Tel-Aviv, évacué,sous menace de guerre,
Saba, un grand-père qui lit Beckett et Joyce,
"Molloy" sous son bras il refuse de partir et résiste à Naor son petit fils et Yael la petite amie de ce dernier qui viennent le chercher,
Les voici coincés, tous les trois, dans une ville désertée où l'attaque a débuté.
"Nous évoluions comme dans un rêve.
Des panneaux publicitaires étaient restés allumés. Celui de la dernière Mazda fonçant à travers l'Arizona. Une promotion d'El al pour un vol direct Tel-Aviv-Colombo. Valable jusqu'à la fin du mois. Une pub de la Phénix, “la meilleure assurance vie”."
Un récit en deux temps,
L'épisode des trois, coincés dans un appart squatté de la ville évacuée est
racontée par Naor à sa mère durant un road movie à deux, à travers le pays, du Kibboutz Ein Harod à Tel-Aviv, un voyage symbolique dont l'issu ne sera connu qu'à la fin.....
Récit aéré de panneaux routiers , symbols d'un pays pas comme les autres....
Vous pensez sûrement à un récit apocalyptique, qui donne mal au coeur, mais
c'est sans compter sur l'humour caustique de Jerusalmy, qui nous déroule les quatre cent coups que font les trois compères afin de survivre, self service à volonté,dans un Tel-Aviv hors des circuits touristiques.....Naor, étudiant en cinéma les filme avec les moyens de bord, son smartphone. Au bout d'un moment tout les repères changent puis disparaissent, ne compte plus que l'instant que l'on vit, et le récit devient de plus en plus loufoque, jusqu'à.......
Une métaphore générale de la vie en Israel,-"Tel-Aviv est faite pour le présent. Exclusivement. le lendemain y a toujours été incertain......N'était-ce pas pour cela que nous avions refusé d'évacuer ? Ne pas nous laisser catapulter vers l'avenir."-,
Agrémentée,de réflexions politiques,-"Il a dit que ça ne faisait de mal à personne de se prendre un coup de pied aux fesses de temps à autre. Et que nous, les Israéliens, en avions fort besoin. Parce que nous nous étions enlisés dans un statu quo. Non pas seulement avec les Palestiniens. Ce qui était certes regrettable. Mais aussi et surtout avec nous-mêmes. Ce qui était bien pire."-
Un court récit intéressant qui porte le lourd héritage d'Israel dans une prose légère, avec un zeste d'humour qui relève le tragique.
Merci Mollymoon.
Commenter  J’apprécie         630
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans cette intrigue à double temporalité. Mais le récit s'installe progressivement et l'intérêt de même. Il s'agit d'une guerre inventée où la ville de Tel Aviv subit des bombardement et doit être évacuée. On suit le parcours de quelques personnages d'une part qui reviennent vers la ville où l'etat d'urgence vient d'être levé et une autre partie de l'action se situe sous les bombes dans les rues déserte de la capitale. le lecteur est pris dans cette ambiance surréaliste où la tension se ressent partout. Comme il est dit à un moment, tout peut basculer d'un moment à l'autre. La mort peut survenir à chaque instant. Ce recit, bien qu'écrit en 2017, est véritablement prémonitoire de ce qui se passe actuellement. L'insécurité individuelle et collective semble inscrite dans cette terre où la paix paraît à jamais illusoire.
Commenter  J’apprécie         270
Sur la route qui les mène à Tel-Aviv, un jeune homme raconte à sa mère comment avec son grand-père et son amoureuse, ils ont (sur)vécu pendant plusieurs semaines dans la ville vidée de tous ses habitants par un ordre d'évacuation générale.
Alors qu'ils s'apprêtaient à partir se réfugier dans le kibboutz où vit sa fille, le vieil homme a décidé de désobéir aux autorités en refusant de quitter la ville menacée par les tirs de missiles palestiniens. S'il s'agit de faire acte de résistance, pour lui c'est aussi une façon de lâcher prise en acceptant de se préparer à mourir. Très prudent au début, le trio s'enhardit et décide peu à peu de faire abstraction de ce qui se passe, comme si la guerre n'existait pas, comme pour faire la nique à la mort. Ils se grisent de cette nouvelle liberté jusqu'à ce que la réalité les rattrape...
Avec beaucoup de simplicité et sans pathos superflu, Noaour relate les faits. C'est la voix de sa mère avec ses rares et très brèves interventions qui apporte discrètement la note sensible pour nous faire comprendre en douceur comment les choses ont tournées.
Le récit est ponctué par les dessins des panneaux routiers que le fils et sa mère rencontrent sur leur trajet (on peut suivre l'itinéraire sur une carte ajoutée en index). Le procédé est intéressant à plusieurs titres. Dans un premier temps ces panneaux apportent un côté original et très ludique qui donne du dynamisme au récit. Mais après avoir refermé le livre on peut les envisager de façon plus sombre, un peu comme représentant les stations d'une via dolorosa menant à un sépulcre.
L'auteur manifestement sous le charme de la "ville blanche " , précise en fin d'ouvrage qu'il a écrit son roman à la terrasse d'un café situé près d'une des avenues les plus bruyantes de Tel-Aviv. Pour avoir imaginé sa ville déserte et silencieuse, en aurait-il parfois marre de l'agitation, de la musique tonitruante qui y résonne sans cesse et que certains considèrent comme une véritable pollution ?
Commenter  J’apprécie         167
Un roman atypique.
Une bulle grise et bleu turquoise, une senteur d'iode et de sucre, un fracas silencieux.
Tout en paradoxes, fourmillant de vie et de mort.
Et ce texte ! concis, percutant, plein.
Une très belle découverte !
Commenter  J’apprécie         41