AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Rois du monde, tome 1 : Même pas mort (86)

Au monde, rien ne va de droit fil. Avez-vous déjà suivi un chemin qui vous mène tout droit à destination ? Avez-vous déjà descendu une rivière qui va se jeter tout droit dans la mer ? Avez-vous déjà vu la lune ou le soleil traverser tout droit le firmament ? Même les étoiles dansent de lentes farandoles. L’existence n’est qu’un immense canevas de lacets, de virages, d’embranchements et de méandres. Tout est capricieux et infléchi, et la vie entière est un entrelacs d’arabesques.
Commenter  J’apprécie          40
Eh bien, les histoires sont les reflets du monde, et une belle histoire gire et vagabonde. Il n'y a que les contes sinistres qui vont droit au but, comme un trait jeté pour tuer.
Commenter  J’apprécie          40
Je suis plein de la sottise ombrageuse des coquelets : parce que j'ai parcouru le monde , parce que j'ai tué ,parce que j'ai connu la morsure du fer , je me considère d'ores et déjà comme un héros. Au vrai , je suis d'une bêtise à pleurer.
Commenter  J’apprécie          40
Il n'y avait pourtant pas de fondrière dans ce bosquet obscur, mais çà et là, je manquais tomber dans des fosses ouvertes entre les racines. Au fond de leur vertige de terre crue, un éclat de lune jaunissait des ossements de chevaux. Le sacré s'insinuait partout en longs reptiles d'horreur, et je suffoquais de la peur du noir comme de celle de voir.
Commenter  J’apprécie          40
J'ai ouvert les yeux sur un ciel très bleu, poudré de légers nuages. Je reposais dans une prairie parfumée de sève et de grand air. Une brise paresseuse inclinait sur mon visage l'épi jaunissant des herbages. Dans l'oreille, j'avais le murmure d'un ruisseau.
Commenter  J’apprécie          30
« Trois corbeaux déplumés dansent dans les halliers
Trois chevaux dételés détalent dans le pré
Trois puissants sangliers sautent sur le sentier. »
Et, en un geste plein de fierté affectueuse, j’ai senti la main de mon père se poser sur ma tête. (p. 264.)
Commenter  J’apprécie          30
Tu raconteras ma vie.
Tu descendras le cours des fleuves et tu franchiras les montagnes. Tu traverseras les forêts, tu vogueras sur les mers qui s’étendent à droite du monde. Tes pas te porteront dans les royaumes celtes, dans les tyrannies hellènes et les lucumonies rasennas. Partout, tu énonceras mon nom, tu célèbreras mon lignage, mes voyages, mes exploits. Tu seras l’initiale de ma mémoire, un bâtisseur de ponts, un héraut sans armée et sans bataille. Tu ne peux me refuser cette faveur. Tu ne peux aller contre le cours de ma volonté.
Ceux qui se dressent contre moi ne vivent guère ! Si tu rejettes mon offre, je ferai saisir tes biens et ta personne. Je disperserai ton ambre et tes amphores entre mes héros ; pour moi, je ne garderai que ta tête. Je la laverai, je la roulerai dans le miel, la cervoise et le sel, je la baignerai dans l’huile de cade et je la rangerai dans les coffres où s’accumulent les tributs des nations vassales. Lorsque je recevrai des hôtes de marque, je leur offrirai de grands banquets. Je ferai disposer mes plats à figures noires, mes cruches de bronze à long col, mes cratères où les vins épais de ton pays se mêlent à l’eau sauvage de nos sources. Puis, au milieu des viandes juteuses et des poissons brillants, des fruits doux et des breuvages âpres, je poserai ta tête. Je dirai : « Voyez : celui-ci était un trafiquant ionien qui fit injure à mon hospitalité. Alors buvez, dévorez, riez ! Nul ne peut se dérober à ma générosité sans me faire outrage. » Et admets-le, je suis magnanime : si tu refuses de perpétuer ma mémoire, moi, j’aurai soin de préserver la tienne. Je ferai de toi le compagnon de tous mes festins.
Tu raconteras ma vie.
Commenter  J’apprécie          30
Qu'est-ce que la guerre ? Vos rhapsodes et nos bardes commettent la même erreur : ils ne chantent que les armes, les corps vigoureux, le tourbillon des mêlées, les larmes, les bûchers funéraires. Ils ne retiennent que l'anecdote. Entrer en guerre, c'est comme passer de l'autre côté. C'est gagner un monde voisin, familier et pourtant différent. C'est une pomme surie au milieu des fruits frais. C'est un univers bruissant de rumeurs, d'agitation et d'erreurs ; c'est l'émergence de fraternités factices et de haines irraisonnées. C'est un face-à-face avec des fantômes inconnus et fuyants. Des greniers abandonnés, des champs livrés aux herbes folles, la peur à chaque détour du chemin, parfois la mort sous la lance d'un ami, parfois la compassion dans le regard de l'ennemi. La guerre, c'est le désordre. C'est le mouvement.
Commenter  J’apprécie          30
La terre que je porte dans mon coeur, c'est une région de champs étroits, où l'ivraie et le chardon se mêle à l'épeautre et à l'engrain. C'est une région de rivières douces, qui s'alanguissent sans des lits de cailloux blancs en été, qui roulent des tourbillons sombres sur les berges et les prairies lors des crues d'hivers. C'est un pays de pâtures grasses, de fondrières fleuries, de ruisseaux vagabonds, de forêts enchevêtrées où le jour perce en ondées dorées.
J'ai toujours l'amour du pays d'où je viens. En ce sens, je suis comme tous les déplacés.
Commenter  J’apprécie          30
Mon histoire commence au-delà du bout du monde. Là-bas, la terre s’effondre, hachée par des mâchoires divines. Des murailles de roche striée, crevassée, fendue et refendue, s’abîment dans des gouffres où mugit l’océan, celui qui borde les îles des morts. La mer se soulève, rage et gronde, agitée par les vents venus de l’au-delà. L’air cru, rempli d’embruns et de sel, possède la saveur de l’or. 
Commenter  J’apprécie          33






    Lecteurs (2406) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Jean-Philippe Jaworski pour les nuls

    Il a mon âge ! Il est né en...

    1939
    1969
    1999

    10 questions
    109 lecteurs ont répondu
    Thème : Jean-Philippe JaworskiCréer un quiz sur ce livre

    {* *}