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4,11

sur 968 notes
Un livre très triste, mais magnifique. L'auteur raconte avec beaucoup de tendresse la vie de ses deux mères : sa mère biologique, morte dans des conditions affreuses, puis sa mère adoptive qui l'a aimé comme une véritable mère. le tutoiement employé dans la première partie du livre sort beaucoup de l'ordinaire et donne au récit une proximité avec l'héroïne.
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Une oeuvre incontournable dans le genre autobiographique. Juliet nous confie sa triste enfance entre deux mères : une génitrice et une adoptive. Avec beaucoup de pudeur, il raconte ce partage des émotions.
L'oeuvre consacra Juliet au rang des Auteurs avec une majuscule.
Son histoire est à pleurer. Il a le courage de restituer et reconstituer pour se construire, rendant ainsi hommage aux dizaines de milliers de personnes mortes de faim, de froid, de non assistance dans les hôpitaux psychiatriques pendant la guerre, dont sa mère naturelle fit partie (relire les histoires similaires de Camille Claudel, Séraphine de Senlis, Antonin Artaud pour les plus connus ...).
Son récit est très éprouvant, et écrit avec beaucoup de retenue.
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La lecture d'une critique d'une Babeliote m'a fortement donné envie de lire Lambeaux. J'ai été moi aussi bouleversée par cette lecture. L'auteur s'adresse à ses deux mères: la biologique dont il a découvert l'existence à 7 ans lors de son décès et l'adoptive qui la aimé et élevé depuis ses un mois. S'interrogeant sur son mal de vivre, sur les choix qui ont dicté sa vie, nous apprenons , au fil de ses réflexions que son mal de vivre, cette tristesse qui le hante est dû à la profonde dépression de sa mère et à sa tentative de suicide. A l'époque, (l'auteur est né en 1933) la conditions des femmes était rude, surtout dans les fermes. Isolées, devant travailler très tôt malgré un goût pour l'école, la mère de l'auteur avait envie de d'étudier, d'écrire de discuter , de s'interroger, de réfléchir sur elle même, sur sa condition, elle ne le pouvait et cette frustration a entraîné une grande souffrance. Cette dure vie de labeur m'a beaucoup touché , c'est la vie qu'a connue mes tantes, mes grand-mères. Je ne peux que dire merci à toutes les femmes et les hommes qui ont oeuvré pour améliorer nos conditions de vie. C'est aussi une ode à l'éducation, la culture, trop souvent malmenées et dont nos jeunes ne mesurent pas toujours l'importance. L'éducation, la lecture et l'écriture sont indispensables pour comprendre les autres et se comprendre, pour se construire, pour se guérir. Un livre merveilleux, le plus beau sur l'amour maternel, un magnifique témoignage sur cette vie dure de nos ancêtres...
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Je n'avais jamais lu de livres de Charles Juliet. Aujourd'hui, la lecture de Lambeaux me permet de toucher de la façon la plus sensible et aiguë qui soit ce que révèle la signification et le sens des mots.
Charles Juliet, nous parle tout d'abord de sa mère, celle qui lui a donné la vie, celle qui a voulu la perdre en portant atteinte à sa vie, celle qu'on laissera mourir de faim dans un hôpital psychiatrique.
Dès le début, on est happé, on est dans l'intimité, la conscience de sa femme dont il entreprend de récrire sa vie, en s'adressant à elle, par ce simple pronom personnel: tu.

Il nous livre les pensées de sa mère, l'évasion qu'elle pressent que sa vie pourrait prendre :
"Cette route, elle se confond avec tes rêves, tes désirs, tes aspirations, et dès que tu la vois, en toi tout s'embrase."
Charles Juliet est le quatrième enfant, il a un mois quand sa mère tentera de se donner la mort. Il en portera longtemps la culpabilité :
"Pardonne, ô mère, à l'enfant qui t'a poussée dans la tombe"
Il est recueilli dans une famille d'adoption, une autre famille dont il ne saura pas pendant longtemps qu'elle n'est pas sa vraie famille. Puis, tout bascule, à 7 ans, l'enfance se déchire comme un cri inatirculé.
Il assistera à l' enterrement de sa mère biologique.
"Depuis ce jour de tes sept ans, tu n'as jamais aimé l'été."
Charles Juliet va devenir un enfant de troupe, pendant des années, chercher, se chercher, lutter contre cette enfance brisée dont il dira:
"La peur. La peur a ravagé ton enfance. La peur de l'obscurité. La peur des adultes. La peur d'être enlevé. La peur de disparaître"
Va suivre des années douloureuses dont seule l'écriture lui apparaît comme la catharsis, la guérison, la possibilité de vivre.., un sens à la vie, une renaissance. L'écriture lui permettra de" relater ton parcours, cette aventure de la quête de soi"
Dire que ce livre est bouleversant est si loin des mots exacts.
Alors, je préfère dédier cette lecture à ma fille Malina, être une mère est un immense bonheur.
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Mais toujours en toi vibre cet amour de la mère. Un amour qui te soutient, t'enjoint de tenir, de te montrer docile et courageux, de lui témoigner ta gratitude en veillant à ne rien faire qui pourrait la peiner. (p107)

Lambeaux de vie, d'une enfance qui a marqué toute une vie, de la perte de sa mère à laquelle il fut arrachée à peine né, morte affamée pendant la guerre dans un asile d'aliénés, de l'amour d'une seconde sans lien du sang mais avec des liens d'amour inconditionnel, une seconde famille qui l'a accueilli et reconnu comme l'un ses siens. C'est de cela qu'il est question dans ce récit très chargé en émotions et aveux d'un homme, Charles Juliet, qui s'adresse à ses mères perdues, comme un hommage à leur courage face parfois à des injustices, mais également à lui-même avec l'emploi du "tu" pour donner à l'ensemble une ambiance d'intimité encore plus forte accentuée par la simplicité et la sincérité de la parole mise en mots.

Comment rester de marbre face à cette mère inconnue, qui perdit son premier amour avec un sentiment de culpabilité, qui subit sa vie faite de grossesses et du dur travail de mère et de paysanne, elle qui rêvait et aurait eu la possibilité d'études mais qui était plus utile sur les terres que sur un banc d'école, qui ne fut jamais entendue, écoutée.

Mais au bout du compte, ces instants que tu passes à arpenter les chemins en parlant les mots qui montent de ta nuit, ne te soulagent guère, et de jour en jour grandit en toi une âpre révolte à l'idée qu'on peut mourir sans rien avoir vécu de ce qu'on désire si ardemment vivre (p77)

Comment ne pas entendre la voix de Charles Juliet retraçant son parcours, peu doué pour les études et placé comme enfant de troupe très jeune avant d'avoir eu la révélation que l'écriture allait être à la fois sa bouée mais également son destin, malgré la difficulté d'écrire, de trouver l'inspiration, les mots justes.

Je suis toujours aussi intéressée par le travail de l'écrivain, ce qui se cache derrière les mots, la plume, le parcours emprunté et lorsque j'ai découvert lors d'une émission de la Grande Libraire Charles Juliet , sa façon discrète d'être incroyablement présent, le choix et la profondeur des mots qu'il utilisait, son humilité et sa simplicité, s'exprimant à la manière d'un poète, je n'ai eu qu'une envie le lire et d'avoir confirmation de ce que j'avais ressenti. Nous sommes le plus souvent ce que notre enfance fut et restons souvent marqué à jamais par celle-ci.

Une enfance et une histoire simples, rurales, comme il en a existé tant mais quel hommage à ses mères qui lui donnèrent tant, même si la chaleur des sentiments n'était pas exprimée, quel regard à la fois distancié par rapport à l'enfant qu'il a été mais également très intime, se révélant à lui-même certains aspects de sa personnalité, de ses choix. Une plongée dans son moi le plus profond pour faire le lien entre tout ce qui l'a construit et devenir l'homme de lettres qu'il est devenu.

Tu as l'inestimable satisfaction de te dire que le destin a prouvé qu'il t'accordait le droit de vivre. (p113)

Ecrit entre 1983 et 1995, sans effet linguistique mais avec la sincérité du coeur, il porte un regard à la fois bienveillant, reconnaissant mais également critique sur une époque où la femme n'était que deux bras, un ventre et qu'il lui était pas reconnu d'avoir des ambitions et des capacités. Un récit d'enfance, à la fois doux et révolté mais sans violence parce que les mots suffisent par eux-mêmes, parce qu'il n'est pas nécessaire d'en rajouter, parce qu'avec le temps et le recul, il a compris et accepté celle qui l'a engendré et celle qui l'a élevé.

C'est un vibrant chant d'amour pour ses femmes silencieuses inconnues et une introspection sur une enfance qu'il accepte et vénère parce qu'elle a fait de lui l'homme qu'il est.

Coup de 🧡.
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Devant le très grand nombre de critiques, je ne rajouterai pas grand-chose de très important. Sinon que la première partie, qui relate les conditions de vie d'une femme, mère de l'auteur, son impossible choix de vie et pour finir, sa mort dans un hôpital psychiatrique du début du siècle, est effroyable. La deuxième partie, la vie de l'auteur, impensable résilience qui l'amènera à l'écriture après un tumultueux parcours, est moins tragique mais tout aussi passionnante. Effectivement, comme il est dit en quatrième de couverture, on peut lire ce livre comme une oeuvre d'espoir. Mais j'en retiens également un formidable témoignage sur les conditions de vie de certaines personnes dans une société donnée.
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Début du siècle, milieu frustre. Famille de paysans. Père rude et sans tendresse ni paroles. Mère soumise. Voici en quelques mots où se déroule l'enfance de l'aînée des enfants, une fille pour son malheur, astreinte à toutes sortes de corvées de la vie d'une ferme et qui joue le rôle de mère auprès de ses trois jeunes soeurs. Pourtant, c'est de bien d'autres choses dont rêve la jeune fille qui aime plus que tout étudier. Dans une première partie, Charles Juliet nous dépeint cette existence rude, sans joie, où produire du travail semble être le seul horizon. Terrible destin que celui de la mère biologique de l'auteur dont tous les rêves seront peu à peu piétinés entraînant celle-ci inexorablement vers une mort tragique et précoce.
Dans la seconde partie, il sera question du petit dernier (l'auteur) confié nourrisson à une famille de substitution, dont la mère bien que submergée de travail et d'enfants à élever sera pourvoyeuse d'un très grand amour maternel… On suivra les débuts d'enfant de troupe de ce jeune orphelin traumatisé par la séparation précoce d'avec sa mère, devenant un adulte en quête d'identité, convaincu que l'issue passera par la conquête des mots.
Charles Juliet manie une belle langue, classique et puissante, souvent lyrique et poétique avec laquelle il rend un bel hommage à ses deux mères.

Cependant, la posture narrative de l'adresse à la deuxième personne du singulier : « Tu » pour cette mère à la vie si rude, « tu » pour ce fils à la quête de lui-même, donne un texte un peu emphatique qui m'a souvent lassée ou gênée. C'est sûrement très personnel mais ce récit qui passe par ce « tu » omniprésent me gêne, m'empêche d'entrer dans l'histoire et finit par créer une distance entre les personnages et le lecteur, enfin la lectrice que je suis.
La deuxième partie m'a particulièrement lassée, sans actions ni relief, elle m'est apparue redondante, comme une litanie autocentrée sur le "tu" narrateur.
Une partie trop longue à mon goût, bavarde, que j'avoue avoir lue en diagonale avec une impression de tourner en rond malgré la brièveté du roman. C'est cette fin de récit en demi teinte qui explique la modestie de ma note.
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Livre que ma prof de littérature nous avait donné à lire en classe de première ou terminale... J'ai adoré. C'est tellement touchant. L'écriture est superbe. Les émotions percutantes. Ce livre m'avait bouleversé pendant un bon moment. Une claque. N'hésitez pas, en plus il se lit très vite il est petit.
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Voila le livre reposé que mes pensées ne peuvent quitter.
Cette idée que cette mère, sa vie , Charles Juliet l' a inventée.
Non qu'elle n'ait existée, que quelques traces elle n'ait laissées.
Mais de ce qui l'a précédé, l'écrivain a fait une nécessité, pour expliquer comment au monde il a ressuscité, comment son chemin a finit par exister.
Et ce chemin une fois déroulé, on peut aussi le relire à l'envers.
Oui, ce livre, une fois reposé, je ne suis pas près de l'oublier.


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Ce texte bouleversant laisse sans voix.
L'écriture est belle, dénuée d'artifice (que ça fait du bien en ce moment !).
Et tout y est. La vie dans ce qu'elle peut avoir de plus beau et de plus cruel : l'amour d'une mère, la violence de la contrainte et la folie de la guerre.
On y lit la douleur et la difficulté à vivre.
Que dire de plus ? A lire absolument !
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