Je suis passée à côté de
Gaëlle Josse toute ma vie, mais depuis que je tiens mon podcast, on m'en parle souvent, allez comprendre !
Ma bibliothécaire super fan, les blogueuses, des amies, chacune a un et surtout plusieurs livres de cette autrice à recommander.
J'ai lu "
Une femme en contre-jour" début novembre, et j'avais été ravie de découvrir une romancière et son "sujet", la photographe
Vivian Maier.
Dans "
Les heures silencieuses", son 1er roman, elle nous emmène aux Pays-Bas, 2nde moitié du 17ème siècle, et nous invite pour cela, à entrer dans un tableau, celui de la couverture : "Interior with a woman at the virginal", de Emmanuel de Witte".
Riche idée, beau départ pour une histoire, avec un style déjà bien "jossien", très doux et épuré !
L'histoire :
Dans ce tableau on voit une dame, nommée ici Magdalena van Beyeren, jouer de l'épinette, instrument de musique assez proche du clavecin.
Et l'idée originale de
Gaëlle Josse, c'est de la faire parler et de nous raconter cet instrument de musique, ses pensées, pourquoi elle a voulu que le peintre mette en valeur sa chambre au début de la journée, qui est la bonne au fond du tableau, qui est la personne cachée dans l'ombre du lit etc, et de nous raconter sa vie.
Et sa vie pour une femme du 17e siècle est plutôt riche ! À tous points de vue.
Son père était administrateur à la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, et c'est son mari qui a récupéré sa charge.
J'ai trouvé passionnant de comprendre comment les femmes vivaient à cette époque, et surtout celle-ci, qui avait beaucoup plus de facilités pour comprendre le commerce et l'administratif que la cuisine et la couture ! Ce qui rend l'histoire évidemment plus intéressante, car son père la laisse le suivre pour aller voir les navires, et la fait travailler avec lui à ses 15 ans.
On aborde dans le roman les relations entre les grands pays européens de l'époque, la traite des esclaves, l'arrivée des épices, les aliments à emporter à tout prix pour des longs voyages en bateau.
Mais aussi la sphère intime, avec les morts d'enfants en bas âge, le chagrin que cela causait aux mères, et même aux pères, ou encore la musique.
L'autrice a fait un vrai travail de recherche et nous le restitue de façon très fluide et très intéressante.
C'est un court roman très aéré de 130 pages, vite lu, mais qui apporte beaucoup.