Joanna a choisi de revenir vivre au bord de la mer où elle a grandi, pour soustraire son fils Alfie au harcèlement dont il est la victime dans son établissement scolaire londonien. C'est donc devant sa nouvelle école, en papotant avec des mères d'élèves à la langue bien pendue et à l'imagination fertile que naît
la rumeur : la communauté abriterait à son insu Sally
McGowan, qui a l'âge de 10 ans fut une enfant meurtrière. Après avoir été condamnée à une privation de liberté de 21 ans, elle vivrait paisiblement à Fleanstead, dans une propriété prêtée par le gouvernement sous la protection de la police, et sous une nouvelle identité gracieusement offerte par la justice pour se la couler douce. Il s'agit d'une information sûre puisqu'elle a été rapportée par l'ami d'un ami qui connaît quelqu'un qui a eu des contacts avec un ancien policier qui a failli avoir le dossier de l'affaire entre les mains, c'est dire ! Par bêtise ou pour se rendre intéressante, Joanna colporte le ragot sans en mesurer les conséquences auprès de ses copines qui s'occupent toutes affaires cessantes de sa mise sur orbite...
Lesley Kara est une nouvelle venue dans le monde du thriller et impose d'emblée son coup de patte personnel. Les mécanismes de la propagation d'une rumeur et les dégâts commis sur sa trajectoire, ainsi que le sort réservé aux enfants meurtriers sont des thèmes peu exploités dans les thrillers. L'auteure réalise un bon travail de dissection et explique bien comment à partir d'une spéculation basée sur l'ignorance et la haine, des justiciers auto-proclamés, des chasseurs de sorcières, projettent ce qu'ils croient savoir d'un pseudo-coupable sur un bouc émissaire, s'appuyant sur une présomption de culpabilité, et déniant à ceux « qui ont payé leur dette à la société » le droit à l'oubli et à la prescription, inscrits dans la législation de tout Etat de droit.
Il s'agit d'un premier roman prometteur qui rappelle que ceux qui sont victimes de ces poisons qui se répandent dans l'air, perdent souvent leur maison, leur emploi, leur réputation, leur tranquillité d'esprit. Ne l'oublions pas : les rumeurs tuent.