AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,02

sur 488 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ernst Jünger jeune allemand quitte les bancs de l'école pour s'engager volontaire brûlant d'enthousiasme au début de la première guerre mondiale. Comme simple soldat d'abord, et sur les conseils de son père suivra une formation pour devenir rapidement officier.
Chaque jour, il écrit tout ce qui se passe sur le front. le premier jour où à peine installé, après une série de grondements sourds et proches, il suit les soldats sans trop savoir pourquoi. Au début la guerre montre ses griffes sans montrer l'ennemi, ce qui le guérit rapidement de ses illusions premières. Il consigne le travail effectué dans les tranchées pour les maintenir en état, la routine qui s'installe au début dans une guerre pas encore très offensive, où des échanges se font parfois avec l'ennemi ( souvent anglais). Les dernières années, il connaîtra une guerre beaucoup plus offensive avec ses orages d'acier. Il sera blessé une douzaine de fois pas trop gravement et reviendra toujours au front.
En fin de guerre, il reçoit la Croix du Mérite jamais donnée à quelqu'un de si jeune que lui.
Ernst Jünger est quelqu'un de cultivé qui a consigné consciencieusement toute sa guerre dans un journal pour en faire un témoignage exceptionnel dans Orages d'acier.
Ce livre témoigne d'une grande intelligence dans ses analyses de situations et de très bonnes relations avec ses hommes.
"Dans l'obscurité , j'entendis la voix d'un bleu, encore peu au courant de nos coutumes:"Le lieutenant ne se planque jamais.
-Il sait ce qu'il fait, lui rétorqua un ancien de ma troupe de choc. Quand l'obus est pour nous, il est le premier par terre". C'était exact. Nous ne nous planquions plus au sol qu'en cas de nécessité, mais alors sans traîner."

Un livre à lire et à garder comme témoignage exceptionnel.
Commenter  J’apprécie          430
Ernst Jünger, tout jeune engagé volontaire lors de la Première guerre mondiale, tint des carnets pendant toute la durée du conflit. Plus tard, il reprit ses notes et les mit en forme, les compléta de façon scrupuleuse pour livrer un récit autobiographique où il raconte avec force détails et lucidité, l'atroce banalité journalière des soldats c'est à dire l'enfer permanent le froid, la pluie, la vermine, la faim, le vacarme du front , la promiscuité, la peur, la souffrance, la mort, mais aussi la fraternité, l'amitié, la compassion, l'empathie , les gestes d'humanité envers l'ennemi…
C'est un des livres de référence de ce conflit , celui qui décrit sans ostentation, mais avec lucidité et objectivité, celui qui témoigne du vrai. Je suppose que bon nombre de réalisateurs se sont référés à cet ouvrage pour certaines de leurs mises en scène au cinéma.
J'ai lu aussi ce livre pour retrouver des lieux connus, pour savoir comment certains habitants de villes et villages, notamment dans le Pas-de-Calais, que je connais , ( et cela pour retrouver traces de la vie de mes aïeux à cette époque) avaient vécu durant ces années, alors qu'ils côtoyaient , bien malgré eux, l'ennemi (Arleux, Henin -Lietard, Monchy, Croisilles, Berles, Ecoust Saint Mein…)
Jünger fut un soldat qui faisait « son métier », par amour de sa patrie, en tuant, mais en conservant une certaine humanité , n'hésitant pas à laisser la vie sauve à un blessé, à ordonner de donner une sépulture aux corps ennemis, à respecter les civils.
Il échappera à la mort mais sera blessé à plusieurs reprises (14) , Son attitude pendant la seconde guerre mondiale sera profondément marquée par ces années sur le front , dénonçant, combattant la barbarie nazie. A lire pour mieux le connaître ses Journaux Parisiens, c'est ce que je ferai prochainement.
Commenter  J’apprécie          380
Jünger raconte sa guerre et décrit l'enfer de la Grande Guerre.
Ah, encore un livre de guerre !
Oui, mais c'est écrit par un esthète... une plume extra !
Et puis à travers ce récit autobiographique, se dessine une prise de conscience effroyable : l'homme en guerre est doublement broyé, par la violence inouïe de la mort et, pour la première fois dans notre histoire, par celle des machines.
L'auteur nous livre son parcours à travers les bois dévastés et les tranchées. Où est passée cette guerre "idéale" où les nobles sentiments justifient le sang versé ? Il n'y a hélas nulle grandeur, nul honneur dans ces combats hallucinants décrit par une plume précise et chirurgicale.
Et quand au terme de son récit, le soldat en vient au corps à corps, la barbarie est étourdissante. L'avancée dans les tranchées est proche de l'expérience visuelle du Débarquement filmée dans le Soldat Ryan. Voilà un témoignage important sur les ravages de la guerre et la barbarie de notre époque.
Scotché sur place.
Commenter  J’apprécie          230
Ce livre fut le premier de mon été de lecture 2017.
Je me souviens que j'avais été saisi par le détachement avec lequel Jünger raconte son expérience ; il parvient à expliquer les sentiments qui l'envahisssaient au moment des assauts, mais sans tomber des un discours haineux envers ses ennemis. Si l'horreur du conflit est bien présente, cela ne constitue pas le fond du livre, on aborde plus la psychologie que le sang (omniprésent malgré tout...).

Lien : https://www.facebook.com/AAA..
Commenter  J’apprécie          214
Concernant Ernst Jünger et son récit autobiographique sur la Première Guerre mondiale "Orages d'acier" André Gide écrivait : "Orages d'acier, est incontestablement le plus beau livre de guerre que j'aie lu."
André Gide avait du flair car "Orages d'acier", écrit "à chaud" et publié en 1920, a été depuis constamment réédité, et pas seulement en Allemagne. Un siècle après son écriture "Orages d'acier" demeure l'un des meilleurs témoignages, écrit par un combattant -jeune lieutenant, sur cette guerre. Ernst Jünger décrit avec acuité le quotidien des soldats, la fatigue, les blessés, les morts, mais aussi avec une très grande force les assauts, la peur qu'il faut dominer, la logique, l'incohérence et l'ivresse des batailles.
Lien : https://www.amazon.fr/LArtil..
Commenter  J’apprécie          143
Cette période est à la fois proche et tellement lointaine. Dans ce journal de guerre, pas de haine pour celui d'en face, pas d'appesantissement sur son sort.
La mort peut arriver à tout moment, c'est à la fois violent et absurde.
Pourquoi l'un reste en vie au contraire d'un autre.
Dans quel état d'esprit ressort t'on de cet enfer ?
Un livre fort
Commenter  J’apprécie          120
Belle découverte, je l'avais acheté il y a quelque temps et je craignais de l'ouvrir, étant resté hermétique au seul livre que j'ai lu de l'auteur, le Coeur aventureux. Pour ceux qui seraient comme moi, rassurez-vous, c'est un simple livre de témoignage sur la première guerre mondiale. Je le trouve supérieur littérairement à certains livres du même type qui ont pu être écrits côté français, comme le Feu de Barbusse. Mon seul regret est l'absence de traitement de la question de l'armistice et de l'effet sur les troupes allemandes, ce moment est traité d'une seule phrase, éclipsé par l'obtention de la médaille "pour le mérite", cette célèbre décoration prussienne qui n'était décernée qu'à la crème de la crème, dont le visionnage du film Blue Max ou le Crépuscule des Aigles vous permettra de comprendre toute l'importance. Je me suis un peu intéressé à la polémique sur l'auteur, je la trouve parfaitement injustifiée. Certes, comme beaucoup d'autres, Jünger a été soldat pendant la seconde guerre mondiale, mais il n'était absolument pas un partisan du régime, détestant tout particulièrement la politique d'Hitler envers les juifs. Lui reprocher des écrits nationalistes écrits dans les années 1920, dans un contexte politique dégradé, me paraît excessif et injustifié. Pour revenir à l'Orage d'acier, j'en ai apprécié le style, très précis, à l'allemande, avec des petites envolées, mais jamais trop romantiques. Pour la plupart de l'ouvrage, Jünger est opposé aux Anglais, heureusement. ça m'aurait fendu le coeur de le voir tirer sur des français. J'ai appris par la suite que Jünger était très francophile, ayant servi dans la légion étrangère à 18 ans, juste avant que la guerre n'éclate. ça ce ressent à la lecture, il n'a jamais de mots durs ou xénophobes contre ses adversaires, qu'ils soient Anglais, Anzacs (Néo-Zélandais & Australiens), Hindous, ou encore Français, et ce même dans des circonstances où ça pourrait être compréhensible, avec tous ses amis qui tombent, les un après les autres, sous le feu ennemi . Jünger me réconcilie un peu avec la littérature allemande.
Commenter  J’apprécie          110
Commenter  J’apprécie          70
Patriote. Fanatique. Fougueux car jeune, très jeune. Idéaliste. Précurseur des commandos. Trompe la mort. Chanceux. Chair à canon. Nationaliste.
Miraculé, véritablement miraculé...et survivant d'une boucherie humaine stupide. Jünger est tout cela.
Ce récit est certes une apologie du combat mais Jünger est un si grand écrivain que l'on touche à l'inhumain, au surhumain.
Commenter  J’apprécie          70
Orages d'acier est un mélange de tout ce que recèle la guerre en même temps que tous les sentiments qu'elle suscite. C'est le livre d'un vaincu, dont le goût de l'héroïsme jusqu'au-boutiste peut parfois dérouter, mais il y a dans ces pages un témoignage d'une puissance rare.

Puissance souvent ténébreuse, exprimée notamment par des phrases telles que celle-ci : « Parmi ces grandes images sanglantes, il régnait une gaieté sauvage, inconnue. » Vérité, honteuse peut-être et pourtant bien réelle, comme l'auteur le note lors d'un assaut : « Quand nous avançâmes, une fureur guerrière s'empara de nous, comme si, de très loin, se déversait en nous la force de l'assaut. Elle arrivait avec tant de vigueur qu'un sentiment de bonheur, de sérénité me saisit. »

Revers de la médaille, cette constatation qui hante l'avenir de nombreux combattants, une fois le feu de la guerre éteint : « Il existe une responsabilité dont l'État ne peut nous décharger ; c'est un compte à régler avec nous-mêmes. Elle pénètre jusque dans les profondeurs de nos rêves. »

Jünger – qui s'appuie sur des carnets remplis sur le front pour livrer son témoignage – analyse ainsi de terribles sentiments qu'il lui arrivait d'éprouver lui-même et plus seulement de constater chez les autres : « Ainsi, en ces instants, je ne ressentais pas de crainte, mais une aisance supérieure et presque démoniaque. » Plus loin, il écrit : « L'oeil et l'oreille étaient comme fascinés par cette destruction tourbillonnante. »

Mais si, au début, il y a le « courage de l'inexpérience », assez vite surviennent des remarques qui crient l'absurdité de cette guerre fratricide, ce suicide de l'Europe : « Les manifestations de la volonté guerrière me paraissaient étranges et incohérentes, comme des chaînes d'événements sur un autre astre. » La désolation devient l'ordinaire : « Pas de pied de terre où ne se fût joué un drame, pas une traverse derrière laquelle ne fût embusqué le destin, jour et nuit, prêt à accueillir au hasard une victime. » C'est là une « orgie de destruction » où l'on erre « comme un immense tas de décombres au-delà du monde connu ».

Précipité dans des batailles particulièrement éprouvantes – comme celles de la Somme ou Cambrai –, le lieutenant Jünger retranscrit avec un sens visuel implacablement net la réalité de la mort : « L'odeur de décomposition, dans cet air lourd, avait crû jusqu'à devenir intolérable » ; « Des filets de sang, à la surface de certains trous de marmite, révélaient que déjà plus d'un homme s'y était englouti ».

Le lieutenant Jünger est un observateur méticuleux de son environnement, il décrit la guerre dans ses moindres détails, même les plus vils, comme la destruction systématique des villages et l'empoisonnement des puits en prévision de l'avancée ennemie : « Ce fut la première fois où je vis à l'oeuvre la destruction préméditée, systématique, que j'allais rencontrer jusqu'à l'écoeurement dans les années suivantes. »

Orages d'acier, qui raconte les divers « visages » de la guerre, est aussi une oeuvre littéraire à part entière, et ne saurait être cantonné au simple témoignage. Dans ces pages naissait un écrivain, ce que l'avenir ne démentit pas…
Ex
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1476) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1721 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}