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sur 979 notes
Charles Juliet écrit à sa mère Hortense morte, qu'il n'a jamais connue. Il lui redonne vie, explorant son passé en employant le « tu ». Une écriture au présent, en fragments, en lambeaux sur plusieurs années. Sa conscience regarde, reconstitue, se souvient. Il est à vif, il accouche, il prend la mesure de sa souffrance par les mots.

Comme un monologue intérieur, il fait parler cette mère biologique, née dans un milieu paysan, vouée au travail de la terre, aux tâches domestiques plutôt qu'aux études. Son goût pour la littérature, la lecture a été sacrifié aux vicissitudes d'une vie de labeurs. Il a mené l'enquête pour reconstituer ce passé qu'il a longtemps ignoré et qui le hantait.

Dans une deuxième partie, l'auteur nous brosse le portrait de Félicie. Il lui est confié provisoirement…
Malgré ses six enfants, elle s'est attachée à ce bébé rebaptisé Jean et ne peut s'en séparer.

Il fait l'éloge de cette seconde mère, son amour sans borne, son admiration pour elle. Dès qu'il ne l'a voit plus, il est insécurisé, hanté par la peur de la perdre. Elle est peu loquace mais si aimante : Il la qualifie « de toute donnée ».

L'écriture de Charles Juliet ne ressemble certainement à aucune autre, elle est réaliste, poétique, pondérée. On mesure son manque aussi par ses non-dits et ses allusions. A travers ces deux portraits, l'auteur nous parle aussi de lui en toile de fonds , de sa vie, de sa distance aux autres, puis de ses tourments qui reprennent le dessus et la nécessité d'écrire pour ne pas sombrer, pour éviter un choix plus radical…..

Un roman court mais d'une grande intensité. Il nous emmène au bout de lui-même, alors j'ai eu un peu le vertige, mais pourtant tout est pesé, équilibré, calibré.

J'ai aimé ce livre mais sans jamais me complaire dans cette souffrance, même si on peut parfois se retrouver par « fragments » dans certains passages.

Cet amour maternel semé chaque jour en abondance a pris racine, triomphant sur toutes ces souffrances devenues rédemptrices de vie, d'espoir, de douceurs pour Charles Juliet.

Une écriture d'une grande lucidité et le choix… de la résilience et non de se résilier.

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Maman me conseille fortement ce livre, et voyant l'émotion dans son regard, je plonge sans hésiter mais quelle déception ...
Je ne me permettrais pas de dire que ce livre est vide .... mais seulement que j'ai dû passer à côté de son message.
Malgré son petit format, je l'ai trouvé interminable, ennuyeux, sans intérêt et ne suis allée au bout que guidée par ma quête de ressentir ce dont beaucoup de lecteurs ont vécu en lisant ces pages. En vain... ce livre et moi ne sommes pas fait l'un pour l'autre.
Mais tentez tout de même, peut-être qu'à vous il vous parlera ...

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J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. J'ai trouvé cela original que l'auteur dise "tu", à la deuxième personne du singulier. Cela m'a fait m'identifier aux personnages, et m'a donné l'impression que l'auteur me parlait, comme s'il écrivait une lettre. Je l'ai trouvé aussi très bien écrit, poétique même parfois.
Ce livre est en deux parties: la première raconte la vie de la mère biologique de l'auteur. Je me suis beaucoup attachée à cette femme, que l'on voit grandir, vieillir aussi. J'ai surtout aimé la façon dont l'auteur parlait de l'amour de sa mère pour l'école. Lire. Ecrire. Apprendre. Il décrit cela comme la plus belle chose au monde, cela créait beaucoup d'émotion. On ressent cette émotion dans cet extrait par exemple : "Apprendre. Dans l'unique but de savoir parler. Connaître le plus possible de mots et savoir dire aux autres ce qu'on est, ce qu'on ressent, comment on voit les choses" (lignes 13 à 17 p.21) L'auteur nous transmet cette passion d'apprendre.
Dans la deuxième partie, l'auteur parle de sa propre vie, il fait en effet son autobiographie. Il raconte son enfance avec sa mère adoptive, qu'il admire et aime plus que tout. Il parle aussi de ses études, de son expérience dans une école militaire, surtout de la difficulté et de la fatigue, omniprésentes à ce moment de sa vie. Finalement, l'auteur va parler de son amour pour la littérature, ainsi que son souhait de devenir écrivain. Par certaines phrases, j'ai trouvé que ce point de vue, de l'auteur, ressemblait beaucoup à celui de sa mère, qui aimait beaucoup écrire. Cela faisait comme un écho, un lieu entre les deux personnages. En effet, Juliet a écrit : "ce besoin d'écrire - indissociable de ton besoin du vrai et de ta passion pour l'art - qui a structuré ton être et ta vie" (lignes 23 à 25 p.153)
J'ai trouvé l'émotion assez présente dans ce passage-là, sûrement due au fait que je m'identifie beaucoup à cette citation, qui est très poétique.
De plus, ce livre a une caractéristique, plutôt un détail, qui m'a intriguée : les noms de lieu, ceux des villes, ne sont jamais mentionnées, seulement par les initiales, une lettre majuscule, peut-être pour laisser l'imagination du lecteur plus libre ?
Pour conclure, je pense que ce livre est un bel hommage à la mère adoptive et à la mère biologique de l'auteur. Il a d'après moi mélangé émotion, autobiographie, et poésie dans cette oeuvre à la perfection.
C'est donc pour cela que j'ai vraiment adoré ce livre ainsi que la plume de Charles Juliet.
Je le recommanderais à n'importe qui vivement.

Maeva.
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Une quête de 20 ans pour retrouver ses origines, très touchant, à tel point que j'ai écrit "Mon lambeaux"
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Charles Juliet: encore un écrivain dont je n'avais jamais entendu parler. Une amie m'avait recommandé "Lambeaux" et, connaissant sa sensibilité, je lui a fait confiance: je ne regrette pas cette découverte. Ce livre, bref et intense, m'a d'abord surpris, en raison de sa structure en deux parties distinctes et pourtant indissolublement liées.
Dans la première partie, c'est sa mère biologique que l'écrivain évoque: une femme dépressive, éreintée par ses grossesses successives qui, après une tentative de suicide, fut internée en hôpital psychiatrique; elle y mourut de faim ( ! ) à 38 ans. La seconde partie est centrée sur l'auteur lui-même: placé alors qu'il est nourrisson dans une famille d'accueil suisse, le garçon a l'incroyable chance de "tomber" sur une seconde maman qui l'aime inconditionnellement. Cependant, toute sa vie sera perturbée dramatiquement par l'effet de la séparation d'avec sa première mère, dont il apprendra l'existence et la mort plus tard. Ses années d'adolescence, passées comme "enfant de troupe", furent très dures. Plus tard, il a voulu être écrivain. Toutefois, avant de le devenir vraiment, il lui a fallu affronter tous ses doutes ontologiques et assumer le poids immense de ces deux mères qui l'ont tant marqué, l'une par son absence, l'autre par sa présence.
Avec une sincérité et une justesse étonnantes, Ch. Juliet nous fait part de ses souffrances et nous raconte le chemin douloureux qui l'a conduit finalement à une sorte de délivrance. Le livre ne nous donne que la trame de sa vie: l'auteur ne veut pas se disperser en contant des anecdotes; il va droit à l'essentiel, sans complaisance, mais sans minimiser les affres par lesquelles il a dû passer. Son style est très particulier; ses phrases sont souvent brèves, à la fois sobres et percutantes. Dans son récit, il utilise souvent le "tu", qui interpelle mieux qu'une forme plus impersonnelle. Ce témoignage touchera au plus profond de lui-même le lecteur, même si son destin personnel a été beaucoup moins dur et étrange que celui de Ch. Juliet.
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Un court roman dans lequel l'auteur en finit avec les démons du passé. Une fois ce cap franchi, il pourra enfin écrire librement.
Il nous raconte d'abord l'histoire malheureuse de sa mère biologique, en total décalage avec son milieu et son époque.
Ensuite vient la sienne; recueilli par une famille adoptive aimante alors qu'il n'est qu'un bébé, l'auteur est heureux mais anxieux, insatisfait, toujours plein de questions déprimantes.
Puis vient l'écriture, difficile, exigeante, ingrate, et enfin salvatrice.
Une écriture sensible et introspective, un style fluide, une histoire hors du commun. Jolie lecture, à éviter toutefois les soirs de blues!
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Il faut se taire pour ressentir les Lambeaux de Charles Juliet.
Chaque mot, chaque phrase, chaque paragraphe sonne le gong du temps qui passe. On lit. Et elle, elle vit. Mais qui est-elle vraiment ? On ne sait pas, on ne sait rien d'elle, mais tout est là : son temps passe.
Charles Juliet, comme un prophète lui parle à elle, et nous parle aussi à nous. Il se crée une forte intimité entre l'auteur, son personnage et nous même.
Comment dire... ce roman est impressionnant, révoltant et funestement vivant. Lecteur impuissant, on perce l'immense complexité d'une femme vivante pour aboutir à une apothéose de médiocrité. le temps, trop lourd pour elle, se révélera alors à nous comme une urgence.
C'est un livre bouleversant et puissant qui percute toutes traces de joie et nous ramène à l'origine d'un corps en mal de conscience.
On détestera Lambeaux, mais il sera surement un des seuls livres à parler vraiment de nous. Les Lambeaux sont les nôtres. Les tiens, à toi.
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Un livre admirable, beau, pur.
J'ai eu la chance de rencontrer ce grand Monsieur qui est Charles Juliet. Il est à l'image de ces textes : simple, discret, terriblement touchant.
Lambeaux m'a transporté tout comme le premier récit que j'ai lu de C.Juliet : l'inattendu. J'admire son style épuré et sa capacité à dire les choses si simplement.
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Je crois que l'auteur n'a jamais connu sa mère et, pourtant, tout au long de ce petit livre il s'adresse à elle avec une grande tendresse et raconte la vie qu'elle a dû vivre avec beaucoup de sincérité. Un petit livre que je regretterais de n'avoir pas lu, un livre qui reste dans ma mémoire alors que je l'ai lu il y a une dizaine d'années
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Un magnifique instant de lecture ; l‘hommage à deux femmes, la mère biologique qu'il n'a pas connue, et la mère de coeur qui l'a élevée avec tant d'amour ; et la recherche de soi à l'âge adulte, où chaque moment de l'enfance apporte sa note, ou d'espoir, ou de résignation.
Une écriture exceptionnelle, un style magnifique me font donner à cet ouvrage un « cinq étoiles »…
A lire et à relire, pour découvrir au-delà de chaque mot, l'expression de chaque non-dit, de chaque silence plus expressif encore que les mots eux-mêmes.
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