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4,09

sur 801 notes
Une célèbre affaire dramatique dans la France du XXe siècle.

J'avoue humblement, comme tout individu, avoir jugé bien rapidement cette femme. Il appert qu'en ayant lu le magnifique -roman/document- de P. Jaenada, mon sentiment sur le sort de celle-ci m'a laissé un arrière-goût de "malaise". Coupable certes, mais jusqu'à quel point? A chacun de faire son opinion; Un jugement de cet ordre devrait être à l'abri de la vindicte populaire. Qui dans ce cas donne un jugement lapidaire.

Très agréable à lire, d'autant que l'auteur, parsème son ouvrage de ses sentiments. On aime ou on n'aime pas !
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Je dois avouer que j'ai bien eu du mal à en venir à bout. Force de détails (parfois croustillant aux yeux de certains), longueurs et dénouements tardant à venir, on s'essouffle vite.
Mais il est clair que c'est le fruit d'un travail colossal, de recherches, de comparaisons et de notes d'humour.
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Un rendu intelligemment mené d'une époque pas si éloignée, qui ne m'a pas laissée indifférente. J'ai ressenti une immense compassion pour une personne qui ne m'aurait sans doute inspiré que de l'indifférence dans la vraie vie. C'est par ce genre de bousculade que la littérature nous grandit humainement, je pense. Je dois avouer que je me serais allègrement passée d'un bon nombre de digressions sur la vie personnelle de l'auteur dont certaines ont un lien vraiment plus que tiré par les cheveux avec le reste (parfois même vraiment aucun). Cependant, sa déférence envers Pauline me pousse à faire de même et à ne pas lui en tenir rigueur, d'autant plus que cela doit probablement être apprécié d'autres lecteurs et qu'il n'y a pas de goût universel en la matière.
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poignant
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Certains romans ont de l'ambition.
D'autres ne sont qu'ambition.
La Petite Femelle fait partie de la seconde catégorie.

C'est le roman d'un acharné, d'un têtu, d'un convaincu. C'est le roman d'un écrivain capable d'éplucher des décennies d'archives, de coupures de presse, de retourner des rumeurs dans tous les sens pour y trouver un fond de vérité, de reconstituer lui-même une scène de meurtre afin d'évaluer la faisabilité de telle ou telle configuration. Jaenada décortique, analyse, explique, accorde sa juste importance au moindre événement de la vie de Pauline Dubuisson, et surtout, dément.
Beaucoup.
Il revient sur des décennies de calomnies, de mensonges et autres inventions sensationnalistes passées dans le domaine public, et s'efforce de démentir tous les fantasmes que l'on a tissées autour de la figure de cette petite femelle qui a été un temps l'objet de la haine de tout un pays.

C'est le roman d'un attendri, d'un fasciné, d'un enchanté. Pauline est solaire, insaisissable, sombre, aussi hors-normes que parfaitement humaine. La comprendre, c'est faire une quasi expérience-limite, c'est découvrir la cruauté des autres, l'absolu, c'est franchir des points de non-retour successifs en sachant que le suivant sera pire encore que le précédent.

C'est aussi le roman d'une surprise constante et renouvelée, celle du lecteur, perpétuellement éberlué par la légèreté de l'enquête à l'époque, par l'intransigeance de toute une société, par la férocité d'un sexisme et d'une misogynie qui s'appliquent à tous les degrés d'une existence et s'appliquent à la détruire point par point.

C'est le roman d'une tentative désespérée de parvenir à la vérité, qui sait très bien qu'elle est condamnée à être inexacte, mais qui poursuit tout de même son lent travail de compréhension, de recueillement des savoirs, de pédagogie. C'est une leçon de patience.

C'est enfin le roman d'un homme qui s'amuse, qui joue même avec le plus sordide, qui entrecoupe ses considérations techniques de parenthèses et autres exquises digressions tout à fait personnelles. (Merci, Monsieur Jaenada, pour votre usage incomparable de la quadruple parenthèse. C'est, à n'en pas douter, un apport historique à la littérature française contemporaine. N'arrêtez jamais.)
Philippe rencontre Pauline, la dévisage sous toutes les coutures, explore avec elle son environnement, tisse sans cesse des points communs entre sa propre existence et celle de son héroïne, et embarque le lecteur dans ce qui devient une sorte de trio improbable, à cheval entre fiction, histoire, mélodrame, biographie et enquête policière. Les anecdotes valsent dans tous les sens mais avec une inexplicable sensation d'ordre, d'adéquation et de pertinence, les pages se tournent à un rythme dévorant, et une vérité, à défaut de la vérité, émerge enfin.

Et c'est une très belle vérité.
C'est une très belle façon de raconter une histoire, un parcours.

C'est un roman plus que particulier, d'une formidable liberté, d'une spontanéité à couper le souffle, et ce sans jamais se départir d'une certaine exigence historique et psychologique. Bref, un régal, une lecture réjouissante à plus d'un titre, effarante, glaçante, saisissante, une réussite sur tous les plans.





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J'achève la lecture "La petite femelle" dans les larmes.
Ce n'est pas l'écriture de Philippe Jaenada qui attire le pathos mais plutôt la trajectoire dramatique de Pauline Dubuisson qui m'émeut.
Je ne reviendrais pas sur les détails de cette affaire qui défraya la chronique et attisa la haine au début des années 50, car on a beaucoup écrit sur le sujet.
L'auteur avec une précision et une honnêteté exceptionnelles, retrace le destin d'une jeune femme en avance sur son temps, qui commit l'irréparable : un meurtre.
Jaenada raconte l'éducation particulière, l'adolescence ravagée par la guerre, les années d'Occupation, qui ont construit Pauline.
Il dresse le portrait d'une jeune femme à la fois extraordinaire et ordinaire. Extraordinaire si on plonge dans le contexte de l'époque, dans laquelle, pour une majorité de jeunes filles, la réalisation de soi consiste à épouser un bon parti, mettre au monde des enfants et entretenir un foyer. L'éducation de Pauline, oeuvre quasi exclusive de son père, aura un effet à double tranchant : d'un côté, elle lui fournit la connaissance et la culture nécessaires pour s'émanciper et rêver d'exercer un métier (et pas des moindres : médecin !) et de l'autre, elle lui insufflera des principes terrifiants, la condamnant à une instabilité affective permanente. Pauline est aussi une jeune femme ordinaire, avec ses doutes, ses peurs et ses contradictions. Par exemple : vouloir mener sa vie à sa guise et ne dépendre de personne sans vivre seule pour autant.
Jaenada revient minutieusement sur l'enquête et le procès, rétablissant les faits, s'approchant au plus près de la vérité. En le lisant, savourant au passage ses nombreuses digressions qui allègent un (tout petit) peu l'atmosphère pesante du récit, on comprend surtout que ce jugement sert d'exutoire. Pauline a fricoté avec l'ennemi. Elle n'est pourtant qu'une adolescente pendant l'Occupation mais on ne lui pardonnera jamais, on l'accablera, quitte à déformer les faits qui se sont déroulés le 17 mars 1951, et ceux, antérieurs et postérieurs à cette date. Pourtant, des ouvriers qui ont dû travailler avec l'ennemi, et donc se soumettre à lui, il y en a eu beaucoup. Personne n'a jugé ceux qui ont gardé leur travail dans les entreprises de maçonnerie réquisitionnées par les Allemands ou les agriculteurs hébergeant les occupants. A commencer par le père de Pauline, lui-même, qui n'a pas été particulièrement inquiété. Mais Pauline est une femme, éprise de liberté, et ses agissements de petite-fille à peine sortie de l'enfance heurtent une société patriarcale, ravagée par la noirceur des années passées, avide de vengeance et de justice.
Quant à la narration du procès tel qu'il a pu se dérouler, elle plonge le lecteur dans un mélange d'incrédulité et d'horreur. Les acteurs de la Justice jouent leurs scènes. le tribunal prend des allures de théâtre où la vérité importe moins que le spectacle offert, spectacle relayé par la presse à sensation. On n'écoutera pas ce que Pauline a à raconter. Pire, elle ne peut être qu'une menteuse, une manipulatrice.
Le malaise ressenti à la lecture de cette descente aux enfers peut être le même que celui qu'on ressent aujourd'hui quand la presse relate des grands procès. Les réseaux sociaux, qui sont les nouveaux vecteurs de nouvelles, livrent à la vindicte populaire les personnes jugées. Une chose n'a pas changé (et pourtant la guerre est loin...) : l'acharnement de la population. Ce récit, dont les faits se sont déroulés dans un contexte social bien différent devient alors extrêmement contemporain.
Enfin, et c'est ce qui fait de "La petite femelle" une lecture passionnante, l'auteur détaille chaque rencontre de Pauline, ses amies, ses amants, ses parents, ses collègues. Ceci permet au lecteur de se faire une idée juste de sa personnalité et de son histoire. de même, l'exposé de la vie des co-détenues ou des autres accusées de crimes passionnels met en lumière l'humanité qu'on retirera à Pauline car au final, au centre du crime, quel qu'il soit, il y a toujours un être humain. C'est peut-être pour échapper à cette évidence et, ainsi, repousser la proximité qu'elle induit, que, tous, juges, enquêteurs, experts, journalistes et public qualifient promptement de "monstres", ceux qui sont assis sur le banc des accusés.



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J'ai adoré ce livre! Grande amatrice de « faits divers » , je n'ai jamais lu de livre ressemblant à celui-ci où l'auteur s'adresse à nous de cette façon! Ce livre est très très bien documenté, si Philippe Jaenada avait été l'avocat de Pauline Dubuisson, son destin aurait certainement été tout autre. Cependant , cela manque quelque fois de nuance et son récit est clairement en faveur de Pauline Dubuisson. Un très bon livre pour mieux connaître cette célèbre affaire et surtout Pauline.
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Le 17 mars 1951 vers dix heures, trois détonations sourdes et rapprochées retentissent dans un immeuble situé au 25 rue de la Croix-Nivert à Paris. Pauline Dubuisson, 24 ans, vient d'abattre son ancien amant au pistolet avant d'ouvrir le gaz pour mettre fin à ses jours. Les secours la sauvent in extremis de l'asphyxie. La police a à peine investi l'appartement que déjà un groupe de curieux s'agglutine devant les grilles de la résidence. Ce fait divers va - sans que l'on sache très bien pourquoi - fasciner l'opinion publique dès les premiers jours. Les médias vont plonger tête en avant dans le sensationnalisme ; les policiers et les magistrats vont mener une instruction exclusivement à charge. L'affaire tourne à la cabale. Pour que la sauce monte, il faut une bonne victime et un bon coupable. le disparu était jeune, beau, fils d'une famille aisée, futur médecin ; la méchante a contre elle son éducation, son comportement pendant la guerre, ses moeurs qui vont être jetées sur la place publique et réécrites sous un angle largement défavorable. Tout est analysé à charge, sans nuance. On ne retient des dépositions que les éléments qui l'enfoncent, on n'hésite pas à reformuler des propos pour les détourner de leur sens premier. Lors du procès, les magistrats humilient jusqu'à l'écoeurement.

Philippe Jaenada va analyser les rouages de cette affaire, éclairer les erreurs, les interprétations et les insuffisances du dossier d'instruction. Dans les affaires criminelles, les passions mystifient l'esprit, le procès se transforme en curée où tous souhaitent la tête de la hyène. Jaenada démontre que ce qui accable Pauline Dubuisson aux yeux de l'opinion, c'est son émancipation dans une société patriarcale. Vous connaissez la règle : l'homme qui multiplie les conquêtes est un coq, la femme, elle, est une vulgaire salope. Par exemple, si l'on ne tiendra pas rigueur à son père d'avoir fait des affaires avec l'occupant, il ne lui sera jamais pardonné d'avoir eu des liaisons avec des soldats allemands.

Philippe Jaenada prend fait et cause pour l'accusée au risque de manquer parfois de lucidité. Derrière ses lignes, on devine son « Pauline Dubuisson, c'est moi ». Je me suis parfois ennuyé à la lecture de certaines démonstrations (Pauline a-t-elle découché la nuit du 7 mars ?) et j'ai donc bien accueilli les anecdotes personnelles et les digressions qui émaillent le texte. J'ai appris beaucoup de choses sur les années de guerre de la ville de Dunkerque, les conditions de détention des femmes et les grandes affaires criminelles de l'après-guerre. « La petite femelle » est un manifeste passionné qui cherche à rétablir l'honneur d'une femme au destin tragique.
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Merci à l'auteur de m'avoir fait découvrir cette histoire et plus que cela Pauline Dubuisson, qui ne se résume pas à cette "affaire". Il restitue admirablement l'ambiance de l'époque (des différentes époques en fait puisque le livre s'étend de la Seconde guerre mondiale au début des années 60), s'enflamme pour Pauline et contre les avocats, les journalistes et même parfois la société tout entière, et emporte avec lui le lecteur dans son envie de comprendre.
L'histoire de ce drame est rapportée avec énormément de détails, mais sans lourdeur ni longueur. L'auteur arrive toujours à apporter un peu d'air frais en racontant (une petite partie) de sa vie avec humour ou en critiquant à leur tour d'un ton acerbe et plutôt brillant les critiques de l'époque.
Le tout nous fait réfléchir sur la société du temps qu'on ne peut s'empêcher de comparer avec notre époque.
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Après avoir lu le très bon Sulak je me suis embarqué dans la petite femelle . Autant dans Sulak j'avais apprécié sa désinvolture et son coté iconoclaste, ironique autant dans cet ouvrage j'ai trouvé qu'il en faisait trop peut-être que ce sujet me semble plus chaud car le personnage est ordinaire celui de Sulak pas du tout.
Pour la forme:
Des digressions trop souvent qui n'apportent pas grand chose (peut-être est-ce une façon pour Jaenada de souffler un peu et trouver de l'inspiration pour la suite) mais qui font sourire un petit peu sans plus ,
un style plutôt potache qui ne cadre pas avec l'histoire qui présente une certaine gravité et une atmosphère: la justice ,la police,les enquêtes ,les témoins etc..qui de fait impose le respect même si ce procès a pataugé lamentablement dans le sordide mensonger et l'approximation .
Pour le fond:
Il romance un peu trop des faits qu'il lui est impossible de connaitre (ce qu'il reproche a certains d'ailleurs) . On sent quand même qu'il s'est mis en tête de défendre coûte que coûte cette jeune femme et il y met quand même beaucoup (disons une bonne dose) de mauvaise foi.Par contre j'apprécie sa façon besogneuse ,procédurière,pointilleuse de s'attacher aux faits riens aux faits d'après les documents d'époque d'origine (pièces judiciaires)
En fait ce n'est même pas un roman mais une véritable plaidoirie je n'étais pas préparé à cela et cela m'a saoulé un peu
J'avoue que je n'ai pas complètement (presque) fini le bouquin je vais le faire par respect au travail de recherche de la vérité de Jaenada mais... c'est difficile...
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