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sur 94 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je me suis lancé dans ce roman sur le seul nom de son auteure, Kij Johnson, dont j'avais beaucoup aimé "Un pont sur la brume", un petit bijou de fantastique rêveur.

Je ne connaissais pas les nouvelles de H.P. Lovecraft à la base de ce livre. Je dois préciser que ce n'est vraiment pas un de mes auteurs favoris... J'ai appris leur existence et leur importance dans la narration grâce à un entretien-bonus publié en guise de postface.

Je m'apprêtais à louer les grandes qualités d'inventivité de son autrice. Et je persiste dans cette très bonne impression, malgré cette découverte tardive. Je ne suis évidemment pas en mesure de "rendre à César" Lovecraft ce qui est de lui, mais c'est un bel univers, entre rêve et réalité, que celui imaginé par Kij Johnson.

La grande quantité de goules et autres monstres souterrains indescriptibles aurait dû me mettre la puce à l'oreille, mais je me suis seulement laissé emporter dans le sillage de Vellit Boe, par son énergie et son courage dans ses recherches sans cesse contrariées.

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Un bien étrange roman a paru chez les éditions le Bélial' en ce mois de mars 2018...

Oui, La Quête onirique de Vellitt Boe est d'abord un récit étrange et beau. Nous suivons l'aventure, au début charmante, de Vellitt Boe, enseignante cinquantenaire au Collège de femmes d'Ulthar, est réveillée en sursaut car l'une des pensionnaires, la meilleure même semble-t-il, a quitté l'institution en catimini pour suivre un « Rêveur ». Imaginez donc une professeure McGonagall réveillée en panique par Ginny Weasley parce que Hermione Granger a fugué pour rejoindre un puissant Moldu dont elle est amoureuse… Minerva ne s'en laisserait pas compter, eh bien Vellitt encore moins, d'autant que celle-ci a connu dans sa jeunesse des aventures ô combien trépidantes et aventureuses. Courir après la fugueuse est ainsi l'occasion de reprendre la route, de s'échapper d'un quotidien peut-être devenu banal et de retrouver l'onirisme des Contrées du rêve. Dans cette quête, tout semble à la fois logique et réaliste dans les descriptions, mais tout aussi bizarre et impossible quand des étrangetés surviennent, comme le fait que certaines distances des Contrées du rêve dépendent au fond du bon vouloir des dieux endormis et peuvent parfois s'étirer ou se rapprocher sans cohérence. La beauté du texte tient à la fois au contenu (des portes enchantées, des villes qui émergent de l'océan, ce chat qui suit constamment l'héroïne, etc.), à la forme (l'autrice aime s'appuyer sur les sensations de son héroïne, cela est visible dès l'incipit et son réveil progressif, comme un retour à la réalité, alors qu'elle s'éveille dans les Contrées du rêve) et à l'onirisme trouble qui rôde à chaque coin de forêt, de montagne ou de rivière.
Les sous-entendus sont particulièrement évidents pour ceux qui connaissent l'oeuvre de H. P. Lovecraft, mais ce n'est sûrement pas le cas pour tous. Donc, il faut bien préciser que ce roman est un hommage particulièrement référencé aux Contrées du rêve de ce maître du fantastique horrifique. Toutefois, c'est un hommage à double sens. En effet, d'un côté, tous les détails (en tout cas, à ce que je peux en cerner) des canons lovecraftiens sont respectés (les lieux, certains personnages et créatures, la puissance des dieux endormis), au point que la quête ressemble parfois à un méticuleux guide de voyage. D'un autre côté, Kij Johnson use de cet hommage pour glisser vers le pastiche astucieux en pointant l'un des grands travers de Locevraft : le sexisme. Là où celui-ci ne considérait que des hommes, société patriarcale oblige (et on peut faire les mêmes remarques pour le racisme d'époque), Kij Johnson propose une aventure où les personnages féminins ont le beau rôle : elles déclenchent l'intrigue, elles tentent des choses, elles résolvent leurs problèmes… au fond, elles se débrouillent seules. L'apparition voulue du héros lovecraftien, Randolph Carter, renvoit à sa propre Quête onirique de Kadath l'inconnue, mais c'est surtout l'occasion de placer un contrepoint bienvenu mais un brin machiste face à cette héroïne qui dépote au fur et à mesure qu'elle retrouve ses habitudes de jeune aventurière.
Enfin, il ne faut pas négliger l'aspect graphique et visuel de ce roman. En effet, les éditions le Bélial' ont opté pour un objet particulièrement décoré, histoire d'agrémenter le texte qui, au départ, n'est pas très long (une novella pour la terminologie anglo-saxonne). C'est Nicolas Fructus qui officie ici, non seulement à la couverture, où le symbole du roman est bien saisi et attire l'oeil, mais aussi et surtout dans les illustrations intérieures. Ainsi, c'est l'occasion d'avoir des visions parfois ensorcelantes, parfois cauchemardesques de certains lieux et personnages du roman, c'est à voir. Et si jamais vous le croisez en dédicace, il semble partant pour ajouter un visuel à votre exemplaire. Enfin, notez bien que le roman est agrémenté dans les rabais de début et de fin d'ouvrage d'une carte des Contrées du rêve tout à fait charmante, qui se révèle bien utile pour suivre le long périple de Vellitt Boe pour trouver la clé du monde de l'Éveil.

La Quête onirique de Vellitt Boe est donc un bien bel ouvrage recellant un récit charmant (c'est définitivement ce mot qui correspond le mieux). Lisez-le avant de rêver.
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Je remercie Babelio et les éditions le Bélial pour l'envoi de ce livre lors de la dernière Masse Critique des mauvais genres. Je fais partie de ces gens qui ne connaissent Lovecraft que par d'autres médias que ces oeuvres : jeux de société, jeux vidéo, l'anthologie La clé d'argent des contrées du rêve, film, série, etc. Je compte bien un jour lire Lovecraft, car son univers me plait beaucoup, mais je n'en ai juste pas encore eu l'occasion. Je savais en postulant pour ce livre qu'il s'agissait d'une réécriture de l'univers de Lovecraft (le titre donne un gros indice :p), mais plutôt dans la veine young adult et j'étais curieuse de voir comment l'auteure se réappropriait ce monde à part pour un public plus jeune.

Le livre-objet est très beau : la couverture étoilée et mystique rappelle différents éléments typiquement lovecraftiens. L'intérieur de cette couverture représente une carte du monde, sur laquelle on peut suivre l'itinéraire de la protagoniste. Il y a aussi pas mal d'illustrations noir et blanc, pleine page ou plus petites, réalisées par Nicolas Fructus, illustrateur de Lovecraft par excellence. Les 20 dernières pages de l'ouvrage sont consacrées à une interview de l'auteure très intéressante, qui éclairent certains points de la lecture.

Clarie Jurat est une jeune étudiante modèle à l'université des femmes d'Ulthar, jusqu'au jour où…elle rencontre un jeune homme du monde de l'éveil. Ils décident de fuir ensemble pour se rendre dans ce monde. le problème, c'est que Clarie est la fille d'un des mécènes de l'université, qui pourrait bien la faire fermer s'il se rend compte que sa fille est partie ! Sa professeure Vellitt Boe décide de partir à sa poursuite pour lui faire entendre raison. Arrivera-t-elle à la rattraper avant qu'elle passe les portes du monde de l'éveil?

L'univers de Lovecraft, du moins de ce que j'en connais, m'a semblé particulièrement bien représenté dans ce livre, que ce soit au niveau des paysages, des lieux ou encore du bestiaire et des coutumes. Il y a même une brève apparition du célèbre Rêveur Randolph Carter ! Je ne pense pas qu'il faille avoir lu Lovecraft pour apprécier ce récit. J'y ai pour ma part découvert un aspect que je ne connaissais pas : la place de la femme dans les Contrées du Rêve. En fait, elle n'en a pas vraiment ! La population est majoritairement masculine, les femmes souvent ne voyagent pas, ne sont pas éduquées, bref sont considérées comme des moins que rien. Si j'avais entendu parler du racisme présent dans l'oeuvre de l'auteur, cette part misogyne m'avait jusqu'à présent échappé.

Vellitt Boe est une dame déjà d'un certain âge, qui entreprend une incroyable quête, dont on doute de plus en plus de la réussite au fil des pages qui avancent. Elle a déjà beaucoup voyagé dans sa jeunesse, vécu mille aventures, visité des tas d'endroits. Elle connait déjà un peu la route à prendre, mais les Contrées du Rêve évoluent en continu, les distances ne sont jamais les mêmes, la faune n'est pas très amicale, les femmes ne sont pas toujours bien vues et donc acceptées et les dieux veulent pimenter sa quête en lui mettant des obstacles supplémentaires sur la route. Ce fut un véritable plaisir que de parcourir les chemins avec Vellitt, de trembler avec elle la nuit, de patienter lors de longues traversées ou encore de courir pour sauver sa peau.

Vellitt est accompagnée d'un chat depuis son départ d'Ulthar. Il a décidé de la suivre et c'est une présence bienvenue dans ce récit, à la fois réconfortante et rassurante, qui a souvent évité à Vellitt de sombrer dans la folie de la solitude, dans les endroits les plus sombres et les plus isolés.

Le monde de l'éveil est présenté comme un monde de rêve : on y vit en toute liberté, sans dieux pour jouer avec le destin. Qu'en est-il réellement? La fin de l'ouvrage est ouverte : que va-t-il se passer ensuite pour Clarie et Vellitt ? On ne peut que le supposer, c'est à la fois frustrant et très fort.

J'avais envie de finir cet avis sur une petite réflexion. Kij Johnson a gagné le prix World Fantasy Award pour cette novella. Ça me choque un peu qu'un auteur reçoive un prix pour un univers qu'il n'a pas créé et qui n'est pas le sien. N'est-ce pas une sorte de vol par rapport à l'auteur original? Quelle légitimité peut avoir un tel texte pour un prix littéraire, alors que rien de nouveau n'a vraiment été ajouté au monde de départ? Attention, j'ai bien aimé cette lecture, mais je ne pense pas qu'elle mérite un prix littéraire considérant le fait qu'il s'agit de l'univers d'un autre… Est-ce que je suis la seule que cela choque? :p

Une expérience de voyage hors du commun qui nous emmène visiter les Contrées du Rêve, ses merveilles…et ses horreurs ! Une protagoniste posée et réfléchie qui prend beaucoup de risques pour retrouver son élève disparue. Un très beau livre-objet, que j'ai aimé parcourir !
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Quand une autrice américaine décide de revisiter un des classiques de son enfance, cela donne La Quête Onirique de Vellit Boe, une réécriture La quête onorique de Kadath l'Inconnue avec cette fois une héroïne, une première pour moi dans l'univers si masculin de Lovecraft. Est-ce que j'ai aimé cette proposition ? Étrangement oui mais elle m'a aussi laissée perplexe parfois.


Lovecraft est un auteur très controversé, avec son gros vivier de fans et d'autres qui en font une lecture plus critique, Kij Johnson appartient aux deux comme elle le raconte dans l'interview qui clôt le livre. Elle a découvert l'auteur très tôt mais s'est aussi rendu compte de ses failles et notamment de son racisme un peu trop présent dans ses oeuvres. Devenue écrivaine, elle a donc eu envie de rendre hommage à cet auteur classique de son enfance dont elle a tout lu, mais en le dépoussiérant un peu. du coup, à la place d'un héros, nous avons une héroïne, et pour chaque action que ce dernier a commis, nous avons son inverse ici. Simple mais brillant !

Ce texte s'inscrit dans les récits des Contrées des rêves de Lovecraft. Pas de chance pour moi, ce sont des textes que je n'ai pas lus, je n'ai donc pas de point de comparaison. En revanche, j'ai lu certains autres de ses classiques grâce à Bragelonne, Mnémos et les adaptations mangas de Ki-Oon. Ainsi même sans saisir toutes les références - et c'est frustrant - j'ai tout de même pris plaisir à retrouver l'univers étrange et insaisissable de l'auteur où réalité et rêve se chevauchent et se confondent parfois.


Dans ce court texte de 200 pages, l'autrice nous emmène à travers les univers dans les pas d'une enseignantes qui part à la recherche d'une élève qui a fait une fugue amoureuse et qui pourrait soit le regretter soit avoir des ennuis. Ancienne arpenteuse des Contrées des rêves, elle se lance à sa poursuite. C'est de suite assez étrange, on a l'impression de naviguer entre les mondes et les dimensions, notre monde étant l'un de ceux-ci et celui dont vient Vellitt Boe et son élève un autre. Notre héroïne va donc côtoyer éléments réalistes et éléments forts étranges dans sa quête qui se révèle être également un voyage intérieur.

J'ai beaucoup aimé la plume bien imagée de l'autrice qui m'a fait retrouver certains sentiments perturbants de mes lectures de l'auteur, notamment dans le recueil le Molosse sorti il y a peu chez Ki-Oon où Lovecraft nous emmenait dans de drôles de temples et croiser de drôles de créatures de cauchemar. On retrouve la même sensation de glissement entre les voiles de ces mondes et la même crainte envers ses créatures fantasmées mais mythiques.

C'était plaisant de se mettre dans les pas de Vellitt pour qui j'ai eu tout du long l'image d'une femme de l'ère victorienne partant sur des routes de campagnes plus étranges les unes que les autres en allant à la poursuite de son élève, voire traversant les collines de la Conté de Tolkien. Il y a du Lewis Carroll et du Lyman Frank Baum dans ce texte et cette aventure, mais une grosse teinte de modernité. L'héroïne est une femme qui ose aller contre les conventions pour se lancer dans cette aventure. Elle est très ouverte d'esprit. Elle croise des gens aux genres et sexualités variés même si ce n'est pas le propos, ça montre juste la diversité proposé par l'autrice pour contrecarrer l'esprit étriqué de l'auteur d'origine.

Cependant au fil des pages, son entreprise s'est révélée un peu sans queue ni tête pour moi. Elle avançait faille que faille à travers les différents voiles et mondes se trouvant sur sa route. Elle y faisait quelques rencontres et retrouvailles. Elle parlait d'elle-même et de son passé, ainsi que des Contrées des rêves, de ses Anciens et divinités cruelles. Mais j'avais l'impression qu'elle n'atteindrait jamais son but et quand cela survient, j'ai trouvé ça assez brutal dans la mise en scène, comme si elle avait freiné brusquement pour stopper sa quête.

L'ensemble manque de développement à mon goût. C'est un format novella, en général j'aime cela, je n'ai rien contre les textes courts, mais n'ayant pas lu l'oeuvre d'origine, ni les autres récits de Lovecraft dans l'univers, j'ai eu le sentiment qu'elle survolait plein d'éléments qu'elle citait et qui devaient s'y trouver. J'ai été frustrée également que chacune des étapes du voyage de Vellitt ne prenne pas plus de pages. J'ai presque eu l'impression d'un catalogue ici...

J'ai donc été à la fois émerveillée par l'objet qu'est ce récit pour les lecteurs de Lovecraft et la prouesse de faire ainsi évoluer le récit d'origine à contre-courant tout en en gardant son essence avec cette étrangeté effrayante qu'on y trouve toujours. J'ai aimé la plume très onirique, justement, et visuelle également de l'autrice, mais j'ai vraiment eu un sentiment de trop peu. J'aurais aimé prolonger l'expérience, le voyage et la rencontre avec cette héroïne qui était une femme à la tête sur les épaules mais ouverte à l'étrange comme je les aime.
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"La quête onirique de Vellitt Boe" se présente comme un détournement d'une nouvelle de Lovecraft qui met enfin des personnages de femmes fortes là où le maître de Providence était un pur produit de son époque conservatrice.

L'histoire est donc celle de cette enseignante, dans les Contrées du rêve (lieu issue des rêves des hommes, qui a sa "propre" réalité), qui part à la recherche d'une de ses étudiantes qui a eût la bonne idée de suivre un bellâtre dans le monde de l'éveil (notre monde).

Sur ce postulat, l'auteur va jouer avec l'univers phallocrate de Lovecraft pour en présenter une version plus vivante et agréable: l'image du rêveur macho, maître de son royaume qui n'arrive pas à comprendre que notre héroïne n'attends plus après lui depuis longtemps ^^... etc

Son périple va revisiter des lieux connus des contrées du rêves, des personnages connus et nous faire vivre une chouette aventure! du rêves, de l'action, des intrigues...

Par contre, soucis de ces clins d'oeils, si on ne connait pas le cycle des "contrées du rêve" de Lovecraft, on risque de passer un peu à coté.

Voilà sûrement le seul point qui m'empêche de recommander absolument ce roman qui décape "l'original" sans méchanceté ^^
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Un court roman qui s'interroge sur la place des femmes dans l'oeuvre de Lovecraft, et les sentiments contradictoires (admiration de l'écrivain / répulsion des idées de l'homme) que peut susciter la lecture de ce même auteur.
J'ai beaucoup aimé le style de Kij Johnson, simple et fluide, collant parfaitement à cette aventure que vit l'héroïne. Elle s'empare de ce sujet un peu casse-gueule très subtilement. En prime, une interview très intéressante de l'autrice en fin de bouquin, qui éclaire mieux encore la démarche. A lire si on aime Lovecraft et/ou s'interroge sur ces questions !
Lien : https://lesmotsdemahault.wor..
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Après avoir beaucoup apprécié la novella parue dans la collection Une Heure Lumière Un pont sur la brume de la même autrice, j'avais envie de découvrir plus avant la plume et l'univers de cette autrice assez confidentiel dans sa production, La quête onirique de Velitt Boe est le deuxième roman de l'autrice traduite en français.

Dans La quête onirique de Velitt Boe, nous rencontrons Velitt Boe, enseignante quinquagénaire au Collège pour femmes d'Ulthar. Au début du roman, Velitt apprend, en pleine nuit, la disparition d'une de ses meilleures élèves. Celle-ci se serait enfuie avec un « Rêveur » qui souhaiterai la faire passer dans son monde, c'est à dire le notre. Il ne faut pas longtemps à l'énergique enseignante pour décider d'agir. Surtout qu'elle se doute du chemin pris par les amoureux car il n'existe qu'un nombre limité de passages entre les deux mondes. Velitt est d'autant plus concerné par cette disparition qu'elle met en péril l'institution même où elle enseigne : l'éducation ouverte aux femmes étant une « nouveauté » plus ou moins bien accepté, il n'en faudrait pas plus à certains pour décréter la fermeture de l'école. Départ en toute discrétion et à pied, compagnie féline en prime, Velitt reprend la route comme des décennies plus tôt lorsqu'elle voyageait dans toute les contrées du rêve.
Cette quête qu'entreprend l'enseignante va être l'occasion pour le lecteur de découvrir cette contrée étrange où se mélange monde banale et phénomènes extraordinaires.
La quête onirique de Velitt Boe est une adaptation du texte La quête onirique de Kadath l'inconnue de H.P. Lovecraft. Les adaptations lovecraftiennes sont nombreuses ces dernières années : le maitre de l'épouvante étant particulièrement à la mode. le récit que propose Kij Johnson est à la fois une adaptation mais également une réinterprétation. Un récit intelligent qui prend à contre-pied l'oeuvre de Lovecraft en mettant des femmes indépendantes à l'honneur là où elles étaient complètement absentes. Bien que le texte soit accessibles aux néophytes, je pense que des connaissances des textes de Lovecraft sont tout de même nécessaires pour appréhender l'ensemble des références et clins d'oeil qui parsèment le récit. Personnellement, n'ayant pas lu le texte original mais ayant lu plusieurs textes de Lovecraft, j'ai réussi à comprendre certaines références mais clairement pas toutes.Encore une fois, Kij Johnson nous offre un roman avec un coté très onirique de circonstance qui se retranscrit dans son écriture : poétique et légère. Ce récit au féminin est un voyage qui permet à l'autrice de dresser par petites touches un portrait des relations homme / femmes de ce monde. L'éducation des femmes est tolérée, il n'y a pas de Rêveuses car « les femmes ne rêvent pas en grand » et Velitt se félicite même de n'avoir été violée qu'une fois lors de ces années de voyage. D'un autre coté, elle dessine le contours d'une héroïne forte mais accessible, élevée par son père alors que sa mère vogue sur les bateaux acceptant des femmes dans leurs équipages, qui à 20 ans décide d'arpenter seule les contrées du rêves et qui devient professeur dans la seule université qui accepte les femmes. C'est cet ensemble qui fait de ce récit une lecture agréable avec ce qu'il faut d'étrangeté pour attiser la curiosité du lecteurs.La quête onirique de Velitt Boe est une belle occasion de retrouver la plume de Kij Johnson après avoir lu Un pont sur la brume. C'est aussi un récit lovecraftien au féminin où réel et rêves se côtoient et se mélangent pour offrir un récit étrange et engagé. Une belle lecture au format court.
Lien : http://chutmamanlit.fr/2021/..
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Je me suis régalée avec ce roman et cette quête. Héroïne sympathique, pleine de ressource, et pas de toute première jeunesse, Vellit Boe ne manque pas de courage pour affronter de vieilles connaissances et tous les périls qui se dressent sur son chemin.

De l'humour, un peu d'action et de nombreuses descriptions de son monde. le récit est agréable à lire et assez captivant.
On pourrait s'attendre à un côté sombre, une atmosphère un peu dérangeante à la Lovecraft mais pas du tout, enfin si on omet les goules et les quelques créatures souterraines, bref à quelques détails près!

Le livre est illustré et ça me plaît de découvrir quelques dessins de temps en temps au cours de la lecture.

Un dénouement qui réserve des surprises, des réflexions intéressantes, j'ai beaucoup apprécié. Et puis, la transformation du gug m'a épatée. Au plaisir de recroiser Vellit Boe.
Lien : http://www.lelivroblog.fr/ar..
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J'ai été très décontenancée par le début du livre car je ne connaissait pas du tout la Contrées du Rêve de Lovecraft dont l'histoire s'inspire.
J'avais l'impression de ne pas avoir toutes les cartes en main pour comprendre l'univers.
Mais après un bon tier, je me suis laissée embarquée par la quête de Vellie et j'ai pris plaisir à la suivre dans ses aventures et j'ai vraiment apprécié ce roman.
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Un rêve tentaculaire

Le titre ne ment pas : plonger dans ce roman signifie s'immerger dans un rêve. Les paysages, les mots, les personnages, l'univers dépeint, les couleurs choisies, le thème, le mobilier, les habitations… L'auteure nous décrit chaque chose avec poésie ; un lyrisme certain parcourt cet ouvrage incroyable. Dès les premiers mots, le ton est donné. le caractère de Vellitt Boe impressionne, tout comme l'école de femmes présentée, ou l'atmosphère singulière qui se dégage des tenues victoriennes des dames sévères, prêtes à tout pour que ce monde d'hommes les considère enfin.

Les grands fans l'auront peut-être deviné. La quête onirique de Vellitt Boe est une réécriture d'un texte de Lovecraft, lui-même intitulé La quête onirique de Kadath l'inconnue. L'interview de l'auteure Kij Johnson, présente à la fin de cet ouvrage, nous explique ce choix étonnant. Fan des créations de Lovecraft, mais non du personnage apparemment raciste, ancré dans une époque où la condition féminine n'avait pas la même valeur qu'aujourd'hui, l'auteure a voulu rendre hommage à cet écrivain incroyable, tout en mettant en scène une femme dans le rôle du personnage principal, une chose que le papa de Cthulhu n'avait pas vraiment l'habitude de faire.

Kij Johnson réécrit l'histoire à sa manière, y incruste sa touche féminine avec goût, tout en mettant en scène le héros du texte dont elle entreprend la réécriture. Dans ce roman, l'univers de Lovecraft est touchant, beau, et poétique. L'auteure nous transmet sa vénération envers l'écrivain, dans un texte que l'auteur n'aurait certainement pas apprécié de son vivant, comme Kij Johnson le précise dans la même interview.

Une longue quête

Plus des trois quarts du roman consistent à nous décrire le long voyage qu'entreprend Vellitt Boe pour retrouver l'une de ses étudiantes. Tous les endroits qu'elle croise, tous les lieux où elle fait halte, toutes les rencontres qui s'invitent à elle, sont dépeints avec talent. Les images que les descriptions surprenantes de l'auteure impriment dans nos esprits s'avèrent de toute beauté.

Ces passages n'ennuient pas. Au contraire, ils nous transportent dans un univers insaisissable, nous entourent d'une atmosphère à la fois sombre et fantastique. Les paysages nous restent longtemps en tête après la lecture. Se plonger dans ce récit trouble inévitablement. Les mondes du rêve et du réel s'entremêlent à chaque instant.

Le roman souffre de quelques longueurs, notamment lorsque Vellitt s'entoure de goules, au sein de grottes noires et humides, accompagnée par d'autres créatures plus terribles encore. L'atmosphère perd de son côté merveilleux. La poésie s'essouffle un instant.

Une femme forte

Vellitt Boe se dévoile à travers les personnages qu'elle croise, mais surtout aux côtés de son ancien amant, le héros du texte de Lovecraft. Leurs différences et points communs mettent en évidence une personnalité forte, une volonté hors du commun, qui la mènera même de l'autre côté… Vellitt Boe est prête à tous les sacrifices pour sauver son élève.

L'étudiante disparue s'avère un tout autre genre de femme, aux ambitions divergentes. La lutte qu'elles se disputent semble sans fin. Les besoins de l'une ne représentent rien aux yeux de l'autre. Deux réalités s'opposent, deux mondes se répondent : celui du rêve versus celui de notre réalité, celui composé de dieux anciens contre celui construit sur la base de dieux plus récents.

Pour les fans

Les descriptions des lieux, des temples, des dieux, de la mythologie de l'univers, parleront davantage aux fans de Cthulhu qu'aux novices. Tous les noms étranges se multiplient, sans qu'aucun index ou aucune carte n'aide les lecteurs débutants à se retrouver. Après quelques chapitres, le lecteur peu connaisseur ne cherche plus à se situer dans l'espace. Il abandonne. Les noms propres perdent de leur sens. Seule la poésie compte, seule l'idée du voyage reste vivace.

Les conflits entre les dieux demeurent néanmoins compréhensibles, même si l'auteure n'explique pas le fondement de ces antagonismes ancestraux. La personnalité magique de Vellitt Boe, les descriptions poétiques, et un voyage prenant, permettent d'oublier le fait que l'univers nous dépasse. Et puis, finalement, nager dans le flou accentue l'idée du rêve, ce qui n'est en soi pas une si mauvaise chose, étant donné le thème de l'ouvrage.

Pas de fin

La fin déçoit par l'immense porte ouverte qu'elle laisse en suspens. L'intrigue principale n'est pas résolue. le voyage intérieur, le voyage initiatique de Vellitt Boe se termine de manière un peu trop abrupte. C'est dommage.

[Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : http://www.lavisqteam.fr/?p=52200

J'ai mis la note de : 14.5/20]
Lien : http://www.lavisqteam.fr/?p=..
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