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3,77

sur 295 notes
1881. Anna Alexandrovna, fille d'une famille aristocrate russe repart en train de Nice pour Moscou.
2012. Irina, jeune femme russe part de Moscou pour Nice en train. Elle va rejoindre son amoureux qu'elle a rencontré sur un site Internet.
Au cours du trajet, elles racontent leurs vies, leurs doutes.

Tout au long de ce court roman, j'ai cherché à découvrir quel lien pouvait bien relier les deux femmes. Gaëlle Josse a l'art et la manière de distiller les informations, de ménager une fin à laquelle on ne s'attendait pas tout à fait.
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Dans ce livre scandaleusement trop court, l'auteur saisit avec fourberie le lecteur aux tripes, sans préambule ni scrupules. Contrairement à certaines écritures aux semelles de plomb, celle de Gaëlle Josse infuse intégralement sous la peau de ses personnages, ils prennent vie sous nos yeux, gorgés de vie intérieure en quelques lignes. La main de l'auteur disparait au profit de ses personnages, dans une transfusion de sève parfaitement réussie.
Deux destins de femmes russes qui se superposent à un siècle d'écart, gonflés d ‘une nostalgie et d'une attente qui semblent traverser les temps, collant aux basques de l'espèce humaine, voire au-delà, du premier blues de l'amibe précambrienne jusqu'à celui de l'androïde recyclé. On ressent comme un fil de brume traversant tout le livre, une nappe mêlant spleen et désir, unifiant les existences de tous les personnages, et faisant sourdre d'obscures couches phréatiques entremêlées : carence d'amour maternel, espérances ardentes, nostalgies à vif, peur d'une réalité qui jamais ne coïnciderait avec nos besoins les plus profonds.
Aristocratie contre misère, disgrâce contre beauté, les hasards opiniâtres de la naissance séparent ces deux femmes, mais un même vague à l'âme les réunit, une même solitude extrême aussi, au moment de choix cruciaux. Des choix, qui, par ricochets, ravageront sur leur passage d'autres existences, transformant leur vie en destin.
Par moments, en contrepoint, le corps s'abandonne, il se coule dans le chaud, il cède au moelleux, dans une torpeur délicieuse où tout ce qui a jamais été bon se rejoint. Avec l'espérance avide que, demain, s'ouvre une appartenance à l'autre qui ne soit pas une fermeture mais un lieu de complet bien-être.
Si belle écriture, dosage parfait du raffinement de la langue et de légèreté du récit, dans un rythme élégant où le lecteur se sent acteur à part entière. On fait soi même les arrêts sur images pour déployer les scènes, les atmosphères, pulsées par le pouvoir d'évocation de l'auteur.
J'ai adoré ce livre (même s'il était cruel de le faire si court !).
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Plaisir de découvrir un nouvel auteur, plaisir d'une très belle écriture, plaisir d'avoir le temps de lire à la plage... J'ai vraiment beaucoup apprécié ce (trop) court roman , avec ses deux histoires en parallèle.
Je remercie vivement la librairie Teissier de Nîmes pour avoir pris le temps de me conseiller et me donner l'occasion de nouvelles découvertes. Avis aux nîmois et à tout lecteur de passage dans cette ville : poussez la porte de cette boutique et redécouvrez le plaisir de la lecture et les excellents conseils du libraire.
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Quelle force dans l'analyse de ces deux portraits de femmes...Deux époques, deux destins. Quelle justesse aussi dans l'écriture: j'ai été incapable de refermer ce roman avant la dernière page... Je ne me lasse pas de lire cette auteure, même si je garde en moi le doux bercement des "heures silencieuses"
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C'est un voyage en train, un huit clos entre Nice et Saint-Pétersbourg ou entre Moscou et Nice, deux destins s'entrecroisent, deux héroïnes que tout oppose vivent avec un siècle d'intervalle, Anna est une aristocrate riche et laide, Irina une serveuse dans un petit restaurant pauvre et belle, toutes les deux vivent des destins, des drames et vont prendre des décisions qui changeront leur vie, mais pourtant leurs histoires sont liées à jamais.

Deux portraits croisés de femmes dans un style simple, juste, il se dégage une poésie, ça été pour moi un enchantement.
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Installée confortablement dans le TGV qui me ramène chez moi, bercée par le bruit assourdi et régulier de la rame, enveloppée de nuit j'ouvre avec impatience "Noces de neige".

J'embarque aussitôt pour un autre voyage. de son écriture concise, limpide et très précise Gaëlle Josse me transporte dans d'autres espaces temps. Deux voyages en train sur une même ligne, à plus d'un siècle d'intervalle. Unité de lieu, unité de temps.

Au printemps 1881 Anna Alexandrovna, jeune aristocrate russe, rejoint Moscou après une villégiature de six mois à Nice avec sa famille. Elle me raconte son voyage, sa laideur, ses passions, ses secrets.
Ce récit alterne avec celui d'Irina que me raconte l'auteure. En 2012, cette jeune beauté russe vivant dans les banlieues défavorisées quitte sa vie à Moscou pour rejoindre à Nice Enzo, l'homme qu'elle n'a jamais vu mais avec qui elle échange sur internet.

Au fil des chapitres les histoires alternent, s'entremêlent. Même lieu, cocon feutré des cabines, deux histoires de solitudes, de passion. Même immobilité contrainte. J'imagine le sujet traité par Hopper, lumière froide, solitude, fenêtre, couleurs chaudes, tout y est. Je partage le temps qui s'écoule lentement, pensées multiples et brouillonnes, rêves mais doutes aussi. La vie semble suspendue. Je m'immisce au sein des espoirs, des désillusions, des secrets de famille, des drames.

Je pense à Tchekov.

Avec elles je regarde par la fenêtre les immenses forêts de bouleaux et je vois un tableau de Klimt. J'assiste voyeuriste aux bifurcations de vies de ces jeunes héroïnes russes. le hasard peut-être si bienveillant ou si cruel. Tout est soft, subtil et pourtant violence et passion heurtent de plein fouet Anna et Irina.

Je relirai Tchekov.

L'apparition surprise d'un nouveau personnage relie les deux récits, fait lien entre passé et présent. Cet homme donne de l'épaisseur, insère les deux vies dans L Histoire. Zoom arrière vision plus large, histoires de vie ballotées dans le grand monde.

Un très beau texte.

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Gaëlle JOSSE. Noces de neige.

Nice le 9 mars 1881, Anna Alexandrovna quitte Nice avec sa famille, des aristocrates, accompagnée par Mathilde Séguran, sa gouvernante française. Cinq jours de voyage dans les wagons de première classe d'un train luxueux. La famille vient de passer le dur hiver sur la riviera et regagne Saint-Pétersbourg. Anna désire retrouver son cheval, sa vie de riche héritière et celui qu'elle aime en secret, Dimitri, un jeune militaire noble.

Moscou, gare de Biélorussie, le 8 mars 2012, Irina monte dans le train et quitte Moscou destination Nice. Elle abandonne son pays, sa famille, ses amis. Depuis quelques mois, elle entretient une correspondance avec Enzo, un jeune niçois qui lui a proposé de l'épouser. Il lui a même envoyer de l'argent afin de participer aux frais annexes du voyage. Mais le prix du transport est relativement élevé et il faut au cours de ce déplacement se nourrir et Irina n'a pas les moyens de s'offrir le restaurant qui est à bord de ce train. Il faut encore quatre jours de voyage pour relier ces deux villes. Enzo sera-t-il sur le quai, à l'attendre ?Est-ce un piège ? Que va-t-il se passer au cours de ce long transport ?

Deux jeunes femmes, deux époques différentes, deux périples entre Moscou et Nice dans un sens et un Nice Moscou dans l'autre sens.un seul train : le « Riviera Express » a plus de cent trente ans de distance, avec toujours le luxe, un service réglé comme du papier à musique. Quel sera le destin de l'une en Russie, encore sous le joug impérial ?Que recherche donc Irina, elle n'a jamais vu son fiancé, hormis cette correspondance sur la toile ? Et surtout quel est le lien entre ces deux jeunes femmes ? Il nous faut patienter pour découvrir leur racines et l'élément qui les relie, alors que cent trente années les séparent !

Gaëlle JOSSE nous trace deux beaux portraits de jeunes femmes plus ou moins indépendantes, des battantes, résolues à faire face à leurs destinées. Mais des évènements vont contrarier les projets de l'une, infléchir le futur de l'autre. J'aime l'écriture de cette auteure. Les chapitres et les époques se succèdent sans accroc. le style est alerte. La psychologie de ces deux jeunes femmes fines et pertinente. Je vais poursuivre et j'enchaîne avec « Une longue patience » la connaissance de Gaëlle. Bonne lecture à tous.
( 18/09/2022).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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J'ai passé un agréable moment entre deux trains. L'un partant de France, vers la Russie fin 19è et l'autre allant de la Russie début 21ème. Les raisons et les histoires sont différentes et pourtant vont se croiser et se rejoindre sur des points forts. le roman est court, efficace, documenté sans être lourd, poétique sans être vaporeux. L'ensemble est très maîtrisé. Ce que j'ai aimé dans ce récit, c'est l'intrigue de chaque histoire de femme. La bourgeoise malgré elle aimant les chevaux qui va entendre ce qu'elle n'aurait jamais du entendre. La jeunette se prêtant au jeu des sites de rencontres flirtant avec l'arnaque du genre "jadopteuneminetterusse.com". Chaque destin va bifurquer, l'une vers l'irréparable, l'autre vers la rédemption, pour un coup du sort, un soupçon de hasard dans le destin, un choix corneilien à faire et il se trouve que l'on fait parfois le bon, parfois le mauvais.
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Gaëlle Josse, Noces de neige - 2013

«  Un fait qui paraît anodin peut se répercuter à l'infini, comme les ondes concentriques se propagent à la surface, bien après que la pierre jetée dans le lac a disparu. »

1881 - Anna, 16 ans, observe sa mère, la grande-duchesse Maria Petrovna Oulianova. Elle aimerait épouser Dimitri un ami de son frère qui lui a fait son premier compliment. Elle est laide. Elles rentrent en Russie.

2012 - de Moscou, Irina, 26 ans, s'en va à Nice faire la connaissance d'Enzo. Sergueï, le chef de bord, prend soin d'elle.

Deux voyages en train racontés en alternance. Deux temps, deux femmes, deux passions qui germent, se gonflent, éclatent à mesure que le train avance vers sa destination, le tout bien amené par l'auteure avec ses indices subtils et son habileté à faire progresser l'intrigue et la tension dramatique. Ce huis-clos changera la destinée des deux femmes. le dernier chapitre, dans la droite ligne de l'un des thèmes du roman, crée un lien, ténu peut-être, mais tout de même un lien entre les deux histoires et lui donne une résonance toute particulière. C'est ma deuxième lecture de Gaëlle Josse et je n'ai pas été déçue encore. L'écriture est belle et intérieure avec des mots qui portent.
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Quel plaisir de retrouver la plume de Gaëlle Josse

Me voilà embarquée pour une traversée de l'Europe, entre Côte d'Azur et Russie, la chaleur et le froid, deux époques, deux destins.....

Deux femmes : à la fin du 19ème siècle, Anna quitte Nice pour rejoindre Saint Pertersbourg avec toute sa famille d'aristocrates russes et sa dame de compagnie, Mathilde qu'elle n'aime pas car trop jolie à son goût et surtout par rapport à elle qui se sait disgracieuse.  Elle est heureuse dans ce train qui mettra 5 jours pour arriver à bon port car elle va retrouver celui qu'elle aime : Dimitri. Il n'a prononcé que quelques mots mais son coeur de jeune fille de 16 ans est chamboulé et elle ne doute pas. 

C'est étrange, nous sommes une même famille, mais personne n'est heureux en même temps. (p8)

Irina, elle, prend le train à Moscou en 2012 pour se rendre à Nice afin d'y rencontrer Enzo avec qui elle correspond depuis 6 mois grâce à un site de rencontres. Elle ne l'a jamais vu mais elle est convaincue qu'il est l'homme de sa vie, d'une nouvelle vie. Il a son âge, ils partagent beaucoup et malgré quelques petits mensonges de la part d'Irina, elle sent qu'un bonheur est possible après la douleur des derniers mois.

Bien sûr, ce n'est ici qu'un repos cahoteux, fragmenté, ce sont des miettes, des brisures de nuit, quelle attrape comme elle peut, jusqu'à ce qu'un bruit, une lumière, un train passant fracas en sens inverse l'arrachent à cette permission d'absence. 

C'est un espace où elle ne demeure pas seule, nombre de silhouettes viennent s'y faufiler, visages, lieux, souvenirs, comme amplifiés par des miroirs déformants de fête foraine, et ce soupir de soulagement incrédule lorsqu'elle réalise que ce n'était que des rêves, faits d'un bric-à-brac d'instants, agrégat de souvenirs incertains, concrétion de sensations imprécises et vaguement douloureuses. Une sorte de kaléidoscope coloré et mouvant, dans le quel une nouvelle rosace se forme à la plus infime rotation du tube métallique.(p55)

Mais les deux voyages à plus d'un siècle de distance vont réserver bien des surprises et se trouver liés..... 

Un fait qui parait anodin peut se répercuter à l'infini, comme les ondes concentriques se propagent à la surface, bien après que la pierre jetée dans le lac a disparu (p149)

Rebondissements, révélations de secrets de famille, Gaëlle Josse fait basculer de simples voyages en drames. 

Lorsqu'on a traversé le pire, même le très difficile paraît clément.(p135)

Vous montez à bord, vous êtes charmés par l'écriture, les décors, les personnages, par un côté toujours insolite des lieux, des situations et puis le rythme s'accélère, les vies basculent, se dévoilent, les règles ne sont plus les mêmes. 

Comme dans les deux précédents romans que j'ai lus, une narration douce mais efficace (romans toujours courts), sensible, concise qui installe le paysage, les acteurs prennent place et puis, au détour d'une page, une révélation, un retournement de situation, un événement chamboulent l'histoire et la lecture prend une autre couleur.

L'auteure aborde les thèmes des réseaux sociaux, leur dangerosité, mais aussi les secrets de famille, les destins.

Je ne suis pas déçue par cette nouvelle lecture, même si j'ai préféré les deux précédentes (Le dernier gardien d'Ellis Island et les Heures souterraines) (peut-être parce qu'il s'agissait d'une totale découverte d'un univers, d'une auteure et quand cela arrive j'adore).

Je sais maintenant qu'à chaque fois je m'attends à être surprise, émue, dans l'attente aussi du bouleversement dans l'histoire mais sans avoir le sentiment de relire une même histoire comme cela arrive avec d'autres auteurs. Et à chaque fois cela marche. 

Je vous recommande vivement Gaëlle Josse, de courts romans (comme quoi la longueur ne fait pas, forcément, la qualité) où l'on prend du plaisir, où l'émotion, les sentiments et les surprise ssont présents tout en abordant des thèmes d'actualité.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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