Franz Kafka n'est pas le seul auteur à situer son roman dans un pays où il n'est jamais allé. Ce n'est peut-être pas conseillé, mais cela peut se faire sans trop d'inconvénients au final.
Dans "
L'Amérique", publiée en 1927, le jeune héros, Karl Rossmann, est renvoyé de sa famille en Europe et arrive donc aux États-Unis où il doit se faire une place, dans un premier temps avec l'aide d'un oncle sénateur, puis assez vite par
lui-même.
Et là on voit ce jeune inexpérimenté, qui fait penser aux benêts de
Flaubert ou
Maupassant, se faire ballotter par les événements sans beaucoup de prise sur eux, dans une suite d'aventures à vrai dire peu crédibles. Il ne s'agit pas tellement d'apprentissage car si l'horizon semble s'éclaircir pour
lui sur la fin (qui semble d'ailleurs lacunaire), c'est plutôt par chance et pas tellement parce qu'il a mûri.
Donc au sein de ce récit faible on trouve heureusement une prose tout à fait f
luide et agréable, aidée par la traduction d'
Alexandre Vialatte, agrémentée d'images et de tournures originales, amenées et posées avec une très grande habileté.
Ce sont ces seules confiseries qui permettent au lecteur que je suis, ignorant de Kafka jusqu'alors, d'apprécier d'avoir fait sa connaissance à travers ce roman.