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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Amun est un recueil de nouvelles qui constituent autant de facettes et de portraits contemporains des indiens du Canada - avec pour chaque auteur, l'indication de son peuple d'appartenance. Entre mal-être, recherche de son identité autochtone, déception amoureuse, deuil difficile à faire, c'est une palette de sentiments universels qui y sont décrits avec toujours en fond une référence à l'indianité et les traumatismes liés à l'effacement forcé et la négation d'une culture et d'une histoire. Les dix nouvelles proposées évoquent entre autres l'adoption d'une amérindienne par des parents blancs, une jeune femme partagée entre deux cultures - écartelée entre deux sociétés, le départ pour la chasse de l'homme de la famille, sa femme évoquant son inquiétude, ou la survie d'une jeune femme en plein hiver qui déploie toute son ingéniosité pour s'en sortir...
Amun rassemble des récits intimistes et subtils pour évoquer l'appartenance, la filiation ou les souvenirs - par le récit des anciens, qui illustrent la variété des innus et inuits. Certaines nouvelles reprennent le parlé québécois, d'autres auteurs font preuve d'une grande poésie. Tous les textes illustrent l'universalité des sentiments, enrichie par le vécu et la voix des auteurs autochtones.
Un recueil qui permet d'en connaître un peu plus sur les écrivains des première Nations, tous reconnus et récompensés de prix littéraires ou de poésie, une opportunité pour découvrir chacun des auteurs et approfondir leur univers propre.
Je remercie Babelio et les Editions Dépaysage pour cette très belle découverte et j'ai apprécié également le livre en tant qu'objet, un format inhabituel et un papier de très grande qualité.
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Avant tout je tiens à remercier tout particulièrement Michel Jean et les éditions dépaysage pour l'envoi de ce recueil de nouvelles écrites par des auteurs et autrices canadiens d'origine innue, huronne-wendate, métisse et crie.
Comme vous le savez, la culture amérindienne est basée sur la transmission orale : cet ouvrage l'illustre parfaitement. En l'ouvrant vous entendrez 10 voix singulières. Certaines s'ouvriront à vous sur le ton de la confidence au travers d'un journal ou de lettres, d'autres auront la saveur d'un conte raconté au coin d'un feu hivernal, ou peut-être aurez-vous l'impression que votre copine québécoise vous déballe son coeur et ses tripes au téléphone (le rendu auditif à la lecture est assez exceptionnel dans certaines et l'éditeur a eu le bon goût de ne rien modifier dans l'édition française).
Une pluralité de tons, donc, qui donne à penser de manières différentes l'héritage des premières nations. Tradition et modernité, métissage, nomadisme ou vie citadine, adoption, crise identitaire et communauté, racisme, statut, de nombreux thèmes sont abordés dans un tissus d'histoires qui ne se rejoignent que par leur extrême sensibilité à l'autre, à soi, aux croyances et à la nature. Un instinct de la chair traduit en mots. Car ce que vous murmurent ou vous crient toutes ces voix c'est qu'elles existent de toutes leurs forces, qu'elles écoutent avec acuité et qu'elles observent le monde d'un oeil aiguisé, le ressentent pour mieux s'en faire l'écho.
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On ne sait trop si le filet rouge usé, en suspension sur la couverture, est emporté sans force dans les remous du vent, vole de son propre chef et selon son désir, ou suit le mouvement d'un pêcheur qui vient de le lancer. Les consciences qui habitent ces dix nouvelles cherchent leurs sentiers, sous la neige ou dans le vent, en faisant de l'auto-stop le long de la route 138 qui sort de la réserve ou en tenant la main de leur mère. Une interrogation latente bruisse sous les récits. le sentiment individuel entre en dialogue avec le fond culturel collectif innu, cri ou huron-wendate, le souvenir du colonisateur avec les portes nouvelles qui peuvent être poussées. L'un se perd corps et âme dans le "Grand Vide cosmique", une autre retrouve le chemin d'elle-même par la "force incarnante" d'une vision intime chamanique.

"Tout à l'heure, j'ai disposé des ossements de lièvre autour du camp, attachés à des fils, comme maman faisait chez nous. « Il faut honorer l'âme des animaux », disait-elle. Elle avait raison." (72)

Dans notre tradition familiale, entre causses aveyronnais et falaises héraultaises, on ne jette jamais les os et les arrêtes des animaux qu'on mange à la poubelle, ce qui heurte notre sens de la fraternité avec les êtres sensibles, mais on les disperse dans la nature à l'occasion de randonnées. L'approche innue est très séduisante et je l'insufflerai bien dans notre courant d'être, mais elle nous causerait sans doute des problèmes avec le voisinage…

"Les territoires sont toujours là." (17)

L'agencement des textes est soigneux. On glisse d'enfers en renaissances, de fictions en récits personnels. "Memekueshu" répond à "Où es-tu", l'émotion m'a saisie. Par le télescopage des imaginations, l'adolescente en motoneige entre en culbute avec la souffrance d'une nomade. Les créations les plus fouillées du point de vue de l'écriture sont celles qui m'ont le plus enveloppée : "Nashtash va à la ville", conte succinct et symbolique, "Harfang des neiges", poétique intérieure pleine d'images, et "Hannibalo-God-Mozilla contre le Grand Vide cosmique", imbroglio temporel si juste et représentatif de nos développements mentaux. Une voix murmure incontestablement, entre forêts du Québec et bitume de Montréal, qui porte en elle des accents singuliers, et qui par la grande magie de la littérature imprègne de son souffle la mémoire humaine et son devenir. Les voies de l'air, de l'imagination et des mots sont souples pourvu qu'on sache les négocier, les faire pénétrer jusqu'au cœur de l'homme reste plus délicat. Les auteurs de ce recueil s'y essayent avec adresse, force d'âme, tendresse et sincérité.

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Prêté par une amie, ce petit recueil de nouvelles écrites par dix écrivain(e)s amérindien(ne)s m'a d'abord séduit par sa jolie couverture (édition canadienne Stanké).
Les dix plumes qui y sont représentées sont tout à fait à l'image des nouvelles contenues dans ce livre: toutes différentes et similaires à la fois.
Les nouvelles sont très hétéroclites, et situées à des périodes chronologiques différentes, qui vont de cette jeune femme seule sous une tente avec son bébé, en pleine forêt et s'inquiétant du retard de son mari parti chasser, jusqu''a cette autre qui cherche l'âme soeur sur internet, sur des sites de rencontre.
Toutes évoquent, à des degré différents, la difficulté d'être un "native" mal à l'aise dans ce monde blanc et chrétien qui s'est imposé à eux avec tant de violence. Certains arrivent à trouver leur place, pour d'autres c'est plus compliqué.
Une lecture un peu mélancolique parfois, mais instructive et intéressante.
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Amun. En langue innue, cela signifie le rassemblement. Est-ce que ce n'est pas finalement la seule chose que l'on souhaite après des semaines loin les uns des autres ?
Amun. le rassemblement de dix auteurs autochtones. Tous différents mais avec le même désir de parler de ceux qu'on a longtemps voulu occulter. Dont on a voulu détruire les racines.
Chacun y met sa propre sensibilité, son propre rapport au monde.
Comme dans tout recueil de nouvelles écrits par des plumes différentes, il y a des voix qui nous parlent plus que d'autres. le rassemblement ne veut pas dire que tout le monde regarde la même chose ni même de la même façon.
J'ai particulièrement aimé la nouvelle toute en liberté de Joséphine Bacon, un voyage pour mieux se perdre et se retrouver. Et celle d'une grande sensibilité de Naomi Fontaine, sur le rapport à sa mère et à l'adoption. Et celle de Michel Jean, bien sûre, qui est fait écho à Kukum. On y retrouve ce qui m'a plu dans le roman, le rapport à la nature, protectrice et sauvage, un personnage à part entière.

Cet ouvrage, le premier de la collection Talismans aux editions depaysage marque une belle entrée en matière. C'est audacieux, et c'est ce qui m'a emballée dès le vleel organisé en 2020. Faire le pari de l'indépendance, d'un sujet trop rarement traité en France et donc gage de découvertes. Pour celui qui est prêt à se laisser porter vers des destinations inconnues, c'est forcément intéressant.
Kamik fait partie des livres que j'ai très envie de lire et on me dit dans l'oreillette que Michel Jean revient très bientôt avec un nouveau roman. Prêts pour le voyage ?
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J'ai apprécié la lecture de cet ouvrage, qui nous propose de découvrir un peu de la culture amérindienne (du Canada), à travers 10 regards contemporains, 10 sensibilités différentes, 10 récits de vie qui nous parleront sans doute plus ou moins...
Je pense le proposer à lire à ma mère, et possible aussi que je le relirai tout prochainement.
Ce fut une bien jolie lecture.
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Le titre de ce recueil dit tout puisque « Amun » en langue innue veut dire rassemblement. Michel Jean a réuni 10 auteurs autochtones de générations et d'horizons divers.
Chacun nous fait découvrir une facette des premières nations, un thème particulier, une réalité.
Il y est question de problèmes d'identité, du passé, de la vie dans les réserves, du racisme d'aujourd'hui, des pensionnats d'autrefois, de la famille et de la place de la nature.
Comme dans tous les livres de nouvelles, certaines m'ont davantage séduites que d'autres mais elles ont toutes en commun la pureté et la sincérité.
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« Amun » signifie rassemblement, retrouvailles. Un titre parfait pour ce recueil de nouvelles qui m'a plongé dans un autre monde.
En l'ouvrant, j'avais l'impression de retourner au coin du feu, de retrouver un cercle d'amis qui, chacun leur tour, me racontaient une histoire. Une histoire signifiante. Leur histoire ou celle des leurs - des Premières nations.
Je ne sais pas si tous les récits eux-mêmes me resteront. Mais je me souviendrai longtemps du plaisir que j'ai ressenti pendant ma lecture. de leurs cadences adagio, de leurs couleurs intimistes, de leurs points de vue féminins - et féministes.
Car ce sont les femmes qui sont au coeur de ces récits. Leurs vies intimes, qu'elles soient à l'ancienne (« Où es-tu ? ») ou actuelle (« Mitatamun (Regret) »). Leurs vies métissées, chancelantes, exilées entre deux mondes aussi (« Harfang des neiges »).
Avec un coup de coeur particulier pour « J'ai brûlé toutes les lettres de mon prénom », qui m'a impressionné avec sa langue éreintée, décomplexée, douloureuse.
Des histoires douces par leurs mots, dures par leurs propos.
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