Nous sommes dans les années cinquante, dans le sud des Etats-Unis. Et, Caddy, blanc pauvre, qui vit loin de tout est rejoint par la civilisation. Il a pêché un gros poisson, un cadavre noir. Et à partir de là, il va déchaîner une énorme tempête car si il n'écoutait pas sa conscience et n'avertissait pas le maire, si le révérend ne voulait pas lui donner une sépulture décente, si le ku klux klan n'était pas en colère car il doit lutter contre les nègres et les communistes, tout en devant modifier ses statuts car des gens du nord s'installent et ne comprennent rien à leurs problèmes. Bref avec quelques bonnes volontés, un groupe qui fait régner le terreur et la suspicion. Tout ne va pas pour le mieux dans le delta du Mississippi... Une histoire en deux parties, je vous quitte et j'y retourne.
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Les nègres et les Rouges ! Un vrai cauchemar ! Tu te rends compte, s'ils arrivaient à s'entendre sur un truc pareil ? Jusqu'à présent, on a réussi à déjouer leurs combines, leurs manifestations et toutes ces conneries en les montant les uns contre les autres... ils ne peuvent pas s'encadrer, et il faut que ça dure. Les nègres se méfient des Rouges parce qu'ils refusent de croire au bon Dieu, tu entends ça ? Quant aux Rouges, ils en veulent aux nègres de ne pas vouloir entrer dans leurs manigances...
Il y eut un long silence, traversé par les chants irréels des oiseaux. Aucun des deux hommes n'osait regarder le corps, dont la présence emplissait pourtant toute la clairière. Hank s'était mis à rouler une cigarette. Il dut s'y reprendre à plusieurs fois avant d'y parvenir.
Les arbres du Sud portent un étrange fruit,
Du sang sur les feuilles, du sang aux racines,
Un corps noir se balançant dans la brise du Sud,
Etrange fruit pendant aux peupliers.
Abel Meeropol, Strange fruit.
Chanson de Lewis Allen, interprétée par Billie Holiday.
Comme il s'y attendait, le cadavre était là, à une dizaine de mètres à peine. Les alligators n'avaient pas eu la bonne idée de le dépecer et de répandre ses os par le fond.
Les flots torturés par la tempête n'avaient pas eu non plus la pudeur de l'emporter au loin. Ils l'avait souillé de vase, de feuilles et de débris de toute sorte, puis l'avait déposé sur la berge, face contre terre.