La trilogie berlinoise, un pavé de 1015 pages qui réunit donc trois tomes.
Férue de seconde guerre mondiale, j'espérais que le fond historique du livre compenserait l'intrigue policière et les affaires d'espionnage qui personnellement me font bailler.
Alors, digeste le pavé ?
Le premier tome "L'été de cristal" se déroule en 1936. le titre n'est pas choisi par hasard, puisque cette année-là marque la fameuse "Nuit de cristal" (pogrom qui a tiré son nom des bris de vitrines des magasins juifs). C'est aussi l'année où, déjà, le premier camp de concentration a ouvert : Dachau. Pour l'aspect enquête, il est brièvement question de Göring et de son attrait pour les oeuvres d'art (spoliées bien entendu).
Jusque là, cela se laisse lire.
Le deuxième tome "
La pâle figure" nous amène aux murmures de la guerre, en 1938. Là, l'intrigue est originale car elle fait intervenir la bête blonde, Reinhard Heydrich (qui pour peu serait devenu le "second" de Hitler s'il n'avait pas trouvé la mort suite à un attentat contre lui en 1942, mais dont la fin a précipité la solution finale, aussi appelée "action Reinhard"), mais aussi
Heinrich Himmler et son goût pour l'ésotérisme (qui n'est pas feint... à ce sujet, voir l'excellent documentaire de
David Korn-Brzoza "Sciences nazies : la race, le sol et le sang", qui montre Himmler faisant entreprendre des fouilles archéologiques pour démontrer que la race germanique descend directement... du dieu Thor !).
A mon sens, le tome le plus abouti.
Quant au troisième "
Un requiem allemand", il se passe entre 1947 et 1948. Il est question de dénazification (avec ce que cela implique aussi de combines pour effacer le passé de certains SS et de faciliter leur fuite par une nouvelle identité, ou encore de récupération de certains d'entre eux par les Américains eux-mêmes), mais surtout de l'occupation par les Américains, les Britanniques et les Russes (et les Français dans une moindre mesure). Les premiers pions de la future guerre froide se mettent en place.
Pour tout dire, j'ai complètement décroché de cette partie-là. Moins intéressée sans doute par le sujet qui creuse surtout ce dernier aspect. Lasse surtout des questions d'espionnage.
Le personnage principal, Bernie Gunther, détective privé, est un être ambigu, dual, à la moralité très personnelle. Je ne m'y suis d'autant pas attachée que je me suis fatiguée de son humour gras (un reproche à l'auteur sur ce point : presque tous les personnages s'expriment de cette façon), de ses façons de gros lourd (ascendant porc) envers la gente féminine, et asphyxiée par les vapeurs d'alcool et la fumée de cigarette, omniprésentes.
Philippe Kerr réussit le pari d'imbriquer la grande Histoire à la fiction. Mais quel bilan tirer si comme moi c'est uniquement cet aspect qui attire ? Cela ne vaut pas de s'astreindre à plus de 1.000 pages.
Par contre, vous y trouverez votre content si les romans policiers vous passionnent en même temps que cette période trouble vous intéresse.