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sur 1518 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
K par K.
Je vais faire simple. K. veut entrer dans le Château. Moi je veux essayer de sortir de ce roman. Il est enfermé à l'extérieur. Moi à l'intérieur.
Comme le manuscrit est inachevé, qu'il se termine au milieu d'une phrase, cela ressemble plus à un canular qu'à une soudaine panne d'inspiration ou d'imprimante. Surtout à l'époque. Une parution posthume qui enrhume. Une idée de tuberculeux. le mythe littéraire est né. Kafka avait exprimé la volonté de ne pas être publié après sa dernière quinte. Désir réel ? Il aurait pu tout brûler lui-même pour réchauffer les sanatoriums au lieu d'en charger son ami et exécuteur testamentaire Max Brod. On remercie ce dernier de n'avoir pas eu la conscience d'un notaire. le moyen le plus efficace de partager une nouvelle avec la terre entière est de la confier sous le sceau du secret à un ami.
J'ai lu certains commentaires qui subodorent que Kafka avait envisagé de tuer son personnage. Moi, je me dis que, par nature, cette histoire ne pouvait pas avoir une fin. Un dénouement aurait affiché une vérité qui n'existe pas.
En allemand, château se dit Schloss, C'est la même traduction pour le mot serrure, je crois (j'ai fait de l'allemand pour dresser mon chien) mais personne n'a jamais vraiment trouver toutes les clés de ce roman aussi cruel que drôle.
Recruté comme arpenteur, K. va surtout mesurer les frontières de l'Absurdie, contrée littéraire tellement bien fréquentée depuis. Il arrive dans un village où il n'est pas le bienvenu. Comme il ne parvient pas à se faire ouvrir les portes du Château pour exercer son métier, il va chercher en vain à s'intégrer. K. est rejeté de tous : des aubergistes, des fonctionnaires, de sa fiancée. Même la météo, par ses tempêtes, lui signifie qu'elle ne veut pas de lui.
A la lecture, je me suis demandé si cette histoire n'était pas la description d'un rêve. Pourquoi K. s'endort-il dès qu'il a une chance d'obtenir des réponses ? Pourquoi les personnages sont-ils si fantomatiques ? Et puis, comme Kafka vivait lui même dans un monde parallèle pour fuir l'absurdité de l'existence et que ce récit ne faisait que reflétait sa recherche d'absolu, j'ai laissé l'hypothèse des songés aux sombres nuits kafkaïennes.
Je pense que la distanciation entre l'histoire et les personnages a modéré mon enthousiasme. J'avais trouvé « le Procès » plus immersif. K. n'a rien de sympathique et ce Château, mirage peuplé de fonctionnaires aux missions obscures, n'a rien du spot tendance pour passer le week-end. Kafka n'avait pas l'âme d'un guide touristique. Il faut dire qu'au moment de la rédaction, l'auteur n'a plus que deux ans à vivre, que sa santé est alarmante et que sa vie sentimentale d'éternel fiancé n'est pas une partie de plaisir, sinon solitaire.
La bureaucratie et le totalitarisme restent au coeur de la cible mais Kafka insiste surtout ici sur la soumission généralisée qui devient de la complicité à une organisation qui n'a pas de sens. Toute l'oeuvre de Kafka décrit l'aliénation de l'individu à un système qu'il a créé lui-même. D'ailleurs, le personnage le plus intéressant du roman, le moins ectoplasmique, est cette jeune femme, Amalia, qui en refusant l'invitation d'un cadre du château a entrainé la mise en quarantaine sociale de ses parents.
Petite mention spéciale aussi pour les deux assistants de K., aussi jumeaux qu'idiots, qui apportent une touche burlesque au roman.
Une bonne lecture avant d'aller renouveler sa Carte Vitale à un bureau de la CPAM.

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Sur les pavés luisants des ruelles de Prague, l'ombre s'allonge, à peine découpée par le peu de lumière suintant des lampadaires. C'est une pénombre idéale et silencieuse. Des façades colorées, immobiles, des fenêtres sombres, des rues désertes ; une scénographie de théâtre oublié. Prague soupire ou chuchote, rien de bouge pas même la Vlata; dans ce décor qui n'en est pas un, s'évapore la silhouette de Franz Kafka. Ce profil aigu à quoi pense-t-il ? Au château ? Métaphore obsédante de la persécution ? Mais jusqu'où va ce sentiment d'oppression ? Jusqu'où vont le jeu et la réelle angoisse ?
Il y a une belle part de divertissement dans ce livre comme si Kafka s'était dit « jusqu'où aller le plus loin dans la loufoquerie, l'absurde, la bêtise et l'angoisse.
Qui est K ? Pourquoi s'obstine-t-il à vouloir rester dans ce village où l'hostilité à son égard va grandissante ? Que peut-il espérer dans cette contrée inconnue dominée par un château, Paradis inaccessible et vain. Cet Eden qui par le peu de description qu'en font les protagonistes de cette histoire – ceux qui arrivent à pénétrer à l'intérieur – ressemble plutôt à une aberration infernale.
Ce livre est un maelström touffu d'écriture, belle et trompeuse. Car que lit-on vraiment ? Suivant l'angle de perspective l'histoire change. K commente les faits et les villageois font de même. Dans un même paragraphe une idée est interprétée deux ou trois fois différemment. Est-ce une série de malentendus ? de déformation pathologique de la pensée, des faits ? Un mot peut tout changer.
Les « Messieurs » - l'administration – sont tellement ridicules que leur pouvoir en est glaçant. le sentiment amoureux apparaît comme un « moyen » pour obtenir des miettes. La réputation, l'attitude, se détricotent et se re-tricotent à l'envers suivant le moment. Les personnages de cette histoire sont des marionnettes, toujours en porte à faux avec K. D'ailleurs on finit par songer que K. affabule, travesti la vérité. Mais cela peut-être aussi le cas des villageois ! Comment en parler et les décrire avec justesse puisqu'ils sont si….. multiples dans leur psyché. L'écriture de Kafka est en équilibre et c'est un réel plaisir de se sentir funambule.
Le village est un lieu clos et obscur. Les règles qui le régissent peuvent paraître impénétrables, sans fondement réel. Ce village pourrait faire écho au village du N°6, une résonnance faible soit, mais une résonnance quand même.
D'ailleurs ce château existe-t-il ou n'est-il qu'un fantasme ou une vision ? Notre propre folie ou notre propre absurdité ? A la fin (même si ce livre n'a pas été achevé) il y a le Néant. K est énigmatique, le village, les villageois aussi et le Château est une ombre dans la brume. L'histoire de K n'a pas de fin, ni de solution ; c'est une spirale s'enfonçant dans les limbes de l'inconscient.
La statue de Franz Kafka pointe du doigt rue Dusni. le château sommeille sur les hauteurs de Prague.
L'ombre de K n'a pas fini d'arpenter les rues du quartier Josefov ; dans le labyrinthe de son esprit il crie.
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"Le Château" est le dernier roman de Franz Kafka et à mon sens l'un de ses trois meilleurs avec "le Procès" et "la Métamorphose" .
Le héros nommé K qui est bien sûr la démarque de Kafka lui-même , se présente comme un arpenteur et déclare avoir été convoqué par le comte West-West , le seigneur tout puissant de la contrée . En fait le Chateau n'a convoqué personne , mais il se contente d'enregistrer la déclaration de K . Pour tout le monde , K devient donc Monsieur l'arpenteur . Il pourrait exercer ses talents et amener chacun à reconnaitre ses qualités et son utilité pour la société s'il n'était bloqué sur le désir d'une reconnaissance officielle de la part du Chateau . Les paysans en fait , lui sont hostiles car ils considèrent que l'art de l'arpentage est plutôt dangereux , voire subversif . Bien sûr , K court vers un échec inévitable , il se retrouve dans l'éternelle situation de Kafka , l'exilé , l'étranger absolu et même trois fois rejeté puisque juif , issu d'un milieu aisé ( son père était commerçant ) et germanophone ( langue de l'occupant) . Il se réfugie dans une oeuvre virtuelle : l'arpentage dans les deux sens du terme est , bien sûr l'allégorie de la Littérature . Il est victime de la solitude absolue . Ce thème se retrouve partout chez Kafka . K est un rêveur incorrigible et ridicule . Il passe son temps à attendre les messages que Barnabé doit lui transmettre en provenance du Chateau . K est dans la position du croyant , de celui qui se place lui-même dans la soumission à l'autorité et Barnabé n'apporte que le mensonge car ce n'est qu'un enfant impuissant et les lettres ne sont que paperasses poussiéreuses sans véritable expéditeur ni destinataire .
Nous voilà dans l'absurde et le fantastique absolu mais quotidien ou banal si vous préférez et en cela , Kafka nous touche . Son livre peut sembler hermétique au premier abord pourtant , il apparait plein de vie et de sincérité . L'auteur y a tout mis de lui-même dans une sorte de psychanalyse un peu hermétique et prêtant à toutes les interprétations . le Chateau est son livre le plus achevé , son testament en quelque sorte . On y voit qu'après tout l'art littéraire ne sert à rien . le pessimisme de Kafka y est total , d'ailleurs , il avait demandé à Max Brod , son ami , de détruire son oeuvre après sa mort , ce qu'il n'a pas fait et heureusement . Nous n'aurions pas bénéficié de ses chefs d'oeuvre et particulièrement de celui-ci qui est le livre d'un véritable visionnaire . Kafka pressentit en effet la montée des totalitarismes . Qui donc est K sinon le zek du Goulag ou même le citoyen de notre monde actuel obéissant aux modes et aux injonctions des médias qui lui fournissent le prêt à penser idéal et j'irai même plus loin , le prototype de l'homme du 21ème siècle , celui du monde virtuel qui ne sentira même plus le poids de la dictature dure ou soft !
Livre à mettre à égalité avec "Le meilleur des mondes" ou "1984" c'est à dire dans le meilleur du genre . Lisez Kafka !
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Publié en publié en 1926 à titre posthume à l'initiative de Max Brod, ami de l'auteur, « le château » est le dernier texte, inachevé, de Franz Kafka.

K. arrive dans un village administré par le Château. Il en est le nouvel arpenteur et souhaite entrer en contact avec le châtelain, fort d'une lettre qu'il prétend avoir reçue de sa part. Il ne trouvera que rejet et incompréhension...

Une oeuvre forte, comme le reflet en négatif du « Procès » où le héros se trouvait confronté à une administration intrusive. Ici, c'est K. le héros qui se fait intrusif par rapport à une administration monolithique et fermée…

Un thème cher à Kafka que l'on retrouve dans l'étranger de Camus…

Autant comme « La métamorphose » m'avait m'avait laissé un sentiment de malaise, autant je retrouve ici les mêmes idées force de l'administration castratrice et liberticide, appuyée sur une bureaucratie tyrannique qu'on peut trouver dans « le procès ».

« le procès » et « le château », ou le diptyque - au sens musical du terme - de l'absurde…
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Incroyable ambiance de ce livre de Kafka duquel on ne veut que terminer la lecture, si le moral est bon.... Encore une preuve que ce livre de Kafka ne peut être lu lorsqu'on le veut mais quand l'esprit est disponible.... à l'écoute des angoisses et des contradictions humaines....
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Le Château suit les pérégrinations de K., arpenteur (géomètre) dans un village bavard mais muet où il est impossible de communiquer.
Ces chapitres sont une succession d'échecs et de déceptions qui, dans un esprit de suite et non une logique, amènent K. à assimiler la maladie décrite dans le Procès et de vivre avec elle.
Camus écrit :

"Le Procès diagnostique et le Château imagine un traitement. Mais le
remède proposé ne guérit pas. Il fait seulement rentrer la maladie
dans la vie normale."

L'issue du Procès est la mort. L'absurde dans sa forme incompressible, l'absurde avec lequel on ne peut pas vivre. le Château est bien plus lancinant, monotone, entêté. C'est un parcours parmi une administration opaque, presque irréelle. Cette liberté inaliénable de K. dans le Procès s'éteint chez le K du Château.

Il s'agit là d'une oeuvre classique de Kafka. Bien des esprits se sont attelés à trouver la vérité profonde de l'auteur dans son oeuvre mais elle reste mystérieuse. C'est une lecture fastidieuse, frustrante même de par l'absence sub-totale de progression. Les descriptions sont menues et les métaphores rares. La poésie est distillée dans une mélancolie de l'espoir, ces quelques moments qui donnent la force au héros de continuer. K. est l'étranger soumis aux humiliations du divin dans l'espoir que le Château l'adopte.

C'est une oeuvre majeure qu'il faut lire, mais au cours de laquelle on peut s'ennuyer. Il faut la mettre en regard du Procès pour en comprendre la volonté littéraire.

Pour plus d'informations : "L'absurde dans l'oeuvre de Franz Kafka" in "Le Mythe de Sisyphe" - Albert Camus
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Encore un roman de Kafka qui prend une résonance autre aujourd'hui dans notre société bureaucratique, quel talent visionnaire !
Ce roman reste inachevé peut-être parce que Kafka ne trouvait pas de fin à son histoire ou qu'il n'a pas eu le temps de le terminer. Allez savoir ! En tout cas ce livre reste l'un de ses meilleurs avec le procès et La métamorphose.
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Lecture qui peut paraître assez longue si l'on adhère peu à l'écriture de Kafka, en revanche pour moi ce n'est pas du tout le cas. Cette sorte d'absurdité dans laquelle nous plonge l'auteur est un plaisir à lire. Ici on voit qu'il est impossible d'atteindre un objectif mais il est aussi impossible d'arrêter de poursuivre celui ci. Métaphore du bonheur ?
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Qu'est-ce que le Château? Un idéal de cohésion, la quintessence du bon fonctionnement d'une administration? le lieu d'un pouvoir immuable, irrévocable et incontournable? Une chimère? Les oeuvres de Kafka sont réputées pour être incroyablement subversives. Difficile d'ailleurs de cataloguer ce roman dans un genre bien précis, du fait de sa polyvalence: on oscille entre la contre-utopie, l'intrigue amoureuse (entre K. et Frieda), la quête de reconnaissance et de réussite sociales, et bien sûr la satire. La lecture n'est pas des plus aisées: je ne compte plus les fois où il m'a fallu relire à plusieurs reprises certains passages dans lesquels je m'étais égaré. Il m'a d'ailleurs fallu du temps pour cerner le schéma narratif qui, à vrai dire, m'échappe encore: d'ordinaire, on dit que les interprétations peuvent être multiples pour un roman, sauf que dans le cas du Château, j'ai l'impression que les interprétations m'échappent, comme si elles se dérobaient...

En ce qui concerne le style de l'oeuvre, je serai très bref à ce sujet: les analepses sont nombreuses, les métaphores quasi absentes. La plume de l'auteur entretient le vague espoir de parvenir à une cohésion, mais le lecteur se doute que la situation de K. est désespérée. Je me suis laissé dire qu'il était plus facile de comprendre cette oeuvre après avoir lu le Procès, roman que je n'ai pas encore lu mais qui fait partie de mon programme annuel de lecture. L'univers dépeint dans ce roman est extrêmement prémonitoire: une personne de mon entourage m'a dit le sourire aux lèvres que ça lui avait rappelé la maison des fous dans les douze travaux d'Asterix... Une fois arrivé au bout du roman, on s'aperçoit que le cheminement de l'intrigue est absolument absurde et n'aboutit à rien d'autre qu'une désillusion. La quête de K. était vouée à l'échec dès le début du récit. Ce n'est pas seulement l'échec de l'ambition que traduit ce roman: on y trouve également celui de l'amour, du désir, de l'humanité. Dans un univers où chacun fait cavalier seul, l'implosion pourrait paraître probable, mais tous subissent en silence le joug du Château.


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K. est arpenteur de son état. Il doit à son idée se rendre au château où il est attendu. D'abord il passe par le village. Arrivé la-bas, il apprend qu'on a nul besoin de ses services. Il arrive tant bien que mal à se faire héberger à l'hôtel du pont. On lui dit qu'on ne se rend pas comme çà au château, il y a des formalités à remplir et des intermédiaires à rencontrer. K. ne se décourage pas, notre homme est un coriace. Plein de ressource, il comprend peu à peu qu'il doit la jouer fine. Il décide de séduire une jeune fille insignifiante, Frieda la serveuse, une ancienne amie du chef de bureau Klamm qui doit à se titre avoir ses entrées chez lui, ainsi par un jeu de billard à trois bandes il pense dans son esprit retord faire avancer sa cause.

On retrouve dans le château l'idée de l'être en but aux arguties d'une administration déshumanisée. Avec Kafka il y a toujours plusieurs grille de lecture. On peut avancer qu'il s'agit d'une parabole sur la vie comme dans le désert des Tartares de Dino Buzatti, la multiplicité des interprétations est en fait vertigineuse. Jamais dans l'oeuvre de l'écrivain Praguois l'humour kafkaïen n'est aussi présent. Bien que le roman soit inachevé, c'est à mon sens l'oeuvre la plus abordable. C'est en tout cas ma préférée, et j'incline à relire les autres romans, à travers le prisme de l'humour.
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