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3,47

sur 946 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Excellent polar nordique tant pour l'intrigue, que pour l'ambiance et la construction.

Après un court séjour à Reykjavik, on accompagne Una à Skala, un hameau retiré peuplé d'une dizaine d'habitants, en mal de professeur pour les deux enfants du village. Les difficultés financières de la jeune femme constituent un argument essentiel pour qu'elle propose ses services. Arrivée sur place, des phénomènes étranges et une animosité progressive des locaux rendent la tâche plus compliquée que prévu. Puis survient le drame…

C'est le genre de thriller impossible à lâcher, que l'on dévore de chapitre en chapitre …allez, juste un de plus, pour se retrouver encore plongée dans l'intrigue au petit matin, où cela ne vaut pas le coup de laisser les dix dernière pages…

L'ambiance est sombre à souhait et aucun personnage n'est vraiment fiable. Il y a un moyen simple d'entrevoir la vérité, mais il faut y penser. Et les chapitres intermédiaires laissent vraiment dans le flou, tant il est complexe de les rattacher au récit en cours.


Une lecture très appréciée, dont je remercie Babelio et les éditions La Martinière.

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Quel bonheur de me lancer dans la lecture d'un genre et d'une origine que j'affectionne particulièrement : le polar nordique! Si vous me lisez un tant soit peu au travers de mes chroniques, vous n'êtes pas sans savoir que c'est tout un univers que j'adore, que ce soit le genre de la littérature noire mais plus spécifiquement quand il s'agit d'auteurs venant du Grand Nord.

Début de cette année est donc paru le nouveau thriller de l'islandais, Ragnar Jónasson, auteur qu'il ne faut plus présenter, tant son talent est bien reconnu en France et en Belgique. Aussi bien sa série avec l'enquêteur Ari Thór, que sa trilogie « La Dame de Reykjavik » ont connu un succès retentissant ces dernières années.

Ici, il quitte le monde policier à proprement parler en mettant en avant comme héroïne principale, une institutrice qui a besoin de trouver un sens à sa vie. Lorsqu'une amie l'informe d'une petite annonce pour un emploi loin de chez elle, elle va déménager de la capitale pour un coin perdu du nord-est du pays, Skálar, peuplé de seulement 10 villageois. L'accueil sera loin d'être chaleureux et les mystères rodent à chaque coin de rue de cette bourgade froide et hostile.

Comme vous avez pu vous en rendre compte en lisant l'un ou l'autre roman nordique, leurs auteurs ont un don particulier pour installer une ambiance glaçante (normal vu d'où ils viennent, me direz-vous) mais aussi très prenante.

En plus d'être un thriller plus que réussi, c'est un vrai roman d'ambiance. Toute l'atmosphère qui plane sur ce village, retiré de tout, vous enveloppe au fil des pages et vous envoûte aisément. A côté de cela, vous avez une petite touche de surnaturel qui hausse le niveau et qui vous glacera alors le sang.

Aucun défaut ne vient altérer la qualité de ce thriller. La construction est parfaitement maîtrisée pour une montée en puissance du récit. Au fil de l'intrigue, les chapitres se raccourcissent, occasionnant de la sorte un suspens grandissant. le final est tout simplement inattendu et totalement crédible par rapport à ce qui a été apporté durant le récit.

Voilà ma dernière lecture du mois de mars qui se termine en apothéose par, à nouveau un coup de coeur, après deux autres, très différents mais de grandes qualités chacun!!! Avec ce retour de l'hiver pour le mois d'avril, je vous conseille vivement ce thriller, en adéquation avec notre météo, aussi bien en France qu'en Belgique.

Le travail du traducteur, Jean-Christophe Salaün est à saluer, tant il apporte une lecture facile grâce à la fluidité des mots et retransmet parfaitement la substance du canevas de l'auteur.

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Comme il se doit, je remercie l'opération Masse Critique de Babelio et les Editions de la Martinière pour ce polar avalé comme une orangette. J'ai toujours aimé plaisanter sur la fabuleuse production de romans policiers islandais, dans un pays où le taux d'homicide est inférieur à deux par an. Mais peut-être est-ce parce que chaque meurtre fait autant de bruit chez eux que les maîtres du genre ont acquis leur stature.

Nous faisons donc la connaissance de la jeune Una, qui pour ses trente ans décide sur un coup de tête de quitter la capitale (qui, rappelons-le, concentre deux tiers de la population de l'île) pour un poste d'enseignante à l'exact opposé du pays, dans un village comptant en tout… Dix habitants, dont ses deux futures élèves. L'ambiance est absolument superbe et magnifiquement rendue. L'arrivée de la pauvre Una est géniale, tout comme son adaptation ardue aux conditions de vie locale.

Elle n'a pas l'habitude de la nuit profonde et noire de la campagne. Elle n'a pas l'habitude des vieilles demeures trop grandes pour ceux qui y habitent, avec leurs petites oasis de lumière bordées d'embrassures sombres, leurs bruits et leurs craquements inquiétants qui remplissent le silence. Elle ne connait pas les petites communautés rurales, anciennes, repliées sur elles-mêmes, à demi dans le présent et à demi dans le passé (pour le futur, on ne se fait guère d'illusions), avec leurs non-dits, et leurs choses qu'on ne dit qu'à demi-mots.

C'est donc avec une certaine jubilation que j'ai vu notre pauvre Una paniquer face à son reflet dans une vitre, mettre ses grands pieds dans tous les plats les uns après les autres, accumuler les gaffes et les excès de franchise, oublier que quand on vit à dix tout se sait, et que chaque bouteille d'alcool que vous buvez dans votre solitude est dument compté sur un tableau noir d'où rien ne s'efface.

Mais je me suis aussi rappelé, lors d'un voyage en Islande, le passage dans le cimetière d'un petit village sous la neige, et cet étrange sentiment quand parmi les tombes on en croisait une deux fois plus petites que les autres. Une croix ornée d'un nom suivi de quelques courtes années, parfois d'il y a plus de cent ans. La neige tombe, s'accumule sur les manteaux, sur les branches noires et nues des arbres. Car oui, il est question de meurtre, mais il est aussi question de petits fantômes en robes blanches…

Un agréable moment dans la solitude d'un petit village islandais.
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Avec ces fortes chaleurs, voici une lecture rafraîchissante pour vos soirs d'été. C'est notamment pour ça que lorsque que cette lecture commune m'a été proposée, je n'ai pas pu résister!

Il n'aura fallu que la découverte d'une petite annonce professionnelle recherchant un professeur dans un journal pour qu'Una décide de changer de vie. Sa destination? Skálar, un hameau reculé d'Islande où ne vivent que dix âmes très soudées. Alors qu'elle pense que son séjour sera tranquille et lui permettra de se recentrer sur sa vie, l'image de carte postale de Skálar va peu à peu s'effriter et des éléments inexpliqués vont commencer à se produire... Et si finalement ce séjour ne serait-il pas celui qui va lui faire perdre pied pour de bon?

Avec ce dernier polar, Ragnar Jónasson nous propose un roman à l'ambiance assez oppressante que l'on ne peut pas lâcher ! Lu pratiquement d'une traite, l'auteur nous entraîne dans un univers unique où la fiction a tendance à dépasser la réalité ce qui lui permet de nous concocter un final qui en surprendra plus d'un!

Je suis contente d'avoir pu découvrir Ragnar Jónasson lors de cette lecture commune et il me tarde de débuter sa série Dark Iceland car j'ai beaucoup aimé sa plume que j'ai trouvé captivante !
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Peu satisfaite de sa vie, Una préfère quitter Reykjavik pour aller enseigner à deux petites filles, au minuscule hameau de Skálar. Elle est accueillie chaleureusement par la mère d'une de ses élèves, Salka. En revanche, il lui est plus difficile d'approcher les autres habitants. La nuit, il lui arrive d'entendre une petite fille chanter. Rêve ou réalité ?

Loin de là, une jeune femme est accusée du meurtre de deux hommes. Enfermée dans l'obscurité, malmenée par les policiers, elle en vient à douter de son innocence.

L'intrigue serait classique si elle ne se déroulait pas dans un lieu étrange. Elle comporte un retour à la normale, une normalité déroutante. le roman est teinté de fantastique, sans aucun lien avec la trame. le hameau perdu au nord de l'Islande, les mystérieuses comptines qu'Una entend vous plongeront dans une atmosphère inhabituelle, comme si quelque part, aux confins du monde, des règles différentes s'appliquent.

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Un nouveau roman de Ragnar Jónasson, forcement je me suis précipitée dessus. Il faut dire que je l'avais précommandé plusieurs semaines avant sa sortie et je l'attendais donc avec impatience. D'autant que celui-ci ne fait pas partie d'une saga mais est un roman indépendant.

Nous sommes en 1985 et Una répond à une petite annonce dans le journal, qui cherche une institutrice pour un petit village complètement isolé au nord-est du pays. Elle débarque donc à Skalar, ou il n'y a que 10 habitants. Très vite elle doit apprivoiser cette nouvelle vie rude et difficile, coupée du monde ou la population lui est plutôt hostile.

J'ai vraiment adoré ce roman qui est très noir. On est loin des romans policiers à suspense, ici l'intrigue est très longue à se mettre en place et l'on aperçoit enfin un début d'intrigue après 190 pages sur 355. L'auteur prend le temps de décrire ses personnages mais surtout l'environnement, le village et ses secrets. Pourtant on ne s'ennuie pas une seule seconde et on savoure chaque page.

Quand enfin arrive l'intrigue policière, il est difficile de cerner s'il y a réellement matière à enquêter ou si Una a sombré dans la folie du a son isolement. On doute de plus en plus et il devient difficile de deviner le vrai du faux. Encore une fois, Ragnar Jónasson nous entraine sur des fausses pistes et ce n'est que dans les dernières pages que tout s'éclaire enfin.

J'ai vraiment adoré l'intrigue, le dépaysement au coeur de cette Islande sauvage et de ses habitants solitaires et secrets. J'ai dévoré ce nouveau roman et il me tarde d'être à l'année prochaine pour découvrir un nouveau roman de l'auteur. Mon Edition de ce roman contient le premier chapitre du prochain roman de l'auteur qui paraitra en anglais en 2022. Quelle torture de devoir attendre une nouvelle année.

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Nous sommes en 1985, en Islande....

Pour Una, cette offre d'emploi était providentielle. La jeune femme de trente ans, enseignante remplaçante, vivait de plus en plus difficilement à Reykjavik. Et voilà qu'on lui propose de partir un an enseigner à l'autre bout de l'Islande, à Skálar, dans un minuscule village au nord-est du pays, dans la péninsule de Langanes, endroit quasi désertique, balayé par les vents. le village, qui vit de la pêche, ne compte plus que dix habitants ; déménager va offrir à Una un nouveau départ, un défi, la possibilité de faire de nouvelles rencontres, dans un environnement exceptionnel.

Lorsqu'elle arrive à Skálar, Una fait la connaissance de Salka, écrivain, qui a passé l'annonce, et de ses deux seules élèves : Edda, la fille de Salka et Kolbrún, fillettes de 7 et 9 ans. Les habitants du village lui réservent un accueil plutôt froid et distant. Una ne sympathise qu'avec Salka, chez qui elle loge, et Thór, homme de son âge qui travaille dans une ferme.

Una s'habitude peu à peu à sa nouvelle vie à Skálar ; mais elle entend des voix dans son logement sous les combles, une sorte de berceuse chantée par une mystérieuse petite fille. S'agit-il d'hallucinations ? Qui est cet inconnu qui se présente un soir, et qui disparaît bientôt du village ? Et c'est le 22 décembre, alors que tout le village est assemblé dans l'église pour fêter Noël, que le malheur frappe. le village se replie sur lui-même, Una se sent de plus en plus exclue et rejetée - et devine qu'elle doit aller chercher une réponse dans le passé.

Dix âmes, pas plus, est un roman qui nous fait découvrir des paysages désolés, une nature sauvage, qui donne l'impression d'être très loin, hors du monde des vivants. Il serait bien illusoire de vouloir trouver refuge ou consolation dans ce lieu coupé du monde, on oublie les moyens de communication actuels, on imagine que la vie quotidienne est très vite difficile.

J'ai découvert pour la première fois la plume de Ragnar Jónasson grâce à Dix âmes, pas plus. J'ai beaucoup aimé ce roman et cette histoire qui se déroule dans un cadre géographique exceptionnel, où le vent se mêle avec la pluie et le froid, et où les ténèbres marquent les mois d'hiver. Una, dont le prénom signifie pourtant "celle qui est heureuse", est une jeune femme à laquelle on s'attache : solitaire, obsédée par le suicide de son père, craignant de succomber elle aussi à la dépression, honnête, elle cherche par tous les moyens à percer des secrets bien cachés.

L'atmosphère particulière et le style impeccable de ce thriller, m'ont donné envie de poursuivre ma découverte des romans de Ragnar Jónasson et de repartir rapidement pour l'Islande....




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"Skàlar, dix habitants. Recherche enseignant au bout du monde".
Après avoir lu cette petite annonce, Una, jeune institutrice, quitte Reykjavik pour enseigner dans le village le plus reculé d'Islande, situé sur la péninsule des Langanes. Lassée de vivre dans la capitale, elle voit cette opportunité comme une très bonne expérience. Elle ne sait pas ce qui l'attend à Skàlar, juste qu'un logement est aménagé chez un habitant et qu'elle s'occupera d'un tout petit groupe d'élèves de niveaux différents. Voilà une bonne façon de repartir à zéro, de vivre au plus près de la nature, face à l'océan, dans une petite communauté, en toute simplicité.

Après quelques semaines de préparatifs, la jeune femme charge sa voiture et prend la route. Destination l'inconnu.

Una a toujours vécu en ville. Lorsqu'elle arrive en soirée à Skàlar, elle est surprise par le calme qui règne. Elle est accueillie par la mère d'une de ses futures élèves et logera chez elle, à l'étage. Elle apprend par la même occasion qu'il n'y a que deux enfants dans le village. Deux filles. Lorsqu'elle commence la classe quelques jours plus tard, elle se rend compte que la tâche ne sera pas aussi facile. Si certains habitants sont souriants, aimables et accueillants, on sent vite une certaine méfiance et hostilité à son égard. Car, à Skàlar, on a pas l'habitude de voir arriver des étrangers. Les villageois se connaissent depuis toujours.

A Skàlar, c'est la nature à perte de vue. Il y fait froid. Mis à part le son du vent la nuit, c'est le silence total. On ressent vite un sentiment d'isolement et de solitude. Il n'y a rien autour à part l'immensité des paysages. Les nuits sont inquiétantes. Una entend des voix lorsqu'elle se trouve au lit. Sont-elles réelles ou non ? Ces voix chantent. Il s'agit d'une berceuse.
"Elle était seule dans sa chambre. Son coeur retrouva peu à peu un rythme normal. La berceuse lui remit un coup :
Douce nuit petite Thra,
Que tes rêves soient beaux.
Le frisson d'horreur qui la saisit alors était bel et bien réel."
"Dix âmes, pas plus" est un roman d'ambiance. Contrairement aux précédentes séries de "Ari Thor" et de "La dame de Reykjavik" qui étaient des intrigues policières, ce nouveau roman n'en ai pas un. Il s'agit d'un huis-clos emprunt de mystères. Au fil des pages, un sentiment malsain envahit le lecteur. Des secrets, des regards derrières les fenêtres, des messes basses, Una réalise rapidement qu'elle n'est pas la bienvenue. Que craint-on à Skàlar ? Que cache toute cette animosité ? Les habitants semblent vouloir éloigner tout étranger pour protéger quelque chose. On sent vite le mal-être de l'héroïne, on s'inquiète pour elle, et ces voix qui reviennent chaque nuit ne sont pas rassurantes.

Ce nouveau roman de Ragnar Jónasson est un coup de coeur absolu tant pour l'ambiance qui règne, que pour le décor et la qualité d'écriture. J'y ai retrouvé tout ce que j'avais aimé dans "Snjor", le premier livre de l'auteur. Une excellente lecture !
Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Connaissez-vous le village de Skalar ? Non ? Pas étonnant. Je pense que même les Islandais n'en ont jamais entendu parler. Situé à l'extrême nord-est du pays, il est coupé de tout. le bourg le plus proche est à une heure de voiture, dans la neige, le froid, l'obscurité.
Cela vous tente ? Non, pas vraiment, je suppose. Pourtant, Una va répondre à cette annonce insolite : « Recherche enseignant au bout du monde », car elle a cruellement besoin d'argent.
Elle n'imaginait pas aboutir carrément sur une autre planète, où tout lui paraît bizarre, où elle se sent surveillée et où de surprenants phénomènes ont lieu.
Bienvenue à Skalar !
L'Islande est un pays qui me fascine. Depuis mon fauteuil, entendons-nous. Je déteste le froid, l'hiver, l'obscurité. le manque de plantes et de couleurs me déprime. En revanche, j'adore ses auteurs : Arnaldur Indridason, Audur Ava Olafsdottir, Jon Kalman Stefansson. Donc, je pars à la découverte de Ragnar Jonasson.
En ouvrant le roman, on tombe d'abord sur la carte du pays, entièrement vide sinon deux toponymes : la capitale, Reykjavík, où notre héroïne, Una s'est acheté un petit appartement et Skalar, isolé, loin de tout, sur une presqu'île. On comprend pourquoi on le qualifie de « bout du monde ». Il faudra à Una entreprendre un long voyage qui l'entraîne peu à peu loin de toute civilisation, se termine par de petites routes à peine praticables, où sa vieille voiture menace de rendre l'âme, où elle a l'impression de se perdre dans le néant. Lorsqu'elle se sentira trop seule, Una téléphonera à sa seule amie, Sara, en insistant pour qu'elle vienne lui rendre visite. Sara hésite. Est-ce étonnant ?
En avant-propos, Ragnar Jonasson explique ses choix. Son histoire a lieu dans les années quatre-vingt (1985), dans cet endroit aujourd'hui abandonné. Rares sont les touristes qui s'aventurent jusque là, pour voir les ruines d'un camp américain datant de la Seconde Guerre mondiale.
L'auteur imagine donc la vie dans ce désert glacé. Les habitants vivent en autarcie. Pas question de tomber malade, de se distraire, de sortir. Si on ajoute à cela qu'on est observé, même épié par tous les villageois qui ont leurs racines ici et considèrent Una comme une étrangère, on se doute que la vie de la jeune femme ne sera pas facile. Évidemment, à cette époque, pas d'internet ni de téléphone portable. Pour communiquer avec Sara, Una doit attendre une absence de sa logeuse afin d'utiliser l'appareil de la maison sans avoir d'oreilles indiscrètes pour écouter sa conversation. Pour faire une recherche, elle doit demander le concours de Sara : consulter un article du journal ? Sara le découpera et l'enverra par la poste. La presse n'arrive qu'aléatoirement, quand on ne l'escamote pas tout simplement. Connaître un fait divers datant de 1927 ? Sara consulte les livres d'histoire de ses parents. Una a pensé à emporter son magnétoscope et quelques cassettes, mais sans écran ni télévision, comment les regarder ? Il ne lui reste que la bibliothèque de Salka, la femme qui l'héberge et le vin, dont elle use et abuse. Bien entendu, pour en acheter, elle dépend de la petite coopérative où l'alcool est gardé sous clef et où les moindres faits et gestes font le tour du village, comme une traînée de poudre, et sont commentés avec désapprobation. Ajoutez à cela les visions fugitives d'une fillette vêtue de blanc qui vient troubler vos nuits en vous chantant une étrange berceuse. Il y a de quoi déprimer ou pire, d'autant que la nuit tombe à treize heures, qu'il n'y a pas vraiment de jour, et, bien sûr, que l'obscurité est totale en l'absence d'éclairage public.
Salka a hérité de ses parents la maison qui appartenait à sa famille. Elle l'a rénovée et aménagé un appartement indépendant dans les combles. Elle omet, bien sûr, de préciser que c'est là qu'une enfant a trouvé la mort au début du siècle (le XXe).
Le récit s'ouvre sur la relation d'une nuit au cours de laquelle Una se réveille dans le noir intense et se blesse douloureusement en marchant pieds nus sur le verre de vin qu'elle avait imprudemment abandonné au bas du lit. On retrouvera cette scène plus tard dans le volume, où elle deviendra moins mystérieuse puisque le lecteur disposera alors de plus d'éléments pour la comprendre.
C'est Salka qui a insisté pour engager une institutrice. C'est curieux puisque, comme le révèle le titre, le village ne compte que « dix âmes, pas plus », dont seulement deux petites filles, Edda et Kolbrun qui seront ses uniques élèves.
Le village est dominé par l'armateur, Gudfinur, qu'on surnomme Guffi, et chez qui tous se réunissent dès qu'un événement important a lieu. Tous, sauf Una, bien entendu, ostracisée comme si elle ne venait pas du même pays, mais de quelque contrée exotique, ou même de Mars.
Certains habitants rêvent pourtant de partir, ou le prétendent, même si, on s'en doute, ils n'en feront rien. Inga et Kolbeinn se font bâtir une belle demeure. Où ? Quand sera-t-elle achevée ? Mystère.
Gunnar et Gudrun (qu'on appelle Gunni et Gunna) voyageront peut-être lorsque Gunnar prendra sa retraite de pêcheur. Mais on devine que ce n'est qu'une chimère. Ils s'estiment trop vieux pour la réaliser.
Le lecteur est très surpris de lire, de temps en temps, une ou deux pages écrites en italiques et disséminées ici et là dans le récit avec lequel elles n'ont absolument rien à voir.
Pourtant, peu à peu, les choses se décanteront, les énigmes s'expliqueront, les pièces du puzzle s'emboîteront parfaitement.
Rien de gratuit donc dans ce récit construit avec maestria par Ragnar Jonasson.
A un moment, Una, qui se pose beaucoup de questions, s'aperçoit qu'elle a négligé un indice très important. Il m'avait pourtant immédiatement sauté aux yeux. Il faudra attendre la fin de l'histoire pour le comprendre.
Ragnar Jonasson excelle dans la création d'une atmosphère, dans le croquis de ces habitants quasi fantomatiques aux coutumes déconcertantes, dans les relations entre eux et avec cette « étrangère ».
J'ai énormément aimé ce roman, le premier de l'auteur que je découvre, mais ce ne sera certainement pas le dernier.
Grand merci à Babelio et Masse critique, ainsi qu'aux éditions De La Martinière qui m'ont permis de vivre ce bon moment de lecture.
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Skálar petit village au bout du monde de dix habitants, pas un de plus, recherche un professeur.

Pour certaines personnes cela peut être un véritable enfer rien que d'y penser, pour d'autres c'est perçu plutôt comme une bonne aventure, ce reconnecter avec la nature, être dans une communauté ou tout le monde ce connaît... Voilà c'est bon pour Una ! Elle part pour ce minuscule village !
Mais voilà les choses ne vont pas ce passer comme elle le souhaitais.... Surtout lorsqu'une mort innatendue arrive ! Les suspects sont évidemment peut nombreux. ..

Avec Ragnar Jonasson, je suis sûre de passer un moment inoubliable, dans une ambiance froide à souhait ! Ce roman ne déroge pas !
L'écriture est fluide, les chapitres sont courts ce qui donne du rythme, il vraiment très peu probable de découvrir la vérité avant la fin, malgré un nombre restreint de protagonistes.

Des secrets, des mensonges, des cachotteries... Tout est là pour notre plus grand plaisir. C'est d'une main de maître que l'auteur nous fait frissonner, nous embarque dans son monde, et on en redemande !
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