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sur 1113 notes
Un matin de 1941, au château d'Escoire dans le Périgord, Henri Girard crie au secours : son père, sa tante et la bonne ont été massacrés à coups de serpe durant la nuit. Aucune effraction n'est constatée, Henri était seul avec les victimes dans la demeure verrouillée, et, très vite, il apparaît évident que tout l'accuse. Peu de temps auparavant, il a emprunté l'arme du crime. On lui prête une vie de patachon, flambeur toujours fauché, mari volage d'une demi-folle, brebis égarée entretenant des relations houleuses avec les Girard. Des Girard fortunés, dont il est le seul héritier… Placé en détention préventive, il passe en jugement dix-neuf mois plus tard. Et là, coup de théâtre : il est acquitté après une délibération du jury d'à peine dix minutes.


L'homme reprend sa vie, dilapide son héritage, fuit ses créanciers jusqu'au Venezuela dont il revient en 1950 avec un livre : le fameux Salaire de la peur, dont la publication sous le pseudonyme de Georges Arnaud manque de peu de lui valoir le Goncourt, et lui assure, en tout cas, un succès fracassant, amplifié par l'adaptation du roman au cinéma par Henri-Georges Clouzot. Toujours prodigue et remarquablement généreux, il se met au service de l'indépendance de l'Algérie, s'investit dans la défense de la veuve et de l'orphelin dans plusieurs causes perdues, réalise des reportages sur de grandes affaires. Pendant tout ce temps, rien n'y fait, l'opinion publique ne démord pas de sa culpabilité lors du triple meurtre de 1941. Il faut dire que, lui acquitté, l'affaire est demeurée irrésolue…


Avec l'extrême souci du détail qui caractérise ses enquêtes et l'irrésistible humour qui, parsemant son récit de digressions très vivantes, fait de lui un personnage du livre à part entière en même temps qu'un conteur hors pair, capable de vous tenir suspendu à ses mots pendant plus de six cents pages, entre étonnements et éclats de rire, Philippe Jaenada a entrepris de rouvrir le volumineux dossier de cette si trouble affaire. Comment ne pas être intrigué par Henri Girard, cet homme qui s'attache, jusqu'à la fin de sa vie, à combattre les erreurs et les injustices commises par la société, quand lui-même, à en croire l'opinion générale, en a précisément, et fort inexplicablement, profité ? Et si, malgré les apparences, il était vraiment innocent ? Et qui donc serait alors le coupable, jamais trouvé, jamais puni ?


Saga familiale, chronique historique des années d'Occupation, feuilleton judiciaire et hommage appuyé à l'oeuvre oubliée de Georges Arnaud, ce livre, fruit d'un travail d'investigation autant faramineux qu'intelligent, est aussi une véritable oeuvre romanesque. Se mettant lui-même en scène au travers d'une histoire criminelle en tout point véridique, l'auteur s'y joue en toute dérision de son lecteur, pour le tenir suspendu entre bonnes et fausses pistes, à mesure de sa savante distillation de témoignages, documents et hypothèses. Une superbe occasion de méditer sur l'erreur judiciaire… Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ouf ! J'en suis venu à bout. Philippe Jaenada s'y entend comme personne pour tour à tour captiver le lecteur, l'amuser ou l'ennuyer quasi prodigieusement. Pleinement conscient de ce dernier travers qui touchera jusqu'à certains de ses lecteurs les plus bienveillants, il l'évoque sans détour avec cette auto-dérision qui fait partie de son charme "Je sais que c'est long", "Pardon pour ces redites" ... Quant aux innombrables digressions qui sont sa marque de fabrique, elles constituent le plus souvent des moments de respiration même si celles, nombreuses, concernant son roman précédent "La petite femelle" ressemblent à s'y tromper à une incitation à le lire. le lecteur peu indulgent y décèlera certainement un penchant pour le narcissisme lorsque notre enquêteur à la Colombo fait sans cesse référence à son épouse et à son fils dont il n'est pas peu fier de préciser qu'il mesure 1,87 m, lorsqu'il nous confie son goût prononcé pour le whisky ou lorsqu'il avoue son ignorance totale de la notion d'aube depuis plus de vingt ans, ce qui n'est pas sans conséquence sur sa minutieuse enquête ... En effet notre homme semble jusqu'à ignorer le phénomène de la rosée matinale qui constitue un des indices qui mettent à mal les certitudes quant à l'affaire qui nous intéresse. Venons-y enfin ! En octobre 1941, Henri Girard, qui deviendra plus tard l'écrivain Georges Arnaud connu notamment pour "Le salaire de la peur", est accusé d'avoir massacré à coups de serpe son père, sa tante et l'employée de maison. Grâce au talent de son avocat Maurice Garçon, il échappera de peu à la guillotine alors que l'opinion générale le pense coupable. Cette culpabilité, Philippe Jaenada l'accrédite d'abord avant de la déconstruire peu à peu, procédé qu'il a aussi utilisé pour "Au printemps des monstres " avec l'affaire Lucien Léger. Et le lecteur de se laisser emporter par sa démonstration comme les jurés du tribunal de Périgueux avec Maurice Garçon. Non content d'établir l'innocence d'Henri Girard, Philippe Jaenada en vient à trouver le coupable ! Même si j'ai pris du plaisir à la lecture de "La serpe", je dois confesser qu'elle m'a été parfois pénible dans le dernier tiers de l'ouvrage car je n'ai sans doute pas fait preuve de toute la concentration nécessaire pour tirer parti de l'extrême minutie de l'argumentation.
De Jaenada, je dirai "A lire mais avec modération, pas plus d'un ouvrage par an."
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Quel boulot incroyable une fois de plus... L'affaire et le personnage sont passionnants. le fait aussi de découvrir que pendant l'occupation il y avait d'autres histoires que la guerre, que la justice et la police française fonctionnaient.
Je reprocherais à Jaenada de s'être parfois un peu répandu de façon cyclique sur les mêmes hypothèses et arguments (la distance de la chambre, la fenêtre du cabinet...)
Mais la construction qu'il a choisi est très prenante et surprenante.



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Gros roman policier à la manière Jaenada, avec des digression tous azimuts : vers le roman précédent, vers son fils et sa femme, vers des amis...
Très long au début, fatigant même et puis on s'incruste et on y retourne et encore.

Il démonte un à un les témoignages des protagonistes ou les recontextualise...dénonce le déroulé des investigations et les accumulations d'erreurs et d'oublis de la justice : un travail d'investigation énorme que nous suivons point par point.
La révélation ( au sens photographique du terme) d'un accusé à priori très antipathique qui progressivement s'éclaire différemment grâce à des témoignages, des lettres...

Bref, l'auteur met à jour avec de plus en plus de force ( et d'éléments) l'innocence de l'accusé et dirige ts les soupçons ( avec autant d'arguments) vers un autre protagoniste du drame.
Du grand art
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J'abandonne la lecture de ce livre à la page 132 sur 634.

Au vu de la quatrième de couverture, j'étais très interressé par le côté enquête puis procès de cette affaire.

À la page 132, je n'en peut plus de la description hyper détaillée de la vie d'Henri Girard, cet exécrable enfant gâté, devenu ensuite un bobo avant l'heure tout aussi exécrable. Idem pour les digressions de l'auteur.

Ce livre est trompeur car il est avant tout une biographie d'Henri Girard.
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Le texte mêle l'intrigue proprement dite avec (beaucoup) de réflexions personnelles (au demeurant intéressantes) et (beaucoup) de notes culturelles (au demeurant intéressantes). Ce qui fait que le bouquin devient vite pléthorique.
Ce livre est très bien écrit, l'histoire est certainement intéressante, mais je ne le saurai jamais, je me suis arrêté à la page 50.
Une personne de mon entourage me l'avais fortement conseillé, pensant que le livre me plairait, certainement parce que je suis un ancien Parisien.
Je crois que le hic est là, comme pour nombre de romans français, le parisiano-centrisme semble être la référence absolue, en tout cas elle est implicite, et l'adhésion au livre sous-entend l'adhésion à l'esprit parisien, bref, de jouer le bobo le temps de la lecture.
Pour moi, il y a longtemps que j'en suis guéri et que je respire le bon air de ma campagne.
Pour connaître mes critères d'attribution des notes je vous conseille de consulter mon profil.

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En 1943, Henri Girard est accusé d'avoir assassiné à coups de serpe son père, sa tante et la vieille bonne au château d'Escoire près de Périgueux
Défendu par Me Maurice Garçon, il est acquitté contre toute attente. Il quitte alors la France pour l'Amérique du Sud
. Ruiné, il rentre en France et devient écrivain à succès sous le nom de Georges Arnaud, auteur notamment de "Le salaire de la peur" qui sera adapté au cinéma.
Jaenada refait l'enquête soixante dix ans plus tard. Il passe quelques semaines à Périgueux
Et il se met en scène reconstituant le crime et le procès. Il décrit ses déambulations entre l'hôtel Mercure et la collection de purs malts du Garden Ice Café, et Escoire (le château ne se visite toujours pas  ; lil relate ses conversations avec les uns et les autres (il n'existe évidemment plus de témoins de l'époque,. Il reconstitue l'affaire, nous donnant entre autres un plan du château qui fleure bon les romans d'Agatha Christie. Après en avoir terminé avec Henri Girard, il reprend l'enquête et trouve le « vrai » coupable (selon lui, bien sûr). Et on y croit, parce Jaenada a beaucoup de talent.
Le livre est émaillé de considérations sur sa vie privée et sur sa femme. En les lisant, on se dit que cette dernière a une sacrée patience. Il est vrai qu'elle doit être habituée, étant mise en scène dans pratiquement tous les livres de son mari (il s'est calmé dans les derniers)
A ce sujet, j'ai remarqué que ceux qui n'ont pas aimé le livre reprochent essentiellement à l'auteur ses parenthèses et ses digressions. Mais les parenthèses et les digressions, c'est l'essence même de Jaenada! Et c'est précisément pour ça qu'on l'aime (quand on l'aime, bien sûr)
Pour ceux qui l'aiment, le livre, curieux objet littéraire non identifié mêlant enquête policière et autofiction, est passionnant et très drôle
Son cadre est un attrait de plus pour les Périgourdins dont je fais partie, qui peuvent s'essayer à retrouver le Périgueux de l'époque.
Le château d'Escoire existe toujours. Il ne se visite pas (en tant que monument, il n'a pas d'intérêt)
Un autre livre a été consacré à cette affaire « La serpe rouge » de Nan Aurousseau, Editions Moissons Noires, 2021. Je ne conseille pas de le lire ; il est écrit dans un style épouvantable et en définitive parle fort peu de l'affaire mais se perdant dans des considérations historico-politiques hors de propos et qui ne démontrent que son ignorance presque totale de la période

Dans Mon journal dans la grande pagaïe, volume du Journal de Jean Galtier-Boissière pour les années 1945 et 1946 (Editions La Jeune parque, Paris, 1947, réédition numérique FeniXX 2019) , l'affaire est mentionnée comme suit :
 « Quant à Garçon, il nous retrace l'enquête personnelle qu'il entreprit pour confondre le juge d'instruction et prouver l'innocence du fils de notre ami, l'historien Georges Girard, accusé d'avoir assassiné en série son père, sa tante et la bonne ! Lorsqu'il débarqua à Périgueux, Garçon fut hué par la foule ; après l'acquittement de son client qui avait passé dix-huit mois en prison préventive, l'avocat fut porté en triomphe !Bizarre personnage, très balzacien, que ce Georges Girard, avec sa trogne de grognard aux grosses moustaches rousses, mal fringué, négligé, rarement lavé, couchant avec un vieux chandail crasseux et occupant trois pièces sommairement meublées au milieu d'un château de quatre-vingt mètres de façade »
Quelle fut la stupéfaction de Garçon lorsqu'à la liquidation des biens de la victime, qu'il avait toujours considérée comme besogneuse, l'avocat apprit que la succession était de l'ordre de 12 millions ! » Pour information, cette somme de douze millions de francs (anciens) représente une somme de trois millions six cent mille euros

Le Journal de Galtier-Boissière en quatre volumes représente un document passionnant sur l'Occupation, la Libération et les dernières années quarante ; on le trouve facilement dans l'édition numérique,

Sur l'affaire Girard, voir aussi « Journal 1939-1945 » de Maurice Garçon, Les belles lettres, 2015
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style enlevé, travail d'enquête approfondie mais beaucoup de longueurs.
philippe Jaenada nous emmène avec lui dans sa quête de vérité. on sait tout de sa vie durant la dizaine de jours qu'il a passé sur place. C'est drôle mais le récit mériterait d'être resserré.
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Le roman / enquête raconte comment le futur romancier du "salaire de la peur" a été accusé d'avoir tué en 1941, son père, sa tante et la bonne dans un château fin fond du Périgord. Je savais qu'il avait été accusé de meurtre (et bizarrement acquitté) mais pas pour de tels faits. Jaenada refait l'enquête et veut percer ce mystère. Cela ressemble à du Cluedo sur 650 pages et c'est souvent passionnant. Mais tout de même, beaucoup de digressions qui sont la patte de l'auteur soit mais il aurait pu élaguer. Captivant tout de même
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La Serpe procure une expérience singulière de lecture . Jaenada est une épée, un bourreau de travail dont la présence omniprésente dans ce livre lui donne cette saveur si particulière. Se lançant tout entier dans une enquête sur Henri Girard accusé puis innocenté du triple homicide (à la serpe) de son père, sa tante et leur gouvernante, Jaenada nous emmène avec lui au château d'Escoire dans le Périgord pour en exhumer tous ses secrets. Des milliers de pages du dossier d'instruction à l'existence romanesque d'Henri Girard, de pérégrinations en digressions, Jaenada nous livre une oeuvre à la fois énorme et ambitieuse, dramatique et ludique. Un livre dans lequel on se perd sans pour autant jamais perdre le fil tant l'auteur fait preuve d'une maestria, d'un humour et d'une opiniâtreté qui flirte avec l'obsessionnel. Et c'est sans aucun doute la grande qualité et la singularité de ce livre.
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