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En trois ans, les blessures contractées par les personnages d'Esclaves n'ont pas vraiment eu le temps de cicatriser. En revanche, les destins des trois personnages principaux ont évolué de manière étonnamment indépendante pour une île-ville que l'on devine petite. Fort heureusement, ​Cicatrices nous permet de retrouver...

Cette ellipse de trois années permet au scénario d'offrir un nouveau départ à Raffy qui se remet difficilement du départ du Barracuda. Emilio va devoir composer avec une évolution hélas prévisible, alors que l'on en vient à admirer le parcours de la jeune Maria dont les perspectives appairassent intéressantes. Un nouveau personnage (qui a d'ailleurs droit à la première de couverture) fait son apparition alors que deux têtes connues passent au second plan : le casting évolue et là réside la force de cet album.

L'histoire générale oscille constamment entre originalité et classicisme. Si certaines ficelles bien connues sont utilisées sans vergogne, l'on nous propose heureusement des pistes qui suscitent la curiosité. Mais qu'en est-il du capitaine Blackdog ? Jean Dufaux nous a habitués à mieux : la plupart des grandes orientations du scénario sont trop prévisibles.

Le trait de Jérémy est toujours aussi agréable à suivre. Il parvient à nous maintenir dans une ambiance, dans un état d'esprit (c'est étrange, comme l'on peut d'un coup avoir envie de soleil, de rhum ou d'aller faire un tout sur une certaine attraction d'un parc à thèmes bien connu).

Voici donc un second tome qui développe davantage ce qui a été lancé en suspens auparavant, tout en laissant quelques pistes pour l'avenir. Ce manque de dynamisme peut légitiment susciter quelques inquiétudes. Malgré tout nous restons dans un série de qualité, grâce au talent d'un dessinateur prometteur.
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La vie fut belle parfois.
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Ce tome fait suite à Barracuda, tome 1 : Esclaves (2010) qu'il faut avoir lu avant car il s'agit d'une histoire complète en six tomes. Il compte 52 planches, et la première parution date de 2011. La série est scénarisée par Jean Dufaux, dessinée et mise en couleurs par Jérémy Petiqueux. Cette série a fait l'objet d'une intégrale dans laquelle le scénariste raconte sa fascination pour les récits de piraterie, en particulier les films, et bien sûr L'île au trésor (1883) de Robert Louis Stevenson (1850-1894).

Trois années ont passé. À la cour du roi d'Espagne, l'heure est à la prière. L'heure est toujours à la prière. Dans une chapelle monumentale, le roi d'Espagne est agenouillé en train de prier, avec dames elles aussi agenouillées, deux gardes en faction. Son recueillement terminé, il se retourne et s'adresse à Dona Alfonsa en lui demandant si elle souffre d'un refroidissement car sa respiration lourde l'a gêné dans ses prières. Elle lui présente ses excuses, lui indiquant qu'elle a la gorge encombrée. Il lui intime que dorénavant elle évitera de respirer pendant ses dévotions car il n'aime pas être dérangé lorsqu'il s'adresse à Dieu. Don Schlirfos, un conseiller, entre dans la grande chapelle, accompagné par le capitaine de la Loya. Ce dernier présente ses excuses car il a échoué à la mission que lui avait confié le roi : mener à bon port Dona Emilia del Scuebo, une amie très chère. Il répond qu'il a voulu mourir pour ça, mais que Dieu n'a pas voulu de lui. le roi lui confie une nouvelle mission : la ramener vivante et il lui en donne les moyens, deux galions de mille tonneaux, armés chacun de quarante canons. Il ajoute que le père Sanche désire le rencontrer avant son départ.

Don Schlirfos mène le capitaine de la Loya au père Sanche, alité par la maladie. le prêtre lui explique qu'il a appuyé la demande du capitaine : il souhaite que le marin récupère le diamant Kashar. Il en explique l'origine. Ce diamant appartenait au roi créole Arriego Kashar qui régnait sur une bande de terre, un isthme auquel le royaume d'Espagne a donné le nom de Panama. Cet isthme s'étend entre la mer caraïbe et l'océan Pacifique. C'est par là que passent les grandes routes commerciales en provenance de l'Asie et de la Nouvelle-Grenade. Routes longues et dangereuses, les marchandises étant acheminées à dos de mulet jusqu'à Nombre de Dios et Portobello. Dieu lui a envoyé un songe : relier l'isthme par une voie d'eau. Vasco de Balboa fut le premier à entrevoir cette possibilité. Depuis l'Espagne n'a rien fait. le premier qui parviendra à réaliser ce rêve deviendra le maître du nouveau monde. Ce rêve, ce doit être celui de l'Espagne. Or, il n'est possible qu'avec l'aide des Créoles qui, mieux que personne, connaissent ces terres. Ils sont prêts à aider les Espagnols, mais à une seule condition : que le diamant du Kashar leur soit restitué. de la Loya sera accompagné par le frère Esteban qui a perdu la vue après avoir tenu le diamant du Kashar entre ses mains, et y avoir danser dans ses reflets l'image du Malin qui tenta de le séduire.

Le scénariste l'avait annoncé dans son introduction et il tient parole : ce tome se déroule entièrement à terre à l'exception d'une case en planche sept pour découvrir le navire du capitaine Morkam qui arrive en vue de l'île Puerto Blanco. le pirate Blackdog s'en est allé à bord de son navire Barracuda, pour une chasse au trésor : trouver et s'approprier le diamant Kashar, et les autres personnages sont restés derrière, sur l'île. L'introduction de sept pages permet de retrouver le capitaine de la Loya qui a échoué dans sa mission et qui vient se présenter à son roi. L'artiste fait preuve d'une verve visuelle peu commune, s'investissant totalement pour chaque pierre de chaque pilier et de chaque arche de la gigantesque chapelle, chaque statue décorative et chaque tableau derrière l'autel, sans oublier les peintures au plafond. le cuir des vêtements rutile et la fraise du roi est immaculée. La scène dans la pièce où se trouve le lit du père Sanche marque tout de suite l'esprit par sa mise en scène : un lit avec une couverture rouge aux motifs dorés dans une pièce avec un dallage en pierre, des candélabres sur pied avec des bougies en cercle à bonne distance du lit, des dais rouges, des moines encapuchonnés dans une bure noire. Une vraie mise en scène, rendue plausible par la force de caractère du père Sanche : son visage émacié, ses traits durs, la vivacité de son regard perçant. L'apparition de frère Esteban avec son bandeau sur les yeux, les profondes rides de son visage. Une aura de mystère morbide s'installe, déstabilisant même un individu aussi aguerri que le capitaine de la Loya.

Puis le récit revient à l'île Puerto Blanco : le lecteur retrouve les personnages du premier tome, en particulier les trois jeunes gens Raffy fils de Blackdog, Maria Sanchez del Scuebo, et Emilio/Emilia. La première page précise que trois années ont passé et ils ont grandi, étant franchement adolescents, voire jeunes adultes pour les deux premiers. le lecteur se rend compte qu'il a envie de savoir ce qu'ils vont devenir, comment cette jeune génération va imposer sa présence, trouver sa voie, influer sur le cours des événements. le visage du premier devient de plus en plus farouche, marquant un mélange de colère et de frustration irrépressibles, et ses actions montrent une forme d'autodestruction très consciente, en particulier une scène avec un couteau d'une terrible intensité, à la mise en scène dramatique à souhait pour transcrire la rage qui habite Raffy. le corps de la seconde est resté svelte, parfois presque masculin, tout en étant mis en valeur dans de magnifiques robes près du corps, où la couleur rouge domine. Son visage porte la marque de l'ennui, souvent de l'absence d'émotion, sauf quand elle fait souffrir son mari ou qu'elle fait pendre un esclave. le cas d'Emilio a conservé toute son ambiguïté, le scénariste jouant sur le fait qu'il reste travesti en femme, et le dessinateur transcrivant à merveille son caractère androgyne.

Le scénariste rajoute d'ailleurs une couche d'ambiguïté quant au comportement de Mister Flynn vis-à-vis de son jeune protégé. le lecteur retrouve d'autres personnages à la forte personnalité, comme le très soumis Ferrango, la séduisante gouverneure Jean Coupe-droit, ou encore de la Loya. Il découvre un nouveau personnage qui vole la vedette dans deux scènes : le capitaine Morkam. Sa première apparition est très soignée : juste sa tête s'encadrant dans la lorgnette d'une longue-vue, avec un visage couturé de cicatrices, un large chapeau noir, des dreadlocks improbables et une parure de plumes au niveau du col. L'artiste joue à fond le jeu du mystérieux personnage patibulaire sinistre, tout en nuances de noir. Les ruffians fréquentant la taverne locale valent également le coup d'oeil. le dessinateur se montre tout aussi impliqué dans la représentation des décors et la mise en couleurs agissant comme un exhausteur de chaque forme, de chaque élément. La vue en contreplongée de l'intérieur de cette chapelle coupe le souffle, et les paysages de l'île se révèlent tout aussi consistants. Elle comprend également des constructions comme le palais de la gouverneure avec vue imprenable sur la ville, la luxueuse maison que Maria Ferrango s'est fait construire et son magnifique jardin à la française, l'intérieur de la taverne en pierre avec ses roues de chariot suspendues au plafond et supportant des bougies pour l'éclairage, un aperçu nocturne de la ville de Londres, la cabane en bois de maître Donadieu avec son ponton branlant. Les paysages en extérieur constituent également un régal à contempler : la découverte de l'ile de Puerto Blanco depuis l'océan, la plage sur laquelle Flynn entraîne Emilia à l'épée, la clairière en pleine jungle où maître Donadieu entraîne Flynn à l'épée, le chemin sur lequel le capitaine Morkam passe son ennemi par le fil de l'épée.

Finalement, le scénariste pourrait se contenter d'enfiler les scènes convenues à base de cliché du genre Pirate, et le lecteur serait déjà contenté par le plaisir de la narration visuelle. D'un autre côté, il est quand même bien revenu pour la suite, étant resté sur sa faim avec le premier tome. Il se rend compte que Jérémy Petiqueux fait parfois trop bien son travail, la ville devenant tellement concrète que le lecteur finit par se demander comment il peut y avoir autant de constructions, quelle est la population réelle, etc. le scénariste prend soin de faire évoluer ses personnages, en particulier les trois jeunes qui ont visiblement pris de l'âge et dont les sentiments se sont affermis. L'intrigue progresse également, même en l'absence du navire dont la série porte le nom, et de son capitaine. La chasse au trésor, le diamant Kashar, gagne en importance. le passé d'un personnage est développé, ce qui ajoute encore au thème de l'ambiguïté sexuelle, avec un parfum d'inceste particulièrement tabou. La vengeance de Maria progresse lentement mais sûrement avec plusieurs mises à mort. Une jalousie et un amour bafoué trouvent leur début. le scénariste parvient également à intégrer une scène de fête au cours de laquelle les forbans fortunés singent les bonnes manières de la haute société avec un résultat pour le moins en demi-teinte.

Deuxième chapitre de cette histoire de pirates : la narration visuelle s'avère fournie, détaillée, spectaculaire quand le besoin s'en fait sentir, très agréable à l'oeil, avec une mise en couleurs naturaliste sophistiquée très bien adaptée. le scénario manipule les conventions de genre attendues comme les pirates patibulaires, les actes de violence, une saoulerie, l'absence d'honneur chez les malfrats, et des passions qui couvent et qui éclatent. Dès qu'il retrouve les trois personnages principaux, le lecteur fait le constat qu'il est accro et il ne boude pas son plaisir.
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Avec ce deuxième tome, Dufaux et Jérémy poursuivent la chronique des aventuriers coincés sur l'île de Puerto blanco. Les auteurs nous avaient en effet prévenus dans la préface du tome 1 : ce qui les intéresse, c'est la vie des flibustiers sur la terre ferme. Dans cette aventure, c'est clair : pas de bateau pirate, pas de souffle maritime.
Du coup, nous voilà débarqués en compagnie des trois héros dont le destin sur ce lieu corrompu a bien évolué en trois ans.
Maria s'est mariée avec le marchand d'esclaves, élevant ainsi sa condition. Emilio s'est intimement rapproché de Flynn qui lui apprend à manier l'épée. Quant à Raffy, le fils du sanguinaire pirate Black dog, il s'est remis de ses blessures et rêve de se venger de la belle Maria.

J'ai aimé le développement des personnages, les situations inattendues, les destins croisés. On assiste ainsi, tour à tour, à l'arrivée de nouvelles figures, à un duel à l'épée, à la naissance d'un grand amour et à la promesse d'une vengeance à venir.
Le récit gagne en puissance, chacun des protagonistes a une histoire intéressante. Les cicatrices guérissent pour certains tandis qu'elles suppurent pour d'autres.
Côté graphisme, j'ai trouvé le trait élégant, les personnages sont expressifs et les décors travaillés.

Un presque sans-faute – quelques longueurs dans le scénario toutefois - qui m'a donné envie de lire la suite.
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Vraiment, je l'aime cette série... ce deuxième tome m'a encore une fois bien plu. Je me mords les doigts de ne pas avoir le troisième tome sous la main !!!! D'autant plu que les auteurs nous laisse sur une soif de vengeance... qui augure très bien pour la suite !
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De nouveaux personnages viennent enrichir un casting déjà fort diversifié pour ce second tome qui se déroule trois ans après les dernières cases du tome précédent.
Les trois personnages principaux mènent des vies bien différentes et leurs ambitions sont parfois encore un peu troubles.
Je me réjouis de lire la suite et découvrir la suite de l'histoire même si je regrette que les scènes se succèdent de façon un peu trop abrupte et que les dénouements des situations soient aussi rapides et expédiés. Certains personnages sont à peine esquissés que déjà ils sont loin...
La vie fut belle parfois...
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J'avais bien aimé le premier tome de Barracuda, une BD vraiment prometteuse que je ne doutais pas d'apprécier car j'apprécie tout ce qui a attrait à la piraterie, j'adore les complots, les intrigues, quand il y a de la violence, de la romance et une partie historique... En bref, vous l'aurez compris, cette bande dessinée était faite pour moi.



Les trois protagonistes principaux ont gagné en maturité, se sont vraiment adaptés à cet univers difficile et sombre, ont tout fait pour survivre. Maria est devenue une personne forte, dominante et influente. Raffy a sombré en 3 ans mais il va revenir vers la lumière par amour. Emilio a trouvé l'amour et sa voie en tant que femme. Leur chemin se croise. Raffy et Maria tombent amoureux l'un de l'autre (un peu trop vite à mon goût mais ils sont tellement magnifiques tous les deux). J'ai également été très surprise de la relation entre Flynn et Emilio mais cela est fait pour resserrer les liens entre les personnages. D'autres personnages se démarquent comme Morkam, le pirate défiguré qui est vraiment tordu et la Gouverneure de l'île encore bien mystérieuse dont je ne sais trop quoi en penser pour l'instant. J'ai aussi été très triste de la mort d'un personnage important qui n'avait, selon moi, pas pu nous montrer tout son potentiel; une mort qui arrive bien trop tôt, surtout au bout de seulement deux tomes mais dans ce genre de BD, je pense m'attendre à voir autant de personnages principaux que de secondaires ou moindre mourir purement et simplement.

J'ai noté la grande évolution des personnages, l'histoire gagne en intensité et donc en intérêt, on retrouve bien ce qui fait le charme de la série: scènes violentes, scènes de nu, romances, complots...

Des planches absolument divines; des couleurs chatoyantes mêlées à des couleurs plus sombres; une qualité de dessin impressionnante avec des détails si minutieux que ça donne un côté très réaliste à l'histoire.

Je lirais la suite sans aucun doute avec grand plaisir même car cette BD tient toutes ses promesses.
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Au regard du potentiel du premier tome, celui ci m'a légèrement déçu en cela qu'il n'apporte rien de surprenant. Les situations et événements paraissent pratiquement convenus, sans surprise, sans saveur, sans originalité. Les destins des personnages principaux ont déjà étét traités de la même manière, ainsi que les thèmes abordés: l'homosexualité, la vengeance, la haine qui se change en amour. Il m'apparaît de plus en plus évident que Jean Dufaux souhaite nous emmener autre part que dans une simple histoire de pirates. Car même si de pirates il est question, le genre ici semble ne servir que de décor à une histoire plus intime. Si tel est le postulat de départ, je ne peux qu'apprécier mais c'est bien le traitement de ce propos qui pêche ici. J'ai vraiment eu le sentiment que ce tome nous emmener dans une direction différente de celle amorcée précédemment, et c'est déstabilisant.
Restent les graphismes toujours aussi superbes, qui à eux seuls, justifient la lecture de cette série.
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Où l'on découvre, à la faveur de l'arrivée du sombre Morkam, que le chevaleresque capitaine Flynn a un bien sombre passé dont il n'est pas très fier – et il y a de quoi. Tout bras d'honneur fait au manichéisme est toujours une bonne chose.
Personnage haut en couleur que ce Morkam d'ailleurs (bien qu'il soit tout de noir vêtu), avec sa gueule couturée : on comprend à la fois sa colère, mais on ne peut que haïr sa manière de détruire l'objet d'amour lorsqu'il réalise qu'il ne peut l'avoir. du coup, on est bien en peine de savoir qui mérite le plus de tuer l'autre lors du duel inexpiable qui va l'opposer à Flynn.
Bien vus, ces sous-titres en un seul mot, qui sont bien plus subtils qu'ils n'y paraissent car avec des sens à tiroirs, et ce sera également le cas dans le tome suivant. Ici, les cicatrices sont bel et bien celles, physiques, de Raffy et surtout de Morkam, mais aussi les cicatrices du passé qui resurgit dans toute sa brutalité.
Le duel Flynn - Morkam, acmé du récit, est malheureusement gâché par un choix très critiquable d'entrecouper les cases avec une autre action, ailleurs, qui n'a aucun lien avec cet affrontement, ce qui hache complètement la narration. de même, c'est quand même la troisième fois que Flynn passe trois pieds de fer à travers le corps de Morkam, et l'on se dit qu'à ce niveau-là, ce n'est plus de la chance pour l'un, mais de l'incompétence pour l'autre, ce qui reste quand même difficile à croire.
Peu crédible également, la scène où Raffy tombe fou d'amour pour Maria alors qu'un instant avant il s'apprêtait à lui coller une balle dans la tête. C'est un personnage excessif sans doute, mais ça ne justifie pas tout.
Intéressante par contre, la manière dont Maria ridiculise son abruti de mari esclavagiste dont on sent bien tout le malaise qu'il a à être traîné dans la haute-société où il se sent comme une carpe dans une assemblée de requins, lui si habitué à être du côté des prédateurs.
Visuellement, ça reste très beau, même si le découpage du duel reste sur l'estomac.
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Si vous aimez comme moi les histoires de pirates, il y a peu de chance que vous soyez passé à côté de la série « Barracuda ». Après un premier album très réussi posant le décor et introduisant les principaux protagonistes, Jean Dufaux et Jérémy Petiqueux reviennent sur l'île de Puerto Blanco où l'on retrouve après plusieurs années les trois adolescents vedettes du premier tome. La première, Maria, fille d'une noble espagnole et seule survivante de sa famille, a été achetée par un marchand d'esclave qui a choisi d'en faire son épouse. Emilio, capturé lui aussi lors de l'abordage, vit depuis travesti en fille et a été recueillis par Flynn, une figure importante de l'île de Puerto Blanco. Raffy, enfin, fils du redoutable Blackdog, se morfond d'avoir été abandonné par son capitaine et son équipage après avoir été blessé par la belle Maria. L'album s'ouvre sur une ellipse de trois ans qui pourra dans un premier temps déstabiliser (voir décevoir) le lecteur et qui nuit quelque peu au récit. Il aurait en effet été intéressant de voir les trois adolescents s'adapter à leur nouveau mode de vie, au lieu de quoi nous les retrouvons déjà bien aguerris, et pour certains dans des positions fort éloignées de celles dans lesquelles on les avait quitté. C'est le cas notamment de Maria qui n'a plus grand chose à voir avec la jeune femme battue et humiliée du premier tome (de même que son époux tient désormais plus du serviteur que du tortionnaire). La transformation est radicale et le fait de ne pas y avoir assisté porte d'une certaine façon préjudice à l'album dans le sens où elle nous apparaît comme peu cohérente.

On peut également ajouter à la liste des regrets la présence de rebondissements cousus de fil blanc parmi lesquels les relations amoureuses naissantes entre Maria et Raffy, ou encore entre Emilio et son sauveur. L'intrigue se focalisant sur le passé de Blackdog est heureusement plus intéressante et permet de se faire une meilleure idée de ce personnage décidément très énigmatique. La quête du diamant maudit est quant à elle clairement mise en suspend, même si l'auteur intègre tout de même une scène qui nous permet d'en apprendre davantage sur son origine. Si le scénario est un peu plus léger que dans le précédent album, ce n'est cependant pas le cas des graphismes qui sont, encore une fois, sublimes. Qu'il s'agisse des visages des personnages, de leur costume ou bien des décors, tout est représenté avec un soin remarquable et on serait ici bien en peine de trouver un domaine dans lequel l'artiste démérite. Les couleurs sont notamment bien choisies et participent pleinement au dépaysement du lecteur qui ne peut que se laisser emporter par cette débauche de lumière et de couleurs vives. le contrepoint apporté à toutes ces teintes par le personnage de Blackdog, toujours vêtu d'amples tenues noirs claquant aux vents, n'en est que plus réussi et participe à donner au pirate une aura de mystère et de danger qui convient tout à fait à l'ambiance. Seule petite déception là encore : ce second tome ne nous fournit presque aucun aperçu de l'océan ou de navires (ce qui, pour une série sur le thème de la piraterie, est tout de même un comble !)

Jean Dufaux et Jérémy Petiqueux nous livrent encore une fois un bel album qui séduit malgré tout davantage par sa forme que par son fonds en raison de certains choix scénaristiques peu judicieux (la mise entre parenthèse de la chasse au trésor, l'ellipse de départ, les relations amoureuses trop prévisibles entre les principaux protagonistes, et surtout l'absence de scènes maritimes). Reste à savoir quels aspects le troisième album choisira de privilégier.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Hissez haut, mais pas trop car on va rester sur la plancher des vaches et nous ne poserons pas notre jambe de bois sur le pont du Barracuda…

Bien campé sur la terre ferme, nous allons explorer plus en profondeur nos trois personnages principaux : Raffy, le fils de Blackdog le pirate, Emilio qui est toujours travestit en femme et la belle Maria.

Trois ans se sont écoulés et bien des choses ont changé. Maria a pris du galon, Raffy ronge son frein et Emilio va être le témoin du retour d'une sale gueule en la personne de Morkam qui vient demander des comptes à son mentor, Flynn.

Nous ne sommes pas sur l'océan, ni sur le pont du Barracuda, mais croyez-moi, sur la terre ferme, on peut naviguer en eaux troubles, on peut nager dans les complots, dans le mystère, surfer sur le suspense, plonger dans les vieux secrets, s'encanailler avec un roi et batifoler aussi, parce qu'il faut bien que le corps exulte.

Pas de temps mort, des personnages qui gagnent en profondeur, en maturité, qui changent, s'élevant ou touchant le fond avant de reprendre pied, un scénario toujours intéressant et des dessins qui nous emportent loin de notre canapé ou de la grisaille.

Évidemment, on retrouve aussi du classique (tout a été écrit, quasi) mais les vieilles recettes ont été bien cuisinées et malgré des vieilles ficelles usées jusqu'à la trame (les histoires d'amûr), les auteurs nous proposent des pistes nouvelles afin de ne pas stagner dans le marigot, ce qui serait dommage vu que la saga se présente de manière intéressante jusqu'à présent.

On pourra tiquer sur les histoires d'amour cousue de fil blanc mais en apprendre plus sur le passé de Blackdog nous fera oublier quelques roucoulades et roulades intimes. Pour ce qui est de la recherche du diamant, la quête est en stand-by. La suite au prochain épisode, peut-être ?

Les dessins sont toujours de belles factures, les décors sont grandeurs natures et donnent envie d'aller boire des mojitos sur les plage de Puerto Blanco, mais faudra éviter les sales gueules tout de même.

Bon, je n'ai pas encore mis la main sur la suite, mais j'espère tout de même que nous irons respirer les embruns de la mer car nous sommes tout de même dans une série consacrée aux pirates et sans navires, ça donne l'impression qu'il manque l'invité principal, un peu comme un western sans chevaux et sans cow-boys…

PS : 3 mois que cette fiche est prête à être publiée… Ou j'ai du retard ou j'ai eu une mauvaise organisation ! PTDR

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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