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Citations sur Rois du monde, tome 1 : Même pas mort (86)

-N'es-tu pas Bellovèse, fils de Sacrovèse, roi des Turons, fils de Belinos roi des Turons ?
Pour la deuxième fois, j'ai perdu mes moyens. Il n'était guère étonnant qu'il connaisse ma lignée ; mais dans cette armée levée parmi des Bituriges et leurs alliés, il était stupéfiant que quelqu'un m'attribue un titre dont le haut-roi m'avait dépossédé. Quand j'ai repris mes esprits, j'ai lancé :
-Moi je ne te connais pas. Qui es-tu ?
Il n'a pas esquissé le moindre mouvement, mais dans les ténèbres de sa capuche, dans l'inflexion de son grondement, j'ai deviné un sourire pernicieux.
-Je suis la force et la faiblesse. Je suis la pierre et le gel. Je suis la vie sous les racines. Je suis celui qui murmure les vieilles chansons. Tu vois, petit roi, tu te souviens. Je suis la mémoire au fond des forêts.
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Qu'est-ce que la guerre ? Vos rhapsodes et nos bardes commettent la même erreur : ils ne chantent que les armes, les corps vigoureux, le tourbillon des mêlées, les larmes, les bûchers funéraires. Ils ne retiennent que l'anecdote. Entrer en guerre, c'est comme passer de l'autre côté. C'est gagner un monde voisin, familier et pourtant différent. C'est une pomme surie au milieu de fruits frais. C'est un univers bruissant de rumeurs, d'agitation et d'erreurs , c'est l'émergence de fraternités factices et de haines irraisonnées. C'est un face à face avec des fantômes inconnus et fuyants. des greniers abandonnés, des champs livrés aux herbes folles, la peur à chaque détour du chemin, parfois la mort sous la lance d'un ami, parfois la compassion dans le regard de l'ennemi. La guerre, c'est le désordre. C'est le mouvement.
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Pas de tombe pour moi. Pas de fin paisible au milieu des miens. Pas de grandes cérémonies royales, pas de sacrifices, pas de bûchers rouges ni de banquet funèbre. Pas de trésor abandonné dans la nuit d’une chambre funéraire. J’irai chercher ma mort sur le champ de bataille. Je me détacherai des rangs de mes guerriers pour la défier. Une lame longue de cavalier dans la main droite, une lame courte de fantassin dans la gauche, je lui offrirai une danse des épées. C’est une vieille ennemie, et ce fut parfois une alliée de circonstance. Je connais bien ses ruses, ses lâchetés, ses trahisons. Je lui cracherai toutes ses bassesses, je lui tirerai la langue, je me rirai de sa puissance, je lui affronterai le masque peint du guerrier.
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- Au monde, rien ne va de droit fil. Avez-vous déjà suivi un chemin qui vous mène tout droit à destination ? [...] L'existence n'est qu'un immense canevas de lacets, de virages, d'embranchements et de méandres. Tout est capricieux et infléchi, et la vie entière est un entrelacs d'arabesques. Seuls les lances et les javelots sont droits...
(Suobnos le vagabond).
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" Je suis la force et la faiblesse. Je suis la pierre et le gel. Je suis la vie sous les racines. Je suis celui qui murmure les vielles chansons.....Je suis la mémoire au fond des forêts."
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J'ai été route, j'ai été aigle.
J'ai été coracle sur la mer.
J'ai été l'effervescence de la bière.
J'ai été goutte dans l'averse.
J'ai été épée dans la main.
J'ai été bouclier au combat.
J'ai été corde de la harpe.
D'enchantements, neuf années.
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Au monde, rien ne va de droit fil. Avez-vous déjà suivi un chemin qui vous mène tout droit à destination ? Avez-vous déjà descendu une rivière qui va se jeter tout droit dans la mer ? Avez-vous déjà vu la lune ou le soleil traverser tout droit le firmament ? Même les étoiles dansent de lentes farandoles. L'existence n'est qu'un immense canevas de lacets, de virages, d'embranchements et de méandres. Tout est capricieux et infléchi, et la vie entière est un entrelacs d'arabesques. Seuls les lances et les javelots sont droits...
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Lorsque j'étais enfant, il m'arrivait de pratiquer un tour dérisoire. Je pêchais une fourmi au bout d'une brindille, et je laissais courir la bestiole jusqu'à son extrémité ; lorsqu'elle y était arrivée, je retournais le fétu entre mes doigts. La fourmi filait derechef dans la même direction, et je la renvoyais à son point de départ. Ce jeu absurde se prolongeait aussi longtemps que durait mon caprice... Il m'a fallu attendre l'orée de la vieillesse pour en saisir le sens : je suis cette fourmi, et le monde est ma brindille.
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Dans le jour finissant, sur un isthme de sable et de galets fraîchement lavés, j’avance vers l’île des Vieilles. Je marche seul, pour la première fois depuis des mois, des années, sinon depuis ma naissance.
Le péril, je l’ai déjà affronté, à plusieurs reprises. Mais c’est une chose de voir la mort rôder en tenant la main de ta mère, en se serrant les coudes dans une bande de guerriers, en t’accrochant au compagnon impuissant qui te regarde perdre ton souffle et ton sang. C’en est une tout autre d’avancer seul à la surface du monde, dans le grondement de l’océan et les railleries du vent. Avec moi, il n’y a même plus le halètement d’un chien, le souffle d’un cheval. Je n’ai plus que le chahut des oiseaux et le trottinement des crabes, sur un sol mouvant où s’étalent des fragments de ciel.
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je suis riche de passé comme d’avenir, et parce que je vacille au bord du monde, l’abîme tonne que je ne suis qu’une chrysalide, que la vraie grandeur reste à construire.
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