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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lors d'une de mes précédentes lectures d'un roman de Natsuo Kirino, je me suis intéressée au système éducatif et aux valeurs familiales nippones, découvrant un système et des valeurs bien différents du modèle occidental. Un système dans lequel la pression de la réussite est exercée dès le plus jeune âge sur les écoliers dont le peu de temps libre est consacré aux "jukus" (stages de révisions intensifs) ; une structure familiale où le silence et la modération du langage sont de mise et font office de politesse, reléguant ainsi l'expression spontanée des sentiments au second plan, la proscrivant bien souvent en public, lui préférant une forme de pudeur et de distance.

"L'adolescence c'est l'âge où l'on doute de tout ce qui est possible et de rien de ce qui est impossible" (Jean Dutourd), d'où l'importance de pouvoir mettre des mots, des paroles sur les émotions, les sentiments qui submergent l'adolescent face à des évènements passés ou à venir, graves ou moins graves et encore plus lorsque se pose la question du deuil comme c'est le cas dans ce récit. Faire le deuil d'un parent est loin d'être chose aisée pour un enfant ou un adolescent, le chemin pour y parvenir est long et il s'effectue en partie grâce aux échanges et à la parole avec l'entourage et le parent restant.

C'est de cela que nous parle ce très joli roman de Mieko Kawakami dont l'écriture élégante et pudique a le mérite de ne jamais tomber dans l'excès propre au jargon adolescent. le récit, par le biais de sa double narration, donne la parole tour à tour à Mugi et Hegatea au Japon de nos jours, un garçon et une fille, tous deux âgés de douze ans que la perte respective d'un de leurs deux parents alors qu'ils étaient encore très jeunes va rapprocher instinctivement. Une double narration très pertinente qui accentue la caractérisation psychologique des deux personnages principaux, permettant ainsi au lecteur de s'approprier dès les premières pages, leurs pensées et leurs humeurs.

Mieko Kawakami nous dresse les portraits touchants et emplis de tendresse de ces deux enfants qui entrent dans l'adolescence, période troublée et régie par son lot de questions existentielles. Deux enfants qui ont beaucoup de respect et d'attention mutuelle l'un pour l'autre, qui ensemble vont grandir, vont avancer sur le chemin qui est le leur et tenter de découvrir ce que les adultes ont occulté et rangé dans des tiroirs tels des secrets inavouables. Ces mêmes adultes qui ont préféré enfouir ces secrets plutôt que de les affronter comme en témoigne le sapin de Noël qui trône comme une relique de sanctuaire dans le salon chez Hegatea depuis huit années que sa maman a disparu.

Comment un enfant peut-il faire son deuil si on ne l'autorise pas à y mettre les mots et qu'il est laissé dans l'ignorance ?
Apprendre à parler et à s'exprimer c'est aussi apprendre à poser des questions et qui sait (et c'est déjà beaucoup) tenter d'y trouver des réponses...

La nuit n'est jamais complète.
Il y a toujours, puisque je le dis,
Puisque je l'affirme,
Au bout du chagrin,
une fenêtre ouverte,
une fenêtre éclairée.

Il y a toujours un rêve qui veille,
désir à combler,
faim à satisfaire,
un coeur généreux,
une main tendue,
une main ouverte,
des yeux attentifs,
une vie : la vie à se partager...

(Paul Éluard ; La nuit n'est jamais complète)

*Je remercie Tetrizoustan pour le partage régulier de sa bibliothèque.
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Choisi à sa parution mai 2020 / Relecture 3 novembre 2023

Deuxième fois que je lis cette "romancière- philosophe musicienne" japonaise...après avoir adoré, en 2016, le très beau et très sensible " Heaven" !

Lecture fort intéressante sur des thématiques délicates : La difficile épreuve du deuil vécu par des enfants , la complexité de mettre ses émotions en mots, les mensonges et secrets des adultes , l'apprentissage du langage pour grandir et tenter de comprendre le monde des parents, etc.


Deux enfants d'une douzaine d'années,Hegatea et Mugi, l'un et l'autre de famille monoparentale, deviennent des amis, car ailleurs, à l'école, ils sont tous les deux à part, avec leur " deuil " à porter; leur extrême sensibilité les rend différents...et solitaires...

Tous les deux orphelins, ils ont en commun, ce chagrin fou d'avoir perdu un de leurs parents.

Mugi pour se libérer et s'exprimer, dessinait les événements de sa vie et son amie Hegeata, passionnée de cinéma se libérait en jouant certaines scènes qui devaient faire écho avec ce qu'elle vivait et ressentait...

Hegeata semble beaucoup plus mature et tente de comprendre la vie des adultes , se pose avec inquiétude les questions existentielles : pourquoi on nait ; pourquoi on meurt, pourquoi les êtres qu'on aime disparaissent ? Pourquoi les mots dont difficiles à trouver pour exprimer tout cela ?

Le récit est largement composé des dialogues entre ces deux préadolescents....Mugi s'exprime moins, et surtout se torture moins sur " le Pourquoi" des choses ...
il est l'ami, le confident, le modérateur de Hegeata...en colère contre l'absurdité de la vie, et contre surtout ce scandale que représente La Mort...sans oublier les " cachotteries " et les secrets des adultes , leur compliquant bien leur vie d'adolescents....

Ce qui est fort déroutant c'est la platitude extrême du style, qui doit avoir été choisi par l'auteure, sans doute, pour mieux signifier le fort délicat apprentissage du Langage , des mots, par les enfants; comment apprendre à trouver les bons mots, pour formuler les questions, les émotions fortes de leur quotidien....et de leur évolution de futurs " grands" !

Ce que je trouve inhabituel et fort passionnant c'est de sortir de ces clichés réducteurs sur l'Enfance innocente et mièvre...alors ce récit bouscule ces stéréotypes : les dialogues de Mugi et Hegeata nous offrent, à leur niveau et avec leur vocabulaire les échanges de deux apprentis- philosophes...!

(***Hegeata)
"Ça m'a fait penser, tout d'un coup, que partout partout, il y avait tellement de gens que je ne pouvais même pas les compter.Des gens qui vivent des événements, des gens qui naissent et des gens qui meurent.Des gens qui ne savent même pas qu'ils vont mourir demain, mais qui vont mourir quand même, des gens heureux, des gens tristes, des gens qui se mettent en boule parce qu'ils n'ont pas à manger, des gens qui pleurent et qui crient, des gens qui n'ont même pas la force de s'enfuir et qui se disent je suis foutu, des gens qui ont mal, et puis aussi des gens qui de temps en temps éclatent de rire.Je ne peux pas les connaître tous, personne ne peut les connaître tous, de toute façon, mais dans un endroit que je ne connais pas, loin très loin, il y a aussi quelqu'un comme moi qui pense la même chose que moi en ce moment, j'en suis sûre. "

Une lecture, une forme, des sujets franchement inhabituels, qui méritent le détour !



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J𠆚i adoré plonger dans l’univers de Hegatea et Mugi deux adolescents japonais de douze ans liés par une forte amitié qui va naître et se développer au fur et à mesure du roman.

Dans la première partie du livre Mugi raconte son histoire, il habite avec sa maman veuve et astrologue ainsi que sa grand-mère paralysée et constamment alitée suite à une attaque cérébrale, elle sera sa première confidente à qui il fait découvrir ses dessins.

Dans la deuxième partie nous écoutons le récit d’Hegatea, elle vit avec son papa, critique de cinéma, qui est veuf.

Hegatea et Mugi se rencontrent à l’école bien qu’ils vivent à cinq minutes l’un de l𠆚utre. Mugi va souvent regarder des films chez Hegatea. Ils sont tous les deux orphelins et cette situation les rapprochera peu à peu.

Tout au long de cette lecture j𠆚i ressenti profondément leurs émotions, espoirs, tristesses, peurs, questionnements concernant le monde des adultes et leurs secrets.

Ce roman de Mieko Kawakami autrice japonaise est empli de douceur, tendresse, poésie, je suis totalement tombée sous le charme de sa plume délicate, sensible, authentique, attachante. La fraîcheur, l’innocence et la candeur de cette histoire sont particulièrement réussies avec également de la profondeur et une certaine nostalgie. La couverture du livre est particulièrement belle ce qui ne gâche rien à ce délicieux roman qui se déguste tels d𠆞xquis bonbons.
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J'ai été happée par le style de ce livre, à mi-chemin entre Romain Gary dans « La vie devant soi » et Alain Mabanckou dans « Verre cassé » : des phrases très longues, un peu fouillis, où s'entremêlent les pensées des personnages, drôles, émouvantes et sensibles.

On suit deux enfants japonais dans le monde d'aujourd'hui, Mugi et Hegatea, dont chacun a perdu un de ses parents. On les accompagne dans leur quotidien : l'école, les amis, les repas (qui m'ont donné faim !), et surtout tous les tracas que leur cause le monde des adultes, dont ils comprennent beaucoup mais pas assez pour vraiment s'y sentir à l'aise. Et puis, le monde des enfants n'est pas simple non plus : entre ceux qui disent quelque chose qui ne correspond pas vraiment à ce qu'ils pensent et ceux qui n'osent rien dire, tout cela conduit Mugi et Hegatea à beaucoup réfléchir et à s'interroger sur eux-mêmes.

C'est un bonheur d'entrer dans leurs pensées, de les voir de dépêtrer dans les quiproquos à l'école ou dans leur quotidien à la maison. L'autrice tape toujours juste, sans cliché ni niaiserie et le lecteur se retrouve plein d'empathie pour nos deux héros qui font ce qu'ils peuvent. Je ne connaissais pas Mieko Kawakami et je lirai ses autres ouvrages avec plaisir !

Une mention spéciale au traducteur, Patrick Honoré, qui a réussi à rendre une très belle atmosphère et un vocabulaire d'enfant qui sonne juste, sans qu'à aucun moment on ne ressente un décalage dans le style ou une tournure inhabituelle.

Une très belle lecture qui me laisse un très beau souvenir !
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Une histoire d'amitié entre deux enfants réunis entre autre par le fait d'avoir perdu un de leur parent. le livre est scindé en deux. On les voit grandir, affronter ensemble les difficultés. J'ai beaucoup aimé et me suis attaché à ce garçon et à cette fillette. Les parents ont aussi des personnalités bien décrites. Un roman complet, une belle écriture et une profondeur dans les personnages.
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