AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,61

sur 292 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pendant quelques jours , j'ai regardé ce livre sans pouvoir l'ouvrir avec la crainte de lire une histoire monstrueuse , d'être voyeuse , de ne pas savoir prendre du recul , puis j'ai commencé quelques pages et j'ai de nouveau attendu quelques jours avant de me lancer et ..... de ne plus savoir m'arrêter .
Impossible pour un tel sujet de mettre 5 étoiles et pourtant , je ne m'attendais pas à un tel talent , un véritable tour de force de l'auteur , ce récit , roman , fiction tout à la fois ne tombe jamais dans le voyeurisme et en cela je remercie l'auteur , avant de le lire j'avais lu les critiques très positives et en le lisant , j'ai compris ; le talent de l'auteur réussit à dire l'indicible , comme il le dit lui -même , comme si cette histoire allait devenir un conte avec un ogre des temps modernes et ne plus être réelle , pour pouvoir être entendue .
Nous sommes dans la cave avec Angelika , nous sommes elle , elle qui attend la visite de son père-bourreau , qui la prive d'électricité , d'eau , de nourriture , qui va lui faire des enfants , certains qu'il remontera , certains qui deviendront les enfants d'en-bas .
Ce père pris dans sa folie , fier de cette famille , lors de son arrestation , la police médusée va entendre son délire , qu'il livre avec le sourire , il a essayé de créer une famille à sa démesure , où il est le père tout puissant .
L'auteur n'a pas choisi un récit linéaire , il fait des retours en arrière comme le temps dans la cave , qui n'était pas linéaire , parfois long , sans but , parfois des hallucinations de le vie libre , parfois même des moments de bonheur , même si ça nous semble encore plus horrible , oui la victime a eu des moments de bonheur pour que sa raison ne vacille pas , les enfants ont eu une enfance ' même dans la cave l'enfance est tenace ' , récit qui suit les souvenirs qui ne sont pas linéaires non plus .
Commenter  J’apprécie          280
" A cinquante-deux ans, l'ancien gamin Roman Fritzl était le dernier survivant du petit peuple de la cave. "
C'est sur cette sentence lapidaire que s'ouvre Claustria, roman qui évoque la sordide affaire "Fritzl" : la séquestration d'une jeune autrichienne par son père dans la cave de la maison familiale pendant 24 ans, années au cours desquelles elle a donné naissance à 7 enfants et les a élevés dans des conditions plus que précaires.

Et c'est avec une telle phrase que son auteur, Régis Jauffret, parvient d'emblée à s'emparer complètement du fait-divers, à l'inscrire dans une temporalité fictionnelle et à en faire un grand roman choc. Car si l'écrivain a passé beaucoup de temps en Autriche pour enquêter sur cette affaire, il a souhaité aussi clairement revendiquer l'appartenance au genre romanesque de ce texte: "Ce livre n'est autre qu'un roman, fruit de la création de son auteur", peut on lire en avertissement au début de l'ouvrage. Tout au long de ces 545 pages, Régis Jauffret nous entraîne avec lui dans une spirale étonnante qui mêle reconstitution des faits, interrogation sur la violence et sur l'horreur, réflexion philosophique - car le fait-divers n'est pas sans faire écho à l'allégorie de la caverne de Platon -, et enfin procès d'une nation toute entière, l'Autriche. L'exercice de funambule littéraire auquel s'est livré l'auteur était périlleux, pour ne pas dire "casse gueule". Il a fallu tout l'immense talent de Jauffret pour ne pas tomber, en nous faisant basculer avec lui, dans une ignominie voyeuriste. Son style particulier crée heureusement la distance nécessaire. Il n'en demeure pas moins que cela reste une lecture éprouvante et dérangeante. Un roman captivant mais que l'on referme avec plaisir. Les lecteurs seront prévenus, la plongée dans Claustria est une épreuve dont on ne sort pas indemne.
Commenter  J’apprécie          231
J'ai longtemps hésité avant de lire ce roman. A priori, je ne suis pas attirée par les faits divers scabreux et je n'aime pas que mon rôle de lecteur se transforme en voyeur. Puis, j'ai entendu Régis Jauffret parler de son livre à La Grande Librairie.
Si l'auteur parvient à me faire comprendre comment un être humain peut en arriver à de telles extrémités, cette lecture m'intéresse. L'évocation de l'allégorie de la caverne m'a incitée à découvrir ce roman fiction.
Car, certes, les faits ont réellement existé et le nom du père bourreau est conservé, par contre, l'enquête et l'analyse sont une pure fiction de l'auteur.
Le style et la construction m'ont particulièrement convaincue de continuer cette lecture jusqu'à son dénouement. L'auteur ne peut éviter l'atrocité des actes mais il se contente heureusement de les citer sans tomber dans le voyeurisme et l'étalage pornographique. le style très fluide et les incursions métaphoriques, romanesques aident à supporter l'horreur de la situation. La construction qui allie l'enquête de l'auteur, le récit du jugement et les pensées d'Angelika, la fille séquestrée est aussi une manière d'alléger (si cela est toutefois possible) la narration.
L'auteur a satisfait mon besoin de comprendre la nature humaine jusque dans ses perversités les plus complexes.
Josef Fritzl est un tortionnaire inhumain qui considère les femmes comme des objets de plaisir et de satisfaction de ses moindres désirs. Il me semble que cet être sans remords et même fier de ce rêve accompli, est parfaitement analysé. de sa jeunesse où il voue une amour incestueux non réalisé à sa mère jusqu'à l'âge adulte où il commence avec la séquestration de sa mère, l'homme évolue vers une brutalité, un sadisme de plus en plus poussé. Il n'y a chez cet homme aucune trace de remords, de folie et c'est ce qui est particulièrement insoutenable.
Ensuite, l'analyse des réactions d'Angelika, quoique choquante dans le besoin de séduire son père, est elle aussi parfaitement décortiquée. Comment peut-on encore avoir des réactions humaines après tant d'années d'enfermement dans une grotte où l'on ne perçoit que les ombres de l'humanité? Bien sûr, la jeune femme était heureuse de voir apparaître son bourreau quand il venait de lui couper eau, électricité et vivres pendant des jours. La télé et cet homme abject étaient pour "le peuple de la cave" le seul lien humain, la seule source de plaisir. C'est très choquant mais c'est malheureusement très compréhensible.
Et je pense que Régis Jauffret a réussi à me faire réfléchir, à me faire comprendre ces mécanismes de dérive comportementale en situation extrême.
Si les allusions à l'Autriche responsable, au nazisme ne m'ont pas choquées, je ne pense pas qu'elles apportent d'informations complémentaires à la compréhension du comportement de Fritzl. L'auteur a voulu tout simplement s'insurger contre la légèreté de la peine pour ce crime incestueux. Malheureusement, de telles barbaries n'ont pas de nation, de religion ou d'appartenance idéologique et elles peuvent surgir dans n'importe quel cerveau humain.
L'image finale de l'oiseau qui retourne dans sa cage, dans son bercail est assez perturbante et ouvre en fin de livre une grande perplexité. C'est un livre qui dérange mais qui est remarquablement développé par l'auteur pour m'interpeller sur la nature humaine et sa complexité.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
Commenter  J’apprécie          231
Qu'elle gifle. En s'emparant de l'abominable fait divers qui à secoué l'Autriche, Jauffret crée une fiction qui vous secoue, vous révulse, vous dérange avec une force incroyable. Et c'est justement dans cette description clinique, malsaine, insoutenable que le livre de Jauffret me pose problème. Car comme si l'histoire ne se suffisait pas à elle-même un sentiment de voyeurisme, de gène m'a empêché d'adhérer complètement au choix fictionnel de Jauffret.
Bien sur, il faut saluer la qualité littéraire indéniable du roman, mais cette gène
perpétuelle m'empêche de mettre les cinq étoiles. L'horreur du destin d'Anjélika puis de Petra et de Martin ce suffit à lui-même et même si Jauffret à mener une enquête très pointue, pourquoi avoir choisit de le romancer ?
Commenter  J’apprécie          120
Je crois avoir lu l'histoire la plus abjecte que je n'ai jamais lue. Un truc à te filer la nausée, à sauter des mots et des lignes pour ne pas visualiser.
Et pourtant ce roman énorme je ne l'ai pas fermé avant la fin. Malgré le dégoût, l'horreur, je m'en suis voulue d'avoir poursuivi la lecture comme si je me complaisais dans ce voyeurisme malsain. Alors je m'en voulais tous les soirs en l'ouvrant, mais pourtant je continuais.
Finalement je ne sais qu'en penser, m'en voulant presque de l'avoir fini entièrement et d'en avoir supporté la lecture.
Ce roman relate ce qui m'est intolérable dans ce monde: inceste, viol, violence physiques et psychologiques au-delà de l'imaginable. Maltraitance, perversion. Tout ce que vous pouvez de plus horrible qu'un père est capable de faire est dans ce livre.
Ce qui accentue l'horreur également, c'est la qualité de l'écriture. Jamais de misérabilisme, juste une froide description des faits bruts. Pas de sentiments, juste des sensations : celles de la puanteur, de l'étouffement, de la violence des coups, des cranes heurtés contre les murs, des enfants frappés, violés, des privations en tous genres (nourriture, y compris sur des nourrissons, eau, électricité...). le plaisir de soumettre, d'humilier de "chosifier".
En fait Régis Jauffret s'inspire d'une histoire vraie mais s'en défend en prologue. Donc il s'agirait d'un roman. Sauf qu'il est allé là bas en Autriche pour se documenter, sauf que quelque part, dans une moindre (ou pas) mesure, CA a existé. Et cela rend ce récit d'autant plus abominable.
Ce roman me suivra toujours comme ce que je ne peux supporter. C'est mon livre à cauchemars. Je n'aurais peut-être pas du le finir, j'ai le sentiment d'aller au delà de ce que je pouvais tolérer intellectuellement et émotionnellement. Je pleure depuis quelques jours dès que j'accompagne mes enfants le matin à la crèche et école. Je les vois si vulnérables, si fragiles et petits.
Bref, je ne sais pas si je dois vous en conseiller la lecture. Une chose est certaine, ce roman m'a collé la plus grosse gifle de ma vie. La violence de sa lecture est à la mesure de la violence vécue par les protagonistes.
Lien : http://monblogmonmiroir.over..
Commenter  J’apprécie          70
Dernier plan de ce livre : un oiseau qui s'échappe et finalement rentre de plein gré dans sa cage…
Nous bâtissons tous nos prisons !

Ce roman est inspiré de faits réels. Il retrace l'enfermement durant 24 ans par un homme de sa fille et de ses enfants incestueux dans une cave.

J'ai soufflé un soupir de soulagement quand j'ai refermé ce livre.
Non pas qu'il ne m'ait pas plu, non pas qu'il soit mal écrit, mais tout simplement car j'étais soulagée de remonter à la surface et de quitter « le peuple de la cave ».

Ça secoue, ça gifle, ça uppercut : le lecteur sent les coups de Monsieur Fritzl sur sa famille.
Le style est celui qui convient : clinique, froid, brut, mais admirablement bien écrit et jamais de voyeurisme.
Un roman épais et pourtant aucune redite n'est à souligner : les héros tournent en rond, mais pas l'auteur, ni son lecteur qui se retrouve comme emprisonné.
Commenter  J’apprécie          60
Publié en 2012, "Claustria" est un roman de l'écrivain français Régis Jauffret, également auteur de "Cet extrême amour", "Lacrimosa", "Tibère et Marjorie" ou encore de "Sévère".

Le 26 avril 2008, l'Autriche découvre avec horreur le portrait de Josef Fritzl, un père de famille accusé d'avoir séquestré et violé sa fille Angelika dans sa cave durant 24 ans. Celle-ci mettra au monde 7 enfants dont 3 vivront au sous-sol avec elle. L'un y perdra la vie. Trois autres seront élevés dans la maison par l'épouse de Fritzl.
A partir de faits réels, de témoignages et d'une visite sur les lieux, Jauffret imagine la relation entre Fritzl et son avocat lorsque celui-ci est emprisonné et retrace le quotidien de "l'ogre" et du "petit peuple de la cave", "cette famille broyée, extraite en charpie de son terrier".

Bien que je savais que "Claustria" mêlait réalité et fiction, j'ai été horrifiée (qui ne le serait pas ?) mais aussi révoltée de bout en bout par ce roman.
Le portrait que l'auteur dresse de Josef Fritzl est pour le moins glaçant. Libidineux, autoritaire et brutal, le jeune Fritzl tente d'abuser de sa mère et la séquestrera par la suite au grenier durant 21 ans avec la complicité de sa femme et de sa belle-soeur.
Quelques années plus tard, il écope d'une peine de prison pour viol. Son épouse finance ses cours par correspondance afin qu'il puisse étudier en prison et passer son diplôme d'ingénieur en construction.
Il commence à abuser de sa fille aînée lorsque celle-ci a 12 ans et l'enferme dans la cave la veille de sa majorité, disant à sa femme que celle-ci s'est enfuie pour rejoindre une secte.
Durant près d'un quart de siècle et sans remords aucun, il règnera en maître absolu dans cette cave dépourvue de fenêtre, privant sa fille et ses (petits)enfants de nourriture, d'eau, d'électricité quand ça lui chante.
Le quotidien de cette "seconde famille" tourne autour de la télévision et se veut ponctué par l'attente des visites de Fritzl.
Bien sûr les voisins, et surtout les locataires, entendent des bruits venant d'en bas. Mais tous finissent par s'en aller sans poser de questions.

Epouse avant tout, Anneliese Fritzl (peut-être jalouse de sa fille ?) jouera le jeu de son mari jusqu'au bout, allant jusqu'à renier ses 5 sens et son instinct maternel (en avait-elle un au départ ?) pour feindre de ne rien savoir de ce qui se passe juste en dessous de ses pieds.
Et pourtant, Fritzl est loin de se comporter avec elle en gentil mari...
Considérée comme une victime par la justice, elle choisira de ne pas témoigner au procès (!)

Angelika présente une personnalité ambivalente, tantôt victime, tantôt maîtresse consentante.
J'ai préféré ranger la seconde option dans un coin de ma tête, me disant que l'instinct de survie s'exprimait différemment chez chacun (impossible de juger de son comportement).


Sans jamais verser dans la perversité ou la violence gratuite, l'écriture de Jauffret colle parfaitement à toute l'horreur du récit. Une écriture qui emprisonne le lecteur, avant de l'asphyxier.
La brièveté des chapitres permet à peine au lecteur de reprendre son souffle avant de replonger dans les profondeurs de la cave.

Là où j'ai moins adhéré aux propos de l'auteur c'est lorsqu'il multiplie les sous-entendus, particulièrement dans les propos de l'avocat chargé de la défense de Fritzl, concernant les moeurs autrichiennes ("Claustria" étant la contraction de "claustration" et "Autriche").

" Récemment encore, il n'était pas rare de voir dans un lieu public des parents jeter par terre un enfant désobéissant et s'acharner sur lui dans l'indifférence générale." p.46


" Vous savez très bien que chez nous l'inceste est une peccadille. Vous risquez trois ans de prison, et encore avec un très mauvais avocat.
Si l'on procédait à des tests ADN dans tout le pays, on s'apercevrait que nombre de nos concitoyens sont le fruit d'un inceste.
C'est une affaire typiquement autrichienne que nous devrions régler en famille afin de rendre au plus vite leur père à ces enfants déjà assez désorientés par leur soudain débarquement dans la communauté humaine." p.89


" Remarquez, il faudrait peut-être que la police songe à fouiller toutes les caves du pays. Qui sait si certains de nos concitoyens n'y sont pas enfermés depuis trente ou quarante ans ? Il y a peut-être même des vieillards qu'on a enfermés enfants avant-guerre ? "p.94


Et c'est sans compter les allusions aux falsifications de preuves, aux omissions et aux témoignages écartés, de nombreuses anomalies qui se greffent au récit et tendent à faire penser que les autorités autrichiennes souhaitaient, à défaut d'étouffer l'affaire, en minimiser certains aspects.
Un écrivain peut se permettre beaucoup de choses au nom de la liberté d'expression et sous l'angle de la fiction.
Et je peux comprendre que l'Autriche, dont l'image fut déjà bien assombrie par l'affaire Natacha Kampusch, ait mal accueilli la parution de ce roman.
Après tout, quel pays peut se vanter de n'abriter aucun désaxé ? En Belgique, nous avons connu les affaires Dutroux et Pandy. Aux USA, trois jeunes femmes qui avaient été séquestrées par un homme durant 10 ans, ont été libérées il y a quelques jours.

Où s'achève la réalité et où commence la fiction ? "Claustria" est en tous cas un roman troublant à bien des égards...
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
Commenter  J’apprécie          60
Roman basé sur un fait divers des années 90.
Josef Fritzl habite une grande maison à Amstetten en Autriche. Un homme déja pervers avant son mariage avec Annelies. le sexe, les viols étaient très importants pour lui. Il est vite attiré par Elisabeth, sa propre fille, qu'il viole dès qu'elle a 12 ans. Sous la maison dans un abri anti-atomique qu'il a construit ,il enferme celle-ci quand elle a 18 ans. Avec sa propre fille, suite d'inceste et de viols il fera plusieurs enfants. Nait alors une petite "civilisation" hors du monde du haut, dans une cave obscure, humide, malsaine en compagnie de rats d'égouts.
Regis Jauffrey nous décrit la vie du monstre, le père géniteur d'incestes ,de viols et sa victime, sa propre fille . Ames sensibles , je ne le conseille pas ; j'avais lu l'histoire de Natacha Kampusch, mais ici on est au comble de l'horreur, de l'inhumanité, on est aux Enfers sur Terre. L'Enfer s'il existe dans certaines religions ne peut surpasser ceci.
Commenter  J’apprécie          60
C'est un livre proprement terrifiant sur le calvaire d'Elisabeth Fritzl, ici renommée Angelika, victime d'un père incestueux et pervers qui la séquestre pendant 24 ans, elle, ainsi que 3 des 7 enfants qui naîtront de ces viols. La narration de Regis Jauffret nous introduit progressivement dans cet univers étouffant, sans chercher le spectaculaire ni le voyeurisme, mais sans chercher à épargner le lecteur. On y plonge avec une forme de sidération, et on en ressort abasourdi et en manque d'air.
Commenter  J’apprécie          20
Ce roman s'inspire d'un sordide fait divers. Rappel des faits: L'affaire Fritzl est un cas d'inceste découvert durant la fin du mois d'avril 2008 à Amstetten, en Autriche. A 42 ans, Elisabeth Fritzl déclare qu'elle a été emprisonnée, violée et physiquement agressée par son père, Joseph Fritzl, pendant 24 ans. Il l'a séquestrée dans une cave insonorisée creusée dans le sous-sol de sa maison. Quatrième née de sa fratrie (Joseph Fritzl et son épouse Rosemarie ont eu 7 enfants), elle donne naissance elle-même à 7 enfants durant sa captivité. Trois sont séquestrés avec leur mère (Kerstin, Stephan, Félix), un décède peu après sa naissance et les trois autres sont adoptés par Joseph Fritzl et son épouse (Alex, Monika, Lisa). Il soutiendra toutes ces années que Elisabeth ayant rejoint une secte, elle aurait déposé les enfants devant sa porte avec un mot.

Ce thriller s'apparente à une enquête. C'est un roman journalistique, tant il est crédible. L'auteur conserve à Joseph Fritzl son nom car il est le seul personnage de ce roman auquel il n'a rien changé. Tous les autres ont leur nom modifié puisque Régis Jauffret leur prête des réactions, des sentiments qui auraient pu être les leurs certes, mais qui ne sont que le fruit de ses recherches, de son interprétation, de son imagination.

Joseph Fritzl commence à violer sa fille quand elle a 11 ans. Il la séquestre à ses 18 ans. Angelika et ses enfants vivent en parallèle avec la « famille du haut ». La seule chose qui rythme ce temps incommensurable est un vieux poste de télé. Dans cette cave, les protagonistes vivent dans une autre dimension, qui finit par ne plus rien avoir en commun avec la vie « normale », d'un point de vue moral, éthique. Les situations décrites par l'auteur sont reproduites sur la réalité (même si la vie dans la cave est imaginée), comme l'arbre de Noël par exemple ou le journal tenu par Angelika. Un quotidien s'est mis en place dans cette cave.

Jauffret s'est déplacé pour suivre le procès de Josef Fritzl. Il est allé voir cette cave. Il retranscrit ce temps en dehors du monde, dans l'obscurité, l'odeur pestilentielle qui l'agresse, le manque soudain d'air, la suffocation, les rats qui ont envahi l'espace, la peur panique qui le gagne… Toute l'horreur de la claustration. Provoquée par un homme ordinaire, quelconque.

Un roman dérangeant et efficace. Quelques longueurs, mais qui rendent compte de 24 années d'enfermement. de la routine qui prend le pas sur l'horreur. Au bout de tant d'années, il ne s'agit plus d'un drame pour ses protagonistes, mais d'un quotidien comme un autre, avec ses codes.

Lien : https://lyseelivres.wordpres..
Commenter  J’apprécie          20





Lecteurs (596) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3679 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}