PREFACE
- Pourquoi, m'a dit un de mes amis, pourquoi n'écririez-vous pas un livre intelligent? J'aimerais vous voir donner à ceux qui vous lisent matière à penser.
- Est-ce possible? répliquai-je. J'en doute fort.
- Essayez toujours.
J'ai osé. Ceci est un livre intelligent. Comprenez-le bien : j'ai voulu contribuer à votre développement intellectuel. Dans ce livre, je dis tout sur l'Allemagne - du moins tout ce que j'y ai vu - et sur le "Mistère" de la Passion d'Ober-Ammergau.
J'effleure aussi d'autres sujets, sans toutefois m'y appesantir, car je veux avant tout éviter de vous écraser de ma science. C'est graduellement que je veux vous instruire. Quand vous aurez lu attentivement, quand vous aurez assimilé les idées que contiennent cet ouvrage, dites-le-moi - et j'y donnerai une suite. J'échouerais si, m'efforçant de réveiller votre cerveau engourdi, je vous inspirais le dégoût de l'esprit. Aussi, ai-je présenté mon sujet sous une forme légère, attrayante, apte à attirer et à retenir l'attention de l'enfant, de l'homme frivole. Instruisez-vous sans vous en rendre compte. Je ne veux pas qu'on s'aperçoive que mon livre est d'un niveau intellectuel et d'une valeur exceptionnels. Je désire seulement que mes lecteurs en retirent le bénéfice, sans le savoir. Instruisez-vous, exercez votre esprit, pensez, enfin - si vous le pouvez.
Peu m'importe l'opinion du lecteur. Je ne désire pas la connaître. Je veux même l'ignorer. Le sentiment du devoir accompli sera pour moi une récompense suffisante - si les pourcentages promis pas l'éditeur viennent s' ajouter.
Londres. En mars.