaux forcés pour avoir assassiné son amant Félix Bailly. Philippe Jaenada reprend l'enquête, décortique les procès verbaux d'interrogatoires, les compte rendus d'audience, étudie l'enfance, l'adolescence de Pauline pour comprendre cette vie d'une très jeune fille durant l'occupation allemande à Dunkerque, l'éducation stricte à la limite autiste qu'elle a reçue de son père et qui lui fera si grand tord par la suite. Philippe Jaenada révèle les "heureux" oublis, les mensonges, les manipulations que l'accusation a utiliser pour écraser Pauline. Au-delà ce ce triste fait-divers, c'est toute une société de l'après guerre qui nous est révélé, engluée dans des valeurs et une conception notamment du rôle de la femme qui volera en éclat en 1968. Une société qui sort de cinq ans de collaboration et qui en guise de bonne conscience se réfugie dans un nationalisme de bon aloi et jetant leur hargne et soif de vengeance sur ceux que l'on soupçonne de s'être compromis avec l'occupant mais principalement ceux qui ne pourront pas se défendre, les plus faibles, ceux qui n'ont pas de connaissance ou de pouvoir. Mais est-ce que les choses ont vraiment changés ? Est-ce que par exemple les médias ont appris à prendre du recul, éviter de jeter en pâture à l'opinion des personnes, des vies sans objectivité, en manipulant les faits, pour faire l'audience ? Est-ce que face à un crime odieux, nous savons écouté avant de juger ? C'est l'intérêt je pense de ce livre qui au travers de ce fait divers nous alerte sur la nature profonde de l'homme qui dans des moments de stress ou post-traumatique, comme la fin de la seconde guerre mondiale et la reconstruction, a besoin de jeter son angoisse par la colère, la haine, le lynchage réelle ou virtuel, quitte à se réveiller le lendemain abasourdi par la violence qui a pu exploser. le style de Philippe Jaenada avec ses appartés, ses traits d'humour noir, ses interpellations outrées à distance des acteurs de cette tragédie apporte du rythme, casse la tension, même si parfois l'usage est un peu abusif à mon sens. Roman agréable à lire.
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