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3,75

sur 348 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous sommes plongés dans l'Allemagne du début du XIXe siècle. C'est encore un pays morcelé politiquement, composé de plusieurs petits états et la Prusse. Nous allons donc suivre le parcours de deux savants : le mathématicien Carl Friedrich Gauss et l'explorateur et géographe Alexander von Humboldt. Inutile de vous dire que l'on ne s'ennuie pas une seconde. von Humboldt va nous emmener dans son périple en Amérique du sud, encore largement inexplorée, notamment du côté de l'Orénoque et de l'Amazone. Tandis que Gauss, lui, restera en Allemagne et découvrira très jeune, plusieurs formules mathématiques. Ils vont finir par se rejoindre à Berlin, lors d'une conférence. A travers ces deux biographies, Daniel Kehlmann nous fait découvrir l'Allemagne de cette époque au quotidien. le pays est décrit plutôt négativement. C'est à la suite de l'épopée napoléonienne que les idées commenceront à changer. Plus d'une fois, les deux savants déploreront les insuffisances politiques, les mesquineries, l'ignorance... Il faut dire qu'ils étaient d'une intelligence largement au-dessus de leurs concitoyens, avec un sens de l'observation et une curiosité qui les stimulaient en permanence. Continuellement en avance sur leur temps. Les 300 pages se lisent quasiment d'une traite sans laisser de répit au lecteur. Un livre que je conseille à tous ceux que le sujet intéresse.
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Que voilà un roman réjouissant ! Une pépite de la littérature allemande, ayant pour héros deux génies du XVIIIème siècle .

D'un côté, le naturaliste touche-à-tout Alexander von Humboldt (1769-1859) qui arpenta notamment l'Amérique du sud, de l'autre le scientifique Carl Gauss (1777-1855, surnommé le Prince des Mathématiques, qui arpenta, plus modestement, la campagne pour en faire les mesures (c'était le bon vieux temps où les satellites et autres GPS n'existaient pas !).

En 1828, ces deux-là se rencontrent enfin à Berlin. le trajet effectué par Gauss et sont fils est épique. Il ne cesse de ronchonner, de se plaindre, de rabaisser le rejeton. Une belle entrée en matière. Issus de milieux différents, dotés de personnalités opposées, Humboldt et Gauss partagent cependant bien des points en commun.

L'incompréhension de leurs contemporains, la sensation de flotter bien au-dessus du commun des mortels - et même des grands de ce monde -, la solitude, l'égoïsme et la vanité, la fuite du temps (ces moments où Gauss réalise qu'il vieillit, et cette gymnastique intellectuelle de plus en plus ardue) mais aussi la passion, la curiosité insatiable, une intelligence aigüe.

Chacun d'eux, tendu vers le but de sa vie, doit apprendre à vivre avec ses démons, et la prose de Kelmann, loin d'être aride, est riche et ciselée au contraire. le récit est plein d'humour, le ton résolument aventureux.

Les péripéties qui surviennent dans la vie de Humboldt, ses relations avec le pauvre Bonpland, ou avec son frère, digne diplomate, sont plus que réjouissantes. Tout comme Gauss, empêtré dans ses contradictions, que l'on observe, fasciné, dans ses rapports avec ses épouses successives (ah, fort drôle la première nuit de noces) et son fils (autre épisode savoureux lorsque le jeune homme est mêlé à un embryon de conspiration). Si le récit est drôle, il met en valeur l'érudition de l'auteur, qui nous permet de survoler aussi la carrière de ces deux génies que nous faire respirer, le temps d'une lecture, le contexte géo-politique de ce siècle.

Si l'envie de crapahuter dans la forêt vierge vous saisit, ou si vous préférez embarquer à bord d'une montgolfière pour regarder les étoiles, pas d'hésitations, c'est avec ces Arpenteurs du monde qu'il faut commencer le voyage...
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Un petit délice de littérature : dans un style très enlevé et plein d'humour, ce jeune auteur nous raconte les vies rocambolesques et la rencontre délirante de deux génies universels, Gauss et von Humboldt : sans une once de pédanterie, Daniel Kehlman nous fait (presque) pénétrer l'esprit totalement extravagant et génial de ces deux visionnaires pour qui le savoir, la connaissance, la rigueur et l'exactitude tenaient lieu de loisirs... Brillant !
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Excellent ouvrage, très drôle, vivant et documenté que ce roman !

Berlin, 1828.

Alexander von Humboldt a déjà parcouru les terres inconnues, découvert des canaux et des voies de navigation au coeur des forêts vierges, répertorié des centaines d'espèces de fleurs, plantes, animaux … Assoiffé de voyages et de découvertes, ses multiples pérégrinations l'ont rendu célèbre bien au-delà des frontières de l'Europe.

Il parvient, grâce à un harcèlement épistolaire acharné, à inviter à une conférence d'éminents savants (et faire venir !) Carl Friedrich Gauss, grand génie des mathématiques égocentrique et aigri se vantant d'avoir sauvé Göttingen de la canonnade Napoléonienne, et ayant une quasi phobie des voyages.

Clin d'oeil, parmi d'autres, nombreux dans ce livre, à l'histoire : Gauss est accueilli par Daguerre, ami de Humboldt, qui tente de fixer cet instant mémorable sur une plaque de cuivre … Mais malheureusement le procédé n'est pas très au point (C'est d'ailleurs Gauss qui suggèrera à Daguerre l'emploi d'une solution saline afin de fixer l'image), et tout vire à la catastrophe lorsqu'un gendarme vient disperser ce curieux attroupement non autorisé (id est : trois personnes réunies en un même endroit).

La première scène est donc celle-ci: deux personnages au caractère si particulier, ayant chacun parcouru et arpenté, classé, répertorié, cartographié le monde … Deux êtres humains frôlant du bout de l'âme l'infini (Gauss) comme le Fini (Humboldt) et tentant de le mesurer de leur hauteur d'homme.

Après cette scène, flash-back sur la vie de chacun de ces protagonistes. L'un et l'autre tour à tour chapitre par chapitre, voit son histoire relatée. Au départ ce sont deux personnages que tout amènerait à opposer :

Le milieu social d'origine (Humboldt est issu d'une famille aisée, contrairement à Gauss), le rapport au monde (Humboldt est avide de voyages et d'expéditions tandis que Gauss reste entre ses quatre murs – enfin pas tant que cela puisqu'il est devenu arpenteur pour fuir son épouse qu'il ne supporte pas) et aux autres (Humoldt est bien plus sociable, voire mondain, que Gauss).

Et pourtant.. Au fil de leur existence réciproque, chacun entend parler de l'autre ou s'y intéresse vaguement, et on retrouve un échos. Entre celui qui parcourt le monde pour le cartographier et celui qui mesure les lois terrestres et céleste à l'aulne des principes mathématiques, il y a au final peu de différences. Tant et si bien que l'existence de chacun suit une courbe ascendante (révélation du génie, célébrité, même si pas énormément de richesses) puis descendante (Les succès se raréfient, leurs prouesses s'affadissent dans le temps, déclin physique et intellectuel) et au final chacun éprouve de la pitié pour l'autre. Chacun de ces deux être est décalé par rapport à la société, et est marqué par une éducation particulière.

Ces génies sont avant tout hommes, et on est reconnaissant à Kehlmann d'émailler le parcours de ces mythes de quelques bassesses et défauts infâmes. Car tous deux ont un ego surdéveloppé, une sorte de cynisme et d'ironie lancinants, ce qui donne lieu à des épisodes d'un humour d'une noirceur savoureuse.

Ces deux personnages sont à la fois admirables, attachants, parfois ridicules et mesquins, mais Toujours campés avec une certaine tendresse. le style narratif, qui est très marqué par le dialogue au style indirect à l'imparfait, m'a beaucoup plus, mais je conçois que certains puissent en être lassés rapidement.

Bref, je conseille vraiment ce livre, je l'ai trouvé très vivant et original.
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1836, rencontre de Carl Friedrich Gauss et de Alexander von Humboldt, rencontre du très casanier et génial mathématicien et du voyageur intrépide qui, tous deux, mesurèrent le monde par des chemins si opposés, si complémentaires, si géniaux que l'attention du lecteur, attirée par ses passionnantes vies, s'en détournera parfois pour méditer in petto. Qu'il existe de si différentes perceptions du monde réel n'impliquerait-il pas qu'il existe d'autant plus de différentes possibilités de construire celui qui vient.

Septembre 1828, d'un coté le voyage d'Alexander von Humboldt et Aimé Bonpland de part le mode mesurant, notant, dessinant, cartographiant avec une incroyable persévérance et minutie, descendant dans les volcans pour lutter contre la théorie neptuniste selon laquelle aucun feu ne brûlait sous terre, allant aux sommets des plus hautes montagnes…
De l'autre le Professeur Gauss, restant dans sa maison, l'esprit décrivant l'Univers...

Lien : http://quidhodieagisti.over-..
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Histoire et Géographie!

J'aime les livres de voyages et surtout ceux des explorateurs des temps jadis! Je me suis toujours intéressée à L Histoire des Sciences, aux biographies de scientifiques illustres. Les Arpenteurs du Monde raconte les deux thèmes : biographie de Carl Friedrich Gauss, Prince des Mathématiques (1777-1855), astronome et accessoirement arpenteur de métier, Alexander von Humboldt, (1769 -1859) qui partit explorer l'Amérique espagnole avec le Français Bonpland  de 1799 à 1804, remonta l'Orénoque, gravit des volcans, dans la Nouvelle Grenade(Venezuela-Colombie-Equateur), puis visita le Mexique. 

Biographie croisée des deux Scientifiques, contemporains mais si différents de caractère qui finirent par se rencontrer à Berlin. Construction habile, chronologique, où alternent les chapitres, la Mer, le Fleuve, La Grotte , la montagne.. la steppe pour l'explorateur des terres lointaines. le Maitre d'Ecole,  les nombres, les étoiles, le jardin.... pour le mathématicien. L'un rêve de grand large et d'ascension de volcans tandis que l'autre est casanier.  Pour explorer la terre Humboldt part aux antipodes tandis que Gauss va aux confins de l'Univers en restant l'oeil collé à l'oculaire de son télescope et une aiguille suffit dans sa tente pour mesurer le magnétisme terrestre sans quitter son jardin. Tous deux sont rigoureux dans leurs mesures. Gauss, en ballon avec Pilâtre de Rozier n'admire pas le paysage mais a l'intuition de la courbure de l'espace où les parallèles se rejoindraient tandis que Humboldt si occupé à mesurer sa position oublie de regarder l'éclipse de soleil. L'un est bougon, l'autre plutôt mondain.

La confrontation de ces deux vies dans la première moitié du XIXème siècle est très plaisante, des conquêtes napoléoniennes à l'essor de la Prusse et à la construction de Berlin. On devine l'indépendance des pays d'Amérique latine qui se profile. Humboldt ne se contente pas de mesurer et rapporter des collections de minéraux ou d'animaux et de plantes, il se penche aussi sur le sort des esclaves ou des mineurs dans les mines d'argent. L'auteur insiste aussi sur l'autoritarisme de la Prusse où trois étudiants forment déjà un attroupement ou pire en Russie, les convois de prisonnier.

Une lecture bien agréable et une rencontre avec deux personnages exceptionnels.  C'est aussi un livre d'aventures quand Humboldt navigue sur l'Orénoque ou escalade le Chimborazo considéré comme la montagne la plus haute du Globe. Cela me donne envie d'approfondir leurs découvertes du point de vue plus scientifique surtout en ce qui concerne Humboldt parce que les mathématiques théoriques, cela me paraît bien difficile.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Tout un roman pour parler de deux grands scientifiques du XIXeme siècle : Gauss et von Humbolt : un mathématicien sédentaire et misanthrope et un explorateur naturaliste intrépide ; un parcourut des parties du monde encore inconnu (les sources de l'Orénoque) et un autre explora l'univers des mathématiques théoriques et fit des découvertes essentielles, vissé à sa table de travail. Tels des droites parallèles qui finissent par se rencontrer au congrès des naturalistes de Berlin...

L'ouvrage est original : double biographie, admirative mais drôle et pleine de dérision pour les travers de ces deux génies dont l'autre point commun est leur difficulté dans les relations humaines ; la solitude des hauteurs de ceux qui ne trouvent pas face à eux leur alter ego en intellect mais des faire-valoir. L'indifférence, voire pire, de Gauss à l'égard de son fils, d'une intelligence plus habituelle, ou sa réaction à la mort de sa femme montre un personnage peu sympathique et peu empathique. Humbolt n'aura pas ce souci, ces relations amoureuses et sexuelles étant inexistantes, mise à part un soupçon d'attrait pour les jeunes garçons.

Le livre est remarquablement fait, avec sa progression au gré des découvertes et des inventions parallèles et a mérité son grand succès, même si pour ma part j'ai eu du mal à m'attacher aux pérégrinations des deux génies égocentriques. L'humour de l'auteur, et son érudition élégante ont beaucoup aidé et je relirai certainement un autre de ses ouvrages.
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Certes romancées, mais tout à fait passionnantes ces biographies paradoxalement parallèles et croisées de deux illustres savants d'outre Rhin. Petit clin d'oeil à cette intuition de Gauss à propos de la géométrie non euclidienne?
Au-delà de l'aspect historique l'auteur illustre deux attitudes dans l'accomplissement d'une vie, d'un destin, ici scientifiques. Il y a ceux qui partent et ceux qui restent, ceux qui explorent le monde et ceux qui le théorisent mais ils ne s'opposent et ne s'excluent pas, ils se rejoignent et se complètent, poussés par cet obsessionnel besoin de savoir.
A lire bien sûr
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Humboldt, l'aventurier optimiste que rien n'arrête et Gauss, l'obsessionnel dépressif et râleur , c'est un peu Laurel et Hardy au pays des merveilles. Ces deux visionnaires ont pourtant bel et bien existé. Ils nous entraînent dans une promenade scientifique et philosophique où l'on croise pêle-mêle Goethe, Kant, Aguirre, Daguerre, les frères de Montgolfier, La Condamine, Bolivar, le président Jefferson, le tsar de Russie, Napoléon.

Humboldt, assisté de Bonpland, son arpète rochelais, va crapahuter des rives de l'Orénoque aux sommets de la Cordillière des Andes. Ils y rencontrent de drôles de chiens volants, des poissons parlants, des cannibales, le maître du curare. A ses risques et périls, Humboldt prélève, cueille, examine, décortique, calcule, note, dessine tout et n'importe quoi.

Pendant ce temps, sur la terre ferme, Gauss, le prince des mathématiques, passe d'abord pour un hurluberlu. Son cerveau bouillonne de chiffres, d'équations, de théorèmes. Il mange à peine, dort peu, oublie ses emplois alimentaires; il calcule partout, toujours et encore. S'intéressant de plus en plus à l'astronomie, il vainc son appréhension des voyages et embarque dans une montgolfière, afin de se rapprocher des étoiles.

Perdus l'un et l'autre dans leurs périgrinations, nos deux héros n'en oublient pas moins d'avoir un regard plein de naïveté et de sagesse sur l'espèce humaine.

Le ton léger et humoristique de ce livre réconcilie avec le savoir tous les nuls en maths ; l'air de rien, il nous cultive.
Lien : http://moustafette.canalblog..
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Roman à succès allemand, il fait revivre deux personnages scientifiques aux parcours très distincts.
Gauss, le prince des mathématiciens, est casanier et il démontre une intelligence vive dans les choses de l'esprit et la réflexion. von Humboldt est un explorateur qui ira par le monde découvrir et mesurer, gravir et répertorier, les montagnes, les volcans, les forêts et leurs plantes. Ces deux être auront à se rencontrer et c'est un des objets de ce roman. Mais, ce n'est pas tant la trame de l'aventure qui nous intéresse à la lecture que le portrait de l'époque, que le portrait de deux démarches qui mènent à la science.
Lien : http://rivesderives.blogspot..
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