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4,11

sur 963 notes
Lu en 2016. Une autobiographie en deux parties, qui raconte deux parcours de vie, aux confins de la désespérance et de la folie, dont on ne sort pas indemne...
Un récit introspectif puissant et poignant, incroyablement intimiste et universel, sur l'impuissance, la fragilité des êtres, sur l'importance de l'estime de soi, sur la résilience, qui n'est possible qu'en libérant la parole. C'est parfois très très sombre, mais effroyablement juste.
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Un petit bijou magnifiquement écrit avec beaucoup de pudeur, de sensibilité et de délicatesse.

Un hommage tendre et très touchant de l'auteur à ses deux mères (la génitrice et l'adoptive) d'une grande intensité dans l'introspection.

Un très, très grand livre!
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Une narration intime et touchante où l'auteur nous fait plonger dans l'histoire de membres d'une famille !
On peut y trouver des passages dérangeants mais elle a son utilité à ce qu'elle raconte;
Je l'ai lu rapidement et pas vu le temps passer, je recommande bien😊
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Je connaissais à peine le nom de Charles Juliet avant d'entreprendre la lecture de ce magnifique récit, hommage à ses mères.

L'auteur évoque d'abord sa mère biologique, l'étouffée, dont le destin aurait dû être bien différent si elle avait pu continuer à étudier comme ses maîtres le conseillaient à ses parents. Mais à cette époque, les enfants ne s'attardent pas sur les bancs de l'école à fortiori s'ils appartenaient à une famille de modestes fermiers.
Devenue épouse et mère, elle s'enferme peu à peu dans une tristesse insurmontable qui la conduira en asile psychiatrique où elle se laissera mourir.

La valeureuse a élevé le petit Charles lorsque l'étouffée n'a plus pu faire face à un quotidien trop lourd.
C'est en quelque sorte une seconde naissance pour l'auteur qui voue à cette femme un amour infini.

Dans la deuxième partie du récit, l'auteur revient sur son enfance dans une école d'enfants de troupe à Aix-en-Provence. Il devient un petit militaire avec toutes les rigueurs et la discipline que cela suppose.

Par une plume superbe toute en délicatesse et sensibilité, Charles Juliet rend un très bel hommage à ses mères dévouées et au pouvoir rédempteur de l'écriture.
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Un livre autobiographique très personnel et intime qui ne laisse indifférent. Après quelques longueurs au début, un évènement choc sidère et nous bascule dans l'empathie.
C'est en tout cas une belle découverte d'un auteur qui m'était jusque là inconnu.
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Ce roman est un bijou autobiographique et biographique. La plume de l'auteur est fluide, bien amené et poétique. Il donne vie à sa première mère, puis à la seconde. Leurs destins sont si différents ; l'esseulée et la vaillante, l'étouffée et la valeureuse, la jetée-dans-la-fosse et la toute donnée, mais pourtant l'une ne pouvait exister sans l'autre. C'est un fabuleux hommage que l'auteur adresse à ses deux mères et il prend soin de porter leur parole, à elles, mais également à toutes les personnes qu'on n'entends pas. L'oeuvre est sensible et riche, car en plus de peindre le destin de ses deux mères fabuleuses, c'est également une rétrospection, une quête de soi et une lutte contre la souffrance et le mal être que l'auteur rédige dans Lambeaux, et malgré toute la noirceur qui réside dans cet ouvrage, celui-ci tend à une fin de prospérité et d'espoir.
En d'autre termes, l'auteur aborde de multiples thèmes, toujours avec élégance et dans une clarté remarquable, dans un format simple et court qui suscite en nous un bon nombre d'émotions et de réflexions.
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Dans ce roman, on ne sait pas très bien qui s'adresse à qui.

Quand on sait qu'il s'agit d'une autobiographie (ce que je ne savais pas en lisant le bouquin), on sait que le narrateur est l'auteur qui s'adresse à sa mère dans une première partie et à lui-même dans la deuxième partie.

L'auteur a voulu, dit-il, rendre hommage à ses deux mères : l'esseulée et la vaillante, l'étouffée et la valeureuse, al jetée-dans-la-fosse et la toute-donnée...

Beaucoup d'introspections encore dans ce récit de 150 pages qui m'a paru bien long. C'est lent, il ne se passe pas grand-chose. Je me suis vraiment ennuyé à lire ce roman autobiographique donc.

Une mère qui n'est pas heureuse, qui vit sa vie intérieure et qui la finira de manière affreuse; un petit garçon, le dernier né (l'auteur) qui vit sa propre vie intérieure et avec qui le destin joue aux dés...

Un livre qui pourrait rendre dépressif le plus gai des pinsons !

Ecrit autrement, le roman aurait pu me plaire...
Lien : http://phildes.canalblog.com..
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Livre bref, poignant qu'on ne lâche pas.
Son écriture est sobre, plutôt laconique, à l'image du récit de ces terribles vies.
L'ouvrage est néanmoins empreint d'amour, de sentiments attachants. Je suis tentée de rapprocher son contenu de celui des terribles personnages de Mr Franck BOUYSSE.
Mais le récit de Mr Charles Juliet n'est pas une fiction mais une biographie authentique, cathartique.

J'en recommande la lecture. (Les boîtes à livres peuvent contenir des pépites comme celle-ci ! )
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Si je vous propose la lecture de ces quelques vers :

toi qui n'as ni formes ni visage
mais qui es cette femme avec laquelle
je suis en incessant dialogue
cette nuit tu étais là
violent était mon besoin
de te porter en moi
de me glisser en toi
me mêler à ton secret
m'enrichir de ta substance
et des mots gonflés de notre fusion
se sont mis à bruire
ont fini par enfanter ce chant
où j'avais désir de te garder
accepte que ma voix sourde
le dépose en ta mémoire
et qu'il te donne à ressentir
la vénération que je te voue
et que je vous demande de mettre un nom de poète sur ces mots, beaucoup parmi vous connaîtront ou reconnaîtront la plume de Charles Juliet.

Dans - Lambeaux - cette auto-biographie qu'il a mis douze ans à écrire et dans laquelle il rend un hommage terriblement touchant à ses deux "mères", sa mère biologique dont il a été séparé à l'âge de trois mois et sa mère adoptive, une paysanne suisse qui l'a élevé, Charles Juliet nous raconte comment l'écriture est parvenue à recoller les "lambeaux", les fragments de sa vie, lui permettant à partir de ces deux cordons ombilicaux qui l'avaient "éparpillés", de renaître en les coupant de manière consolante.

Il y a une phrase de Jacques Lamarche que j'aime bien et qui me semble parfaitement s'adapter à C. Juliet : “Les lourdes portes de l'oubli se referment mais des lambeaux de souvenirs s'agrippent aux battants.”

Dans cet ouvrage composé de deux diptyques dans lequels sont éparpillés ses lambeaux, l'auteur en ayant recours à un "tu" qui mêle la proximité de l'affect à la distance de l'observateur "privilégié", nous dresse dans le premier un portrait poignant, bouleversant, dramatique et sublime de la première de ses mères.
Une paysanne de très modeste condition, aînée de quatre filles, née au début du siècle, une "cérébrale" éprise de liberté, une surdouée dont l'époque et la condition sociale ont fait une asservie corvéable à merci, la servante, la domestique d'un père lui reprochant plus ou moins consciemment son sexe, un taiseux qui avait fait de son foyer l'antre du silence, un rempart contre la parole ; une dissuasion au savoir.
Lorsque devenue une jeune fille, elle rencontre par un beau dimanche après-midi d'été un jeune parisien venu en vacances chez sa tante, son horizon semble enfin s'ouvrir sur ce pour quoi elle est faite : le monde des idées, des livres, de la quête insatiable du savoir, la liberté... l'amour.
Les deux jeunes gens se retrouvent tous les dimanches après-midi sur le flanc d'une colline, et pour la première fois la jeune paysanne parle, communique, vit.
Mais un dimanche un orage les surprend.
Trempé jusqu'aux os, le jeune homme s'enfuit.
La jeune paysanne ne reverra jamais plus " l'amour de sa vie" ; en vacances dans un sanatorium parce que tuberculeux, une pleurésie consécutive à l'orage l'a emporté.
À jamais inconsolable, la jeune paysanne finira par épouser un brave garçon, toujours absent pour cause de travail et profitant de ses dimanches de repos pour engrosser sa jeune femme.
La quatrième grossesse assumée seule, cette solitude originelle mère nourricière de l'angoisse aura raison de ce qu'elle peut tolérer.
Une tentative de suicide manquée la conduira à l'asile et la Seconde Guerre mondiale, l'Occupation et la politique de "L'Extermination douce" pratiquée par les nazis dans les hôpitaux psychiatriques :
"La méthode fut facile à trouver. Pour faire périr les patients enfermés dans ces univers clos et coupés du monde, il suffisait de ne plus les nourrir. Ainsi pendant ces années sont mortes quarante mille personnes."
...feront qu'à trente-huit ans, la jeune paysanne sera retrouvée morte un matin dans sa cellule, morte de faim.
Charles, que va recueillir une famille de paysans suisses et qu'elle surnommera Jean ou Jeannot ( confusion = fragments ) aura la chance de trouver une mère adoptive ( "celle qui t'a recueilli est un chef-d'oeuvre d'humanité"), dont "l'inlassable présence" lui permettra de se construire dans un contexte où cependant la fragmentation était inévitable.
Il apprendra à huit ans qui était sa vraie mère, aux obsèques de laquelle il assistera comme "coupé en deux".
"Peu de jours auparavant, une lecture t'a appris qu'un bébé retiré à sa mère au cours de ses premières semaines subit un choc effroyable. Il vivait en un état de totale fusion avec elle, et coupé de celle-ci, tout se passe pour lui comme s'il avait été littéralement fendu en deux. ( En lisant ces lignes relatives à ce que tu indiques là, tu t'es rappelé ce lapsus qui t'avait fait dire un jour : "à trois mois, après mon suicide...")
Dans ce second diptyque, le poète parle davantage de lui et revient sur ses onze années d'enfant de troupe, années racontées dans – L'année de l'éveil -, au cours desquelles il fera à Aix-en-Provence la connaissance avec un monde aux antipodes de celui qu'était le monde rural, sera "déniaisé" à treize ans par la femme de son "chef", entamera après l'obtention du baccalauréat, des études de médecine, études qu'il abandonnera pour devenir écrivain.
Cet impérieux besoin d'écrire lui permettra de se réaliser en tant qu'écrivain et en tant qu'homme au bout d'une traversée de doutes et de souffrances qui durera vingt ans.
Ce n'est que lorsqu'il aura recollé les "lambeaux" que s'achèvera ce long apprentissage, cette douloureuse initiation, cette quête de "l'absente".
Il sera alors capable et légitime d'écrire :
"Ni l'une ni l'autre de tes deux mères n'a eu accès à la parole. du moins à cette parole qui permet de se dire, se délivrer, se faire exister dans les mots. Parce que ces mêmes mots se refusaient à toi et que tu ne savais pas t'exprimer, tu as dû longuement lutter pour conquérir le langage. Et si tu as mené ce combat avec une telle obstination, il te plaît de penser que ce fut autant pour elles que pour toi.
Tu songes de temps à autre à Lambeaux. Tu as la vague idée qu'en l'écrivant, tu les tireras de la tombe. Leur donneras la parole. Formuleras ce qu'elles ont toujours tu.
Lorsqu'elles se lèvent en toi, que tu leur parles, tu vois s'avancer à leur suite la cohorte des bâillonnés, des mutiques, des exilés des mots
ceux et celles qui ne se sont jamais remis de leur enfance
ceux et celles qui s'acharnent à se punir de n'avoir jamais été aimés
ceux et celles qui crèvent de se mépriser et de se haïr
ceux et celles qui n'ont jamais pu parler parce qu'ils n'ont jamais été écoutés
ceux et celles qui ont été gravement humiliés et portent au flanc une plaie ouverte
ceux et celles qui étouffent de ces mots rentrés pourrissant dans leur gorge
ceux et celles qui n'ont jamais pu surmonter une fondamentale détresse."

Excellente lecture avec un vrai moment d'intense émotion pour la biographie de la mère "biologique".
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Il y a des livres fondateurs, des livres qui lorsqu'on les découvre, nous font nous demander comment ils avaient pu nous échapper jusqu'alors. Il y a des livres qui nous marquent pour toute une vie.
Charles Juliet a mis quinze ans à écrire la version définitive de ce texte assez court, c'est une leçon de vie et d'écriture qu'il nous livre là.
La deuxième personne du singulier s'applique d'abord à une toute jeune fille, douée pour les études, l'aînée d'une famille de paysans. Sa mère biologique, qu'il n'a pas vraiment connue. Son parcours de jeune fille sacrifiée à sa famille d'abord, comme éducatrice de ses frères et soeurs. Sa sensation d'être à côté de la vraie vie. le premier, le grand amour, qui disparaît en laissant un champ de ruines. Un mariage de raison, les maternités qui s'enchaînent, la dépression, l'enfermement, la mort solitaire.
Le « tu » désigne ensuite l'auteur, sa croissance dans une famille aimante, loin de sa famille biologique et cette mère dont il ne sait rien. L'amour silencieux de sa mère adoptive, de ses frères et soeurs. La « chance de sa vie », l'admission à l'école militaire d'Aix, loin de sa deuxième famille, sa construction de jeune homme et de jeune écrivain malgré la fragilité mentale et la dureté de son parcours.
Un hommage sobre et vibrant à ces deux femmes qui l'ont fait naître au monde, sensible, en lambeaux, mais debout.
Lisez-le !
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