Une famille ordinaire vivant dans une banlieue chic, un couple bien plus bancal qu'on ne le croit au départ, une adolescente rebelle, bref tout semble normal, basique, lorsque du jour au lendemain Eve, la mère de Kat disparaît de la circulation évaporée dans le blizzard, sans emporter son sac à mains, ni ses vêtements, ni laisser une quelconque explication.
Kat fait le bilan de sa vie, année après année, (de 1986 à 1989) par rapport à la disparition de sa mère, et tente de se remémorer ses relations avec elle, mais aussi avec son père, et avec son petit ami Phil, et ses copines, alternant les souvenirs, les rêves qu'elle raconte à sa psy. le procédé pouvait être intéressant.
Certes, on retrouve l'univers froid et plutôt glacé, sinon glacial de
Laura Kasischke, avec les relations familiales bizarres, mais cette fois, je suis restée septique, car je ne voyais pas où elle voulait en venir, ce qu'elle cherchait à provoquer chez le lecteur. Déjà, je mis du temps à le lire, et pas dans le but de faire durer le plaisir, plutôt par ennui.
Tout d'abord, comment ne pas s'interroger sur les circonstances de la disparition d'Eve. Je veux bien admettre que son mariage et sa vie de famille devenait pesante au fil du temps, mais au point de partir les mains dans les poches, sans explication?
Que dire des réactions de Kat à ce départ? Rien, car elle n'en a pas, elle donne l'impression de s'en moquer éperdument. Je me suis posée des questions , durant toute le lecture sur sa santé mentale; certes, à l'adolescence, on est autocentré, nombriliste mais là, tout glisse sur elle, on ne sent aucune émotion.
Le père semble tout aussi toxique, trop placide et inintéressant pour ne pas cacher un désordre mental? le petit ami et sa mère aveugle, idem. La psy m'a laissée perplexe, dans sa manière de prendre en charge Kat…
A ce propos, l'auteure fait référence au film de
Hitchcock : « La maison du Docteur Edwards » (avec Ingrid Bergman en psy qui tente de faire creuser dans la tête de Gregory Peck)
« le docteur Phaler ne pouvait-elle donc pas faire la même chose avec moi, plonger sa lampe de mineur au fond de ce puits, de cette glace immobile figée au fond de moi, là où se trouvaient ma culpabilité, mon chagrin ou ma colère, ou peut-être même ma mère? P 87 »
Laura Kasischke a peut-être voulu réfléchir sur le déni, et la manière dont on peut voir les choses mais les enfouir, au fin fond de la conscience, et comment les souvenirs remontent si on veut bien leur laisser la place…
On comprend très vite que les choses sont plus compliquées qu'on ne pouvait le supposer, mais je n'ai pas trouvé le récit convaincant. Il y a parfois des fulgurances qui lui redonnent du rythme. Donc, une lecture qui laisse une impression mitigée, et une déception, l'auteure m'avait habituée à mieux.
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