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4,09

sur 793 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après le remarquable « Sulak », Jaenada se lance dans un travail gigantesque, pour démontrer que Pauline Dubuisson (accusée du meurtre de Félix Bailly en 1951, son ex petit ami), a été victime non pas d'une erreur judiciaire mais d'un procès honteusement à charge. Va alors s'abattre sur la jeune femme un flot de haine, de mensonges, de détournements de témoignages pour en faire une coupable calculatrice, froide et orgueilleuse. du pain béni pour une société misogyne ou l'émancipation féminine était vu comme un terrible fléau.
En plus de 700 pages (ne vous effrayez pas, ça se lit tout seul), Jaenada met en contradiction ces accusateurs, s'appuyant sur l'énorme travail de recherches effectué. Pauline Dubuisson le paiera toute sa vie (bien courte il est vraie), le trio de justice et la presse bien pensante se chargeant de la représenter de la pire des manières.
Avec le ton qu'on lui connait, Jaenada allège son récit d'évènements propres à sa propre vie, son humour toujours bienvenu en habille certains pour plusieurs hivers, même si parfois son empathie pour Pauline, lui fait écrire des vacheries gratuites sur certains protagonistes. Mais « La petite femelle » est avant tout un remarquable travail du meilleur avocat qu'aurait aimé avoir Pauline. Sa vie n'aura été que tragédies et injustices. Philippe Jaenada ne la réhabilite pas, il montre simplement que son procès n'aura été qu'une vague fumisterie. Et que «La petite femelle » méritait bien ce gros pavé. Passionnant.
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Chevalier blanc des contre-enquêtes en recherche de vérité.
Philippe Jaenada avait déjà brillamment refait l'histoire avec Sulak, destinée flamboyante d'un cambrioleur gentleman. Il revient dans un gros bouquin de 700 pages (il s'agit de s'y préparer) sur une affaire judiciaire de l'après guerre, qui déchaîna les passions dans le public, la presse et les prétoires.

Pour faire court, Pauline Dubuisson, étudiante en médecine de 26 ans, tue son amant Felix de trois balles de revolver et est condamnée à la perpétuité.
Un drame passionnel et passionnant pour une France avide de sensationnel, une instruction manifestement à charge que le recul du temps permet de décortiquer dans ses lacunes et ses contradictions.

Accumulant telle la fourmi les témoignages, les rapports judiciaires, les papiers presse, Philippe Jaenada ne laisse rien dans l'ombre, et met en lumière les incohérences des enquêtes de moralité, la part de rumeurs et de ragots, le déchaînement journalistique et la pression populaire. Il dresse un portrait de femme intime, avec réalisme et empathie, s'autorisant une psychologie de bon sens, déchargée de toute pression.

C'est un récit, dramatique et touchant, empli de vitalité par une plume caustique et ironique. L'humour et l'autodérision font bon ménage pour alléger le propos. Les fameuses digressions de l'auteur, la plupart du temps justifiées, peuvent agacer mais m'amusent beaucoup. L'écriture est décomplexée et naturelle, qui s'adresse au lecteur comme en conversation.

On peut aussi saluer un travail d'enquête approfondi, un reconstitution historique maitrisée ( la poche de Dunkerque dans la tourmente de la guerre est cinématographique).
J'ai rarement lu un auteur capable de si bien montrer son plaisir d'écrire. On sent une boulimie, les mots se bousculent, les faits s'empilent, les sentiments personnels s'intercalent, les histoires parallèles s'incrustent dans le sujet principal.

Sa fascination pour son sujet est telle que l'on peut sans doute lui reprocher de pêcher par excès. On pourrait finir asphyxié mais il nous garde captif.
Un excellent roman!
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On ne gagne pas à tous les coups...

La Serpe m'avait retournée comme une crêpe, instruisant à charge puis à décharge contre Georges Arnaud, et emportant très brillamment la mise: une réhabilitation sans faux-pli de son héros.

Sulak vient de me conquérir sans la moindre résistance et je voudrais qu'on pût remonter le cours du temps et rectifier les terribles pas de côté de la scoumoune pour redonner à sa vie la trajectoire sans accroc de funambule au grand coeur qu'il aurait méritée, et lui éviter la fin funeste qui a été la sienne.

Bref, voilà deux fois que Jaenada réussit haut la main dans deux romans-fleuves-enquêtes à me subjuguer par sa documentation, me convaincre par sa logique exigeante et m'embobeliner dans son ironie irrésistible, ses parenthèses poilantes dans lesquelles sa petite vie dérisoire et attachante emboîte le pas à celles, illustres, qu'il entreprend de débrouiller. .

C'est dire si mes attentes étaient gigantesques en lisant, après tout le monde, La petite femelle , le livre qui l'a rendu célèbre auprès du public..

Je n'avais pas très envie de le lire, après l'excellent Je vous écris dans le noir , de Jean-Luc Seigle, qui portait sur le même sujet: la vie de Pauline Dubuisson, tondue à 20 ans, en 1945, condamnée en 1953 pour le meurtre -ou l'assassinat?- de son amant et morte par suicide en 1963, à 36 ans.

Ce n'était pas le Jaenada de trop, rassurez-vous: j'aime toujours autant le bonhomme, le styliste inimitable qu'il est, j'aime toujours qu'il essaie sans désarmer de réhabiliter les maudits, les incompris, de faire comprendre les introvertis , les taiseux, de confondre les idées préconçues, de demonter les mauvais procès et de faire éclater au grand jour les erreurs judiciaires.

Mais cette fois-ci, il ne m'a pas entièrement convaincue. Pourquoi?

D'abord c'est trop long, trop appuyé, trop répétitif et même décentré telle la fin, avec ces biographies successives (et peu succinctes ) des co-détenues de Pauline, au moment le plus pathétique, celui où, pour la dernière fois, la jeune Pauline repart au combat, à sa sortie de prison et tente une nouvelle vie- une veritable faute de composition.

Non que toutes les digressions soient inutiles: j'ai adoré toute la reconstitution de la vie à Dunkerque sous l'occupation, dont j'ignorais les particularités- à l'exception de l'éprouvante bataille qui vit l'embarquement tragique des Anglais- . Autant j'ai trouvé cette digression indispensable à la compréhension de l'intrigue et à celle des choix de la toute jeune Pauline dans cette "poche"funeste de Dunkerque - autant les longueurs et les interminables mises au point sur le procès de 1953 , certes inique et scandaleux, avec le trio infernal Floriot-Lindon-Jadin comme des Erinnyes vengeresses accrochées à leur proie, finissent par jouer à contre-emploi et à fatiguer la bienveillance du lecteur - par un étrange retour de balancier de ce qui s'est produit au procès, où tant d'acharnement a fini par paraître suspect...

Troisième raison de mon bémol: Pauline elle-même, plus difficile à faire aimer que le pudique Georges Arnaud, ou le flamboyant Bruno Sulak, avec toutes ses ombres, tous ses silences, toutes ses ambiguïtés.

Jean-Luc Seigle a, d'une certaine façon, tourné la difficulté de la défense de Pauline en lui donnant la parole et en se fiant à la fiction de ce point de vue interne où l'écrivain rêve son héroïne plus qu'il ne la connaît.

Jaenada, lui, répugne à faire appel à la fiction : sa défense se veut objective, fondée sur les faits...mais ceux-ci semblent lui résister, tant l'héroïne a de facettes contradictoires-qui sont autant de titres de chapitres, jolie trouvaille, d'ailleurs, mais qui en dit long , je trouve, sur sa propre difficulté à cerner Pauline...- de ce fait on a l'impression qu'il piétine, qu'il ressasse, qu'il a du mal à être clair....

C'est ce que j'ai ressenti souvent, dans la partie consacrée au procès, où même les parenthèses amusantes sur les déboires sentimentaux ou la passion pour les saucisses de l'auteur m'ont paru non plus d'hilarants apartés entre lui et nous, mais de pesantes et épuisantes diversions...

Reste un beau portrait de jeune fille, nuancé, et complexe- voyez les titres des chapitres en table des matières!- née trop tôt, dans la mauvaise famille et au mauvais moment, figure moderne et tragique d'une liberté de choix refusée aux femmes, fussent-elles de ravageuses petites femelles...


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Le 17 mars 1951 vers dix heures, trois détonations sourdes et rapprochées retentissent dans un immeuble situé au 25 rue de la Croix-Nivert à Paris. Pauline Dubuisson, 24 ans, vient d'abattre son ancien amant au pistolet avant d'ouvrir le gaz pour mettre fin à ses jours. Les secours la sauvent in extremis de l'asphyxie. La police a à peine investi l'appartement que déjà un groupe de curieux s'agglutine devant les grilles de la résidence. Ce fait divers va - sans que l'on sache très bien pourquoi - fasciner l'opinion publique dès les premiers jours. Les médias vont plonger tête en avant dans le sensationnalisme ; les policiers et les magistrats vont mener une instruction exclusivement à charge. L'affaire tourne à la cabale. Pour que la sauce monte, il faut une bonne victime et un bon coupable. le disparu était jeune, beau, fils d'une famille aisée, futur médecin ; la méchante a contre elle son éducation, son comportement pendant la guerre, ses moeurs qui vont être jetées sur la place publique et réécrites sous un angle largement défavorable. Tout est analysé à charge, sans nuance. On ne retient des dépositions que les éléments qui l'enfoncent, on n'hésite pas à reformuler des propos pour les détourner de leur sens premier. Lors du procès, les magistrats humilient jusqu'à l'écoeurement.

Philippe Jaenada va analyser les rouages de cette affaire, éclairer les erreurs, les interprétations et les insuffisances du dossier d'instruction. Dans les affaires criminelles, les passions mystifient l'esprit, le procès se transforme en curée où tous souhaitent la tête de la hyène. Jaenada démontre que ce qui accable Pauline Dubuisson aux yeux de l'opinion, c'est son émancipation dans une société patriarcale. Vous connaissez la règle : l'homme qui multiplie les conquêtes est un coq, la femme, elle, est une vulgaire salope. Par exemple, si l'on ne tiendra pas rigueur à son père d'avoir fait des affaires avec l'occupant, il ne lui sera jamais pardonné d'avoir eu des liaisons avec des soldats allemands.

Philippe Jaenada prend fait et cause pour l'accusée au risque de manquer parfois de lucidité. Derrière ses lignes, on devine son « Pauline Dubuisson, c'est moi ». Je me suis parfois ennuyé à la lecture de certaines démonstrations (Pauline a-t-elle découché la nuit du 7 mars ?) et j'ai donc bien accueilli les anecdotes personnelles et les digressions qui émaillent le texte. J'ai appris beaucoup de choses sur les années de guerre de la ville de Dunkerque, les conditions de détention des femmes et les grandes affaires criminelles de l'après-guerre. « La petite femelle » est un manifeste passionné qui cherche à rétablir l'honneur d'une femme au destin tragique.
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Une superbe enquête sur le travail de la police, de la justice et de la presse, sur l'opinion publique, et sur les inévitables approximations qui font que la vérité ne peut qu'être qu'approchée, à supposer pour le moins que cette recherche soit sincère et sérieuse. C'est l'affaire Pauline Dubuisson qui fait l'objet de ce roman, mais les références à d'autres affaires connues donnent au livre un écho plus universel. La passion avec laquelle l'auteur, se fait l'avocat de "l'héroïne" qui a tué son amant, essaie de la comprendre sans préjugé, et démonte les approximations volontaires ou non du procès, est communicative. le livre est gros mais captivant et se lit avec plaisir. J'ai un peu regretté au début l'abus de parenthèses mais m'y suis habitué. Malgré le tragique du sujet, l'auteur sait aussi relativiser et garder un humour qui contribue au plaisir de cette lecture.
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Bon, ne pas être trop longue sur ce pavé, ça va être dur...
Un beau et gros pavé dans la mare de la société machiste, phallocrate, où la norme de toute chose est le mâle mature entre 40 et péremption, où la femme n'appartient pas à l'humanité mais doit en être le pilier : le pilier des mâles, qui, eux, constituent le genre humain...Donc la femme, comme le montre avec pas mâle de talent Philippe Jaenada, elle est faite pour être offerte aux hommes, pour leur bien-être, leur intérieur, leur soutien physique et moral ...Objet et non sujet, elle ne peut se penser seule, indépendante, autonome.
Donc évidemment, Pauline Dubuisson, "La petite femelle" (quel beau titre !!), dont le destin croise sans cesse sans vraiment le croiser celui de "l'animal Bardot", d'une manière de coïncidence qui aurait fait triper André Breton, c'est du petit lait pour les grands garants de l'ordre social, mâles juges, mâles policiers, mâles psychiatres, mâles journalistes, et même femâles (femelles à l'extérieur, mâles à l'intérieur, sur le modèle du bounty noir à l'extérieur et blanc à l'intérieur...copyright sur le mot huhuhu) ...Car Pauline Dubuisson c'est, "mon coeur est à la France, et mon cul est international..." euh, non , même pas, c'est "mon coeur est d'abord à papa, et après je sais pas, et je fais ce que je veux avec mon cul" ... Et je veux pas me marier tout de suite avec Félix, et je veux continuer mes études, et je suis très attachée à un vieux docteur allemand qui fut mon amant pendant la guerre, et à un officier allemand etc etc ... Donc quand elle tue Félix (joyeux Noël, Félix !) évidemment c'est la curée, le lynchage public, la mise à terre, l'écrasement, la destruction d'une héroïne tragique...Et ensuite, même sortie de prison, on n'en sort pas, hein, quand on est à ce point l'incarnation du désordre public, à ce point le bouc émissaire idéal d'une société qui tangue sur ses bases d'un passé proche et gravement pourri ...Alors adieu Pauline, t'auras pas de deuxième chance.
Tout cela est admirablement montré par Philippe Jaenada.
Mais j'ai quand même un reproche à formuler, je ne m'en cache pas, même si ce n'est pas très politiquement correct.
La même chose m'a gênée dans ce livre qui m'a gênée dans "Une si jolie petite fille", de Gitta Sereny. C'est l'oubli des morts au profit de la vie. C'est pas bien d'être mort. Les absents ont toujours tort. Dans son parti pris pour réhabiliter Pauline, Philippe me semble très partial. Si on cherche à rétablir l'infinie complexité de ce personnage pour expliquer son acte, ce n'est pas une raison pour ignorer l'infinie complexité des personnages qui l'entourent. J'ai trouvé que Félix en prenait plein à la gueule pour pas un rond (joyeux Noël, Félix ! Fallait pas mourir ! Pourquoi t'étais là, t'as foutu la merde dans la vie à Pauline ! ) Et je ne parle même pas de Monique ! (Purée, Monique ! Arrête d'être débile, comme ça ! Tu fous la merde dans la vie à Pauline ! Si t'avais bien voulu coucher avec Félix, il aurait pas recouché avec Pauline, et tout le monde serait encore là, bien grabataire à la maison de retraite ! T'es trop nouille, Monique, t'es pas dans le coup !) Pauvre Félix ! Philippe en dresse le portrait d'un fils à papa-maman complètement neu-neu, complètement victime de son époque ...Je ne suis pas d'accord. Pauline, elle est pas cool, elle est même, comment dire, un peu zinzin ...Alors elle, ok, on analyse bien pourquoi : son père très trouble qui la met dans les bras des hommes à treize ans, la guerre, l'épuration (quelle honte !!!) ...Mais c'est une erreur de logique de considérer que puisque Pauline a des circonstances atténuantes immenses, alors Félix est un idiot. Ca ressemble aux syllogismes que dénonce Philippe dans le procès : "Vous n'avez pas vu de vaches à Paris ? Donc Pauline n'a pas découché". Là, je suis désolée, Philippe, Philou, non, je marche pas. Félix, il est ok ...Il tombe fou amoureux de Pauline, elle le traite comme un chien, il se résout à la quitter, il rencontre une fille plus sympa, plus conforme à ses attentes et voilà, ça devrait être la fin de l'histoire. Mais Pauline, quand il la quitte, elle se met à l'aimer comme une folle alors qu'elle l'a gravement humilié ...Et puis surtout, cette histoire de revolver, de suicide, elle annonce à sa logeuse et amie, tranquille, qu'elle va faire un malheur à Paris, bon, too much, Pauline, hein, Philou ...Et puis elle le suit dans Paris, elle veut se suicider devant lui pour gâcher sa vie ...ou alors, comme elle dit au procès "c'est alors que j'ai décidé de nous entraîner tous les deux dans la mort" ...Pan pan ...et pan , joyeux Noël, Félix !
Voilà, c'est ça qui m'a dérangée. Pauline est fascinante, insaisissable, tragique, et donc ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente. Mais coupable, hein, Philou, ne l'oublie pas, coupable d'avoir ravagé Félix, son beau visage, son beau corps de 27 ans, son bel avenir, et sans motif réel, Philou, parce que sinon, vu qu'on s'est tous un jour fait larguer pour un-e (forcément) connard-sse, on serait tous en tôle.
Joyeux Noël, Félix.
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Fille rebelle.

Philippe Jaenada retrace le parcours de Pauline Dubuisson condamnée pour le meurtre de son amant en novembre 1953.

Troisième Jaenada, troisième lecture agréable ! Lire un Jaenada devient un rituel sympathique pour moi. Dans ce livre il se consacre à l'affaire Pauline Dubuisson. S'agissait-il d'un monstre vénal et jaloux ? Ou tout simplement d'une jeune fille trop libre pour l'époque ?

Comme a son habitude, Philippe Jaenada décortique la vie de Pauline Dubuisson, ainsi que celle de ses proches. Issue de la bourgeoisie de province, elle a été élevée par son père pour être un "surhomme" selon les principes nietzschéens. Par la suite pour aider son père, elle se liera avec des officiers allemands durant l'Occupation. Tout ces éléments contribueront à donner de Pauline l'image d'une femme froide et hautaine.

Jaenada va tout faire pour démontrer le contraire. Il s'agissait en réalité d'une jeune femme élevée sans amour et sans tendresse, qui a tout fait pour plaire à son père. de plus, son tempérament et son comportement, en partie liés à son éducation, font qu'elle est "trop" libre pour une femme de son époque.

J'ai ressenti une sincère empathie et admiration pour Pauline de la part de l'auteur. Au fond ne s'agit-il tout simplement pas d'une victime de la société misogyne des années 40-50 ? Pour Jaenada la réponse est tout simplement oui. Toutefois, il ne cherche pas à cacher les parts d'ombres de Pauline.

Elle a tenté de se suicider à plusieurs reprises, avant de réussir le 22 septembre 1963. de plus, Jaenada ne cherche pas à excuser, ni à chercher des circonstances atténuantes pour le meurtre de son ancien amant.

Bref, ce livre a été très intéressant à lire, même s'il avait d'inévitables longueurs. Il s'agit d'un hommage vibrant à Pauline Dubuisson.
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Alors, tout d'abord, sans les challenges, jamais je n'aurais découvert la plume de Philippe Jaenada...Et franchement j'aurai loupé quelque chose !
Jamais je n'aurai pensé que quelqu'un puisse écrire comme ça !
Il nous raconte, mais avec des histoires dans l'histoire, ce qui renforce son propos.
Et en fermant ce livre, je me suis dit que j'étais vachement chanceuse d'être née à mon époque et pas avant...Le combat des femmes n'est pas encore gagné, mais quel chemin parcouru ! Et pourtant c'était il y a moins de cent ans, et notre société n'est toujours pas débarrassée des réflexes patriarcaux.
J'ai souffert avec cette femme tout au long de son histoire, parce que quand même, un destin comme ça...Et j'ai honnis toute cette meute, qui finalement est toujours la même, mais prend d'autres supports de nos jours.
Alors, oui, elle a tué son amant, mais la société s'est déchaînée contre elle, plus que de coutume, et ce livre explique tellement bien pourquoi.
Triste histoire, mais quel romancier !
Je lirais très certainement d'autres bouquins de lui...
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Les 80 premières pages m'ont permis de décider si je parviendrais à supporter les digressions incessantes de l'auteur et ses multiples niveaux de parenthèses. Je me suis habitué et j'ai beaucoup apprécié le travail de recherche de Philippe Jaeneda. J'avais lu "je vous écris dans le noir" de JL.Seigle et je dois reconnaître avoir beaucoup plus appris dans ce roman sur cette affaire et sur son contexte.
Un bon roman très complet avec des digressions utiles sur le contexte de la guerre ou le contexte social et judiciaire des années 50 mais dans lequel les petites histoires personnelles de l'auteur n'apportent rien.
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Une enquête romancée sur le parcours tragique de Pauline (Andrée) Dubuisson condamnée en 1953 à vingt ans de travaux forcés pour avoir assassiné son amant Félix Bailly. Philippe Jaenada reprend l'enquête, décortique les procès verbaux d'interrogatoires, les compte rendus d'audience, étudie l'enfance, l'adolescence de Pauline pour comprendre cette vie d'une très jeune fille durant l'occupation allemande à Dunkerque, l'éducation stricte à la limite autiste qu'elle a reçue de son père et qui lui fera si grand tord par la suite. Philippe Jaenada révèle les "heureux" oublis, les mensonges, les manipulations que l'accusation a utiliser pour écraser Pauline. Au-delà ce ce triste fait-divers, c'est toute une société de l'après guerre qui nous est révélé, engluée dans des valeurs et une conception notamment du rôle de la femme qui volera en éclat en 1968. Une société qui sort de cinq ans de collaboration et qui en guise de bonne conscience se réfugie dans un nationalisme de bon aloi et jetant leur hargne et soif de vengeance sur ceux que l'on soupçonne de s'être compromis avec l'occupant mais principalement ceux qui ne pourront pas se défendre, les plus faibles, ceux qui n'ont pas de connaissance ou de pouvoir. Mais est-ce que les choses ont vraiment changés ? Est-ce que par exemple les médias ont appris à prendre du recul, éviter de jeter en pâture à l'opinion des personnes, des vies sans objectivité, en manipulant les faits, pour faire l'audience ? Est-ce que face à un crime odieux, nous savons écouté avant de juger ? C'est l'intérêt je pense de ce livre qui au travers de ce fait divers nous alerte sur la nature profonde de l'homme qui dans des moments de stress ou post-traumatique, comme la fin de la seconde guerre mondiale et la reconstruction, a besoin de jeter son angoisse par la colère, la haine, le lynchage réelle ou virtuel, quitte à se réveiller le lendemain abasourdi par la violence qui a pu exploser. le style de Philippe Jaenada avec ses appartés, ses traits d'humour noir, ses interpellations outrées à distance des acteurs de cette tragédie apporte du rythme, casse la tension, même si parfois l'usage est un peu abusif à mon sens. Roman agréable à lire.
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