J ai l'impression de vendre mon âme. Et de trahir Mozart. Servir de «nègre» à Hans .. «Nègre»?C'est l'expression consacrée. Négritude. Servitude.
Nous sommes tous esclaves des mots .
Salzbourg fut le haut lieu de la vie culturelle des nazis et le symbole du «rayonnement du Reich» .
Aucun des musiciens et chefs d'orchestre mentionnés dans le journal d'Otto ne prit jamais la défense de la liberté d'expression ni ne prêta la moindre assistance à ses collègues persécutés.
Après la guerre , tous jouirent de l'admiration sans réserve des mélomanes du monde entier.
Aujourd'hui, Salzbourg demeure l'une des capitales de la musique et de l'art. Et le «Festspiel» continue d'avoir lieu, chaque été.
Étrange que les Allemands soient mélomanes. La musique est éternelle approximation .
J ai l'impression de vendre mon âme. Et de trahir Mozart. Servir de «nègre» à Hans .. «Nègre»?C'est l'expression consacrée. Négritude. Servitude.
Nous sommes tous esclaves des mots .
Je n'ai jamais aussi bien compris la musique que depuis que je n'en écoute plus . Depuis que j'en suis privée par la force des choses. Mais elle a d'autres moyens de se faire entendre . Pas besoin de gramophone. Ni de partition. Le génie musical, c'est le souffle qui traverse «la Flûte enchantée» avant même qu'elle n'émette un seul son. L 'attente qui précède l'entente . C'est le geste, l'attitude, l'émotion. Rien à voir avec les notes.
Je me souviens de mon premier jour. La maladie, passe encore. Mais se retrouver là, tout à coup, parmi ces moribonds. Au début, je les ai observés en spectateur, comme de loin. Encore aujourd’hui, j’évite leurs regards. Et puis, j’ai appris à ne plus faire attention à eux. Surtout ceux qui geignent, qui se plaignent. A respecter le règlement interne. Ou du moins, en donner l’impression. A être toujours poli avec le docteur Müller. A obéir aux infirmières, dont le ton despotique est si déplaisant. A soudoyer le fils du concierge avec des bonbons. J’ai pris le pli sans que personne ne me le dise. Sans explications. A l’instinct.
Lundi 25 septembre 1939
Freud est mort avant-hier. Euthanasie. Il avait un cancer de la bouche. Les cigares… Trois doses de morphine et tout était fini. Ça donne à réfléchir. Il a quitté l’Autriche in extremis, en 1938. J’y ai songé aussi.
Faire du festival un vulgaire outil de propagande, un amusement troupier, c’est un comble. Prendre Mozart en otage. L’avilir ainsi ? N’y a-t-il donc personne pour empêcher un tel outrage ?
Freud est mort hier. Euthanasie.
Étrange que les Allemands soient mélomanes. La musique est éternelle approximation.