AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782370211101
112 pages
Raconter la vie (05/03/2015)
4/5   4 notes
Résumé :
Les reins cassés
Lou a 22 ans lorsque la maladie entre brutalement dans sa vie. Pour survivre, elle s'engage dans un combat qu'elle n'a pas choisi et qui va bouleverser son existence. Dans ce livre, elle témoigne, avec une grande lucidité parfois teintée de révolte, sur ce processus chaotique qui l'a menée de la dialyse à la greffe. Elle raconte les espoirs, les galères médicales, l'implacabilité d'un système de soins souvent en mal d'humanité, l'intolérance ... >Voir plus
Que lire après Les Reins cassésVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
le but de la série « raconter la vie, le roman vrai de la société française » des éditions du Seuil, est de donner la parole à des témoins de notre époque.
Témoins, ils peuvent l'être à travers leur métier, par le regard original qu'ils portent sur des symboles de notre époque.

Dans Les reins cassés, c'est au tour de Lou Kapikian, jeune femme de trente trois ans, de prendre la parole, pour témoigner de sa maladie et de son combat. Lou Kapikian a reçu l'aide du sociologue Christian Baudelot et l'Yvanie Caillé, fondatrice de l'association de patients Renaloo.

A l'âge de vingt deux ans, Lou a appris brutalement qu'elle souffrait d'insuffisance rénale chronique terminale. le diagnostic signifie dialyse et : greffe. Les séances de dialyse, destinées à nettoyer le sang de ses impuretés et à retirer l'eau en excès, ont commencé ; séances de quatre heures, trois fois par semaine, auxquels s'ajoutent la durée du branchement et débranchement…. La fatigue s'installe ; une fistule « artério-véineuse » déforme progressivement la veine du bras qui devient utilisable pour la dialyse. La dialyse sauve la vie de Lou, mais la jeune fille sent que tout son avenir tourne désormais autour de ce geste médical et qu'elle n'a plus d'autonomie. Malgré la lourdeur de ce traitement, Lou poursuit ses études et travaille.
Au bout de sept ans, Lou peut enfin bénéficier d'une greffe, et un an après, doit subir une intervention chirurgicale car le greffon n'a pas été d'une très bonne qualité….

Dans Les Reins cassés, Lou dépeint son quotidien de malade. Elle explique ce qu'est une dialyse, ses souffrances, ses attentes. Elle porte également un regard sans indulgence sur le monde médical. Les médecins, les infirmières la traitent souvent sans beaucoup de ménagement, semblant s'intéresser principalement à la pathologie et aux questions organisationnelles, et reléguant au second plan la malade, qui souffre, laissée dans l'ignorance. Ils font preuve parfois d'un manque d'empathie flagrant. Alors que l'on déclare officiellement l'importance de la relation soignant-soigné, le témoignage de Lou souligne qu'il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine.

Lou nous fournit des précisions sur les greffes, les greffons, les donneurs, et nous fait réfléchir sur le don d'organes.

Le soutien vient de la famille de Lou, un soutien inconditionnel qui lui permet de tenir. Lors d'une séance de dialyse, Lou est mise en contact avec l'association de patients Renaloo, elle peut alors échanger avec les membres de l'association et se sentir comprise, écoutée et surtout moins seule. le rôle des associations de patients et leur importance est souligné.

Lou conclut son témoignage par des lignes optimistes. La maladie l'a rendue plus forte, plus directe, moins timide. Grâce à la greffe, elle se sent mieux. Elle travaille, fait des projets. Son objectif : profiter de la vie au maximum….
Courage, Lou…



Commenter  J’apprécie          63
Lou Kapikian témoigne du quotidien que lui impose la maladie rénale qui lui a été diagnostiquée à l'âge de 22 ans (une maladie génétique : la néphronophtise). A partir du diagnostic, elle a commencé à être dialysée 3 fois par semaine, dans l'attente d'une greffe. de manière particulièrement sensible, elle raconte ses difficultés, son incompréhension devant la maladie et ce qu'elle lui impose (la fistule, la dialyse), l'incompréhension du personnel médical à son égard (par exemple le manque de souplesse du centre de dialyse pour les horaires), le sentiment de solitude, la douleur. Quand elle reçoit enfin une greffe de rein, la "galère" ne s'arrête pas pour autant car le greffon n'est pas très bon, il est "fatigué".
L'auteur essaie tant bien que mal de poursuivre des études, de travailler, de mener une vie normale, ou de mener la vie la plus "normale" possible : elle nous explique ses espoirs mais aussi ses déconvenues.
C'est un témoignage vivant, émouvant, qui fait prendre conscience des difficultés des malades et de ce que peut représenter au quotidien une maladie chronique. L'auteur évoque aussi l'association "Renaloo", très présente sur internet, qui l'a aidée à surmonter les épreuves.
Le livre fait aussi réfléchir à l'attitude des médecins, de l'entourage, au système d'inscription à la liste d'attente pour les greffes : pour quelqu'un de néophyte comme moi cela m'a beaucoup intéressée.
En conclusion voilà un témoignage simple et émouvant, très accessible, et finalement porteur d'espoir.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La maladie fait peur. L'absence de soutien affectif, de présence auprès de soi est dure à vivre. En même temps, ces périodes sombres, celles où on croit qu'on va mourir, on ne peut pas les partager avec n'importe qui.
J'ai donc ressenti très fortement le besoin d'échanger avec d'autres malades. Dans mon centre de dialyse, beaucoup de patients étaient âgés, certains très âgés. C'était difficile pour moi de trouver ma place, d'établir des liens, d'échanger des informations. J'en avais pourtant le plus grand besoin. Au début, j'avais besoin de savoir comment les gens de mon âge vivaient leur dialyse au quotidien, comment ça allait se passer ensuite pour la greffe, le délai d'attente, etc. J'ai fait beaucoup de recherches sur internet et découvert le site Renaloo, deux ans à peu près après le début de la dialyse. J'y ai trouvé des informations, mais aussi du partage d'expériences. J'ai d'abord cherché des contacts et des échanges avec des personnes qui vivaient la même chose que moi. Sur les forums, les questions qu'on se pose, beaucoup se les sont déjà posées, on obtient des réponses, on découvre des témoignages, on se reconnaît dans les histoires des autres et cela crée des liens très forts, d'entraide et de solidarité. Ce qu'on partage, c'est le vécu de la maladie. Ca permet de se sentir moins seul, plus armé. On y apprend beaucoup de choses, aussi, sur la maladie et les traitements. On y acquiert des connaissances auxquelles on aurait difficilement pu accéder dans la "vraie vie". C'est internet, on y va quand on peut, quand on a envie, on y fait exactement ce qu'on veut. On peut accéder à des ressources très variées, des vidéos aux articles de revues médicales et scientifiques internationales. Et il y a toujours la possibilité de se faire aider, accompagner, de manière informelle, par un autre internaute qui, justement, a les compétences nécessaires et l'envie bienveillante de le faire. On apprend aussi beaucoup les uns des autres, sans se connaître et le plus souvent sans jamais se rencontrer.
Commenter  J’apprécie          30
Ceux qui viennent s'exprimer le font le plus souvent parce qu'ils rencontrent un problème, une difficulté, parfois grave. Lorsqu'ils vont mieux, beaucoup disparaissent. Cela implique que la vision qu'on peut avoir du vécu de la maladie au travers des témoignages est souvent un peu négative. On le comprend vite. On prend du recul.
Et puis, un jour, le soutien "virtuel" est devenu concret. J'étais en dialyse dans mon centre habituel. C'était la période où je faisais de la dialyse quotidienne parce que je n'arrivais pas à gérer mon poids entre deux séances. Une équipe de Renaloo était présente dans le centre pour un tournage sur la dialyse. Ce nétait pas prévu, mais ils m'ont proposé de m'interviewer et j'ai accepté. On a discuté et on est restés en contact. Peu à peu, j'ai commencé à m'impliquer dans l'association, je suis devenue bénévole, puis j'ai rejoint le conseil d'administration de Renaloo. J'ai rencontré les autres membres de l'association. Lorsqu'on se rencontre entre personnes maladies, on se sent compris, écoutés, moins seuls. Les associations de patients servent aussi à ça. En s'impliquant, on se dit qu'on peut être utile à d'autres et leur éviter les erreurs qu'on a commises. Il est très important de pouvoir discuter de tout ça avec des personnes qui vivent les mêmes difficultés....

.... Tout ça m'a aidée à tenir debout et à faire face.
Commenter  J’apprécie          20
Je ne suis plus du tout la même personne qu'avant la maladie ou que pendant la dialyse. En dix ans, mon caractère a beaucoup changé. J'étais très renfermée sur moi-même, peu ouverte aux autres. Aujourd'hui, j'ai le contact très facile, je suis sociable, à l'aise. Les gens me disent que je suis plus "cash", que je dis les choses brutalement. J'ai perdu ma retenue, je ne suis plus du tout timide. Je suis très vite excédée par les choses que j'estime insignifiantes. J'ai failli mourir, il y a moins d'un an. Quand je vois une de mes collègues en larmes à cause d'une sombre histoire de vacances trop courtes, je ne peux pas le comprendre ni l'accepter. Je dois quand même apprendre à être un peu moins frontale avec les gens, certains me disent que c'est trop. Moi je préfère celle que je suis devenue. Je passe moins de temps à réfléchir avant d'agir. Les épreuves traversées, mais aussi le fait d'avoir été psychalanalysée pendant cinq ans, d'avoir fait ma formation d'assistante sociale, tout ça m'a donné du recul sur la vie.
Commenter  J’apprécie          20
Ma maladie n'est pas un mauvais moment à passer. Elle continuera toujours, jusqu'à la fin.
Raconter la maladie chronique, lorsqu'elle est si étroitement imbriquée dans la vie, au point de la bouleverser, de la mettre entre parenthèses parfois, pourquoi ai-je eu tellement envie de le faire ?
En faire le récit me permettait d'en faire le tour en prenant de la distance, même si, au cours de l'écriture, l'émotion m'a souvent submergée.
J'ai donc écrit ce récit pour moi, pour mes proches, mais aussi avec l'idée qu'il pourrait servir à d'autres malades, d'autres familles et même, pourquoi pas ? à quelques soignants, médecins y compris.
Commenter  J’apprécie          20
Les injustices, les moments de détresse, les regrets ne sont pas plus acceptables ou moins douloureux parce qu'on les formule. Mais mettre des mots sur les maux, c'est refuser de les taire. C'est redresser la tête, pour que les choses soient dites. Pour moi, mais aussi pour tous ces invisibles, inaudibles, résignés, croisés dans les couloirs des hôpitaux ou en dialyse, qui partagent mon destin. Ma guerre, ma malédiction, ma force et ma chance.
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : maladie rénaleVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (15) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
852 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}