Ce tome contient les épisodes 973 à 976 de la série Action Comics, ainsi que les épisodes 18 & 19 de la série Superman, initialement parus en 2018. Il fait suite à Superman: Action Comics Vol. 3: Men of Steel (Rebirth) (VO, épisodes 967 à 972) et à Superman Rebirth, Tome 3 : Mes doubles et moi (épisodes 14 à 17, annuel 1). Les épisodes de la série Action Comics sont écrits par
Dan Jurgens, dessinés par
Patrick Zircher &
Stephen Segovia, avec un encrage de Zircher &
Art Thibert (épisodes 973, 974) dessiné par
Doug Mahnke, encré par Jamie Mendoza (épisodes 975 & 976, plus 16 pages écrites par
Paul Dini et dessinées par
Ian Churchill dans le 975), avec une mise en couleurs réalisée par Arif Prianto, Ulises Arreola, Will Quintana et Mike Altiyeh. Les 2 épisodes de la série Superman ont été coécrits par
Peter J. Tomasi &
Patrick Gleason, dessinés par Gleason et encrés par
Mick Gray, avec une mise en couleurs réalisée par
John Kalisz.
C'est un petit peu compliqué : à Hamilton County, Clark Kent entend une alarme et il quitte ses vêtements civils pour ne conserver que son costume de Superman et répondre à l'appel ; dans le même temps à Metropolis, Clark Kent entend une alarme et il quitte ses vêtements civils pour ne conserver que son costume de Superman et répondre à l'appel. Dans les montagnes de l'Himalaya, Superman arrive aux abords de sa forteresse de solitude et constate que quelqu'un s'y est introduit. Il s'agit de Steel (John Henry Irons) qui a amené Superwoman (Lana Lang) en train de mourir d'un mal mystérieux. À Metropolis, la capitaine Maggie Sawyer fait irruption dans le van dans lequel Clark Kent et un technicien suivent l'opération d'infiltration de Lois Lane (en tant que serveuse) dans le bar juste devant, pour démasquer un ripou (l'inspecteur Dale Massey) lors d'un rendez-vous avec son boss. Sawyer est atterrée par la prise de risque irresponsable de Lane. Effectivement, Lois Lane se fait démasquer et c'est Clark Kent qui intervient comme un chien au milieu d'un jeu de quille, pour la sauver, suivi de près par Maggie des policiers.
Lois Lane s'interroge sur qui peut bien être ce Clark Kent. Elle décide de le suivre jusqu'à son immeuble. En entrant dans le hall où il est passé une petite minute avant, elle découvre qu'il n'y a pas trace de lui, et l'agent à la réception déclare ne pas l'avoir vu passer, ne pas l'avoir vu depuis plusieurs semaines en fait. Dans la Forteresse de Solitude, Superman et Steel ne trouvent pas ce qui cause l'état maladif de Superwoman. À leur insu, Hank
Henshaw et son équipe ne sont pas loin de localiser la Forteresse. Quelque temps plus tard à Hamilton County, dans la ferme des Smith, Lois, Clark et Jon fêtent l'anniversaire des parents, quand Krypto se met à aboyer. Alors même qu'il est sorti comme un éclair, Superman ne retrouve personnage dans les parages. Soudain un incendie se déclare dans le salon. Il s'agit de flammes bleues ne dégageant pas de chaleur et semblant effacer les éléments qu'elles consument.
C'est un petit peu compliqué : en 2011, les responsables éditoriaux décident de redémarrer à zéro l'univers partagé DC, suite à Flashpoint (par
Geoff Johns &
Andy Kubert). À partir de 2011, l'ensemble des séries et des personnages DC redémarrent à zéro dans une opération baptisée The New 52. Puis en 2016, l'éditeur DC Comics lance une opération appelée Rebirth dans laquelle ses personnages ne sont plus ceux de l'itération New 52, mais pas non plus ceux de l'itération précédente. En particulier, 2 Superman coexistent, celui de New 52 et un autre plus âgé, ce dernier étant marié avec Lois Lane (comme avant Flashpoint) et ayant un enfant Jon, conçu dans des conditions très particulière expliquée dans Superman Lois & Clark. Autant dire que s'il n'est pas au fait de la continuité valide à cette époque, le lecteur a peu d'espoir de comprendre quoi que ce soit à l'intrigue ou de s'y retrouver. Mais d'un autre côté, ce tome contient l'explication de comment se résout cette coexistence de 2 versions. En outre l'écriture de ce récit est confié aux scénaristes des séries Action Comics et Superman en cours.
Les 2 premiers épisodes de ce tome servent essentiellement de prologue pour la partie Reborn proprement dite. S'il a suivi la série Action Comics, le lecteur retrouve donc ce deuxième Clark Kent, ainsi que la Lois Lane et le Superman qu'il suivait, avec quelques allusions à des intrigues secondaires comme la traque à laquelle se livre Hank
Henshaw. Mais à bien y regarder, Superman (version New 52) joue un rôle secondaire et Lois Lane tient le premier rôle, à la fois dans la séquence d'infiltration, à la fois dans l'enquête sur Clark Kent. Si le lecteur peut ne pas se sentir fortement concerné par les intrigues secondaires, il reconnaît la justesse de la mise en scène de Lois Lane, personnage que
Dan Jurgens maîtrise sur le bout des doigts. Il apprécie sa détermination, son sens de la prise de risque, sa manière de rationaliser le fait d'accepter un repas en tête à tête avec Clark Kent, sa confiance en elle et en son pouvoir de séduction.
Patrick Zircher et Stephen Segoia réalisent des planches de nature descriptive, avec une grande minutie, avec un grand soin apporté aux personnages et aux décors. La mise en couleurs d'Arif Prianto (épisode 973) et d'Ulises Arreola (épisode 974) est également très soignée, apportant plus de texture et de relief aux différentes surfaces, avec un usage raisonné des effets spéciaux. le lecteur regarde Lois Lane évoluer et agir, comme une adulte se comportant comme telle, impressionnante de maîtrise de soi, sans une once de voyeurisme ou d'objectification.
La partie Reborn proprement dite commence donc avec l'épisode 18 de la série Superman. le lecteur de cette série retrouve avec un plaisir ineffable les dessins épurés de
Patrick Gleason, qui ne sacrifie rien aux détails des décors, mais qui simplifie les traits des visages pour un amalgame entre une approche descriptive, une approche plus directe de type dessin animé pour enfants, et quelques influences shonen (par exemple els yeux un peu plus grands). le résultat est remarquable car cette approche permet de donner plus de force à l'expression des sentiments et des états d'esprit, à la jeunesse et à la franchise de Jon, à l'inquiétude de Lois et Clark pour leur enfant, à la dimension merveilleuse des manifestations du pouvoir de l'opposant, avec une mise en couleurs à la fois pop et à la fois sophistiquée de
John Kalisz. le lecteur se régale de la douceur du cocon familial des Kent, de la manifestation surnaturelle des flammes bleues, de l'aspect halluciné de l'opposant habité par une émotion intense, des constructions de page et des plans de prise de vue.
Patrick Gleason est tout feu, tout flamme pour des épisodes riches en émotion et en scènes spectaculaires.
Pour les 2 autres épisodes d'Action Comics (975 & 976), le lecteur découvre des dessins plus froids et plus incisifs que ceux de Gleason, mais tout aussi percutants.
Doug Mahnke joue plus sur la minutie des dessins et l'exagération dramatique des émotions, pour un résultat plus réaliste en apparence que celui de Gleason, générant tout autant d'empathie, avec plus d'angoisse. En outre dans l'épisode 975,
Dan Jurgens lui offre un scénario qui oppose Superman à successivement 6 de ses plus grands ennemis, pour des tableaux de duel très impressionnants. le dernier épisode se partage entre grand spectacle et plans serrés sur les visages pour des explications et des constats bien sentis. La mise en scène de Mahnke n'est pas aussi inventive que celle de Gleason, mais elle délivre un impact tout aussi fort, voir plus en termes de puissance.
L'intrigue s'avère assez linéaire et basique : Jurgens, Tomasi et Gleason accomplissent ce qui est attendu d'eux, à savoir faire se confronter les 2 Superman et tirer les choses au clair. Il est certain que cette issue avait été préparée dès le lancement de la phase Rebirth en 2016, et peut-être envisagée dès la phase New 52, avec SUPERMAN - LES HOMMES D'ACIER. La révélation de l'individu responsable de cette situation n'est donc pas une grande surprise, et la résolution du conflit non plus. le choix de cet opposant permet d'expliquer les choses rapidement, et de mettre en scène des affrontements spectaculaires. À la fin de l'épisode 975 d'Action Comics,
Paul Dini intervient pour mettre en scène le coupable dans une séquence d'explications qui tient la route, mais qui n'apporte pas d'éclairage supplémentaire ou nouveau sur cet opposant à Superman, et qui ne fait ressortir l'affection que le scénariste peut lui porter. Ian Chruchill effectue un travail de mise en images professionnel, mais dépourvu de la fougue des dessins de Gleason, et de l'intensité des dessins de Mahnke, du coup ils paraissent un peu fades et appliqués par comparaison.
Ce tome est à réserver aux lecteurs qui veulent absolument avoir le fin mot concernant l'existence concomitante de 2 Superman et la manière dont cette situation trouve sa résolution.
Patrick Gleason et
Doug Mahnke (2 artistes partageant le même studio) réalisent des planches superbes et bourrés d'énergie qui excitent les pupilles, d'autant plus que les scénaristes ont su leur concocter des séquences spectaculaires, jouant sur leurs forces graphiques respectives.
Dan Jurgens écrit une Lois Lane crédible et complexe pour les 2 épisodes d'introduction, mais par la suite les personnages perdent en consistance. La résolution était prévisible et manque de panache ou de folie pour dépasser le stade du simple artifice, malgré l'implication de
Paul Dini. 3 étoiles pour un lecteur de passage, 4 étoiles pour un lecteur plus impliqué ou pour un lecteur sensible aux dessins de Gleason & Mahnke.