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Les fictions ne sont jamais aussi passionnantes que lorsqu'elles font un pas de côté et sortent de l'histoire officielle pour en exposer les pans enfouis.

Philip Kerr est passé maître dans l'art de nous faire découvrir au détour d'un livre une face cachée de l'Histoire, en particulier celle de l'Allemagne nazie. Chaque récit est chargé de cette brume mélancolique qui entoure soit les survivants, soit les témoins d'une catastrophe humaine.
L'ironie et l'humour noir sont une constante dans les répliques. L'auteur use et abuse d'aphorismes avec beaucoup d'esprit.

Bernie Gunther est obligé de reprendre du service au bureau des enquêtes sur les crimes de guerre. Il ne supporte plus d'être obligé de détourner les yeux des atrocités commises au nom de Hitler. Il étouffe de honte et de désenchantement.
Toujours en quête de justice il essaye par tous les moyens de faire barrage aux actions perfides des nazis.
On assistera à une tentative avortée d'assassinat contre le Kaiser et on a le choix entre le communisme et le nazisme car les russes font partie du scénario de l'enquête.

Quel est-il finalement le pire système de gouvernement pour le peuple ?

Dans un polar noir, cynique et glaçant, Philip Kerr pose toujours les questions de morale et de justice qui taraudent Bernie Gunther et l'ensemble est parfaitement tenu et composé.


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Neuvième tome des aventures de Bernie Gunther où Philip Kerr mêle, comme à son habitude, avec maestria la petite et la grande histoire.

Dans ce récit l'auteur nous plonge dans «le massacre de Katyn», en 1940 le NKVD (la police secrète soviétique) assassine au moins 4000 officiers Polonais.

En 1943 lorsque les nazis découvrent ce charnier c'est du pain béni pour Joseph Goebbels et sa propagande antisémite pour décrédibiliser l'URSS, alors que les nazis et leurs einsatzgruppen (groupes d'intervention) sévissent à quelques kilomètres et exterminent systématiquement les opposants réels ou supposés au régime nazi et en particulier des Juifs.

Il faudra attendre Gorbatchev et l'année 1990 pour une reconnaissance des faits.

Comme à son habitude l'auteur prend quelques libertés avec L Histoire afin d'y plonger Bernie Gunther...

Magnifique roman, comme toujours.
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Mars 1943. Les allemands viennent de se prendre leur première grosse fessée à Stalingrad.Hitler a décidé de reprendre l'offensive à la fin de l'hiver russe. de plus en plus d'officiers sont sceptiques quant à cette capacité de prendre Moscou. D'autant plus que Staline a prévu , lui aussi une contre offensive dévastatrice.
Dans la forêt de katyn, à proximité de Smolensk, ville située à 200 km à l'ouest de Moscou, un immense charnier semble avoir été découvert. Les nazis, spécialistes es lettres des fosses communes sont stupéfaits: ce n'est pas eux!
Goebbels, ministre de la propagande du reich, est persuadé, à juste titre, que ce charnier est rempli de polonais exécutés par les russes. Il y voit le moyen de redorer le blason de l'Allemagne au niveau international et peut être un espoir d'une paix séparé. Il demande à notre ami Gunther, héros récurrent de l'auteur, d'organiser l'exhumation de ce charnier en invitant tous les organismes internationaux possibles afin de montrer la bonne foi de ce gentil gouvernement allemand.
En plus de cette mission, Gunther se doit de résoudre le meurtre de plusieurs soldats allemands et se retrouve mélé à une tentative d'assasinat d'Hitler organisée par l'aristocratie militaire prussienne.

Philippe Kerr a du se lever du pied gauche quand il écrit ce roman, il est en effet moins jubilatoire, moins humoristique que "Prague fatale" par exemple. C'est vrai que la Russie en 1943, ce n'est pas non plus le festival du rire de Marrakech!
Si Gunther est toujours aussi anti nazie, il décortique et ironise fortement sur cette aristocratie militaire, qui aurait eu la possibilité à de nombreuses reprises d'éliminer Hitler, si elle s' était pas laissé, par pusillanisme et par lacheté, corrompre au même titre que les nazis.
Ce roman est donc plus féroce, plus sombre, plus désabusé mais correspond bien aux sentiments des non nazies en 1943: hitler ne sera pas le sauveur du peuple allemand et la catastrophe se déssine avec un marteau et une faucille.

Comme d'habitude, excellent polar historique, richement documenté.

Mais ce n'est que mon humble avis
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À chaque nouvelle lecture des aventures de Bernie Gunther, je suis épaté de constater à quel point son créateur parvient à se renouveler. Aucune des enquêtes de l'ancien flic de la Kriminal Polizei ne ressemble à la précédente. Il faut dire que Philip Kerr fait beaucoup voyager son protagoniste et il lui fait porter de nombreux chapeaux. Cette fois-ci, après des démêlés sur le front est, il travaille au Bureau des crimes de guerres. En 1943, la guerre ne semble pas déboucher en faveur des Allemands, la capitale est régulièrement la cible des avions anglais (d'ailleurs, dès le début, Gunther est rescapé d'un immeuble soufflé), les denrées se font rares et l'on entend des rumeurs inquiétantes sur la contre-attaque russe malgré la propagande nazie qui continue à faire miroiter une victoire décisive.

Les ombres de Katyn s'ouvrent sur ces prémisses mais il faut attendre un bon moment avant que l'action s'enclenche. Gunther reste insensible à la propagande, lucide comme toujours. Il essaie de faire le peu qui est en son pouvoir, comme aider une famille juive. Aussi, il est mêlé indirectement à un complot contre Adolf Hitler. Évidemment, ces événements ne sont pas anodins, ils auront leur rôle à jouer dans le reste de l'intrigue. Et quelle est-elle ? Les Allemands découvrent un charnier dans la Russie occupée, près de Smolensk ; des milliers d'officiers polonais y auraient été assassinés puis empilés dans des fosses communes. Cette information, si elle s'avère, pourrait semer le doute et la zizanie entre les alliés. Après tout, le régime nazi ne se présentait-il pas comme le défenseur de l'Europe contre les soviétiques barbares et dangereux ? Cette fosse pourrait faire tourner l'opinion internationale en leur faveur. Évidemment, aucun des dirigeants n'est sensible à l'ironie qu'eux-mêmes massacrent autant de juifs. Ironie que Bernie Gunther se fera un plaisir de rappeler à quelques uns d'entre eux.

Évidemment, ce Gunther est une des raisons pour lesquelles chaque tome de cette série culte trouve sa place parmi mes lectures préférées. Son franc-parler, son sens de l'honneur et de la droiture, du travail bien fait… toute sa personne en fait un héros malgré lui, même s'il serait en désaccord avec ce qualificatif. Après avoir été policier, détective privé, commissaire, absorbé par la SS, espion, cette nouvelle fonction au Bureau des crimes de guerre lui convient tout à fait. Rien de tel pour quelqu'un constamment poursuivi par les ennuis. Après tout, on est en zone occupée, on doute de l'honnêteté de quelques Russes qui semblent collaborer, des agents du NKVD rôdent encore dans les environs, sans oublier les rivalités entre les officiers allemands… Par moment, ce roman ressemble à un thriller. Et des ennuis, il y en a beaucoup à Katyn, dont quelques meurtres qui viendront brouiller les cartes et que Gunther devra démêler.

Ce roman propose donc une aventure originale, ancrée dans l'histoire, la vraie. le massacre de Katyn a bel et bien eu lieu, les Russes y ayant assassiné 4000 officiers Polonais (et davantage ailleurs). Philip Kerr continue à nous tenir informés via des intrigues finement entremêlées. Il sait aussi installer une atmosphère. le château de Katyn, confortable, la forêt qui l'entoure, mystérieuse, marécageuse, qui se transforme en bourbier au fur et à mesure que le printemps progresse et que les moustiques viennent déranger le travail des enquêteurs. La ville tout près, remplie de Russes dont on se méfie à chaque instant mais dont on a besoin. Ceci dit, plusieurs sont sympathiques, comme ce bon vieux docteur Batov. Aussi, il y a la base allemande et tous ces officiers, dont un bon nombre sont issus de l'aristocratie allemande. C'est fou comment beaucoup sont liés entre eux, à différents degré – presque consanguins –, sont les descendants d'untel ou de tel autre. C'est comme une petite clique à l'intérieur d'une grande clique, et qui fonctionne selon ses codes, ses valeurs… du moins, la plupart du temps.

Bref, un roman fascinant ! Avec ses 661 pages (en format de poche), il peut paraitre imposant mais je ne me suis jamais ennuyé pendant ma lecture.
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Plusieurs milliers d'officiers polonais auraient été tués près de Smolensk, sur le territoire soviétique. Goebbels s'empare de cette information et y envoie sur le champ son représentant du Bureau des crimes de guerre, Bernie Gunther, pour vérifier les faits, et pouvoir ensuite révéler au monde entier l'attitude déplorable des Russes. « Se refaire une virginité » est des plus importants.
Nous sommes en mars 1943 et les Allemands viennent de subir une terrible défaite à Stalingrad. Il faut redonner du panache à l'armée allemande et porter un coup aux Alliés.


Un roman historique policier qui montre la place de l'aristocratie prussienne et certains de ses ressortissants qui essaieront tout au long du règne de Hitler de le déstabiliser sans jamais y parvenir.
Un roman qui dénonce aussi toutes les horreurs commises en tant de guerre. Et pas seulement celle des Soviétiques, car l'auteur aborde également les exactions commises contre les Juifs par les Allemands, et aussi celles commises lors de la Guerre d'Espagne.
Alors me direz-vous quel rôle peut jouer un bureau des crimes de guerre dans une telle actualité ? N'est-ce pas une hypocrisie de plus ? Il faut croire que le héros, Bernie Gunther, possède toutes les qualités nécessaires pour faire oublier au lecteur que l'homme est un loup pour l'homme.
« J'aime bien faire les choses dans les règles si possible... La manière correcte. La manière dont on les faisait avant 1933. Parfois, je me dis que je suis le seul type réellement intègre que je connaisse. »

Un excellent roman historique bien documenté, comme le soulignent les notes de l'auteur dans les dernières pages, où l'humour caustique de Bernie permet de faire des pauses bienvenues.
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Un polar avec un fond historique.
Celui de l'exécution de quatre mille officiers polonais exécutés par le NKVD russe, dans la forêt de Katyn près de Smolensk. Bernie Gunther du bureau des crimes de guerre, est chargé par Goebbels, ministre de la propagande, de faire la lumière sur ces meurtres, histoire de discréditer les soviétiques. Son but : prouver que ces officiers ont été exécutés froidement d'une balle dans la nuque.
Alors qu'il mène l'enquête deux télégraphistes allemands sont égorgés, apparemment avec une baïonnette allemande.
De l'embrouille en veux-tu en voilà, des enquêtes qui se coupent et se recoupent, un enquêteur très cynique qui ne se fait beaucoup d'amis parmi son camp, une doc canon que notre héros … enfin bon, fait de ce polar fleuve une oeuvre très intéressante à lire. Surtout pour le côté historique que la plume de Philip Kerr rend admirablement. Un polar long très long pourtant je n'ai jamais baillé d'ennui.
C'est vraiment une belle découverte car j'avais lu les pièges de l'exil que j'avais très moyennement apprécié.
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Polar historique, une façon de découvrir sans douleur une Histoire qui l'est pourtant infiniment.

On y rappelle que pendant la période entourant la Seconde Guerre mondiale, les atrocités n'ont pas été commises que par les Allemands. le régime stalinien a fait une abondante moisson de victimes et même la Guerre d'Espagne avait ses pratiques de torture sous couvert d'eugénisme.

Si le contexte historique est réel, il s'agit quand même d'une oeuvre d'imagination, avec des libertés prises par l'auteur quand le héros va rencontrer Goebbels ou côtoie les conjurés qui tenteront d'assassiner Hitler.

Le ton demeure le même que pour les autres volets de la série mettant en vedette Bernie Gunther, un mélange d'humour sarcastique teinté de réflexions idéalistes. L'enquête policière, avec ses mélanges d'implications politiques, ne m'a toutefois pas toujours convaincue.

Un polar qu'on lira davantage pour l'Histoire, plutôt que pour l'histoire…
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« Sans doute croyais-je encore à des notions telles que l'honneur, la probité et le devoir. La vie allait m'apprendre la plus dure de toutes les leçons, à savoir que, dans un univers corrompu, la seule chose à laquelle on peut à peu près se fier, c'est la corruption et la mort et encore plus de corruption, et que l'honneur et le devoir n'ont guère de place dans un monde contenant un Hitler ou un Staline. »

C'est pour des phrases de ce genre que j'aime Philip Kerr parce qu'elles révèlent la dimension psychologique profonde de son personnage Bernie Gunther.

Bernie, ancien flic de la KRIPO, la police criminelle berlinoise au taux d'élucidation d'affaires envié de toute l'Europe à l'époque de la République de Weimar, est, comme toutes les institutions allemandes, prises dans le tsunami nazi à partir de 1933. Rien n'y personne n'y échappe.

Bernie essaye de survivre dans cette société où il faut se méfier de son voisin, de son cousin, de son employeur ou de son employé.

Le paradoxe est que le talent d'investigateur de Bernie fait qu'il est sollicité par les pontes du régime nazi, Goebbels et Heydrich notamment.

Le roman Les ombres de Katyn se déroule en 1943, près de Smolensk en URSS, après que l'armée allemande a subi la défaite de Stalingrad et s'est repliée sur une ligne de défense en attendant la grande offensive de l'Armée Rouge qui doit se dérouler au printemps.

La découverte d'un cadavre dans la forêt de Katyn, à l'ouest de Smolensk, dont Bernie révèlera qu'il est celui d'un officier polonais, donne l'occasion à Goebbels de chercher à démontrer que ce massacre d'officiers est l'oeuvre des Soviétiques. Une tentative d'exonérer le Reich de ses autres crimes de guerre, au yeux des alliés…

Bien entendu, Bernie est chargé d'assurer la conduite de l'enquête.

« Si, tout comme moi, vous souhaitez que la vérité sur ce crime affreux soit imputée aux barbares bolcheviques qui l'ont commis, acceptez cette tâche. » Lui demande Goebbels. Il n'a pas le choix.

Le contexte de 1943 – alors que la plupart des officiers de l'état major allemand envisage la défaite du Reich, sont à l'origine de complots contre Hitler et envisagent même de négocier avec les alliés – ne va pas faciliter la tâche de Bernie.

Même s'il à l'oreille de Goebbels, les agissements des différents acteurs présent à Smolensk (à 1250 km de Berlin), sont autant de paramètres qu'il devra prendre en compte.

Luttes d'influence, trafics en tous genre, règlements de comptes, pots de vins, sont le propre de l'Abwher, de la Gestapo, des services de renseignements ou de la Feldgendarmerie.

Chacun pense à l'offensive russe et au meilleur moyen de s'en tirer sans y laisser sa peau.

Autour de faits réels qui sont rapportés dans la Note de l'auteur en fin d'ouvrage avec une bibliographie des ouvrages essentiels sur le massacre de Katyn, Philip Kerr livre un récit passionnant qui est plus qu'un simple polar même si l'énigme prend le lecteur du début à la fin.

Comme toujours chez Kerr, les événements historiques sont à la base de l'énigme policière proprement dit. Ils ne font pas l'objet de développements neutres et hors sol, mais sont rapportés par les différents personnages et surtout par Bernie lui-même qui a un sens aigu de la formule pour donner au lecteur une idée précise des démons contre lesquelles il se bat :

« Même les chiens à Smolensk ressemblaient à Tolstoï »

« Dans tous les cas, Dieu allait devoir choisir son camp et le choisir vite ; les communistes mécréants ou les Allemands blasphémateurs. Qui voudrait être Dieu face à un choix pareil ? »

« La peur. C'était un problème que j'avais fréquemment avec les nazis. Enfin avec les Allemands encore en vie. »
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Smolensk 1943. L'armée du Reich vient de se retirer vaincue de Stalingrad. L'humeur est à la morosité, car si les allemands tiennent toujours Smolensk, ils savent bien que l'Armée Rouge ne saurait tarder à tenter la reconquête.
Par ailleurs, nombre d'officiers supérieurs, sentant le vent tourner, commencent à fomenter de sombres complots en vue de couper la tête de l'hydre.

A droite, vous trouverez le Führer, l'effroyable Hitler, et ses Einsatzgruppen ayant commis des tueries épouvantables en Pologne ainsi qu'en Russie,
A gauche, vous sentirez le souffle du "père des peuples" le terrifiant Staline, et son Nkvd n'ayant pas hésité une seconde à massacrer des milliers d'officiers polonais dans la forêt de Katyn en 1940.
Au centre de cet horrible écheveau, il y a Bernie Gunther, le détective de Philip Kerr, qui pense avant tout à protéger sa peau au milieu du nid de vipères dans lequel il se trouve à son corps défendant, dans l'obligation qu'il est, sur ordre de Goebbels, de superviser l'extraction des milliers de cadavres de Katyn. Car sur ce coup-là, Goebbels pense tenir la bonne affaire en impliquant les bolcheviks dans les carnages opérés à l'est, histoire de dédouaner les nazis.

Si Bernie Gunther conserve toujours son humour, celui-ci est fortement teinté de désespoir, et il y a de quoi !
Une fois de plus, Philip Kerr échafaude une intrigue passionnante, fortement ancrée dans la réalité historique de cette abominable époque et il le fait avec sa verve coutumière, son sens aigu de l'Histoire, sa capacité à évoquer de façon convaincante des personnages tels Goebbels, ou Blobel le chef d'un commando d'Einsatzgruppen, celui-là même responsable du massacre de Babi Yar.

Il s'agit ici de la 7ème aventure, par ordre chronologique du cycle Bernie Gunther, dotée d'une intrigue excellemment menée et je recommande chaudement cet ouvrage, qui ravira tous ceux qui sont intéressés par le polar historique et cette période de l'histoire pour laquelle Philip Kerr s'est si remarquablement documenté.
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L'avantage avec Bernie Gunter c'est qu'on n'est jamais déçu. Cet ex-flic aux homicides de la police criminelle de Berlin (la Kripo), ex-détective, est constamment en recherche de la vérité et d'une certaine forme de morale, qui l'amène à se fourrer dans les pires ennuis. Ce qu'il fait de nouveau, début 1943, lorsqu'il est envoyé en tant que membre du Bureau des crimes de guerre à Smolensk.

A proximité de cette ville occupée par la Wehrmacht, et où tout a été germanisé jusqu'aux noms de rue, un cadavre a été retrouvé, qui pourrait être celui d'un officier de l'armée polonaise exécuté par le NKVD soviétique lors de l'invasion conjointe de la Pologne par les troupes nazies et soviétiques en 1939. Bernie Gunther établit rapidement que le lieu de cette exécution doit correspondre à un charnier d'exécutions de masse dans la forêt de Katyn. Son rapport à Berlin déclenche le fort intérêt du ministre Goebbels, préposé à la propagande, qui y voit l'occasion d'opposer les Anglo-Américains et l'URSS de Staline, devenue l'ennemie depuis le renversement du pacte germano-soviétique et l'invasion par l'Allemagne de la Russie.
D'autant que Bernie, jouant encore une fois risqué, lui propose de mener une vraie enquête internationale, sous l'égide de la Croix-Rouge polonaise, histoire de bien monter au monde entier que ces exhumations ne sont pas maquillées par le régime nazi, et que ces milliers d'officiers polonais ont été froidement exécutés d'une balle dans la tête par la régime communiste.

Cette enquête va conduire à un embroglio, puisque au même moment des sous-officiers en charge des communications sont proprement découpés au sortir d'un bordel de guerre à Smolensk, que des officiers allemands d'origine noble complotent pour assassiner le Fürher, que le maréchal von Kluge, chef du groupe d'armée centre, navigue à vue entre les comploteurs et le chef nazi qui le soudoie, et que, cerise sur le gâteau, la commission internationale composée d'anatho-pathologistes qui débarque à Katyn voit son membre espagnol, responsable franquiste ayant procédé à des expériences médicales horribles lors de la guerre civile, tué dés son arrivée. Les fils des événements se croisent et se décroissent. Bernie tombe (encore une fois) amoureux d'une fort plaisante médecin légiste allemande, tireuse d'élite, dont le frère est mort en Espagne, côté Brigades internationales, et qui constitue évidemment la principale suspecte.

Philip Kerr reconstitue avec une documentation sans faille l'ambiance de la seconde mondiale, entre populations ukraino-polonaises oppressées par l'occupant allemand, et qui traînent leur misère, totalitarisme stalinien toujours en arrière fond et prêt à resurgir après Stalingrad, et quartier général des officiers allemands totalement déconnecté de ses troupes, où règne l'atmosphère d'un club huppé de Berlin.

Chacun des événements évoqués pour cette fiction se base sur des réalités historiques établies. Le lecteur trouve donc l'occasion de revoir le déroulé de cette année 1943, année où l'état-major allemand commence à comprendre que la guerre à l'Est est perdue et qu'Hitler est l'obstacle à la paix. Les tentatives d'attentat contre Hitler décrites ont eu lieu. Les effets de propagande liés à la découverte du charnier de Katyn et des corps de milliers d'officiers polonais, exécutés pour tuer dans l'oeuf toute reconstitution ultérieure d'opposition polonaise au régime communiste, aussi.

Philip Kerr, grâce à ce personnage ironique et très second degré qu'est Bernie Günther, livre une formidable leçon d'histoire du vingtième siècle.


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"Je ne suis pas un nazi. Je suis un Allemand. Ce n'est pas la même chose. Un Allemand est un homme qui arrive à surmonter ses pires préjugés. Un nazi, quelqu'un qui les change en lois" On m'a viré de la Kripo en 1934, et comme il faut bien vivre, je me suis retrouvé déguisé en privé dans l'établissement le plus select de Berlin :

Hôtel Savoy
Hôtel Berlin
Hôtel Regent
Hôtel Adlon
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