Son père décédé, le Bouncer est devenu le nouveau gardien de la Terre Sacrée. le videur métis de l'Infierno saloon doit maintenant prouver au chef des Apaches qu'il est digne de cette mission en combattant le meilleur guerrier de la tribu de Toro Negro. le territoire sacré des indiens étant convoité par le capitaine Callagher et sa bande de mercenaires, sa tâche s'annonce aussi périlleuse que ce combat au couteau. Tandis qu'une nouvelle institutrice apporte également son lot d'ennuis à Barro-city, c'est la mystérieuse « Veuve noire » qui semble tirer les ficelles des événements qui sèment la terreur dans la région.
Après un triptyque et un diptyque, le Bouncer est de retour ! Fruit peu recommandable de l'union entre une mère prostituée alcoolique et un père indien nommé White Elk, Bouncer van Dorman est né sous une mauvaise étoile. le corps mutilé de ce manchot reflète d'ailleurs admirablement son âme torturée par les épreuves. Après avoir survécu à une lutte fratricide et encaissé quelques mauvaises histoires d'amour, l'ex-bourreau de Barro-City reçoit maintenant un héritage dont il aurait pu se passer.
Alessandro Jodorowsky et
François Boucq continuent donc de nourrir leur western des malheurs qui viennent inlassablement percuter le destin du Bouncer au fil des tomes.
A mille lieues de ses délires fantastiques, le scénariste chilien
Alessandro Jodorowsky livre ici une intrigue somme toute relativement classique au sein d'un western pur et dur. En revanche, l'auteur se rattrape bien au niveau des personnages. Reléguant Blueberry et Durango au rang d'enfants de choeur, Jodorowsky livre non seulement des hommes d'une cruauté extrême et marqués physiquement par la dureté de leur environnement, mais également des femmes et des enfants qui sombrent dans la barbarie. L'Oscar de la plus belle crapule revient indéniablement à ce nouveau protagoniste répondant au nom de Axe-Head : une brute qui vit avec une hache plantée sur le somment de son crâne. Les cinq jeunes enfants (conçus avec des femmes différentes et évidemment non-consentantes) qui suivent dans son sillage, incarnent ces « belles » valeurs familiales qui faisaient la fierté d'un Wild West où sauvagerie, terreur et violence régnaient sans merci. Ce beau salopard de Callagher, officier de l'armée de l'Union, ainsi que Carolyn Harten, la mystérieuse et richissime veuve qui orne la couverture et dont on n'aperçoit jamais le visage, viennent admirablement compléter le casting de ce western boueux et sans compromis. Sans oublier, bien évidemment, la nouvelle institutrice qui, derrière son air de sainte nitouche, réserve quelques belles surprises et n'hésitera probablement pas à piétiner le coeur encore à vif de notre héros.
Si Jodorowsky est le chef d'orchestre qui dirige crapules, traîtres et tueurs de manière inéluctable vers leurs destins respectifs, c'est la virtuosité de
François Boucq qui offre aux personnages des faciès bruts et rugueux en parfaite symbiose avec la cruauté et la sauvagerie de cette tragédie qui s'amplifie au fil des pages. le dessin fouillé de l'auteur se prête à merveille à l'univers « Wild » du far west et aux tronches marquées par une vie ingrate. Mis en valeur par des cadrages magnifiques et des couleurs qui collent parfaitement à l'ambiance de cette terre sauvage, les décors invitent constamment au voyage. Dès les premières planches, le lecteur est plongé au sein des somptueux paysages du grand Ouest, passant inlassablement de l'atmosphère poussiéreuse de la ville aux plaines arides et à la chaleur des canyons.
Noir, violent et malsain à souhait, Bouncer est ce qui se fait de mieux dans le genre western pour le moment !
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