Midvinterblod
Traduction :
Max Stadler & Lucille Clauss
ISBN : 9782757821459
Personnages
Désolée de devoir le faire mais j'endosse une nouvelle fois mon rôle d'empêcheuse de tourner en rond. "
Hiver" a obtenu nombre de critiques dithyrambiques mais il n'aura pas la mienne. J'irai même plutôt à contre courant.
Tout d'abord, l'intrigue, bien que se laissant lire - le corps d'un homme entièrement nu et ayant subi d'importants sévices est retrouvé pendu à un arbre dans la campagne suédoise - présente trop de défauts. Comment l'assassin a-t-il réussi à survivre à son enfance reste pour moi une énigme : compt
e tenu des tortures qu'il a endurées très jeune, il n'aurait pas dû - à mon sens - atteindre l'âge adulte. La fin constitue en outre une sorte de plongeon dans le vide : vlan ! voilà, on s'arrête là, quinze lignes pour évacuer les questions et les reproches que ses proches doivent fatalement adresser à la responsable de tout ce gâchis cruel, pas une de plus, aucune indication sur l'identité du violeur de l'assistante sociale, y a plus rien à voir, circulez, m'sieurs-dames.
Mais le pire, c'est sans doute le style et la composition. Notre cadavre - un brave et honnête cadavre, sympa et tout, qui a eu une vie bien triste, le pauvre, et pour lequel on est plein de compassion - n'arrête pas de s'adresser à Malin Fors, l'inspectrice responsable de l'enquête. Quand Malin n'est pas là, il parle à la seconde victime et même au meurtrier. Il faut ajouter à ces interruptions les moments où les protagonistes se mettent à penser à la première personne au beau milieu d'un récit à la troisième - mais sans les tirets et guillemets d'usage. Une variante timide et scandinave du flux de conscience anglo-saxon peut-être ?
Ca pourrait fonctionner si l'ensemble du discours n'était pas aussi plan-plan. On n'est pas loin du "Tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil". Personnellement, toute cette douceur à la guimauve bien-pensante, ça m'écoeure. Surtout quand on martèle en sus - la plaie des polars suédois depuis Henning Mankell Bad - une ou deux leçons faussement humanistes.
Enfin, quand je dis : "Tout le monde ...", il y a une ou deux exceptions. Les odieux païens adeptes des anciens cultes nordiques par exemple :
Kallentoft les dépeint de manière si caricaturale qu'on comprend que, pour lui, ils ne peuvent être qu'odieux. de manière générale d'ailleurs, les personnages manquent de profondeur - sauf Malin Fors et son équipier.
Cerise sur le gâteau si j'ose dire, qui me reste sur l'estomac parce que je ne sais si c'est de la responsabilité de l'auteur ou de celle des traducteurs : quand les policiers prennent conscience que la victime pourrait avoir
été sacrifiée, ils associent automatiquement ce sacrifice au solstice d'
hiver. Or, le solstice d'
hiver se produit vers le 21 décembre et non ... au mois de février, mois durant lequel se déroule l'action de cet "
Hiver". On prête aux anciens Scandinaves des fêtes rituelles comparables à celles des Celtes. Effectivement, les Celtes célébraient, le 1er février, un rituel marquant la fin de l'
hiver, qu'ils appelaient "Imbolc." Mais, comme on le voit, ça n'a rien à voir avec le solstice d'
hiver. Alors, pourquoi nous mettre celui-ci à toutes les sauces ?
Vous l'avez compris : je n'ai pas vraiment aimé "
Hiver." J'ai pourtant fait des efforts car si je m'étais écoutée, je n'aurais pas dépassé les dix premières pages. Mais la recette n'a pas pris. Dommage. ;o)