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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Philippe Jaenada m'a déjà passionné avec La petite femelle, La serpe, Au printemps des monstres et, plus récemment, Sans preuve & sans aveu.
Au hasard d'un désherbage de ma médiathèque, voilà que j'aperçois un livre du même auteur : Sulak. Comme je ne l'ai encore pas lu, je me dépêche de le prendre tout en râlant devant cette élimination d'un tel bouquin des collections…
Je me suis donc lancé goulument dans la lecture de cette autre enquête menée par Philippe Jaenada, un livre publié en 2013. Comme d'habitude, c'est fouillé, émaillé de rencontres, de recherches et, bien sûr, d'anecdotes concertant l'auteur lui-même, en lien avec ses recherches ou avec les dates des faits qu'il relate.
Si Bruno Sulak est né à Sidi Bel Abbès (Algérie), le 6 mars 1955, l'essentiel du livre, le plus palpitant, se passe dans les années 1980. L'auteur n'oublie rien, présente les parents de Bruno et surtout sa fille, Amélie Sulak, qui lui a apporté quantité de détails, d'éléments précieux pour son récit.
Je ne suis jamais déçu par le style Jaenada, sérieux, efficace et souvent teinté d'humour. C'est passionnant et de plus en plus addictif. Avant de plonger dans l'action et de suivre pas à pas Bruno, j'apprends que la famille Sulak est originaire de Pologne. Stanislas, le père de Bruno, a été légionnaire comme son fils le sera plus tard. Par moments, l'auteur délaisse la famille Sulak pour quelques Yougoslaves qui interviendront dans la vie de Bruno… patience.
Au passage, Philippe Jaenada glisse sa date de naissance, le 25 mai 1964, la même année où Krsta Zivkovic arrive à Levallois-Perret, depuis Belgrade. Il deviendra un des plus fidèles amis de Bruno.
Il n'a pas 20 ans quand, à Marseille, il vole une voiture avec trois autres comparses et ça lui vaut quatre mois de prison. Ce n'est donc pas très bien parti et commencent les changements de nom, de métier, de lieu de vie et… la légion étrangère.
C'est un événement malheureux qui l'oblige à déserter et le pousse dans la délinquance. Avec Yves, mari de sa belle-soeur, à court de fric, ils se lancent dans le braquage du Mammouth (hypermarché de l'époque), à Albi, et réussissent. Cela se passe sans faire la moindre victime et ce sera la marque de fabrique de Bruno Sulak, que ce soit dans les supermarchés ou, plus tard, dans les bijouteries, sa grande passion.
Sa vie est très mouvementée. Philippe Jaenada nous le rend très sympathique tout en démontrant l'engrenage fou, une fois lancé, impossible à arrêter. Beau gosse, notre homme séduit les femmes, à commencer par Patricia qu'il épouse et Amélie naît le 23 avril 1979. Il y aura aussi et surtout Thalie et bien d'autres pour lesquelles il n'hésite pas à dépenser sans compter l'argent volé.
L'auteur n'oublie pas les flics et surtout Georges Moréas (OCRB) qui veut absolument l'arrêter, s'attache au personnage mais se retrouve coincé par la rivalité entre les services de police. Par exemple, la BRB (Brigade de Répression du Banditisme) n'informe pas l'OCRB (Office Central pour la Répression du Banditisme) de Georges Moréas sur ce qu'elle vient d'apprendre à propos de Sulak qui en profite pour disparaître... et me fait voyager un peu partout en France et même en Amérique du Nord et au Brésil avant que Philippe Jaenada me fasse vivre ses évasions, en apnée. Je note aussi que la presse, pour aguicher le lecteur, n'hésite pas à titrer, à son sujet « Ennemi public et superstar ».
Comme l'auteur aime la précision, il détaille les conditions de détention inhumaines imposées à Bruno Sulak mais je vous laisse le plaisir de plonger dans ce gros livre afin de vivre jusqu'au bout cette histoire grâce à l'énorme et minutieux travail de Philippe Jaenada qui raconte tout cela si bien.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Bruno Sulak défraya la chronique en devenant l'ennemi public N°1, braqueur gentleman , « ces exploits » eurent le don de se mettre toutes les polices à son dos, tandis que son parcours atypique lui valait une certaine sympathie. Aucun de ces nombreux braquages ne fit couler le sang.
Et la, moi qui viens de refermer le livre de Jaenada, j'en suis sur le cul. Tombé par hasard sur ce destin hors norme, Jaenada décide dans faire un méticuleux récit, avec empathie, n'hésitant pas à poser des questions restées sans réponses lors de sa mort.
Son bouquin est bluffant, prend aux tripes. Mais il sait aussi lui insuffler un brin d'humour salvateur. Jaenada ne s'arrête pas au seul Sulak, il relate les vies de ces proches, Stanislas magnifique père, ne jugeant jamais son fils, Thalie l'amour de Sulak, ces soeurs fières et forcément inquiètes, de ce frère qui refusait de suivre le chemin balisé. de ce flic Georges Moréas, devenu auteur, qui se reconnait dans ce voyou charmeur.
Passionnant de bout en bout, Jaenada n'hésite pas à mêler des éléments de son existence, à rappeler des évènements de l'époque pouvant expliquer la chasse orchestrée par différents services policiers.
Jaenada signe un grand bouquin.
Allez, direct dans votre pense-bête.
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Comme disent joliment les québécois : me v'là tombée en amour!

C'est trop tard, non pour moi (pas d'âge pour le coup de palpitant!) mais pour la love story , si ce n'est dans mes rêves: mon bel amoureux est mort et enterré, et, comble de misère, à un moment et dans des circonstances qui me sont passées complètement sous le nez! On n'en avait, à l'époque, que pour Mesrine, et la geste sanglante de l'ennemi public n°1, si elle a défrayé la chronique et n'avait rien pour me faire fantasmer, a pris toute la place et relégué ce gangster gentil au second plan.

Oui, si vous avez bien lu entre les lignes, je me suis prise de passion pour un beau cambrioleur , plein de talent et de culot, plein de charme et d'humour, dont le charisme fracassant a séduit mauvais garçons, belles filles, mais aussi commissaire , matons, et juge d'instruction!

Jamais le moindre sang sur les mains, seulement le goût du risque et du jeu, celui de la confrontation et du défi, et même, je n'hésiterais pas à le dire, un certain sens de la justice et de la répartition équitable des richesses! Sens de la famille, sens de l'honneur, culte de l'amitié, dons multiples, surdoué en tout, sans ostentation mais avec une certaine jubilation ..on n'en jette plus!!

Sulak. Bruno Sulak.

C'est le nom de ce gentleman cambrioleur, de ce gangster de charme, ce moderne Robin des bois, ce prince des monte-en-l'air et de la cambriole doublé d'un virtuose de l'évasion !

Sulak tel que le voit Philippe Jaenada, dans ce gros livre que je n'ai pas pu poser- dont la vie haletante -deux nuits blanches- et hélas si courte, m'a tenue en haleine et...fait tomber, comme je vous le disais, en amour...

Il faut dire que Jaenada, décidément, sait s'y prendre, pour croquer et faire vivre ses personnages, qu'il sait vous harponner avec doigté, vous faire frire d'impatience, bouillir de rage, fondre de tendresse pour son héros, cela va sans dire, mais aussi pour ses acolytes : ce malfrat serbe au grand coeur, Radisa "Steeve"Jovanovic, son alter ego, prêt à se faire tailler en pièces pour son "frère ", Thalie, "La Grande", son amour, ses parents adorables et adorés , ses soeurs affectueuses, le commissaire Moréas, son flic attitré et beau joueur, trop tôt reconverti dans le scénario et l'écriture de polars, son juge d'instruction, cultivé et sensible, qui convoquait hors de la prison, pour lui faire prendre l'air et échanger des idées, cet esprit rebelle et brillant.

Avec un sens inimitable du rythme, alternant les parenthèses hilarantes et les épisodes pleins de suspense, croisant et recroisant les fils du récit sans s'y perdre, boulimique de renseignements épluchés avec un sens critique aigu, plein de fougue, d'empathie et cependant toujours précis, exact et factuel, Philippe Jaenada est ici à son meilleur, me semble-t-il.

Encore plus palpitant, plus convaincant que dans La Serpe.

Il faut dire qu'il n'est pas besoin, comme avec le personnage de Georges Arnaud, à l'abord déroutant et difficile, de nous retourner comme des crêpes au milieu de son récit : Sulak est un personnage en or, qui conquiert son public au premier sourire- qu'il a ravageur- et emporte tous les coeurs -dont le mien- dès sa première apparition!

La fin, bien sûr, est désolante, mais Jaenada n'est pas responsable du scénario, car les faits, comme on dit, sont têtus. ..on peut même dire , dans ce dernier cas, qu'ils sont crapuleux et que l'immoralité, la barbarie, la lâcheté crasse ne sont pas, comme on pourrait le croire, du côté des délinquants , tant s'en faut!

Réservez-vous un gros week-end, coupez votre portable, et vivez sans modération les émotions formidables de ce livre! Il vaut tous les voyages!

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Comment Philippe Jaenada (Je m'en veux de ne pas l'avoir abordé aux quais du polar) m'a scotché avec son livre sur Robin des bois…. Mais ! Qu'est-ce que je raconte ?
Vous voyez, il m'a envoûté avec son récit de la vie de l'ennemi public numéro 1 (Bon, à l'époque, fin des années 70 début des années 80, ils étaient plusieurs à pouvoir revendiquer ce titre, mais lui, accordons-lui celui de braqueur sans effusion de sang… On a bien le droit de créer des catégories, non ? Comme aux Oscars…). Mais revenons à nos moutons (enfin, nos brebis égarées pour être exacte) Bruno Sulak, à la suite d'un malheureux concours de circonstances et d'une permission mal gérée, décide de quitter la légion dans laquelle il s'est engagé.
Déserteur, désormais, sa vie sera faite de cavales, de fuites, d'évasions, mais surtout de braquages… Des supermarchés, puis des bijoutiers, même les plus prestigieux, et même hors de nos frontières…
L'auteur nous raconte le parcours chaotique de cet Arsène Lupin, ses rencontres, ses coups de folie, ses coups de génie, il nous dépeint, non sans humour et dans son style particulier le portrait d'un homme aux abois, certes, mais aussi sûr de lui, fanfaron par moment, amoureux, généreux, fidèle en amitié jusqu'à prendre des risques insensés. On devine une certaine fragilité et une grande sensibilité qui va jusqu'à émouvoir le lecteur.
Combien de bijoutiers, d'employés, d'assureurs, de comptables combien de policiers, de gendarmes, de juges, de gardiens de prison auront passé des nuits blanches par la faute de Sulak ?
Pour autant, méritait-il une fin si tragique ?
Pour ma part, j'en doute…..
Jaenada saupoudre, çà et là, des petites anecdotes qui nous replacent dans le contexte de l'époque. Des fait-divers, tantôt dramatique, tantôt amusant (Connaissez-vous l'histoire de Jimmy Carter et du lapin aquatique ? Non ? Et bien précipitez-vous sur votre Wikipédia préféré…)
Voilà, l'auteur m'a conquis avec cet ouvrage que je ne saurai que vous conseiller
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Voici la biographie vivante, agréable, romancée, richement documentée d'un gentleman cambrioleur, un braqueur audacieux et particulièrement fascinant, Bruno Sulak, né au mileu des années 50 en Algérie, qui défraya la chronique des années 80.
Il était généreux, beau et intelligent mais il s'ennuyait ferme à l'école....plus tard, il sera porté déserteur pour n'être pas rentré de permission ...Commence alors une vie de cavale, d'évasion, il doit changer d'identité....je n'en dirai pas plus.....
Son entourage familial et amical, sa chance, son charme, ses émois amoureux, son panache sont parfaitement rendus. L'écriture est alerte, facile, légère, on sent constamment l'œil fraternel et la sympathie évidente, voire la fascination et l'admiration de l'auteur qui s'implique dans le recit ( ce qui est parfois gênant).
L'humour et la nostalgie, l'admiration pour un monde qui n'existe plus s'affirment tout au long du récit : un monde oú les gangsters avaient un certain panache!
Une histoire contée avec tendresse qui nous immerge dans la vie d'un homme au parcours fulgurant et mystérieux !
Trente ans après sa mort son itinéraire replacé dans le contexte de l'époque le rend particulièrement vivant !
Un très bon livre dont je ne désirais pas dévoiler toutes les péripéties .......Lisez - le pendant les vacances, amis de Babelio, ce n'est que mon avis, bien sûr !
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J'ai découvert Philippe Jaenada avec son roman « le chameau sauvage » (Prix de Flore 1997).
J'ai aimé cet auteur pour son humour moqueur, loufoque, son autodérision, ses parenthèses et digressions, les éclats de rire qu'il a su déclencher, mais aussi, pour l'humanité et la sensibilité que je sentais en lui (Il a même réussi à me faire tirer quelques larmes). En un roman, j'étais tombée amoureuse… (encore d'un écrivain).
Fidèle ou presque, j'ai lu par la suite d'autres romans de Jaenada, à la recherche de ces émotions, sans vraiment tout à fait les retrouver, c'est vrai. Il manquait la petite étincelle.
Et le revoilà avec ce roman biographique de Bruno Sulak, cet incroyable cambrioleur des années 80.
Autant vous prévenir tout de suite, Sulak vaut tous les superlatifs qui vont suivre.
Ce dernier -peut-être certains s'en souviennent- a été à la Une des journaux pour ses braquages spectaculaires de banques ou bijouteries et les évasions qu'il organisait pour libérer ses potes (ou lui-même).
Ce n'était pas un gangster comme les autres, pas un petit escroc minable ni du genre Mesrine (un peu sanglant). Il était plus (pardon pour le cliché) un gentleman cambrioleur, intelligent, généreux, doué pour presque tout ce qu'il touchait (grand sportif –ancien légionnaire-, magicien, pilote d'hélicoptère, etc.), non-violent, avec une bonne dose de sang-froid, des valeurs, comme la droiture, la justice (si j'ose dire)… Pas étonnant que beaucoup de gens l'appréciaient et/ou le respectaient (ses potes, les filles et même des flics et juges).
C'est pour ces raisons, notamment, que Jaenada a eu envie de raconter l'histoire de ce jeune homme fascinant, tout en en profitant pour remettre un peu d'ordre et de vérité dans tout ce qui s'est dit à l'époque sur Sulak et ses compères.
Parce que les ‘'gentils'' ne sont pas forcément du côté qu'on croit, parce que les aléas de la vie, les rouages de la justice et de quelques décisionnaires pas très futés, font que, parfois, certains doivent sortir du rang et décident ensuite de rester en marge. Ajoutés à cela, le goût pour la liberté, l'indépendance, l'envie de vivre avec exaltation et cela suffit pour que Bruno Sulak choisisse de prendre la route du grand banditisme plutôt que le train-train que la majorité des gens connaissent.
Jaenada s'est énormément documenté sur l'époque, les dates, les événements (même du show-biz). Il rencontrera aussi ceux qui ont côtoyé Sulak, des gens de « tout bord » : du commissaire Moréas à sa fille Pauline, en passant par son grand amour Thalie ou ses «confrères ». Et pour ces derniers, Jaenada prend soin -bien entendu- de changer les prénoms, on ne sait jamais.
Grâce à ce travail minutieux mais aussi à sa plume faite d'humour, d'ouverture d'esprit et de coeur, Jaenada réussit avec maîtrise à nous plonger dans l'atmosphère des années 80 (lorsque les jeux très sérieux de poursuites entre flics et voyous avaient une autre « gueule ») mais aussi à décrire le parcours de ce hors-la-loi hors norme. Jaenada est bien meilleur à priori -mais je ne suis peut-être pas objective sur ce coup- que certains journalistes à gros scoops de l'époque.
Son style particulier fait de ce roman biographique d'être un peu en marge des autres bio plus classiques, tout comme l'est son « héros » finalement.
On a autant de plaisir, de curiosité et de frissons à lire ce récit qu'un bon polar ou qu'un film policier des années 50. Mais, on n'en oublie pas que ce n'est pas qu'un simple polar et que Sulak n'est pas qu'un personnage de roman.
Les parallèles de Jaenada sur ce qu'il faisait à la même date ou au même âge sont certes des bouffées d'air lors des épisodes un peu pesants. Mais, ils mettent aussi en exergue le décalage entre nos petites existences tranquilles et pépères et celles des autres qui, dans le même temps, se font courser par les flics ou « empochent » des millions de francs en bijoux...
Et on s'attache à Sulak, tout comme Jaenada s'est attaché à lui. On l'accompagne lors de la préparation des casses, on zieute partout au cas où un flic se planquerait pas loin, on se liquéfie pendant le braquage, on en vient à croiser les doigts pour que tout se passe sans accroc, on exulte si tout se passe bien (comme si on avait nous-mêmes ces bijoux ou diamants dans les mains… Non pas qu'on soit intéressé par le fric, mais juste pour tout ce que ça sous-entend en adrénaline et liberté).
Une fois mis le doigt dans l'engrenage, quand on est le voleur le plus recherché par toutes les polices françaises, difficile de retourner dans une vie bien rangée… Ce n'est pas la prison, mais cela ne ressemble plus trop à la liberté dont il rêvait : il doit changer d'identités, de planques régulièrement, ne faire confiance à personne ou presque, être constamment sur le qui-vive, sans parler des gens qu'il aime et dont il doit s'éloigner, pour leur sécurité…
J'avoue, que vers les dernières pages du bouquin, sachant alors la fin de l'histoire proche, en tournant les pages, fébrile, j'avais le sourire plus amer, entre inquiétude et pincements au coeur. Quand on s'attache à quelqu'un, on n'a pas envie que ça tourne mal pour lui.

Cette oeuvre de Jaenada mérite, selon moi, plus de 4 étoiles. Et Sulak, cet homme d'une très grande classe, le mérite aussi.
Alors, juste pour le plaisir et les émotions que j'ai eu en lisant ce roman, juste parce que je devais remercier Jaenada de m'avoir fait découvrir Sulak. Et juste pour l'envie de vous faire connaître un peu Philippe, un peu Bruno, j'en ai mis 5… Qui sait…
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C'était le plus grand des voleurs, oui mais c'était un gentleman…..Bruno Sulak, légionnaire modèle, a fait le mur. Petite bêtise, grande conséquence, alors qu'il rate son avion pour rentrer à la caserne, son régiment est en train de sauter sur Kolwezi. Bruno Sulak est déserteur malgré lui. Ainsi débute la cavale du prince des braqueurs. Les années frics vont commencer et le jeune homme est bien décidé de le prendre là où il est, le fric.

Petite encyclopédie du grand banditisme des trente glorieuses. Philippe Jaedana fait du saut-malfrats et tricote des petites biographies de tout ce qui compte de mauvais garçons dans la France pompidolienne, giscardienne et mitterrandienne. le romancier recoupe, renoue, assemble les fils du destin que le grand Démiurge prend un malin plaisir à tisser entre les humains.

Jaenada ne juge jamais Sulak, il le remet en scène dans un contexte politique et social et le regarde faire des choix, forcément mauvais. L'écrivain a aussi l'uchronie accrocheuse et si…et si….

Ce qu'il y a de bien avec Philippe Jaenada, c'est qu'il n'oublie jamais le lecteur, et comme il est un peu cabot, il ne s'oublie pas lui-même. Et que je mets en scène l'écrivain et sa technique, et que j'interpelle le lecteur, ce pourrait paraître parfaitement artificiel si il n'y avait cet humour, cette distance et cette tendresse qui rendent la lecture de cette biographie très fouillée parfaitement jubilatoire.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'aime tant les livres de Philippe Jaenada que je m'y engouffre sans vraiment regarder de quoi ça parle. Bruno Sulak était inconnu au bataillon chez moi et sous la plume de l'auteur j'ai découvert un cambrioleur certes, mais rendu tellement attachant que je me suis surprise à souhaiter une autre fin à l'histoire qui pourtant est écrite depuis presque 40 ans.

Comme d'habitude, on sent que Jaenada s'est hyper documenté et surtout, ici, qu'il a recueilli des témoignages de première main d'une partie des protagonistes.
Il ressuscite Bruno Sulak pour quelques heures. Ce jeune homme qui n'était pas fait pour vivre dans notre société telle qu'elle est. Il a alors brûlé la chandelle par les deux bouts, a pris d'énormes risques, parfois inconsidérés et à risqué sa liberté à chaque instant pour être libre.
Plus intelligent que la moyenne, quand on voit ce qu'il a réussi à organiser, combien de braquages il est parvenu à réaliser avec succès, sans une goutte de sang, sans une blessure... Je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'il aurait été capable de faire dans d'autres registres, si certains chemins n'avaient pas été pris au début de sa vie d'adulte, s'il avait fait d'autres choix, s'il avait rencontré les bonnes personnes....

Surnommé le gentleman cambrioleur, celui qui déchirait les chèques volés pour que les clients aient leurs courses gratuites, celui qui partageait sans compter avec ses amis, était loyal, plus intègre que ceux qui tentaient de le capturer, avait de belles valeurs... Oui, décidément, ce jeune homme était attachant et finalement, sa droiture dans son modèle force presque le respect. Surtout quand on met ses actions en miroirs avec les truands qui sillonnaient les routes de France à la même époque, mise en perspective dont ne se prive pas l'auteur. Et que dire du "système" des bijouteries ou des assurances qui rachetaient les butins, quand elles n'étaient pas le commanditaire du casse...

Comme attendu, Jaenada explique, raconte, et surtout, il commente, il décortique, il s'interroge... Et on ne peut que constater que l'attitude des forces de l'ordre, à plusieurs moments, semble quand même bien disproportionnées. Sans parler de toutes les zones d'ombre qui entachent la fin de l'histoire.
Ah, si Bruno Sulak, qui avait commencé à écrire en prison, avait eu le temps de nous proposer lui-même sa biographie, que n'aurait-il pas pu nous raconter?
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Le sur-moi nous oblige à considérer Sulak comme un malfaiteur, sans violence certes mais l'arme braquée sur soi doit laisser des traces à ceux qui ont vécu ces braquages.

Un moi qui s'étonne d'en arriver à trouver sympathique ce bandit hors du commun, intelligent, à la belle écriture, aux réflexions de bon sens.

La lecture du livre de Jaenada devient obsessionnelle : savoir, tenter de comprendre, prendre position ou pas, frissonner, plaindre celui qu'on disait beau, si gentil… et dont la mort à 29 ans nous choque.

Basculement étrange lorsque la morale voudrait qu'on n'excuse pas.
Même un juge déclara après la mort mal expliquée de Sulak : « c'est un esprit pur qui s'en va. »
Tout est dit : auteur de nombreux vols mais avec une éthique.

Homme fidèle à sa famille, sa compagne (l'amour d'une courte vie), ses amis et le refus de la violence : il valait mieux arrêter une opération, se rendre que d'y recourir.

Nous découvrons son besoin continuel d'agir, une manière de détourner les anormalités de la société, une manière de vivre intensément, une addiction aux chemins de traverse.
Tout un monde ignoré autour de certaines bijouteries et des « commandes » que nous n'imaginions pas.
Braquages, aide à l'évasion, évasion, jeu du chat et de la souris avec les « flics », … la liste est longue.

Ennemi public numéro 1, tout sera mis en oeuvre jusqu'aux concours de circonstances qui enlèveront toute chance d'échapper à la justice et à la prison.

Le livre montre les dérives et rivalités entre polices.
Un seul (Moréas) voudra éviter toute effusion de sang et conversera avec un Sulak malicieux.
Après son départ de la police, tout changera et aboutira à une violence institutionnelle dont le « coupable » souffrira.
Des contradictions apparaîtront et créeront des doutes autour des circonstances de sa mort.
Une souplesse physique de chat (son passé de légionnaire), une intelligence vive (langues, lectures, observations), de l'amour, du respect, de l'humanité, des voyages, une sympathie qui lui est accordée par beaucoup, etc… tout est là pour qu'on l'apprécie et qu'on regrette son absence.

Ah s'il avait pu écrire…

Ce qu'a fait Philippe Jaenada avec le souci du détail comme d'habitude, avec les témoignages qu'il a recueillis (il suffit de lire les remerciements), sans prendre position mais en lançant l'interrogation suscitée par les détails troublants et contradictoires entourant la dernière évasion et la mort de Bruno Sulak.


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Quel livre!

Je ne connaissais ni l'auteur, ni Bruno Sulak.
J'ai tout simplement adoré.

Philippe Jaenada retourne sur la vie de Bruno Sulak, gentleman braqueur à la fin des années 70 (principalement début 80).

C'est extrêmement bien argumenté avec l'aide de la famille, des amis . Il y a un énorme travail de l'auteur pour être le plus juste possible.

Jaenada créé beaucoup de digression ( de digression (de digression 🙂)) afin de confier ( souvent avec humour) des infos diverses (personnelles par moment). Cela ne m'a absolument pas dérangent (ça paraît même plaisant).

Bruno Sulak mérite tout les honneurs (malgré les voles) sachant qu'il n'a jamais fait couler une goutte de sang, aucune violence et était contre l'injustice tout au long de sa vie.

Il ne me reste plus qu'à lire les autres romans dont certains sont dans ma PAL.
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