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En ouvrant ce roman, je ne m'attendais pas à rester un seul instant au bord du chemin. Juste quelques lignes, je communiais déjà avec le monde rural et faisais connaissance avec les Fabrier, la famille qui exploite la ferme des Bertranges depuis quatre générations. Puis, à quelques encablures de là, accompagnée d'Alexandre l'aîné des enfants Fabrier, celui qui tout naturellement assurera la continuité, j'ai rencontré le vieux Crayssac, le rebelle des Bertranges, engagé dans les luttes paysannes. C'était avant de croiser Constanze la jeune allemande fascinée par les trésors d'une nature encore préservée, espace de liberté, et bien d'autres personnages qui façonnent ce roman par leur diversité, leur réalisme et parfois leurs contradictions. Tous sont concernés et participent , tous appartiennent à la nature humaine
Je ne ressens pas l'utilité de paraphraser plus ce beau roman qui dépeint avec justesse les bouleversements du monde rural, proie d'un système économique destructeur non maîtrisé.
« Nature humaine » se situe parmi les meilleurs romans de Serge Joncour.
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Roman qui permet de revivre les événements marquants dans le domaine de la politique, de la société, de l'écologie, des combats qui se sont produits durant les années 1970 à travers l'histoire d'une famille paysanne du Lot et, notamment, un personnage principal dont le destin professionnel est tracé à l'avance : Alexandre, comme la plupart des fils d'agriculteurs à ce moment-là, doit succéder à son père ; a-t-il les mêmes vues que ceux qui lui ont précédé, saura-t-il faire preuve d'originalité et d'innovation ?
Une histoire paysanne qui révèle les caractères, les intuitions, les convictions, les croyances de chacun des personnages sachant que, d'une génération à l'autre, les idées peuvent évoluer, changer voire se transformer nettement. Quel chemin suivra Alexandre qui vit aussi une histoire d'amour peu commune ?
Roman qui nous projette dans le monde de demain qui est celui d'aujourd'hui, bien réel, avec des interrogations sur les choix politiques, sociétaux...
Je recommande vivement.
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Serge Joncour est un écrivain que j'apprécie depuis UV en 2003. Sans cesse son écriture surprend et se renouvelle ! Depuis Chien Loup, il se tourne vers des récits du monde rural situés dans la campagne profonde du Sud-ouest.
Avec ce roman, il déploie trente années d'histoire française vécues dans une ferme du Lot.

A la veille du changement de siècle et en pleine tempête , Alexandre, exploitant agricole du Lot se remémore ces trente dernières années dans sa ferme , de 1976 à 1999 . Sa jeunesse insouciante, entourée de ses parents fermiers et de ses trois soeurs qui vont quitter la ferme pour la Ville tandis que lui, le gars, restera dans la propriété, parcours obligé. Pourtant les amis étudiants de sa soeur rencontrés à Toulouse le perturbent, lui transmettent des idées révolutionnaires anti-nucléaires et la belle Constanze, jeune allemande ne le laisse pas insensible.
Comment appréhender au sein de sa ferme l'évolution de l'agriculture, les enjeux économiques, la protection du territoire suite à un projet autoroutier, les catastrophes comme Tchernobyl et leur impact sur sa terre natale, sur les forêts, les pâtures. Quel est l'avenir de sa ferme ? Suivre l'économie productiviste ?

Serge Joncour nous présente un roman fluide ou pourtant de nombreux sujets de société sont abordés et traités délicatement, permettant au lecteur une réflexion sur ses choix de vie.
On perçoit l'attachement de l'auteur à ces terroirs reculés , il nous transmets avec précision la vie quotidienne de ses paysans des années 70, les odeurs et couleurs de cette campagne écrasée de chaleur en 1976 , la beauté des paysages , les cultures ancestrales comme le safran mais aussi la transformation des campagnes par le système productiviste qui endette ces producteurs.

Il mêle astucieusement tous les événements politiques du moment : l'espoir des jeunes avec l'arrivée de Mitterrand, la chute du mur de Berlin, Tchernobyl, la marée noire Érika…sans parler de la Modernisation du pays avec les supermarchés, les ronds-points, les autoroutes , le Minitel. La vie personnelle d'Alexandre sera impactee par tous ces événements et il sera tiraillé par son amour de sa terre et le progrès. Que faire ? Écouter le vieux Crayssac , paysan voisin réfractaire au progrès et ancien du Larzac ? Agrandir sa ferme pour suivre les grandes surfaces ? Ses doutes, ses regrets, ses élans , ses choix en font un personnage attachant .De résigne dans sa jeunesse, il prend conscience peu à peu de son métier et de son avenir privé de liberté et de bon sens traditionnel.
En revanche l'histoire d'amour avec Constanze m'a paru peu crédible, un peu trop romantique et naïve. le problème de l'isolement amoureux des jeunes agriculteurs est sensible et lourd à supporter mais la jeune fille me paraît trop caricaturale.

Serge Joncour reste un maître du suspens grâce à une construction habile : dès le premier chapitre, il tisse son intrigue , nous appâte et nous entraîne dans les pas d'Alexandre. Ainsi, le récit va alterner entre les descriptions historiques et sociales des campagnes isolées et la vie romanesque d'Alexandre, avec une grande délicatesse.
En se retournant sur ces années passées, on peut peut être choisir notre avenir !

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Son dernier livre, qui se passe dans le Lot comme "Chien loup" décrit tellement bien ce qu'il s'est passé ds nos campagnes les 40 dernières années...et dans nos vies. En parallèle, il y a une belle histoire d'amour contrarié. Ce livre c'est ma jeunesse et il m'a profondément touchée.
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Il arrive parfois que l'on croise la route d'un livre qui nous renvoie un drôle d'écho. Nature humaine vient de me faire cet effet en réveillant pas mal de souvenirs de jeunesse.

Dans ce roman, Serge Joncour retrace plus de 20 ans de notre histoire, de la grande sécheresse de 1976 à la tempête de 1999, à travers le parcours d'un fils d'agriculteurs. Les Fabrier tiennent une ferme dans le Lot. Petit à petit ils sentent que leur monde change irrémédiablement. Tandis que les supermarchés commencent à fleurir ça et là, on leur en demande toujours plus. Plus de production, plus de rendement, réinventer leur métier pour répondre à une demande sans cesse croissante. Les consommateurs veulent de la viande emballée sous vide, du steack haché prêt à consommer et bon marché. Outre-Manche on a trouvé la parade en nourrissant les bêtes avec de la farine animale, on sait où cela nous a mené…

Des dangers pour notre santé, Alexandre en a identifié un autre : le nucléaire. Avec sa petite amie Constanze et un groupe d'activistes antinucléaires il sera de tous les combats pour empêcher l'ouverture de la centrale de Golfech. le nucléaire est une électricité sûre, aucune raison de s'inquiéter. Tchernobyl nous l'a prouvé…

La modernité avec ces villes plus accueillantes que les campagnes, les axes routiers qui se déploient de façon anarchique à travers les paysages jusque-là préservés, cette nature que l'on maltraite, que l'on piétine et que l'on ne respecte plus, un quart de siècle à tout sacrifier au nom du progrès, ça fait réfléchir, indéniablement.

Alexandre traversera ces décennies en restant fidèle à sa terre même s'il doit renoncer à une certaine forme de liberté pour cela et plus encore à Constanze qui ne peut se satisfaire d'une vie si ancrée, si enracinée. Ses soeurs, libres de leurs mouvements choisiront les commodités de la ville tandis que lui reprendra l'exploitation familiale, un peu par choix, beaucoup par obligation.

D'élections présidentielles en événements climatiques, de progrès technologiques en catastrophes écologiques, Nature humaine convoque des faits majeurs du dernier quart du XXe siècle pour jalonner le parcours d'Alexandre qui n'aura de cesse de lutter pour maintenir son exploitation à flot. Si tous les Français ont été concernés par cette marche forcée vers le progrès qui n'en a pas toujours été un, les paysans et habitants des campagnes ont été les plus malmenés par cette course effrénée à la modernité qui a mené entre autre à la désertification des campagnes. Ce roman les couve d'un regard tendre et nostalgique mais ne ferme pas pour autant les yeux sur le rôle joué par le monde agricole contraint de céder aux sirènes de la surconsommation. Ce que nous avons fait de cette fin du XXe siècle relève de notre responsabilité collective, tout comme ce que nous ferons de la suite du XXIe siècle.

Avec Nature humaine, Serge Joncour remet les pendules à l'heure et le fait avec beaucoup d'intelligence.
Lien : https://www.lettres-et-carac..
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Fresque des années 80 à 2000 qui nous rappelle que nos combats écologiques ,anti nucléaire ,nos comportements face à l'agriculture n'ont pas avancés ,que les attentats étaient omniprésents sinon plus que maintenant,letout de la place d'un jeune paysan .Ecrit sans prétention d'une écriture simple et sans effet superflu,ce livre se lit comme un thriller avec avidité et gourmandise ,saupoudré de tendresse
.Très bon livre.
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S'il y a un domaine qui se porte bien dans le milieu de l'édition, c'est le cynisme. Cette distanciation mentale est bien plus prégnante que la sociale. Ce rien à foutre imbibe nombre de pages et fait le succès de nombreux auteur.e.s, Michel Houellebecq en tête.

Je n'ai rien contre.

Il est toutefois rafraîchissant de lire un écrivain qui s'en affranchit. Serge Joncour creuse son sillon obstinément, traçant une ligne inédite, synthétisant cette fameuse littérature de Brive (Michelet et son épatant Des grives au loup) et celle qui concoure aux prix littéraires et participe de cette rentrée livresque qui va nous happer jusqu'à fin octobre, jusqu'aux heureuses élues, distingués palmés.

Serge Joncour confirme ce nature-writing hexagonal, ce Gallmeister provincial, qui lui est propre et inimitable.

On suit les tourments et les joies d'Alexandre, seul fils d'une famille de paysans, promis à reprendre l'exploitation familiale. Les drames paysans n'ont pas manqué ces derniers temps pour nous rappeler le drame de nos campagnes, Joncour ne nie pas les difficultés.

Chroniquant, des années 1975 à 2000, une vie d'agriculteur, il souligne que cette profession a connu sa part de tectonique des plaques. de l'implantation des hypermarchés aux scandales sanitaires, sa pratique fut irrémédiablement chamboulée.

On assiste, à la lecture de Nature humaine, à ces décades charnières où un usage traditionnel bascule dans un productivisme mortifère. Il souligne également la fierté de ce métier, la joie qu'il peut procurer.

Entre les lignes, Serge Joncour, se fait le chantre d'une agriculture respectueuse, raisonnée sans virer au vieux con anti-progrès, verrouillé à son muret.

Au-delà, Joncour refait vivre toute une époque, de l'ultragauche versant dans la lutte armée, l'espoir fébrile du Mitterrandisme virginal à l'effarement terrifié devant le cataclysme de Tchernobyl.

Célébrant l'amour, l'espoir et la beauté invraisemblable de la nature quand on lui fout la paix, sans naïveté ni effets de manches, Serge Joncour affirme sa place à part dans la littérature française.

Éminente.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Après avoir eu la chance et le plaisir d'entendre Serge Joncour parler de son roman lors d'une rencontre en librairie, je me suis plongée dans Nature humaine. une première pour moi avec cet auteur. Nature humaine est un magnifique roman qui se déroule dans les causses, au coeur d'un cadre splendide mais fragile, dans une ferme isolée qui pendant presque 30 ans sera actrice et spectatrice de la transformation de l'agriculture, de l'arrivée des hypermarchés, du téléphone, des autoroutes, des centrales nucléaires. L'auteur interroge alors notre rapport à l'environnement au travers de quatre générations d'une famille d'agriculteurs qui se trouve bouleversée par ces changements.

L'écriture est à la fois simple et brûlante de justesse. Je me suis attachée aux personnages, à l'atmosphère. Il me tardait de retrouver Alexandre et la ferme des Bertranges. L'auteur retranscrit les émotions et les ambiances de manière telle que l'on s'identifie aisément aux personnages. J'ai réellement eu le sentiment de vivre avec eux, au point qu'il m'était un peu pénible de les quitter. Je n'avais qu'une hâte, les retrouver. Serge Joncour ne juge pas mais se fait le témoin d'une société qui a évolué à une vitesse grand V. Une société dans laquelle les ardeurs de la jeunesse et de l'activisme se sont lentement noyées. Un monde qui dès 1960, il y a de cela 60 ans déjà, annonçait les dérives potentielles de notre société de consommation et posait les bases de l'écologie. L'auteur retrace une époque qu'il a vécu, il nous délivre son ressenti, les événements sont bien documentés, il ne fait pas l'erreur de tomber dans l'excès ou le militantisme. Ingénieure agro, J'ai trouvé de nombreux passages qui m'ont beaucoup parlé, qui m'ont permis de connecter et de reconnecter de nombreux éléments de mes études et de mon enfance. Je n'étais pas encore née au moment de Tchernobyl ; la crise de la vache folle ou le bug de l'an 2000 m'évoquent des souvenirs, des souvenirs d'enfants pour qui toutes ces choses semblaient bien lointaine ; j'ai toujours connu le téléphone ; j'ai vu le passage du Minitel à Internet. Nature humaine est un roman qui nous permet de revenir sur plus de vingt ans d'histoire de la France et de la mondialisation, un roman sur le monde agricole, un roman sur l'écologie, un roman où s'opposent et se mêlent monde urbain et monde rural, sédentarité et goût du voyage, un roman plein d'amour et de désamour, un roman qui nous incite à renouer avec la nature. Je m'attendais à une fin haute en couleurs, ma lecture s'est terminée sur une note poétique et sensuelle. C'est le premier roman que je lis de Serge Joncour. Et ce ne sera certainement pas le dernier ! Je vous recommande chaudement cette lecture qui m'a beaucoup touchée, qui m'a beaucoup fait réfléchir et je finirai sur ce petit extrait qui trouve pleinement écho de nos jours : « rien n'affole plus les hommes que de se redécouvrir mortels ».
Lien : https://levonslencre.com/202..
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une très bonne surprise ce livre. Je suis entré à reculons sur l'histoire mais petit à petit je me suis laissé entraîner par celle-ci, et j'en suis sorti avec une sensation de plénitude par tous les aspects qu'elle aborde.
L'histoire parcourt trente ans de la société française au travers de la vie d'un jeune agriculteur, dans un coin reculé de la France. Elle nous montre l'évolution de la société française sur différentes dimensions. Et pour commencer celle de son rapport avec la nature et l'exploitation de celle-ci sur le plan agricole. le passage de l'agriculture familiale vers le productivisme et la globalisation, le recours à la technologie et les conséquences de celle-ci. La transformation de nos territoires avec l'extension des supermarchés et des centres commerciaux, la création des routes qui les servent et des autoroutes qui véhiculent les marchandises. Et l'impact sur les meilleures terres agricoles mais aussi sur la poussée vers d'exploitations agricoles plus grandes, plus productives.
Mais ce n'est que l'une des dimensions, car en fait l'auteur trace une analyse large de l'évolution de la société, de la percée de la modernité et le mouvement du rural vers l'urbain. Avec son cortège de changements et du changement qu'ils provoquent sur la nature.
Ce livre m'a poussé à me demander comment j'ai pu être aussi aveugle et ne pas voir ces changements avec toutes les conséquences qu'ils ont provoqué sur la nature. On parle du nucléaire, de la bétonisation, des pesticides, de l'élevage en batterie, de la déformation des paysages, etc, etc. Et aussi des catastrophes comme la vache folle, Tchernobyl, la tempête de 99, la sécheresse et j'en passe. Et quand on met tout ça bout à bout, et ben, on arrive à nos jours avec une terre qui va mal, où l'arrogance de l'homme nous fait craindre le pire.
Une histoire simple, une belle écriture, un thème profond. En résumé, un beau livre. Je l'ai beaucoup aimé et je pense qu'il m'a profondément marqué.
Je le recommande absolument.
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Me situant dans les âges de la fratrie que nous suivons dans ce roman, ils sont nés entre 1960 et 1970, j'ai pris un certain plaisir à me remémorer cette période.

A travers l'histoire d'une famille de paysans vivant dans une ferme du Lot, on traverse l'Histoire de la France depuis la canicule de 1976 jusqu'à la tempête de 1999. Grand-parents, parents et la fratrie de 3 soeurs et 1 frère, Alexandre, témoin privilégié du passage de ces presque 3 décennies. le début de la télévision généralisée dans presque tous les foyers, le téléphone gris à cadran puis à touches, le minitel, les centrales nucléaires, les autoroutes pratiques mais qui détruisent les terres et les habitats, le début d'une autre forme d'élevage... Une rétrospective de ces années là.

J'ai trouvé ce roman "tranquille", à l'opposé du page-turner. On le bouquine sereinement, rien ne presse, on prend son temps. Peut-être pour freiner justement ce temps qui passe trop vite et rester un peu plus longtemps dans cette fin du 20ème siècle. Ah ! Nostalgie, quand tu nous tiens... C'est bien écrit, mais comme je le disais, pas non plus le genre de livre où l'on se jette dessus dès qu'on a une minute et qu'on a dû mal à lâcher. J'aurais tout de même préféré que les personnages principaux soient plus fouillés, aient plus de relief. Sinon, c'est un bel hommage à la France du siècle dernier et une lecture agréable pour les nostalgiques (mais pas que) de cette période.
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Les événements du roman se déroulent entre 1976 et 1999

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