Pour paraphraser une citation maintenant archi-connue : la nuit est sombre et pleine de fantômes. Ces fantômes ce sont ceux de Sumarios fils de Sumotos, d'Ambigat Haut Roi des celtes, du prince Ambimagetos, de Comargos le Borgne, d'Albios le Champion… Ces fantômes ce sont ceux de tous les hommes qui ont aidé, combattu ou été vaincus par Bellovèse fils de Sacrovèse, aujourd'hui monarque, autrefois exilé et traqué comme le jeune cerf à la saison de la chasse. En cette deuxième nuit de veille, ils viennent nous rejoindre autour du feu de camp du roi vieillissant pour l'écouter conter la suite de son aventureuse et héroïque existence. Ils remontent avec nous le temps jusqu'à l'époque lointaine où Bellovèse était encore jeune et vigoureux, un guerrier parmi les autres à la cour de son redoutable oncle Ambigat.
Mais en cette année troublée où pullulent les présages et les calamités, la paix est sur le point d'éclater en morceaux. Les ennemis d'Ambigat se sont assemblés pour fêter la venue de l'été et ils ont bien l'intention de soulever le pays contre le Haut Roi, jugé responsable de tous les maux qui ont accablé les tribus. Quand le conflit éclatera, quel camp choisira le jeune Bellovèse ? Celui de son oncle ou celui de ses adversaires dont certains se battirent aux côtés de son père l'ancien roi des Turons ? de sa décision pourrait dépendre, non seulement son avenir, mais aussi celui du peuple celte tout entier !
Après un premier tome riche en magie et en poésie, la saga celtique de
Jaworski prend une tournure plus guerrière avec « Chasse royale ». On quitte le territoire fantasque de l'enfance pour celui bien plus dangereux des intrigues politiques et militaires. Ceux qui se plaignaient du manque d'action du premier tome devraient être pleinement contentés : duels, massacres, sacrifices humains, chasses sauvages dans les bois, complots sanguinaires … Tout pour plaire, quoi ! le style de
Jaworski ne souffre pas de cette débauche de violence ; au contraire, il en sort magnifié, vibrant d'émotions et d'énergie. Ses scènes de combats sont de véritables réussites mêlant crudité et lyrisme cruel. On peut chipoter un peu en regrettant le léger recul de l'aspect fantastique du récit : moins de merveilles et plus de bastons, mais, bon, on ne peut pas tout avoir.
Le personnage principal, quant à lui, a gagné en carrure. Ce n'est maintenant plus à un gamin étourdi que l'on a affaire mais à un chef de guerre en puissance, oscillant sur la lame de sa destinée. Pour l'instant simple acteur dans les intrigues d'autrui, on le voit se diriger petit à petit vers le centre de la scène et on attend avec impatience l'instant où il cessera d'être un pion pour devenir un joueur à part entière. J'attends également avec curiosité l'évolution des autres protagonistes qui, pour la majorité, ne manquent pas de charisme. J'avoue notamment un certain penchant pour l'oncle de Bellovèse, le Haut Roi Ambigat. Une crapule féroce et sans scrupule, entendons-nous bien, mais une crapule sacrément classe tout de même avec un cran et une volonté à faire trembler les montagnes.
En conclusion, un deuxième tome qui tient largement les promesses du premier et une façon fascinante de découvrir l'univers celtique. A tenter même si vous n'êtes pas particulièrement féru de gros barbares en cuir qui se cognent dessus à coups de hache et se blanchissent les dents à la pisse (on n'est pas des petites natures chez les celtes !). Vous verrez, le voyage vaut le détour !