Venise à Double Tour

Il est un moment qui me comble, peut-être le plus beau que procure Venise, c'est le concert des cloches qui exultent et se répondent à la volée le dimanche matin.

Je lui demande qu'elle est la principale qualité du restaurateur. Elle hésite, réfléchit :
- Intervenir de manière stricte et limité . Ne pas porter atteinte à l'oeuvre.
Elle se concentre un peu plus et déclare fermement :
- Toucher le moins possible au tableau.
- Au fond, vous venez de définir le tact.
- Le tact ! s'étonne-t-elle.
Sur le coup, elle ne comprend pas. L'italien ne fait pas de différence entre le tact et le toucher.Il tatto, c'est le toucher auquel s'ajoute une nuance de grâce et de délicatesse. J e lui explique la signification particulière de l'expression "l'air de ne pas y toucher". Cela pourrait s'appliquer à elle et à son métier. Tout en retenue mais rien ne lui échappe.
- De loin la restauration doit faire illusion. De près on doit voir les retouches.
- L'intervention ne doit pas abuser le spectateur en se faisant passer pour une oeuvre originale.

Depuis toujours, j’ai préféré le combat à la victoire. Il y a une telle tristesse dans l’accomplissement de ce que l’on désire.

La sprezzatura, ce mot italien intraduisible qui indique à la fois l'élégance et la désinvolture, la dissimulation de toute trace d'effort ou d'application, alliées à une forme d'alacrité communicative et créatrice, définit parfaitement la manière d'être de ces statues.

il ne faut pas craindre dans certains cas de braver une forme de grotesque pour convaincre. (p.62).

L'essence du catholicisme ne réside-t-elle pas dans cette ardeur à ressentir, à mettre le corps à contribution - quitte aussi à le mater? (p.54).

Une habitation revient toujours à son haleine d'origine. Elle est imprimée dans les murs. (p.30).

L'action d'interdire est ici [en Italie] plus subtile qu'en France, où l'autorité cherche toujours à intimider l'usager et le considère comme un délinquant en puissance. (p.13).

"- Vous voyez, c'est cela Venise, des îlots invisibles au milieu du vacarme."
p.195

p. 186 De mon temps, tout le monde chantait, la plupart des corps de métier chantaient…On ne gagnait rien, on ne dépensait rien, et tout le monde vivait.