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EAN : 9782370210630
84 pages
Raconter la vie (06/11/2014)
4/5   6 notes
Résumé :
Samira, Samuel, Philippe, Daniel et Etienne vendent aux entreprises du bâtiment une marchandise qui ne leur appartient pas, la force de travail des ouvriers. Ces « commerciaux d’intérim » sont des intermédiaires, artisans d’un marché instable, où se redéfinissent sans cesse les tarifs et les conditions d’emploi. Ils ont un minimum de diplômes, certains étaient auparavant secrétaire, manœuvre ou ferrailleur, mais ils s’assurent, grâce à leurs fichiers d’intérimaires ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le marchand de travail vend quelque chose qui ne lui appartient pas
Boulevard Magenta à Paris. Des agences d'intérim. « Se présenter avec CV,carte d'identité, certificat de travail ». Nicolas Jounin et Lucie Tourette font un petit retour sur l'histoire, Martin Nadaud, la place de Grève, l'interdiction du marchandage… « le marchandage est mort, vive l'intérim ! »

Quelques patron-e-s d'agence d'intérim, des comptoirs les séparant non des clients mais de leurs marchandises. « le défi du commercial d'intérim est qu'il vend quelque chose qui n'est pas à lui : le temps et l'obéissance d'autres êtres humains ».

Les auteur-e-s proposent un petit voyage dans une profession alimentant et s'alimentant « d'un système sur le fil du rasoir légal ».

Contrat-cadre des grandes entreprises du BTP, racisme, fragilisation des salarié-es par la situation construite de « sans-papier » (Voir sur ce sujet, par exemple : Sous la direction d'Olivier le Cour Grandmaison : Douce France. Rafles Rétentions Expulsions ; Alexis Spire : Accueillir ou reconduire. Enquête sur les guichets de l'immigration, sociétés délocalisées et « détachement » international de personnel, facturation de frais et limitation des salaires…Comme l'expliquent bien les auteur-e-s, l'intérim sert à reporter les aléas de l'activité économique sur les salarié-e-s (à mettre en relation avec la rémunération du soit-disant risque des actionnaires), à contrôler l'« indiscipline » des salarié-é-s, à favoriser le « dumping social », à supprimer les droits attachés à la personne de la/du salarié-é. Sans oublier la mise en danger de la vie d'autrui, « Les agences d'intérim fournissent un salarié sur treize dans la construction, mais un mort au travail sur huit ».

J'ai particulièrement apprécié les analyses sur « l'« indépendantisation » formelle », l'autoentrepreneur, le report sur les « employeurs intermédiaires » de la gestion, sous forte contrainte des donneurs d'ordre, de la main d'oeuvre, les impacts sur les sites de production, « Sur le site de production, le collectif de travail est donc divisé et hiérarchisé, ce qui bride la contestation collective »

Un renforcement de l'incertitude pour les salarié-e-s, la division des collectifs de travail et le renforcement de la discipline jusque dans la mort organisée, « un salarié sur treize, un mort sur huit »

Un petit livre au pays des droits diminués, des aménagements avec les textes législatifs, du pouvoir réel des grands entreprises, particulièrement du BTP…

Tant que la responsabilité des donneurs d'ordre, et de leurs actionnaires, ne sera pas juridiquement engagée, tant que le droit de circulation et d'installation des personnes ne sera pas garanti, les zones de non-droit ne peuvent que se développer. Au bénéfice des entreprises et de leurs actionnaires et avec la bénédiction active des pouvoirs publics…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Dans les coulisses de l'intérim.
Ce petit fascicule de moins de 100 pages se lit rapidement et nous fait prendre contact avec le monde de l'intérim. Il nous donne à voir cinq parcours de directeurs d'agence dont le métier est de vendre le travail des autres. Cette profession d'intermédiaire paraît a priori inutile, mais on comprend très rapidement l'intérêt des clients. On y découvre l'importance des réseaux pour réussir ou du moins se tenir à flot dans ce monde très changeant et très dépendant des normes juridiques et de la conjoncture. On voit en particulier comment s'insèrent les intérimaires dans le tissu économique et comment ils sont utilisés, ils ne sont pas seulement de la main-d'oeuvre supplémentaire. On comprend bien mieux certaines causes de la précarité si souvent présente dans les reportages d'actualité.
Dommage que le parti-pris des auteurs soit si manifeste, contre le capitalisme en général et contre ce genre de métier en particulier, et que leur sujet se cantonne au milieu du BTP car l'intérim devient un mode de recrutement temporaire (ou non!!) largement utilisé par les entreprises de services (comptabilité, cadre de toutes catégories, ...). Malgré ces points faibles, ce livre (de cette remarquable collection "raconter la vie") nous fait toucher du doigt ce petit monde de l'intérim qui est si méconnu sans être ignoré.
Lien : https://lespicilege.wordpres..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le travail temporaire permet de reporter les aléas de l'activité économique sur les intérimaires en ajustant leurs effectifs en fonction de leur stricte utilité, au jour près. Et, en maintenant l'incertitude sur leur avenir, elle renforce leur discipline au travail. (p.84).
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Le défi du commercial d’intérim est qu’il vend quelque chose qui n’est pas à lui : le temps et l’obéissance d’autres êtres humains
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" Quand t'as du faux papier, t'as jamais d'accident du travail. Ils ont tellement peur, les gars, qu'ils vont pas se faire transporter par les pompiers aux urgences d'un hôpital, parce qu'ils se feront prendre, les pauvres. Donc, c'est vrai, ils sont hyper, hyperprudents sur les chantiers. (p.48).
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Le défi du commercial d’intérim est qu'il vend quelque chose qui n'est pas à lui: le temps et obéissance d'autres êtres humains. Il ne fait que monnayer auprès d'un client la promesse qu'un intérimaire lui a faite d'aller travailler sur un chantier. (p.11).
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Le développement de la sous-traitance et de l'intérim résulte de la même stratégie [celle de "l'indépendantisation" formelle]: la transformation (du point de vue des entreprises utilisatrices) des relations de travail en relations commerciales. (p.81).
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Vidéo de Nicolas Jounin
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de Jour de fête de Jacques Tati à Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon, le métier de facteur est peut-être celui qui véhicule le plus d'idées reçues. Et pourtant, la réalité est loin, très loin des clichés de l'imagerie populaire. Pour raconter de l'intérieur le travail des 70 000 facteurs (qui ne sont plus embauchés comme fonctionnaires depuis 2002), le sociologue Nicolas Jounin s'est fait recruter en CDD pendant cinq semaines dans un centre postal.
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