Une lecture coup de poing, un des romans les plus originaux lus dans ma longue vie de lecteur. C'est dire. Je ne reviendrai plus sur l'histoire en soi, qui est de toute façon difficile à raconter sans spoiler, mais je voudrais faire l'éloge de ce petit chef d'oeuvre.
En seulement 150 pages,
Thierry Jonquet a réussi à nous concocter un récit absolument vertigineux, que ce soit du point de vue des idées développées, des personnages imaginés, de la mise en place du récit, des nombreuses questions que le lecteur se pose sans cesse, du rythme soutenu, de la construction du roman en trois parties, soit la bête, le palais et la belle, déjà en soit tout un programme. Les personnages restent tout au long du roman mystérieux, ne serait-ce par leur désignation sans nom de famille (le Coupable, le vieux Léon, le Visiteur, la Vieille, le Gamin, l'Emmerdeur, etc.) sauf l'inspecteur, qui répond au nom de Gabelou!
Le roman est à trois voix, les pensées du vieux Léon, les enregistrements audio du Coupable, les réflexions de l'inspecteur Gabelou. Toute l'histoire et sa résolution sont enfermées dans ces trois voix dont l'auteur nous gratifie.
La plume de Jonquet est d'une acuité rare pour un tel exercice de style. Ces changements de perspective nous permettent de passer du rire aux larmes, tout en insufflant des passages de critique sociale des années 1980, mais qui pourraient très bien encore être valables aujourd'hui.
Un roman noir, oui mais pas que. Ce roman renferme bien plus de sujets. Rien que l'aspect pathologique du Coupable sort de l'ordinaire.
En fin de compte, si l'auteur se repose sur des contes célèbres pour enrober son récit, ce dernier s'avère en fait d'un réalisme cru, qui s'ouvre au lecteur progressivement vers la fin du roman, dont la lecture devient presque insoutenable au vu de l'évolution des choses (d'où la demi-étoile en moins).
Les dernières pages nous réservent deux twists, autre coup de massue de la part de l'auteur. Il y en a un que je n'ai pas vu venir. L'autre était plus facile à deviner, il y avait quelques indices évidents en seconde partie du roman.
Je ne connaissais pas bien Jonquet. J'avais lu
Mygale, mais cela remonte à longtemps. C'est en lisant sur Babelio une critique fort intéressante d'un livre fort…minable de
Puertolas que le titre
La Bête et la Belle était tombé, plein d'éloges. J'ai vraiment bien fait d'en tenir compte.
Un dernier conseil: lisez ce livre de
Thierry Jonquet, mais de grâce, ne spoilez pas.