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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Né américain en 1843 à New-York, Henry James est mort naturalisé britannique en 1916 à Londres, où il s'était établi après avoir longuement voyagé entre l'Amérique et l'Europe. Issu d'une famille riche, cultivée et puritaine, Henry James a voué sa vie à la littérature. Fasciné par le mystère des choses et la complexité des êtres, il a coutume de laisser ses personnages, qu'il considère comme imprévisibles, tracer tous seuls leur destinée.

Son livre le plus connu, le tour d'écrou, que j'ai lu il y a longtemps, flirte avec le fantastique, un genre que je n'apprécie pas trop. L'oeuvre d'Henry James est suffisamment vaste pour offrir des opportunités de lectures plus traditionnelles

Washington Square, publié en 1880, est l'un de ses premiers romans. Inspiré par le travail De Balzac dans la Comédie Humaine, Henry James dépeint la société new-yorkaise dans une comédie dramatique de facture réaliste, mettant en scène quatre personnages principaux : une jeune femme à marier, son père, une tante intrigante et un prétendant. Qui sont-ils ?

Commençons par le prétendant, un très bel homme d'une trentaine d'années. Morris Townsend ne manque pas de charme, d'entregent, ni de confiance en lui. Les manières sont avenantes, le verbe facile. Mais sans fortune, ni situation, il pourrait n'avoir pour projet que d'épouser une jeune femme riche. C'est en tout cas ce que semble être son ambition.

Catherine Sloper est la fille d'un médecin prospère, renommé à New-York. A vingt-deux ans, elle vit avec son père dans une belle maison de Washington Square, un quartier chic et tranquille. Elle est l'expression typique de ce qu'on appelle un beau parti. Mais c'est une jeune femme au physique banal, à l'intelligence moyenne, à la conversation insipide. Plutôt naïve, timide et effacée, elle n'a jamais été courtisée. Elle est donc vulnérable.

Le Docteur Sloper est un homme de principe, hautement conscient de son statut, de ses valeurs et de sa fortune. Ayant perdu très tôt sa femme et un petit garçon, il ne lui reste que Catherine. Lucide, il ne se fait guère d'illusions sur les attraits physique et intellectuel de sa fille, à qui il a la fâcheuse habitude de toujours adresser la parole sur un ton ironique. Mais qu'un homme puisse tenter de la séduire pour ce qu'on appelle ses espérances, est une idée qui le révulse.

Mrs Penniman – Tante Alvinia – est la soeur du Docteur Sloper. Veuve et désargentée, elle a été prise en charge par son frère et est hébergée à Washington Square. Soucieuse de se montrer utile, elle se targue d'avoir contribué à l'éducation de Catherine, à laquelle elle est très attachée. Romantique frustrée, elle ne cesse de s'interposer entre Catherine et Morris, s'efforçant de manipuler secrètement leur romance, souvent maladroitement et à contretemps.

En dépit des longueurs et de la lenteur des actions, j'ai suivi avec plaisir et intérêt – comme au théâtre ! – l'intrigue qui se développe entre les quatre personnages, me demandant s'ils arriveraient à briser l'espèce de carapace de verre dans laquelle l'auteur a enfermé leur personnalité. Il aurait peut-être suffi qu'un seul y parvienne, pour bousculer la destinée à laquelle, sinon, Catherine et Morris ne pouvaient pas échapper.

Parfaitement traduit, le texte est d'une limpide pureté syntaxique et d'une grande précision lexicale. La lecture est fluide. Les petites particularités des personnages sont décrites avec subtilité, l'humour étant sous-jacent du début à la fin.

L'auteur a choisi de confier la narration à ce qu'on appellerait un « observateur omniscient », un personnage invisible qui n'intervient pas dans l'intrigue, mais qui assiste à toutes les scènes, qui connaît le passé de chaque personnage actif, entend leurs pensées, ressent leurs émotions et note leurs stratégies. le lecteur suit donc en direct les réactions de chacun.

Mais comme on l'a dit, les personnages d'Henry James restent imprévisibles et maîtres de leurs choix. le narrateur n'est qu'un observateur. Comme le lecteur.

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Je crois que dans les sociétés d'hier et probablement d'aujourd'hui encore, le sujet de ce livre est somme toute bien banal : une fille dépourvue de tout charme et de toute beauté se fait courtiser pour sa confortable richesse convoitée par un arriviste, fainéant et beau-parleur, dont les uniques efforts qu'il est prêt à déployer sont ceux de passer outre les inflexibles réticences d'un père qui ne veut pas céder sa fille, ni sa fortune à un bluffeur de première.
Ce n'est donc pas spécialement l'intrigue qui nous porte dans cette lecture et pourtant, elle captive tout de même, par ces petites avancées qu'opère chacun des personnages pour tenter de faire valoir leurs désirs et leurs opinions.

Sur cette scène Henry James nous présente tout d'abord le docteur Sloper, un médecin émérite qui a fait un mariage d'amour lui ayant apporté aussi la fortune. Mais son bonheur fut bien éphémère. Il a perdu son fils puis sa femme peu de temps après la naissance de sa fille Catherine. Son orgueil ne cesse alors d'être blessé car, à défaut d'être belle, il désirerait au moins que sa fille soit intelligente mais sa déception en ce domaine est cuisante. Selon son opinion très tranchée, sa fille n'a pas de cervelle et son amour aveugle envers le beau Morris Townsend ne viendra qu'appuyer son cruel avis.
Catherine nous apparaît donc comme une jeune femme robuste mais terne, effacée et docile, dont son père n'a aucune fierté. Elle lui voue pourtant une affection sans bornes, l'aime profondément et n'aspire qu'à lui plaire. Son dilemme, ne pas renoncer à son amour et ne pas devoir lutter contre son père, n'en sera que plus douloureux.
Les dialogues père-fille deviennent de plus en plus cinglants, les réflexions du docteur, directes et pleines de sarcasmes ponctuent tous ses échanges avec Catherine, avec l'infatigable Morris Townsend mais aussi avec sa soeur Lavinia Penniman. Car Mrs. Penniman vient compléter ce quatuor saisissant. Lorsque Catherine avait une dizaine d'années, elle est venue s'installer à Washington Square pour, selon la belle expression du docteur Sloper « avoir à ses côtés un autre exemplaire de ce sexe très imparfait. » La tante, éprise de romanesque, se complait dans ce petit drame sentimental et, pleine de maladresse, se démène pour mener à bien ce mariage et nous apparaît alors comme une vraie dinde.

Henry James nous fait donc observer en profondeur les jugements et les pensées des uns et des autres en nous offrant une admirable analyse psychologique de chacun. La plus belle évolution, qui ne peut qu'attirer notre pitié, se fera chez Catherine, l'héritière malmenée dont les yeux vont s'ouvrir sur le véritable caractère de son père. L'auteur n'a pas hésité à doter ce père intransigeant d'une dureté non détournée qui attire immanquablement notre aversion.
Les paroles frappent, autant le lecteur que la pauvre Catherine, et les blessures se forment.

Ce roman, d'une construction précise et affutée laisse peu d'échappatoires à notre malheureuse héroïne victime de son héritage. Dans ce quartier huppé de New York, avec sa magnifique narration, Henry James y exacerbe ironiquement les sentiments et les caractères de cette petite société bourgeoise du XIXe.
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Entre ce roman, considéré comme de la première période du grand écrivain, et la nouvelle L'élève que j'ai lu d'une seule traite juste avant, quelle différence d'approche, et pourtant, seuls 11 ans les séparent.
Personnellement, je préfère le non-dit, le cours énigmatique, l'inquiétante étrangeté que l'on trouve dans la nouvelle, (comme c'est le cas de beaucoup d'autres, telles le tour d'écrou).

Ici la narration est claire, brillante, incisive ; les chapitres sont courts et construits autour d'une seule péripétie de l'intrigue.
Une intrigue simple, mais qui donne la part belle aux analyses des caractères.
Mais, à part la jeune Catherine Sloper, que l'on peut considérer comme physiquement quelconque et niaise, mais que pour ma part, je considère comme la seule personne « normale » du roman, une femme simple, bonne (mais pas c….., je trouve), tous les autres protagonistes sont antipathiques, voire totalement affreux.

Il y a le père d'abord, le Docteur Sloper, un père tyrannique et sans coeur, qui n'a pas supporté la mort de sa femme juste après la naissance de sa fille, qui ne la retrouve pas dans sa fille, dont il méprise l'absence de beauté et d'esprit, tout en affirmant l'aimer. Médecin très riche, veuf d'une femme d'une grande fortune, il va veiller de façon obstinée, presque maladive, à ce que sa fille ne tombe dans les mains d'un capteur d'héritage. Et ce n'est pas joli, joli.

Il y a sa soeur Lavinia, que le Docteur Sloper héberge dans sa grande maison de Washington Square depuis la mort de son époux, une intrigante incorrigible, une entremetteuse malsaine, dont les manigances autour de sa nièce Catherine, seront toujours néfastes.

Il y a enfin ce Morris Townsend, beau jeune homme brillant et plein d'entregent, qui va séduire Catherine, mais dont le Docteur Sloper va tout de suite sentir le coureur de dot, et dont l'enquête qu'il va mener va rapidement lui confirmer que le prétendant est un égoïste, un paresseux, un homme sans scrupules.

Tout le roman va décrire les manoeuvres cruelles, sans pitié, d'un père manipulateur, en vue de convaincre sa fille de ne pas épouser ni fréquenter ce Morris, celles pleines de mensonge, de calcul, de pression psychologique et de rage du jeune homme auprès de Catherine, et enfin celles, ambiguës et perverses, de la tante Lavinia dont la fausseté de jugement fera aussi beaucoup de dégâts.

Au milieu de tout cela, la pauvre Catherine va d'abord s'éprendre follement de Morris Townsend, mais se trouver écartelée entre l'amour pour ce dernier et la fidélité à un père qu'elle adore mais qu'elle craint.
Et finalement sa simplicité de coeur, sa placidité, sauront la guider pour affronter l'épreuve de la trahison, et, une fois les yeux ouverts, se détacher de tout, son père compris.

C'est une histoire bien cruelle dans un milieu bourgeois bien comme il faut, une analyse psychologique acérée et sans concession, mais j'ai trouvé ce roman plutôt conventionnel et d'une certaine affectation.
Et pour reprendre cette phrase mainte fois répétée de Proust, « chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même, etc… », je suis content d'avoir lu ce roman, mais ce n'est pas ma « tasse de thé » (même avec une madeleine!). C'est la part incontournable de subjectivité à laquelle on ne peut échapper quand on fait la critique d'un livre.
Dernière remarque. le roman est un écrit à la manière d'une biographie de Catherine Sloper, et le narrateur se permet de donner son avis sur l'histoire, ce qui m'est apparu fort artificiel.
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Il faut toujours écouter son Papa.
Maxime qui s'applique également dans la bonne société new yorkaise de 1850, qui voit le riche Docteur Sloper s'escrimer sans succès à détourner les regards de sa fille Catherine d'un mercenaire de passage. Efforts vains, la jeune Catherine est tenace, et entretenue dans son entêtement par sa tante, l'excentrique Lavinia, qui vit prolonge son éternelle jeunesse dans cette aventure.

Ce court roman vaut tant par l'évocation d'un univers bien connu de l'auteur que par la qualité de ses dialogues, incisifs et pointus, gorgés de cynisme et de misogynie. Je connais mal Jane Austen, mais quelque chose me dit que ce roman d'Henry James, dans lequel pour ma part j'ai retrouvé l'atmosphère de ceux de son amie Edith Wharton, plairait à ses admirateurs.
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Quand une vieille tante veuve décide de jouer les marieuse avec sa nièce les choses ne se passent pas toujours comme elle le désire.
Une riche héritière sans grande beauté particulière sauf peut être sa grandeur d'âme tombe amoureuse d'un jeune homme ambitieux et vénal. Mais c'était sans compter sur la clairvoyance du père de la jeune fille.

Un beau livre avec une belle leçon de vie..et une plongée en apnée dans le romantisme victorien

Merci (encore une fois) a Gwen pour ses beaux conseils de lecture

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Il ne fait pas bon être un personnage d'Henry James ! Dans le New-York des années 1880, le trio du vieux barbon et des deux amants est cruellement revisité. le père est riche, puissant et sourcilleux. La fille terne, obstinée et entière. Et le jeune premier beau, désargenté et sans scrupule. Si les motivations du père à éloigner son oie blanche de filles des mains avides de l'amoureux peuvent s'entendre au début du roman, la mécanique qu'elles déclenchent mène à une aridité désespérante. Personne ne lâchant rien dans cette histoire, les personnages se figent dans leur obstination qui, les années passant, ne rime plus à rien. Là où l'humour du bon docteur et la bêtise de sa soeur apportaient un peu de légèreté, ne restent que l'âpreté des illusions perdues et la solitude de celle qui n'aura ni transigé, ni vécu.
C'est naturellement délicieusement bien écrit, on rit souvent des travers, des scrupules ou des petits arrangements de personnages somme toute pathétiques. Reste que cette écriture piquante ne fait que cruellement saccager et que je ne vois pas trop qui, hormis un narrateur puissamment sarcastique, sortira grandi de cette histoire. C'était peut-être le seul but de l'affaire.
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Tous les bienfaits de la relecture sont concentrés dans ce moment si excitant que celui où l'on rouvre un livre déjà deux fois lu en gardant la même impatience que la première fois.

J'ai lu Washington Square une première fois à froid si je puis dire, je ne connaissais pas Henry James du tout et ce fut une découverte époustouflante, tant de finesse et de noirceur rassemblées !
Puis une de mes filles l'a lu et là c'est tout le charme des échanges, le partage d'un plaisir.
Et pour cette relecture j'ai vraiment pris mon temps, je me suis délectée, avançant en terrain connu et pourtant redécouvrant encore des passages oubliés.
L'histoire ? Au départ c'est une anecdote racontée à James par une actrice à propos de son frère, James transforme l'anecdote en un roman situé au XIXe siècle à New-York.

Catherine Sloper a été élevé par son père praticien très respecté par la bonne société, elle a perdu sa mère très jeune, une mère adulée par le Dr Sloper. C'est Lavinia Penniman, sa tante, qui a assuré la présence féminine indispensable.
Autant sa mère était belle et avait non seulement « dix mille dollars de revenus » mais surtout « les yeux les plus charmants de l'île de Manhattan. », autant Catherine est terne, soumise, timide, pour tout dire banale. Lorsqu'elle rencontre Morris Townsend les antennes du père se mettent à vibrer et malgré les encouragements de Mrs Penniman et l'immédiate passion de Catherine pour ce beau jeune homme, Sloper n'est pas prêt à faire confiance à cet intrus et à le laisser disposer de la fortune de sa fille.
Une histoire mille fois lue et mille fois racontée du séducteur intéressé mais l'art d'Henry James transforme cette banale histoire, chez James rien n'est jamais acquis, ni la naïveté d'une héroïne, ni la noirceur d'un prétendant, ni la sévérité d'un père.

Tout est en demi-teinte laissant toujours le lecteur un rien frustré. Catherine est naïve certes mais aussi résolue voire têtue, Townsend est intéressé certes mais il a des élans sincères, Mrs Penniman est plus bête que méchante et ne comprend pas qu'elle va être la cause d'un malheur.
Les personnages se revèlent chacun à leur façon incapables d'aimer et vont s'en trouver profondément affectés.
On retrouve ici la même dérision que chez Edith Wharton, le même cynisme vis à vis de cette société rompue à l'hypocrisie et critiquant sévèrement tout comportement qui sort un peu du moule.
Le roman ne présente aucun suspense, ce qui fait sa force c'est la somptueuse analyse des sentiments, l'observation aigre-douce de cette société, l'ironie qui n'est jamais loin.




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A Washington Square, le docteur Austin vit avec sa fille unique, Catherine dont la mère est morte en couche, et une soeur vieille fille, avide de commérages et d'actes romantiques. Intelligent, curieux et sensible, le docteur porte un regard désabusé sur les deux femmes avec lesquelles il partage sa vie. Sans aucune illusion sur les capacités intellectuelles de sa fille, malgré ses efforts pour l'éduquer et lui inculquer quelques notions, il doit bientôt se rendre à l'évidence : sa fille n'est ni intelligente, ni belle : “Catherine n'est pas immariable mais elle n'a aucune séduction”. Mais elle a un avantage considérable lorsque l'on songe aux mariages de l'époque : elle est riche.

Quelques temps après ses vingt ans, Catherine rencontre Morris, qui semble tomber fou amoureux d'elle. Ici encore, le docteur ne se fait aucune illusion : il est persuadé que Morris ne peut courtiser Catherine que pour sa fortune. Aussi va t-il tendre tous ses efforts pour séparer les deux amoureux, malgré le soutien que leur apporte la vieille tante.

Finalement, ils se voient sans son accord, Catherine ayant passé l'âge d'obéir à son père (mais il la menace de la déshériter). Au final, ils parviennent à un point de non-retour et de non-communication. « Catherine ne parlait pas à son père de ces visites, rapidement devenue la part la plus importante, la plus absorbante de sa vie. La jeune fille était heureuse. »

Le roman est donc organisé autour de quatre figures :

le père, les pieds sur terre, à l'ironie mordante, dont j'appréciais l'intelligence mordante. Il veut le bonheur de sa fille, malheureusement il s'y prend très mal et s'aliène son amitié et perd toute autorité, tout en conservant un certain respect. Mais il n'a lui-même aucun respect pour elle, il la méprise malgré un amour paternel, et n'a pas vraiment cure de ses sentiments. On le décrit comme quelqu'un qui ne veut pas « faire de l'argent avant tout mais d'apprendre et agir. »
Face à lui, la figure de Morris est celle de l'aventurier, qui paraît brillant mais n'est intéressé que par l'argent pour ne pas avoir à travailler. Lorsque le docteur va rendre visite à la soeur de Morris, pour en savoir plus sur celui qui veut devenir son gendre, il le résume en quelques mots :

“Le type auquel appartient votre frère a été créé pour votre plus grand malheur et vous-mêmes avez été mises au monde pour être ses servantes et ses victimes. le signe distinctif de ce type est la détermination – parfois terrible dans sa tranquille intensité – d'accepter de la vie ses seuls plaisirs et de se les assurer le plus souvent grâce à l'aide de vos complaisantes soeurs.”

Finalement, alors qu'il est la figure centrale du roman, c'est peut-être celle qui est la moins développée par Henri James.
En regard de Morris, enfin, il y a Catherine. La pauvre Catherine, bringuebalée entre le jeune homme qui lui a fait perdre la tête, alors qu'elle est pourtant très rationnelle, et son père au cynisme aiguisé. Deux hommes qui déterminent son monde, qui se la déchirent et qui pourtant la méprise : « Savez-vous que je vous trouve parfois décevante ?

- ça ne m'étonne pas. Je déçois tout le monde : mon père, tante Penniman ». Cette lucidité m'a fait mal au coeur, car elle résume tout son mal-être : l'incompréhension de ses parents, son propre dilemme. “Son dilemne est doublement cruel. Comment pourrait-elle choisir entre son amoureux et toi ?”

Elle est déchirée, et et sa nature rationelle finira par lui faire choisir la voie où elle sera le plus tranquille, avec le moins de passion.
Enfin, l'agent catalyseur de ce drame est la tante Penniman. Vieille folle aigrie et détestablement romantique, c'est elle qui permettra le rapprochement de Catherine et de Morris, sans se rendre compte qu'il n'est qu'un escroc. Sans amour dans sa vie, elle n'a rien trouvé de mieux que d'en imaginer chez les autres, ce qui provoquera la perte de Catherine, et le malheur de plusieurs vies.

C'est un roman remarquable que ce premier texte que je découvre par Henri James. L'intrigue tient sur rien mais nous maintient en haleine durant 250 pages, des pages de huis clos, qui tournent autour de ces seuls personnages. Des personnages qui finissent leur vie tranquillement, sans que jamais soit réglé la question de ce mariage râté, qui hantera leur vie à tous les trois.

« [Le docteur] aurait donné cher pour découvrir l'exacte vérité; mais ne jamais savoir fut sa punition : je parle de la punition encourue pour avoir perverti, à force de sarcasmes; ses relations avec sa fille. ».

Ce roman est finalement moins une histoire d'amour ratée que celle de relations houleuses entre une fille, obéissante et pleine de qualités, et un père prompt au cynisme, au jugement et à la dépréciation de sa descendante. Les tensions ressurgissent, et ne se règleront finalement que dans le silence …
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Une fois encore, je pars à la découverte des classiques et je découvre ce petit bijou de Henry James.

Le docteur Sloper, veuf et ayant une certaine renommée, vivant à Washington Square, considère que sa fille n'est pas très intéressante ni très attrayante. Pour autant, il se permet d'interférer dans sa vie personnelle et amoureuse.

En effet, Catherine rencontre Mr Townsend et tombe amoureuse de lui. Ce dernier lui fait une cour assidue. La tante de Catherine, Mrs Penniman, qui vit avec eux et qui a un petit penchant pour les commérages et ce qui ne la regarde pas, se permet également de prendre ses aises et de se lier d'amitié avec ce dernier afin de jouer les entremetteuses.

Cependant, le docteur Sloper n'aurait-il pas raison de se méfier ? Catherine devant hériter d'une jolie somme d'argent après son décès, Mr Townsend, qui ne travaille pas, se révèle petit à petit intéressé plus par la dot que par Catherine...

Au fur et à mesure, on se pose la question de savoir ce qui le motive réellement... et pourtant, la fin est inattendue...

Je recommande.
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De temps en temps, j'aime bien lire des romans classiques, pour changer d'univers et de style.
Ce fut le cas avec Washington square de Henry James. le Dr Sloper est un grand médecin réputé qui vit à New York. Sa femme bien aimée et un fils en bas âge sont morts. Il a une fille unique qui s'appelle Catherine. Selon lui et selon les critères de la société du milieu du XIX ème siècle, elle n'est ni très jolie ni très intelligente juste d'une santé robuste et pourvue d'un bon caractère. Lorsque Catherine tombe éperdument amoureuse de Morris Towsend, son père est inquiet car le jeune homme est beau, a un esprit brillant mais n'a pas de métier et semble uniquement intéressé par la dot et l'héritage de Catherine. Son père lui interdit alors de l'épouser sous peine de perdre l'amour de son père et son héritage. La jeune fille est un peu perdue et prie son fiancé d'attendre.
L'intrigue est assez classique, le rythme un peu lent, pas beaucoup d'actions mais à ma grande surprise j'y ai pris beaucoup de plaisir grâce au style et à l'humour et l'ironie mordante de l'auteur. Un roman plutôt noir.
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